(Laszbe) i've died everyday waiting for you

Est-ce que je craque ? Un petit peu, mais vraiment pas beaucoup. Je suis devant la porte d'entrée de la maison du père de Phoebe et je viens de sonner. Je ne sais pas s'il va me reconnaître. Nos parents sont toujours amis, j'habite la rue à côté, mais j'ai changé pendant... ben depuis juin en fait. Je suis à Boston que depuis peu. Mais le père de Phoebe, ça fait bien plus longtemps que ça que je l'ai pas vu. Est-ce qu'elle va m'en vouloir d'être venue la voir sans la prévenir ? He, en même temps, quand je lui ai proposé qu'on se voit à la NO, elle ma dit qu'on en reparlera plus tard. On ne l'a pas fait. Alors moi je provoque les choses. Je deviens un homme spontané. En plus, j'ai un petit sachet avec un cadeau pour elle. La porte s'ouvre et je me sens totalement intimidé face à cet homme imposant. « Bonjour m'sieur Rowan, joyeux noël ! Je suis Laszlo le fils du pharmacien Griggs au bout de la rue. Je fais les fêtes ici et je passais dans le coin... » même si je l'adore cet homme, je peux pas m'empêcher d'être mal devant lui. S'il savait tout ce que j'ai fait à sa fille. « Phoebe est là ? » que je demande d'un air innocent. Le padre, sans pression, me laisse entrer et m'indique où est sa chambre. Je suis un peu stressé de la voir, mais content aussi, c'est fou ce qu'elle me manque. Je sais pas pourquoi je frappe à sa chambre. C'est comme pour lui demander la permission d'entrer ? Y'a de la musique, je sais pas si elle a entendu du coup, j'ouvre la porte et je laisse juste passer ma tête, n'osant pas encore me montrer complètement au cas où je la retrouverais avec un autre mec, ou Zoey en fait. Car oui, elle vient souvent ici pendant les fêtes. Mais non, elle est seule, et je me sens soulagé. « surprise ? » que je lui dis en essayant de pas trop me réjouir au cas où elle me remballerait illico presto. Mais j'use de mon charme, je fais mes yeux de loveur et mon sourire à tomber par terre, ça marche à tous les coups.

Cette année, Noël ne se fera pas à Salem, auprès de ma mère, mais à la Nouvelle-Orléans, auprès de mon père. La raison ? Ceci est un exil les gars. Il y a quelques jours de cela, alors que je me rapprochais dangereusement de Zoey au point de construire quelque chose de sérieux, bah Laszlo, mon dernier ex en date est revenu à l’assaut et j’ai craqué. On a fait l’amour devant ma cheminée. On s’est laissé emporter, on s’est déclaré notre flamme devant des flammes et tout a été remis en question. Depuis, ne sachant pas masquer la vérité, j’ai tout balancé à Zoey qui a elle-même balancé une vérité douloureuse. Elle a baisé avec Abi. En définitive, c’est le chaos en Phoebe Rowan, alors elle s’est éclipsée bien loin de Boston, de Cambridge et de son manoir hanté. J’ai effectivement tout embarqué avec moi, mes bêtes, mes grigris favoris, un nouveau grimoire à potasser. Aussitôt arrivée chez mon géniteur, je me suis enfermée dans ma chambre et ne suis sortie que pour "dîner". Le ventre peu rempli, je suis partie me coucher en avance, ne prenant même pas la peine d’ouvrir les cadeaux qui m’étaient destinés au pied du sapin. Pas la foi. Le lendemain, je me suis forcée à tout déballer, j’ai pris une douche et désormais, me voilà allongée sur le ventre, au beau milieu de mon lit d’enfant, de