(yann) merry christmas, i'm your gift

Je suis partie, c'est un moment trop gênant que je dois éviter à tout prix. Je vais rentrer chez moi, me foutre sous une couette et prier pour m'endormir très vite et ne plus jamais me réveiller. Okay, je fais ma dramaqueen, qu'est-ce qu'il y a ? J'en fais tout un fromage pour si peu, mais je suis comme ça, un rien me perturbe et me déstabilise. Plus tard dans la soirée, mon coloc me sonne pour me dire qu'il a commandé un sapin mais qu'il ne peut pas se libérer tout de suite pour aller le chercher. Et comment je fais moi, malin ? J'ai deux petits bras. J'sais pas. Au pire, je le décommande ? On verra. Je monte dans ma petite voiture et je roule lentement jusqu'au magasin, ou l'usine, appelez ça comme vous voulez.  Et là, sur qui je tombe... Arthuro. Ou plutôt Yann. C'est pas possible. Sur tous les vendeurs du sapin du coin, faut que je tombe sur lui. « ouep, moi. » que je réponds en ignorant son sourire. Je déteste les gens qui changent d'humeur si vite. Alors je fais faire comme si de rien n'était. « eumm mon coloc a commandé un sapin, il ne peut pas venir le chercher alors il m'envoie... sauf que ma voiture est trop petite alors, j'imagine qu'on va le décommander, si c'est possible. » je pianote mes doigts nerveusement sur le comptoir sans le regarder, du moins, j'essaye de ne pas m'attarder sur ses beaux yeux.

ouep, moi. Il est passé où son sourire ? Son petit air de miss gaffeuse ? Elle est où cette fille qui pouvait faire croire dur comme fer à ses copines que t’étais son mec ? eumm mon coloc a commandé un sapin, il ne peut pas venir le chercher alors il m'envoie... sauf que ma voiture est trop petite alors, j'imagine qu'on va le décommander, si c'est possible. Tu tournes la tête et jette un p’tit coup d’œil à la voiture garée sur le parking que la miss indique d’un petit geste de la main. Tu fais le tour du comptoir pour faire face à la brunette. On a des petits sapins. Michelle en sait quelque chose, putain. On peut prêter des tendeurs aussi, à conditions qu’on nous les ramène après. Histoire de pouvoir rouler le coffre ouvert dans avoir peur de voir son sapin finir sur la route. Bref, que des solutions, zéro problème. Excuse moi pour tout à l’heure. finis-tu par lâcher alors que vous marchez en direction des allées de sapins afin d’en choisir un pour la miss. Yann, qui s’excuse ? Putain, il va neiger. J’étais vraiment pressé et j’ai merdé, j’avais aucune raison de t’envoyer chier comme ça. Putain, note ce jour par une croix quelque part, fait un truc, c’est pas prêt de se reproduire. Celui-ci ? T’en dis quoi ? dis-tu en sortant un sapin d’une petite allée pour lui montrer et changer un peu de sujet. Et oui, ici on choisi son sapin. Sa forme, sa couleur, sa taille, tout.

C'est le monde à l'envers, il me fait je ne sais combien de sourire, me regarde d'une façon gentille. Merde, me voilà encore plus déstabilisée. Je n'aime pas me faire remballer, alors je fais profil bas. Je lui montre ma voiture toute petite et toute cabossée dans le parking et je fais une grimace. « d'accord, va pour un petit sapin. » je le suis à l'arrière de la boutique dans une grande serre avec pleins de sapins, ça sent la sève, la forêt. C'est agréable, je pourrais me plaire ici. Yann me coupe dans mon élan de pensées étranges et s'excuse. Mon ventre se serre et je le regarde attentivement. « tu t'excuses pour ne pas que je m'en aille chercher un sapin ailleurs, avoue. » je souris. La concurrence hein mon ami. On s'arrête et Yann me montre un petit sapin, petit, mimi, on dirait presque que ses épines ne piquent pas. « tu cherches un sapin à ma taille ? » je souris de toutes mes dents, j'arrive même à rire. Je m'abaisse, je contemple le sapin, à la recherche du moindre défaut. « j'aurais aimé que tu joues la comédie pour moi, juste... quelques jours, deux semaines max. » ouep, je retombe sur le sujet. Je me redresse, je frotte ma jupe et je me grandis face à lui, ce rouquin aux reflets cuivrés. « je suis prête à te payer si tu veux, enfin je sais pas ce que tu veux en échange mais... il me faut un faux petit-ami, temporairement. » je souffle, c'est dit. A prendre ou à laisser. Mais je pense que je vais plutôt rentrer chez moi avec un sapin tout laid, célibataire, sans personne.

