Je lançai un regard vers la porte, mais je reportai bien vite mon attention sur Joleen en l'entendant rire puis me répondre, une réponse qui était on ne peut plus claire quant aux « avantages physiques » des infirmières.

« Quoi ? Elles ont pas des tailles de mannequins ? Et le rêve de l'infirmière sexy à forte poitrine on en fait quoi ? »

Je ris à mon tour avant qu'elle ne me demande un verre d'eau. J'acquiesçai d'un signe de la tête et lui souris, me levant du lit.

« Ok. »

Je me rendis dans la salle de bain de la chambre, récupérant le verre en plastique qui y était et faisant couler l'eau pour qu'elle soit bien fraîche avant de remplir le verre. Un verre en plastique quoi sérieux ! Ils avaient pas honte ? On fait pas boire des riches dans un verre en plastique quoi, ils rêvent. Je soupirai puis retournai dans la chambre, lui tendant son verre.

« Désolé pour le verre en plastique, j'oubliais que les hôpitaux sont pauvres, on devrait faire un don pour qu'ils s'achètent des vrais verres. »

Ça me faisait du bien de rire, surtout avec Andy, les choses n’allaient pas rentrer dans l’ordre uniquement aujourd’hui mais il fallait commencer quelque part.

« En pédiatrie les infirmières sont pas mal, mais elles n’aiment que les bébés. En revanche j’ai repéré un infirmier pas mal ! »

Je venais de faire couler son fantasme de l’infirmière. Enfin après il suffisait qu’Apple ait un beau costume et a reviendrait, enfin quand ça s’arrangerait entre eux, ça ne pouvait pas se finir comme ça, je n’aurais jamais imaginé penser ça mais je tenterais d’aider si possible.
Il alla ensuite dans la salle de bain et revint avec un verre, je lui fis un sourire en guise de merci. Je n’avais jamais vraiment remarqué que les verres étaient en plastique. Ça devait être plus pratique pour l’hygiène, enfin je supposais.

« On croirait mon père, lâchais-je en riant, et franchement t’a pas la vue la bouffe, c’est encore pire, on dirait une cantine d’école public …. »

En ayant grandi dans la richesse, j’avais l’habitude du luxe, même si franchement le verre en plastique ne me gênais pas, je m’amusais de la situation, je savais qu’Andy faisait beaucoup plus attention à ça que moi.

« Ben c'est parfait ! Coraleen va pouvoir m'aider à draguer toutes ces infirmières et choisir une potentielle belle-mère. »

Je ris avant de me lever pour aller chercher un verre d'eau à la jeune femme, immédiatement frustré de voir qu'ils n'avaient rien de mieux qu'un verre en plastique. Oh sérieux là, un verre en plastique les gars ! Je revins en soupirant, lui tendant son verre et m'excusant du manque de luxe, j'avais presque envie de sauter dans ma voiture pour aller lui acheter un verre en cristal là. Mais elle se foutrait de ma gueule à coup sûr.

« Hé, me compare pas à ton père, on a pas le même âge............ »

Réalisant ce que je venais de dire, je pinçai les lèvres avant de me remettre à rire.

« Ok, promet-moi que tu lui diras pas ce que je viens de dire, sinon il viendra m'étriper dans mon sommeil. »

Je me rasseyai sur le lit, songeant qu'au moins il était confortable, ils ne faisaient pas tout complètement mal. Je grimaçai en imaginant la bouffe de la cafétéria, rien d'étonnant à ce qu'elle disait... De toute manière c'était pareil partout et c'était pas pour rien que je ne mangeais jamais à Harvard, encore que la bouffe là-bas était assez bien comparé aux autres lieux comme l'hôpital etc.

« Tu voudras que j'aille te chercher un truc à bouffer ? Un truc qui donne pas envie de vomir, évidemment ? »

Je souris à la réflexion d’Andy sur les infirmières, bien qu’au fond j’étais un peu gêner, j’avais toujours du mal à croire que lui et Apple n’était plus ensemble … Je n’avais jamais été la présidente du fan club de miss Kovalevski mais quand même, maintenant ils avaient une famille ensemble alors c’était dur de les voir déjà séparés … Je préférais ne rien répondre malgré tout, je ne voulais pas qu’on s’engueule alors qu’il m’adressait de nouveau la parole.
Il n’apprécia pas vraiment la remarque sur mon père, en même temps, ce n’était pas franchement u compliment, mon père n’étant pas vraiment un modèle à suivre … Et lorsqu’il se mit à rire et à me demander de ne rien lui répéter, je ris aussi avant de répondre.