mes posters de sorcellerie et quelques poupées terrifiantes. La musique à fond, je feuillette de vieux albums photos dérobés à mon père et je me replonge dans une époque où ce n’était pas forcément aussi simple qu’actuellement. Mes prunelles rebondissent de cliché en cliché. Mes doigts tournent les pages et là, arrêt cardiaque. C’est .. Lasz’ ? Lasz’ et moi ? Ensemble ? Près du Mississippi ? Une larme roule sur ma joue et s’écrase sur la pellicule transparente recouvrante cette photo. Je .. Je l’aime ce con. Et tout à coup, ma porte grince, je sursaute et me retrouve sur mes fesses, en tailleur, l’album grand ouvert devant moi. L’homme à qui je pensais est ici, juste là, dans l’embrasure de ma porte. J’rêve ou quoi ? La bouche entrouverte, j’oublie d’avaler ma salive et manque de m’étouffer. « Qu’est-ce que .. T’es entré comment ? T’as parlé à mon père ou quoi ? » Je claque ma paume sur mon front et lève les yeux sur mon plafond. Ok, t’as fait fort. T’as bravé mon papa pour me voir quoi. J’sais pas si tu le vois, mais je suis grave en émoi là. « Entre .. Referme derrière toi et viens à côté de moi, viens me donner de ton odeur, dépêche ! Phoebe est en manque .. »

C'est le coeur serré que je rentre dans sa chambre en me manquant de me cogner la tête contre le bord de la porte, trop grand. Et avant de porter mon regard sur Phoebe, je ne peux pas m'empêcher d'explorer sa chambre. Je suis là, je fais quelques pas et tout me revient en mémoire. Elle me semble plus petite que la dernière fois. Forcément, comme j'ai grandi depuis tout ce temps. Je vous jure, ça me fait quelque chose d'être là. Phoebe me sort de mes pensées. Ah oui, juste, t'es là, et je suis venu t'apporter un cadeau de Noël. « Ouep, il n'a pas eu de mal à me reconnaître. » et je m'exécute dès qu'elle me donne les ordres. Ok, la porte, son lit, mon odeur. Je dois être capable de faire ça. Je pousse sa porte qui claque violemment et je lâche un rire désolé puis je viens m'étendre près d'elle dans son lit et je pose mon menton contre son épaule, les yeux rivés vers ce livre. Ah non, un album photos. Mais je ne m'y attarde pas longtemps. « tadaaaaa. » je dépose le petit sac avec le cadeau emballé à l'intérieur. Je veux voir sa réaction alors je me redresse, assis et je me gratte la tête. Ola, je panique. Et si elle n'aime pas ? Après tout, c'est un bracelet en argent, fin et léger. Mais un objet tellement important qui a une valeur inestimable. Pas niveau argent mais niveau sentimental. « je sais ce que tu vas dire, que c'est trop blabla mais non, je veux pas entendre ça. ouvre-le ! » j'insiste. Je ne vais pas le faire à sa place tout de même. Et si elle trouve ça ridicule que je lui offre un cadeau ? Si elle me connait bien, elle doit savoir que je suis l'homme le plus radin de la planète terre, le moins généreux et tout le tralala. Je vous dis, y'a tout qui débloque chez moi. Heureusement, ce bracelet, je ne l'ai pas acheté, ni volé, ça appartient, appartenait, à ma mère. « joyeux noël. » histoire de lui montrer que c'est aussi pour l'occasion. Bref, je lui donne pour la première fois de l'attention, un geste attentionné plutôt. Car avant, c'était pas trop ça, j'étais fort dans ma bulle et je faisais pas attention à elle. Je me demande comment j'ai pu être aussi bête.