Et son sourire est de retour, au moins une bonne chose. Aïe, touché. grimaces-tu en plaisantant avant de sortir un sapin haut comme un lilliputien. T’avais un objectif de sapin à vendre par jour pour toucher une petite prime. Oh, pas grand-chose hein, mais tu t’étais le genre de personne à te contente de pas grand-chose en plus. Chaque dollar était bien accueilli pour un mec comme toi qui vivait dans la pauvreté, parfois. tu cherches un sapin à ma taille ? Tu secoues la tête tandis qu’elle se penche pour regarder l’arbre à épines. Et comme le Yann que t’es changera jamais, toi tu poses tes yeux sur son cul roulé dans sa jolie jupe. Il est de bonne taille. Merde, non. Pour un p’tit sapin. On en a des plus grands après.. Toi tu préfèrerais qu’elle en achète un plus grand hein, ils coutaient plus cher. C’était tout benef’ pour toi. j'aurais aimé que tu joues la comédie pour moi, juste... quelques jours, deux semaines max. Putain, elle remet ça sur le tapis. Elle se redresse et ton regard quitte ses yeux pour se plonger dans ses prunelles pétillantes. Elle continue. Elle devait être vraiment désespérée pour te proposer de te payer, pour avoir besoin d’un faux petit ami.. Pourquoi ? lâches-tu tout simplement en croisant tes bras contre ta poitrine, le regard perçant. L’annonce du micro qui annonce que la vente va fermer ses portes dans cinq minutes. Laisse tomber, on s’occupe du sapin et tu m’raconteras ça autour d’un vin chaud après. reprends-tu sans lui laisser le temps de répondre à ta question. Tu ne lui demandes même pas si elle est d’accord, c’était pas une question.

Faut croire que quand il est au chaud, Yann est plus agréable. Je peux comprendre. Je déteste l'été, je suis plus fan de l'automne et ses feuilles colorées, mortes, qui tombent du ciel. Je suis un peu féerique comme fille, vous l'avez vu ? Ce sapin me convient, à vrai dire, je veux pas m'éterniser trop ici. « non c'est bon, je prends celui-là. » je te fais confiance. Je lui explique dans la conversation ce pourquoi j'ai dit que j'avais besoin de lui. J'y vais cash, tant qu'il est gentil. Au pire, il s'énerve un bon coup après, mais je tente, c'est ma dernière chance. Yann me demande pourquoi, j'ouvre la bouche pour répondre mais le signal annonce que le magasin va bientôt fermer ses portes. « aaaah donc tu le veux quand même ton vin chaud. » je le laisse porter mon sapin jusqu'à l'accueil, je lui paye avec le peu de liquide qu'il me reste, tout pile assez puis je l'attends, le temps qu'il ferme boutique. « au fait je m'appelle Jill, juste Jill. » parce que Jillian ça fait trop mamy v'voyez. Je l'attends, on met le sapin dans le coffre de la voiture et je croise les bras. Est-ce que ce vin chaud tient toujours ? ici, il y a le marché de noël à chaque coin de rue, c'est facile pour trouver un endroit pour se poser autour d'un petit feu en dégustant du bon vin. « mh donc je disais, j'ai besoin d'un faux petit-ami pour que mes copines arrêtent de m'embêter. » j'ai pas envie qu'il me blâme, qu'il ait pitié de moi, mais bon, s'il accepte d'en savoir plus, c'est que je lui fais vraiment pitié.

La brunette arrête son choix sur le sapin que tu lui proposes, finalement. Cette histoire de petit ami -enfin faux petit ami- revient sur le tapis et tu coupes court alors que l’entreprise va fermer ses portes. Les affaires d’abord, c’est comme ça. aaaah donc tu le veux quand même ton vin chaud. T’attrapes le sapin et le hisse sur ton épaule pour aller jusqu’au petit barnum sous lequel se trouvait la casse et tout le bazar pour emballer le sapin. J’ai jamais dit que j’en voulais pas. J’ai dit que j’avais pas l’temps. Et après tu l’aurais, évidemment. Puis t’façon t’avais pas grand-chose de mieux à faire. Entre discuter d’un plan barré avec elle ou rentrer et retrouver ta coloc’ débordant d’hormones et à fond dans l’esprit de Noël et compagnie, tu savais pas trop ce qui était l’pire finalement. T’emmènes le sapin jusqu’à sa voiture, retournes à la vente pour te changer et troquer ta chemise à l’effigie de la boîte contre un pull rayé et ton éternel blouson en cuir. Une écharpe et c’est ok. au fait je m'appelle Jill, juste Jill. qu’elle te dit quand tu reviens à ses côtés. Juste Jill, pigé. Vous marchez jusqu’à un petit chalet qui propose vin chaud, bretzels et autre chocolats de Noël. Pour un type qui détestait cette période de l’année, t’avais vraiment l’impression d’y passer ta vie là dedans. mh donc je disais, j'ai besoin d'un faux petit-ami pour que mes copines arrêtent de m'embêter. Assis sur un grand tabouret autour d’un mange debout, ton verre de vin chaud fumant devant toi, tu poses un regard rieur sur la demoiselle. C’est un plan débile, t’en es consciente ? Tu ris, ouais, là tu t’fous carrément d’elle. Oh merde, son sourire disparait. Non mais j’veux dire en quoi j’changerais quoi que ce soit au près de tes copines, hein ? Explique moi. Parce que tu piges pas.