« C’est préférable en effet, déjà que mon père ne t’aime pas beaucoup alors là ce serait le pompom. »

Mon père avait toujours voulu contrôler mes fréquentations, et bien qu’Andy vienne d’une bonne famille que mon père connaissait bien, il n’aimait pas trop le fils, pour la simple et bonne raison que son comportement n’était pas « digne de sa famille », c’était ces mots, d’ailleurs il me l’avait souvent dit à moi aussi par le passé, suite à mes nombreux écarts de conduite. Mais je m’en fichais, je choisissais mes amis et s’il n’était pas content, tant pis pour lui !
Après avoir bu en souriant de voir le visage de mon ami face à ce verre en plastique, il me proposa d’aller me chercher de la vraie nourriture.

« J’aurais adoré manger un vrai truc, je rêve d’un bon homard ! Mais je peux pas, tant que j’ai pas les résultats de tous mes examens, je vais pas pouvoir manger, au cas où je doive me refaire opérer … »

Cette règle était franchement pourrit, mais dans l’hypothèse d’une opération je devais rien avoir dans le ventre, j'avais l'habitude, avec 4 opérations en 6 mois … Enfin en un sens, ça m’évitait la cantine hospitalière !

« Le pompom ouais... il te séquestrerais pour que tu ne me voies plus. »

Je souris. Je savais pertinemment que son père ne m'appréciait pas, qu'il n'aimait pas mes écarts de conduite. J'avais la réputation d'un coureur du jupons à Harvard et ça ne s'arrêtait évidemment pas aux enceintes de la fac, les parents en avaient également entendu parler. L'histoire de la grossesse d'Apple et de mes fiançailles avec Elysia brisées n'avaient strictement rien arrangé... et pire, s'il apprenait que j'avais couché avec sa fille, il me ferait très probablement castrer.

Je pinçai les lèvres à sa réponse. Effectivement je n'avais pas pensé qu'elle ne pouvait pas manger tout de suite. La pauvre elle devait crever de faim... C'était un peu pourri comme règle, même si compréhensible.

« Ouais je vois... Tu devrais les avoir quand ces fichus résultats ? »

Je me relevai du lit.

« Attend deux minutes. J'vais me chercher un de leurs cafés infectes comme ils ont que ça à boire. »

Je sortis de la chambre, j'aurais aimé un boon thé de marque, malheureusement ils n'avaient pas ça en stock, le seul qu'ils avaient était tellement écœurant que même si j'étais british et un adepte du tea time, je préférais le café pour le coup. Je revins une fois mon café en main, m'asseyant sur le fauteuil à côté du lit.

« C'est bon. »

Je souriais à la remarque d’Andy pour sur mon père trouverait un solution pour que je n’approche plus de mon ami et moi je trouverais un moyen de contourner l’interdiction, les mauvaises habitudes ont la vie dur comme on dit.

« Je reviendrais à la Eliot House dans ce cas, il ne pourrait rien dire, il serait tellement fière que j’y retourne, même si tu y es aussi. » Lâchais-je avec un sourire.

Ce serait bizarre de retourner chez les bleus mais dans un sens ça me plairait. J’y avais mes habitudes mais c’est en partie pour ça que j’avais changé de maison pour changer d’habitude et repartir sur de nouvelles bases, pas évident !
Il me demanda ensuite quand je devais récupérer mes résultats.

« Normalement avant la fin de la journée, ça ne devrait pas être trop long, à moins qu’il y ait un truc qui va pas et qu’il re-vérifie. » répondis-je avec sur un ton détacher presque machinalement, je commençais à en avoir assez de ces rituels médicaux mais je n’avais pas le choix.

Lorsqu’il me dit qu’il allait se chercher un café, je me mis à rire avant de lui lancer.

« Tu vas adorer, ils les servent dans des gobelets en plastoque aussi ! » Lançais-je en me moquant de lui gentiment.

Il revint quelques minutes plus tard avec sa boisson. Ça sentait bon, ce qui était une bonne chose vu l’odeur de mort qui régnait dans l’hôpital …

« Bon sinon raconte-moi les potins de Harvard, il s’est passé quoi ces derniers mois ? »

Tss, elle se foutait de ma gueule pour les gobelets en plastique ! Mais je la comprenais, à sa place j'en aurais probablement fait autant. C'est en la fusillant du regard que j'étais sorti pour aller prendre mon café et je revins quelques minutes après avec mon gobelets, m'installant sur le fauteuil à côté du lit.

« Avant la fin de la journée ? Putain c'est long quand même. »

Je soupirai et trempai mes lèvres dans le café, relevant immédiatement la tête en grimaçant un peu. C'était brûlant, quel con j'étais. Les potins ? Je restai un moment pensif avant de reprendre la parole.