J’suis seule, volontairement, parce que je préfère que le monde me rejette. J’suis un déchet. J’blesse des gens sur mon passage et ça ne peut plus durer. J’pige pas qu’Abigail puisse débarquer le jour prochain, après toutes les horreurs que j’ai pu lui balancé. J’comprends pas que Laszlo puisse encore ‘craquer’ pour moi. Et en parlant du loup, le voilà. Mon prédateur le plus redoutable est entré dans ma tanière. Il m’a rejoint à la Nouvelle-Orléans, pour moi .. Il a fait tout ce chemin pour moi ! Et non, ses parents habitent juste au bout de la rue, c’est tout. Rien de plus. Que je m’excite pas, c’est juste une visite de courtoisie j’parie ou pour m’dire qu’on a commis une erreur et que ça devrait s’arrêter là. Moi j’en veux pas de cette fin. Je lui pisse dessus. Je t’invite à rentrer et tu te manges le cadrant de la porte. Rire étouffé contre ma paume, je coince mes canines dans ma lèvre inférieure pour réprimer mes moqueries involontaires. T’es pas doué, mais mignon dans ta maladresse. Trop mignon. T’as limite défoncé ma porte en la refermant, mais c’est pas grave, mon mec c’est Popeye. Mon mec ? N’importe quoi. Ma langue a fourché, mon cerveau a vrillé. Tu t’échoues ensuite à mes côtés. Ton menton creuse son empreinte dans mon épaule. T’as les os pointus, mais je me plains pas, parce que ça me plaît d’ressentir un peu de douleur quand ça te concerne. Olala. La meuf folle à lier hein. Mes yeux se reportant sur l’album, j’y vois rapidement un petit sac se poser dessus. Circonspecte, je pivote ma bouille vers la tienne. J’allais refuser, mais tu m’as devancé. T’as projeté les mots que je voulais prononcer. Raaah. Je stresse. Et si j’aime pas ? Je vais devoir m’forcer à aimer ? Ouais, obligé, parce que t’es pas le mec qui offre quoique ce soit toi. Ceci est d’une rareté absolue. J’en reviens pas. « Je .. Tu aurais pu me prévenir. Heureusement que je suis allée me balader toute à l’heure et que j’ai .. » Ouvrant le paquet au même moment, je découvre un bracelet d’une extrême finesse dans un petit écrin usé par le temps. Un bijou qui a une histoire. Un bijou qui ne vient pas d’une boutique Swarovski. Éblouie par la chaînette argentée, je la sors de sa boite pour la faire balancer dans le vide, entre nos deux tronches « Eum .. Est-ce que tu as cambriolé ou volé une mamie ? » Attention, ne pas faire de l’humour en compagnie de l’homme le plus susceptible que je connaisse, surtout pas dans une circonstance pareille. « Il me plaît beaucoup, il a l’air d’avoir vécu, c’est ce que je voulais dire. Merci Laszlo .. » Passant un bras dans ta nuque, je te ramène à moi, pour une étreinte plus amicale qu’amoureuse, prudence, j’sais plus sur quel pied danser là, help. Il a une signification ce cadeau ? Je dois en conclure un truc de spécial ? Finissant par me détacher, je te regarde peut-être un peu trop in love et je te tends mon poignet « Tu m’aides à l’attacher ? »  

Ce dont j'ai envie, là tout de suite, c'est de la prendre dans mes bras, respirer son odeur, l'embrasser, lui faire l'amour jusqu'à l'épuisement. Mais je me contiens, de un, car on est chez son père, et de deux parce que je ne sais pas vraiment ce qu'on est. Elle, elle connait ma position, elle sait que je veux la récupérer, tout reprendre à zéro, repartir sur de bonnes bases, avec enfin un mec qui prend soin d'elle et qui fait attention à elle. Un mec qui s'ouvre comme il peut et qui consomme moins. Mais elle, on dirait qu'on a échangé les rôles. C'est elle qui se referme petit à petit. J'espère que je me fais des films, car je donne déjà tellement, je fais beaucoup d'efforts, mais si elle recule pendant que j'avance, ça va coincer à un moment donné. Gêné, je lui donne le cadeau et sa première réaction me fait hérisser les poils. « p-pardon ? » elle et son humour, je suis à deux doigts de chialer limite. Elle a pas le droit de se moquer. J'expire, je retrouve mon air et j'arrête de faire souffrance à mes poumons ; elle l'adore. Et ça se voit sur son visage. Cool alors, ça me rend heureux alors. J'espère juste qu'elle ne trouve pas ça de trop ? Je ne lui offre pas ça comme si c'était une chaîne autour du coup. Juste que c'est un cadeau lourd de sens. « il est à ma mère, elle me l'a donné. je ne me vois pas porter ça, un peu trop féminin à mon goût et... je vois personne d'autre que toi pour le porter. » et il te va bien Phoebe, vraiment. Je finis de te l'attacher et je regarde les petites attaches argentées scintiller avec la lumière de sa chambre. Je me pince les lèvres, elle a cette façon de me regarder qui me chamboule. Je regarde sa bouche si envoûtante et elle, ce qu'elle fait, c'est me prendre dans ses bras. w.h.a.t. Friendzoné le mec ou quoi ? Je prends difficilement ce câlin, comme si tout s'écroulait autour de moi puis quand elle se retire de mes bras, je la regarde avec un faux sourire. « ne me dis pas que je suis dans la friendzone. » après la nuit qu'on a passé ? Après les mots que je t'ai dit ? Que je t'ai ouvert ma flamme et tout ce que tu veux ? Tu me fais peur, pour la première fois, je sens réellement de la peur, peur de l'avoir perdue.

