On lui avait refusé ? C'était clair qu'elle avait changé là, je ne pouvais tout simplement pas le nier. En fait, c'était tout simplement trop bizarre comme situation, on aurait presque l'air complices pour le coup et pourtant, on ne l'avait jamais vraiment été auparavant. Neuf fois sur dix, c'était de la comédie, et là... Rien ne nous y forçait, on aurait pu simplement se snober, mais non. je lui récupérais ses valises et on papotait. En fait on avait vraiment changé, tous les deux. Je ne pouvais pas nier que je n'étais plus totalement le même non plus, même si je m'efforçais de rester fidèle à moi-même autant que possible. On grandit tous, de toute manière. Qu'on le veuille ou non... Elysia me signala où se trouvait sa deuxième valise et je détournai le regard d'elle pour regarder la fameuse valise. Oh, une valise rose, je crois qu'on pouvait difficilement faire plus féminin et la première pensée qui me traversa l'esprit fut celle-ci : si elle réintègre une maison, c'est peut-être les cabots ? J'allais pour récupérer la fameuse valise quand la jeune femme me tira sur la main pour me rapprocher d'elle et me déposa un baiser sur la joue, alors que je lui souriais.

« Laisse moi réfléchir deux minutes si c'est suffisant. »

Je lui tournai alors le dos et récupérai sa deuxième valise, jetant un coup d'oeil un peu plus loin au tapis où devait se trouver ma valise mais je ne la vis pas. Sans doute n'y était-elle tout simplement pas encore, de toute manière ce ne serait pas la première fois qu'elle sortirait en dernière. Je revins auprès d'Elysia avec sa seconde valise, la lâchant et croisant les bras.

« Compte pas sur moi pour traverser tout l'aéroport avec une valise rose quand même, je tiens un minimum à ma virilité. »

« Laisse moi réfléchir deux minutes si c'est suffisant. » A nouveau, je levais les yeux au ciel. Ah, parce qu'il voulait plus peut-être? Mmmmh, d'un côté, c'est vrai que ça ne me dérangerait pas trop. De toute façon, ce n'était pas comme si nous ne l'avions pas déjà fait. Et puis, qu'il soit avec Apple était une raison de plus pour en profiter. Aaaah, douce vengeance... J'attendais, encore un peu, je voulais la savourer, voir son coeur se briser, comme elle avait brisé le mien. Oui, la vie était injuste. Moi, j'ai souffert, depuis ma plus tendre enfance. Je n'avais jamais rien fait pour mériter ça. Et elle, elle vivait heureuse, avec son homme et son gosse. Une vrai petite vie de rêve et c'était injuste. Alors je voulais qu'elle ressente une part de ma souffrance, parce qu'elle le méritait. Peut-être aurais-je dû demander à intégrer chez les Cabots ? Ca aurait été plus facile pour l'atteindre. Non, je n'aurais pas pu supporter la voir 24 sur 7. Non, vraiment, les Mather étaient parfaits, je m'y sentirais à l'aise, je le savais, je l'espérais.

Je regardais Andy revenir avec ma deuxième valise, sourire au lèvre, qui s'effaça dès qu'il ouvrit la bouche. « Compte pas sur moi pour traverser tout l'aéroport avec une valise rose quand même, je tiens un minimum à ma virilité. » Je fis une mine boudeuse avant de lâcher la rouge pour prendre la rose. « Très bien, tu prends celle-là alors. » Sans attendre, je trimbalais ma valise jusqu'à son tapis roulant. Bein oui, je n'allais pas le laisser tout seul alors qu'il a eu la gentillesse -hum- de m'aider. « Au fait, on vient te chercher ou...? » Parce que s'il n'avait pas de moyen de rentrer jusqu'à Harvard, je me ferais un plaisir de le déposer. J'avais demandé à ce que mon père me dispose d'un chauffeur pour rentrer.