« Mmh. Elysia est revenue, sauf qu'elle a rejoint la Mather House. Anya essaie de se défaire de ses fiançailles avec un duc de mon cul qui répond au doux prénom d'Alekseï. Aka celui qui a niqué Apple. »

Je haussai les sourcils et soufflai un peu sur mon café, tant pour le refroidir un peu que pour évacuer la colère qui m'envahissait dès que je parlais de lui.

« A par ça, ça a été plutôt calme en fait... »

Je bus une gorgée de mon café avant de relever les yeux vers elle.

« Tu sais, tu l'as dit en n'étant pas sérieuse mais tu seras toujours la bienvenue chez les eliots. »

J’observais Andy boire son café, je l’enviais, je ne pouvais boire que de l’eau et encore normalement j’avais pas vraiment le droit mais leur perfusion n’était pas suffisante pour moi.
Il me raconta ensuite les actualités du campus, Elysia était de retour et chez les verts plus, retournement radical, mais bon elle n’avait pas forcément eu la vie facile avec ces fiançailles de force … Et Anya et son ex fiancer … J’avais toujours du mal à croire cette histoire entre Apple et Aleksei, non mais Apple trompé Andy ? Même moi je n’y croyais pas et pourtant je ne suis pas la présidente du fan club de la pomme mais quand même …

« Ouai, la vie suit son court en quelques sortes. » lâchais-je.

Puis plus sérieusement Andy revint sur ma phrase concernant les Eliots. J’avais longtemps hésité à retourner chez les bleus, mais j’avais l’impression que ce n’était plus ma place, je n’étais plus la même Joleen qu’autrefois, et elle ne reviendrait plus. Et en même temps, cette maison représente tellement pour moi.

« C’est pas juste de l’humour tu sais. J’aime vraiment cette maison, c’est juste que … Je sais pas, tout est différent maintenant, je suis pas sûre d’y avoir encore ma place. »

J’avais mentis à Andy le jour de nos retrouvailles, je lui avais dit que le Doyen m’avait interdit de retourner chez les bleus, je n’avais pas voulu blesser mon ami en lui disant que j’avais fait ce choix toute seule. Je ne savais pas s’il pourrait comprendre ou non.

Ouais elle avait plutôt bien résumé en fait, la vie suivait son cours, le temps s'écoulait, imperturbable... Il balayait tout sur son passage, comme il l'avait toujours fait. Je haussai brièvement les épaules avant de replonger mon nez dans mon gobelet de café, pensif et repensant à tout ce qui m'était arrivé depuis le départ de Joleen... Autrement dit, un paquet de choses. Et j'avais changé aussi. J'avais été obligé de changer... j'avais muri, j'étais toujours un branleur à qui on a envie de coller deux baffes... mais avant c'était quatre, y a de l'amélioration un peu. Je restai songeur face à ce que la jeune femme me disait, tout ce que je comprenais là c'était qu'elle avait la sensation de ne plus en être digne. Je comprenais peut-être de travers ? En tout cas c'était ce qu'elle me laissait comprendre.

« Jojo... Evidemment que t'y as encore ta place. »

Je rebus une gorgée de mon café et me levai pour revenir m'asseoir près d'elle, plantant mon regard dans le sien.

« On change tous. T'as changé... j'ai changé aussi, les gens que tu as connu avant de partir ont changé également. C'est pas parce que tu veux prendre un nouveau départ que tu n'as plus ta place parmi nous. T'es une Eliot. Et chuis jaloux des cabots, c'est pas juste que tu sois chez elles et pas chez nous. »

Je souris, amusé. Je le disais en rigolant mais finalement c'était plutôt sérieux, je trouvais vraiment ça dommage.

C’est vrai qu’Andy avait changé, probablement sa récente paternité. C’était pas facile de parler de la Eliot, bien sûr j’avais envie d’y retourner, et d’un autre côté, la Cabot était pas mal non plus, je commençais à me faire des amies, alors comment choisir ?
Lorsqu’il fit un peu d’humour je retrouvais un petit sourire.

« Avoue que t’es surtout jaloux parce que je peux me balader au milieu de toute ces filles et pas toi ! » lui lançais-je sur le même ton humoristique.

A mon arrivé à Harvard il y a 4 ans, je n’aurais jamais imaginé être ailleurs que chez les Bleus, et maintenant j’hésitais, je devais prendre une décision, mais ce ne serait pas aujourd’hui.

« Tu sais bizarrement, je ne suis pas si mal chez les Cabots, j’aurais jamais cru ça mais c’est loin d’être aussi pire que ce que j’imaginais avant. »

J’avais toujours eu l’image des Cabots parfaites, un peu cucul la praline et coincé, mais heureusement j’avais eu tort, je n’y étais pas depuis longtemps et peut-être que le fait de ne vivre qu’avec des filles allait me rendre folle mais pour le moment c’était encore gérable.