Il a les yeux revolver, le regard qui tue, c’est pas ma faute. Si, c’est ma faute. J’suis retombée pour toi, que je le veuille ou non. T’es un homme. Tu possèdes un truc que je n’ai pas et c’est sûrement pour cela que j’éprouve une attirance démesurée envers toi. Pourtant, je continue de réfléchir. Je refais l’histoire. Je repense à la façon dont tu m’as largué, la façon dont tu as lâché prise et que tu t’es retourné. Ça paraissait facile. Ce revirement de situation, je le comprends pas. Tu m’aimes. Tu m’as dit que tu m’aimais, quand on faisait justement l’amour. Pourquoi j’arrive pas à accepter ? Et là, cerise sur le gâteau. C’est Noël et tu m’offres un cadeau. J’me sens conne. Je fais de l’humour pour masquer le super malaise qui me gagne, mais je te fous en panique, je le vois. Je te connais surtout. Attaquer un de tes gestes d’affection, que ce soit pour rire ou non, c’est un pari risqué. « Relax » Je rectifie le tir, de toute manière, j’peux pas faire autrement. Le bijou est splendide. Il est fin et délicat. Je me dis que c’est peut-être comme ça que tu me vois, alors que je me trouve si lourde. Attention, je risque d’entrer dans une zone de turbulences, mais j’ose, tant pis si c’est la traversée du désert par la suite. « Ta mère qui habite pas loin ou ta mère biologique ? » J’sais pas, la dernière fois, tu m’as parlé de ton adoption, je suis complètement perdue. Entre temps, le bracelet est enroulé et attaché à mon poignet. Je le regarde, je secoue mon bras et fais refléter la lumière sur les espèces de breloques argentées qui décorent la chaînette. Je suis émerveillée devant pas grand chose moi. Genre, j’peux rester toute une après-midi à mater un escargot en train de traverser ma terrasse au manoir. Bref, je l’aime ce bijou. C’est beaucoup trop et pour te remercier, je t’enlace et frotte le petit bout de mon nez dans ton cou. C’est furtif et maladroit. Quand je sors de ton étreinte peu enthousiaste, j’éclate de rire après ton commentaire. Je te mange de mes yeux et je mordille ma lèvre inférieure. Ok, j’crois que j’ai eu mon signal. T’es pas content et ça me soulage comme pas possible. « Mh non .. En réalité, j’espérais que tu sois revenu dans la lovezone depuis la dernière fois, mais je ne voulais pas me faire de films si ce n'était pas réciproque de ton côté. » Le dos en compote, je vrille ma colonne pour chercher tes lèvres et les dévorer avec passion. Le baiser s’entrecoupe. Je marque des pauses, pour capter ton regard et je reprends de plus belle. « Vas-y, demande moi si tu veux, j’attends » Énigmatique hein ? Me reculant, j’empoigne mes mollets croisés et t’incendies de mes yeux bleus. Allez, je veux que tu me demandes d’être ta .. Je laisse ça en suspens tiens.