Deux fois en un jour que je le vois. La troisième fois, je vais sérieusement me poser des questions. On est à l'abri de la chute de neige, au chaud près d'un feu, les coudes contre une table haute en bois. Pour ma part, j'ai pris un cacao chaud vu que je n'aime pas l'alcool. On est au calme, et Yann est disposé à m'écouter. C'est avec un faible sourire honteux que je lui explique ma stratégie et il me casse directement. Bam, les traits de mon visage se durcissent et il tente de se rattraper. « ben... tu serais mon copain, du coup, elles ne pourront plus se moquer de moi à longueur de journée. » tu comprends ? Ou il te faut plus de vin chaud. Je fronce du nez quand l'odeur de vin me chatouille le nez. Beurk. « genre... tu passerais quelques soirées avec moi, avec elles. c'est tout ce que je te demande... ne t'imagine pas que je cherche réellement quelque chose de sérieux, oh non. » je suis bien toute seule. Je serai la mamie avec ses chats et ses lapins. « sauf si, t'es déjà pris, ou que tu es homo, ou que tu as autre chose à faire de tes soirées que de jouer le faux-petit ami. » j'hausse les épaules. Je comprendrai... même si, toi, tomber sur toi, c'est une chance en or, je le sens, je ne sais pas pas pourquoi.

Tu trempes tes lèvres dans le gobelet cartonné sans quitter des yeux Jill, juste Jill. Et tu l’écoute en y mettant toute ton attention. C’était plutôt rare ça aussi, estime toi heureuse poulette. Elle t’explique, te propose quelques rencarts entre copines, t’avertie.. blablabla. Tu parles beaucoup. la taquines-tu avec ton sourire au bord des lèvres, reposant le gobelet sur la table. T’avais toujours un truc un dire, gars insupportable il parait. Et dans deux semaines, il s’passe quoi ? Elles recommenceront.. Bah ouais, logique. Et même que ça pourrait être pire, tu sais pas toi. Tu t’en fous, mais tu sais pas. T’avales une nouvelle gorgée et t’amuses de la voire se lécher les babines après avoir bu une lampée de son chocolat chaud. Tu la regarde, vraiment. Ses longs cheveux bruns, ses jolis yeux noisettes, ses lèvres fines, son joli nez. Jolie. Jill est jolie. Ok alors j’te propose un truc Jill, juste Jill. Deux semaines ça marchera jamais. Deux mois, au moins. Et j’te quitte. T’es triste à en mourir, déprimée parce que j’étais l’homme de ta vie et que j’suis parti. Tu veux plus entendre parler d’un mec. Tes copines compatissent, te laisse tranquille. Jackpot. Tu penches légèrement la tête vers elle. Profite avant que j’change d’avis. Toi, dans le rôle d’un petit ami ? Bah putain, on aura tout vu !

Je fais une bouche choquée quand il me dit que je parle trop. Puis je ferme mon clapet, et je le laisse parler à son tour. Je l'écoute, yeux sérieux, sourcils froncés, totalement captivée par son propre plan. Deux mois ? J'évite d'écarquiller mes yeux pour ne pas montrer que ça me fait... peur ? Deux semaines je veux bien jouer la comédie. Mais deux mois dans une vie, avec lui... je sais pas si je vais tenir. Surement, fin... ça me semble tellement long. Mais c'est à prendre ou à laisser apparemment. « imaginons que j'accepte... tu veux quoi en échange ? » que je demande nerveuse alors que je me brûle la langue avec mon cacao. Je serre les dents en retenant une larme de couler. « parce que vous, les garçons, vous ne faites rien gratuitement, de bon coeur, vous avez toujours quelque chose derrière la tête. » faut bien qu'il y trouve son compte ? Comment je sais tout ça ? Mon père. Yep, mon père m'a éduqué comme ça, ce qui fait qu'aujourd'hui je suis la sainte petite nitouche, vierge et qui aime les papillons plutôt que la lingerie sexy. Je veux bien accepter son aide, je crois qu'il est mon unique chance, mais je ne veux pas non plus devenir n'importe quoi. Genre... une catin vous voyez.

imaginons que j'accepte... tu veux quoi en échange ? Imaginons ? Tu dois lui rappeler que c’était son idée ou bien ? Faut pas changer les rôles jolie brune, toi tu t’en fou hein, c’est pas toi que tes copines emmerdent. Par ailleurs, faudrait peut-être penser à changer de copines si elles sont connes à ce point là de l’emmerder pour son célibat, m’enfin. Mais soit. C’que tu voulais en échange ? Surement pas son fric, t’es pas un gigolo. Un service, le jour où j’aurais besoin. Si un jour t’avais besoin, c’était même pas sûr que ça arrive en fait. Tu hausses les épaules en avalant une nouvelle gorgée de ton vin chaud. Marché conclu ? demandes-tu en lui tendant ta main au-dessus de la table. Tu ne la quitte pas des yeux, ton sourire au coin des lèvres reste indétrônable. Dans quoi tu venais de t’embarquer ? Aucune idée, mais quelque chose te dit que ça allait être drôle. Putain, carrément même.