Non mais moi je m'inquiète pour un rien. Je suis pas l'homme courageux comme les filles aiment décrire ne parlant de leur prince charmant. Je suis peureux, un vrai trouillard. Alors quand Phoebe parle maladroitement, je peux pas m'empêcher de me sentir mal. Mais elle me rassure, assez facilement. Je vous jure, avec elle c'est les montagnes russes spontanément. Je lui explique que le bracelet appartenait à ma mère et forcément, vu que j'en ai deux si on part du principe que j'ai été adopté, elle est un peu perdue. « ma mère d'ici, enfin celle qui m'a élevée... » après mes sept ans. D'ailleurs, ça me fait penser que j'ai espoir de retrouver ma soeur. J'ai comme la sensation d'avoir toujours connu Misha, elle aussi qui a une histoire similaire à la mienne, et Melbourne de naissance, si c'est pas un signe ? Mais je veux pas en parler à Phoebe, à qui que ce soit d'ailleurs, tant qu'on a pas les résultats du test. Et puis si ça tombe, on se fait des illusions tous les deux. Ma mère biologique, elle est quelque part dans un asile, toujours en Australie. Elle a surement perdu la boule depuis et ne sait plus qu'elle a un fils, ou à vrai dire, deux enfants. J'ai eu la chance inouïe d'avoir atterri ici, en Amérique, près de toi. Car sans cette adoption, ma vie aurait surement été un enfer. D'ailleurs, qu'est-ce qu'on est ? Dans quoi on se lance ? Est-ce qu'on le veut vraiment ? J'aime autant directement casser les oeufs pour qu'on sache sur quel pied danser. Sa réponse me fait peur, un peu. Me donner tout ce mal pour rien, ça me détruirait complètement. Je la désire de tout mon être, je veux qu'on ne fasse plus qu'un, je veux oublier le 'je suis' pour dire 'nous sommes'. Je souris, je suis heureux, ça y est. Elle m'embrasse et j'explose de joie intérieurement. J'attrape tendrement son visage entre mes mains moites et je la regarde, j'espère que ce n'est pas un rêve. « eh, pourquoi ce serait à moi de demander ? car je suis le garçon c'est ça ? » sexiste tout ça. Bon Laszlo, t'as dit que tu portais tes couilles alors, go. Je prends une grande respiration puis je baisses les épaules. Je tire sur ses jambes et je la porte pour qu'elle s'installe sur mes genoux. Je dégage une mèche de ses cheveux et je pose mon nez au creux de sa nuque. « est-ce que tu penses que je suis le bon pour toi ? au fond de tes tripes, ce que tu désires c'est uniquement moi ? » ou est-ce que tu es encore perdue ? Est-ce que tu veux encore du temps ? Est-ce que je dois flipper à tout moment au cas où Zoey reviendrait dans le lot ? Est-ce qu'on peut enfin la vivre notre putain de belle histoire. Je relève la tête pour la regarder en me pinçant les lèvres. « il faut que je sache, si on se lance dans un terrain miné ou pas. » si c'est perdu d'avance, ou pas. En fait, je veux qu'elle me dise la vérité, rien que la vérité et tant pis si ça blesse. Elle m'a bien prise pour un con avec Zoey, j'ai pardonné tout ça, juste... ne recommence plus et dis-moi les choses, car si tu me prends c'est pour me garder, pas pour se lasser de moi comme une vieille chaussette au bout de deux semaines.

Je veux savoir d’où il provient ce bijou, de quelle mère. Je veux connaître ton histoire si éprouvante, celle qui t’a forgé de cette façon-ci et non d’une autre. Ouais, j’aimerais aborder tout ça très prochainement, je veux t’apprendre par coeur, en sachant que tu me surprendras toujours. Je sais qu’il y aura toujours une part de mystère qui planera autour de toi. J’sais aussi qu’il y aura des endroits où je ne serais jamais invitée, mais je désire au moins maîtriser 99% de toi. Le dernier pour-cent, je te le laisse, c’est ton jardin secret. « Oui, ta vraie mère en fait » Celle qui t’a nourri, donné un toit, une éducation, tout ce qui fait que tu as pu te bâtir convenablement et qui m’a surtout permis de te connaître. Sans cette adoption, tu serais peut-être toujours en Australie, à surfer sur les vagues, à sortir avec une blondinette qui pratique elle aussi ce sport débile. Et ben non, t’es en Amérique. Et je veux que tu sortes avec moi, la brune pyromane. Pyromane de ton coeur et d’autres coeurs bien trop sensibles. « C’est ça. Depuis le nuit des temps, c’est l’homme qui fait la cour aux femmes et j’ai la flemme que ça change » En vrai, je trouve que tu gères plutôt bien les déclarations. La dernière fois, c’était de la pure extase, je veux que ça recommence, j’veux ressentir à nouveau les papillons qui se cognent dans mon estomac et qui essaient de sortir par ma gorge. C’est fou, j’aime que tu me rendes vulnérable, alors que je suis toujours en contrôle, surtout au niveau sentimental. Me retrouvant sur tes genoux, ton nez gelé se réchauffant sur ma nuque tiède, ta voix serpente plus rapidement jusqu’à mes tympans. Je frémis. C’est une question cruciale. J’ai l’impression d’avoir la fameuse épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête. Si j’réponds à côté, elle tombe et perfore mon pauvre petit crâne. « Plus de mines. Tu peux marcher n’importe où sur moi, enfin, façon de parler. Tu n’exploseras pas. Laszlo, C’est toi que je veux. » Cette fois-ci, je sens que c’est la bonne. Je .. Je me suis plantée. J’suis pas une pure bisexuelle. Je veux faire ma vie avec un homme, pourquoi pas avec toi, j’y crois. J’suis optimiste comme nana. J’ai envie de griller notre chance jusqu’au bout du bout. « Alors je vais être explicite à ta place et renverser les rôles. Voudrais-tu sortir avec moi et réessayer une aventure en ma compagnie ? Est-ce que toi aussi tu ne désires que moi ou tu comptes planter ta graine ailleurs et avoir un arbre généalogique à dix mille branches ? » De ta réponse dépendra un beau patin à la cerise, dernier bonbon consommé avant ton arrivée. Pèse tes mots mon chou, chie pas dans la colle.

Je suis de nature maladroit et con, à croire que mes parents m'ont fait par accident. Peut-être que je m'y suis mal pris avec le cadeau que je lui ai offert ? ça aurait pu être un simple bracelet, sauf que non, il a une valeur inestimable à mes yeux et je me sens rassuré de le savoir au poignet de Phoebe. « y'a un problème ? tu trouves ça trop ? » trop quoi ? Trop tôt, trop n'importe quoi ? Oh non Laszlo, tu vas pas recommencer à flipper pour rien. Mais j'y peux rien, quand il s'agit de Phoebe, je flippe toujours, même si y'a peu voir quasi pas de raisons de me rendre malade au moindre truc qu'elle dit. Je suis mal foutu, je disais. Je lève les yeux au ciel en souriant. Madame a la flemme d'officialiser notre relation. Moi j'ai eu la flemme de m'habiller, de me préparer, d'aller fouiller dans la boite à bijou de ma mère pour retrouver le bracelet qui me revenait de droit, j'ai eu la flemme de marcher sous la pluie jusqu'ici, de parler à ton père et de me prendre le toit de ta porte en pleine tronche. Pourtant je suis là. Je pose les questions qui me brûlent les lèvres. Je veux savoir ce qu'elle veut, où elle en est par rapport à tout ça, à nous, au bébé, à mon ex-meilleure amie. Je grimace dès que je les imagine toutes les deux, ensemble, à se foutre de ma gueule pour x raisons. Ouais, les filles elles sont bien connues pour tailler sur leurs exs. J'humecte mes lèvres et je prends son visage entre mes mains, je dégage ses mèches foncées rebelles qui trouvent place derrière ses oreilles. « mes graines t'appartiennent. » je me mets à rire. « je désire que toi bien évidemment. » j'hausse mes épaules, l'air de dire 'mais quelle évidence, tu m'en poses de ces questions toi'. Je la vois bien, dans son regard, qu'elle veut m'embrasser. Je jette un coup d'oeil à la porte de sa chambre pour vérifier que papa n'est pas en train d'espionner sa fille avec le fils du pharmacien, puis je la colle contre moi pour prendre possession de sa bouche fougueusement. L'envie grimpe d'un coup, c'est encore plus puissant que la baise au feu de cheminée. Mais on est dans son lit d'adolescent, avec ses posters qui font peur et le padre est juste en-dessous. Donc je me contente juste de baisers chauds et langoureux.

Ce bracelet tombe à pic, j’veux dire, pour la gonzesse que j’suis, il est le symbole officiel qu’entre nous, c’est reparti. Il exprime beaucoup. Il appartenait à ta mère, c’est un héritage de ta famille que tu me transmets, c’est énorme. J’ai pas intérêt à le paumer au milieu de ma serre ou au coven. C’est désormais ce que j’ai de plus précieux en ma possession. J’vais en prendre soin, comme j’essaierais de prendre soin de toi. « Arrête de stresser, ptin ! C’est juste parfait. À quand la bague ? » Je te taquine, c’est le plus beau cadeau que j'ai reçu pour ce Noël. T’as vu juste, tu t’en sors bien pour le soit disant "handicapé" que t’es avec les meufs. Je dois t’inspirer, je comprends. Je suis ta muse hein ? Non, ça c’est dans ma tête, c’est ce que je voudrais, mais on en est peut-être pas encore à ce stade. À présent, j’attends le dénouement, le grand climax de notre film romantique, le moment où tu bégaies comme un imbécile pour m’demander de sortir avec toi, bah non. Tu te montres d’une extrême prudence, tu me questionnes en mode détective de l’amour là. T’as raison d’y aller mollo, mais moi je réfléchis jamais. J’veux dire, là, ce que je veux, c’est toi. J’ai oublié le merdier qui tourne autour, notamment la grossesse d’Abigail. C’est ça l’élément le plus perturbateur pour nous. En ce qui concerne Zoey, je pense qu’elle m’a enterré et que je devrais en faire de même pour la préserver de mon potentiel destructeur. Au final, nous ne sommes pas si différentes toutes les deux, j’ai couché avec son meilleur ami, elle a couché avec la mienne. Bref, je veux plus y penser et me concentrer sur nous. J’ai besoin qu’on fasse du ménage et qu’on s’offre intégralement l’un à l’autre. Mon visage imbriqué entre tes mains, je m’attends à un aveu décisif pour nous, mais tu me sors une connerie qui me fait mourir de rire. « T’es irrécupérable » Mes pupilles se focalisent sur ta bouche. La pelle ! Roule-moi une pelle pour boucler la boucle. Yes, j’ai gagné. Je pose mes mains partout sur ton corps, liant nos bouches inlassablement. Je nous fais basculer sur mon lit bien plus étroit que celui de mon manoir. Nos jambes s’emmêlent. Je me frotte carrément contre toi. Ma poitrine est opprimée. Elle sortirait presque de mon soutif corbeille là. Ma chambre de gamine doit rougir. Il s’est jamais rien passé ici, juste quelques découvertes entre moi et moi. « Attends attends .. Stop .. On va se faire griller. On peut pas ici » Bien sûr qu’on peut. Je pourrais si je le voulais. Un verrou enclenché et c’est parti, tant pis pour les oreilles de mon père. « Laszlo, je dois te demander quelque chose ou plusieurs choses je sais pas .. » Nos visages tout près, nos souffles s’abattant l’un contre l’autre, je caresse ta joue, le coeur battant encore la chamade. « Je veux pas que tu t’énerves ou que tu te braques ok ? »