Tears like rain drops (Bamban)

Madame Bishop venait tout juste de quitter la villa, le sourire aux lèvres, laissant Bambi dans le même état d'esprit euphorique. Il n'y avait plus qu'à espérer que son homme rentre rapidement à la maison, et en attendant, autant dire que dans l'excitement où elle se trouvait, l'italienne fut incapable de fixer son attention sur une chose précise. Elle fit en sorte de préparer un dîner romantique en l'attendant. Après s'être préparée et mis une robe sexy de couleur rouge, la jolie brune finit la mise en place de sa table lorsqu'elle entendit la porte d'entrée. Si la demoiselle se rua littéralement pour accueillir Adrian, Bambi remarqua aussitôt que quelque chose clochait... notamment une épaisse feuille froissée dans sa main, et l'expression manifestement colérique qu'il arborait. Qu'est-ce qui se passe amore ? Tu as l'air tendu... fit-elle d'une voix douce, s'approchant en espérant ne pas se faire repousser, sans s'attendre une seconde à ce qui allait lui tomber sur la tête...

Si le jeune australien était de très bonne humeur en début de journée, ce n'était plus trop le cas depuis qu'il était tombé sur cette satanée de photo ! En effet, alors qu'il se préparait pour sa journée à l'hôpital, une enveloppe était tombée de son casier comme si on l'avait placée là exprès. Du coup, il s'était précipité pour l'ouvrir et là c'était le choc incroyable. L'enveloppe contenait une photo d'une jeune femme embrassant un homme et c'était en regardant bien attentivement la photo que le jeune homme avait remarqué qu'il s'agissait de sa petite amie... Elle le trompait ?! Ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas lui faire ça ! Tous les doutes de son frère jumeau lui sautaient directement à la gorge mais il refusait d'y croire donc il allait avoir une longue conversation avec sa petite amie dès ce soir. La journée s'était donc assez mal passée vu qu'il était furieux mais il restait tout de même assez professionnel pour ne pas commettre des erreurs délicates. Du coup dès ce fut la fin de journée, il rentra très vite dans leur villa et sa petite amie l'accueillit en grande pompe mais elle semblait comprendre qu'il y avait un souci. « Tu as peut-être des choses à me dire ?! Comme m'expliquer ceci par exemple. » dit-il aussitôt en lui mettant la photo où elle était en train d'embrasser un autre homme. Dis-moi que tout ceci est faux... espéra-t-il intérieurement.

Bambi se prit la réaction d'Adrian telle une gifle en pleine figure. Son premier réflexe fut d'ouvrir deux grands yeux ronds emplis d'incompréhension, comme s'il venait de lui sortir une énormité absolue. Pardon ?! s'exclama-t-elle, incrédule, s'emparant de la photo sans vraiment y penser, passablement secouée. Une journée qui aurait dû être parfaite se transforma bientôt en cauchemar terrible, à plus forte raison lorsque ses prunelles turquoises se posèrent sur cette photo. Ses mains se mirent à trembler et la peur grimpa en elle telle une flèche. Sans doute ses hormones ne l'aidaient pas à y voir clair, et l'empêchèrent de répondre avant de longues et pénibles secondes. Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? J'ose espérer que tu ne vas pas croire une photo scandaleuse, Adrian ? C'est... Oui, l'italienne était bouleversée. On le serait à moins.

Le jeune homme ne pouvait pas réagir comme si de rien n'était. Donc il donna aussitôt la photo à sa petite amie afin de comprendre ce qu'il s'était réellement passé et pourquoi on lui avait donné ça maintenant. Et surtout qui était ce type, surtout qu'elle lui avait dit il y avait pas si longtemps que ça qu'elle avait été embrassée par un mec... Est-ce que ça avait recommencé et cette fois, elle n'avait pas jugé utile de lui en informer ? Est-ce qu'elle voyait quelqu'un d'autre ? Toutes ces questions trottaient dans son esprit mais il devait garder son sang-froid le temps d'obtenir des éclaircissements de la part de la jeune femme... « Non je ne veux pas y croire... Mais je veux tout de même savoir si ça s'est réellement passé... Je te fais confiance bébé donc dis-moi qu'est-ce que c'est... » dit-il d'une voix brisée, douloureuse parce qu'il avait réellement peur que ça soit vrai toute cette histoire.

Dominer une respiration devenue erratique finissait par être compliqué. A croire que l'existence du couple ne pouvait pas être simple, que les laisser s'aimer en paix était trop demander. Le visage de Bambi, précédemment bouleversé, se ferma aussitôt en comprenant que sans douter, Adrian doutait quand même. Sans quoi il aurait déchiré la photo et ne lui en aurait parlé qu'en plaisantant, avec toute la confiance qu'elle, de son côté, lui vouait. Tu ne veux pas y croire mais tu doutes Adrian, c'est encore pire ! souffla-t-elle en serrant la mâchoire si fort que cette dernière en devint douloureuse. Oh l'italienne allait se défendre, ne pas laisser ce crime odieux impuni mais un détail de la photo la frappa de plein fouet. Soudainement, une colère sourde s'empara d'elle et, tout en brandissant cet abominable montage, tira sur sa robe afin de montrer sa poitrine... plus généreuse qu'à l'accoutumée. Depuis quand ai-je un tatouage japonais sur le sein droit d'ailleurs ? Merde, tu as suffisamment vu et touché ma poitrine pour la connaître pourtant ! Alors soyons clairs : je ne connais pas ce type, c'est un montage dégueulasse et que tu aies pu douter de moi ne serait-ce qu'une seconde en suivant les traces de ton jumeau c'est... Tout en dominant ses larmes, la brune plaqua la photo contre le torse de son homme avant de le dépasser, incontrôlable. Je... il faut que je sorte. Si tu veux manger j'avais tout préparé... conclut-elle tristement avant de quitter la villa telle une tornade, sans prendre autre chose que son sac à main. Sa destination ? Le seul cocon qu'elle connaissait en dehors de son ranch : la suite de luxe appartenant à son père, en ville. Tout ça sans savoir ce que la mère d'Adrian préparait comme gaffe...

Honnêtement Adrian se sentait mal d'avoir à faire ça mais malheureusement, il ne pouvait pas s'en empêcher. Si cela s'avérait véridique, il tomberait des nus parce qu'il croyait sincèrement sa petite amie mais là il avait vraiment besoin d'éclaircissements... Surtout qu'il avait passé sa journée à ruminer cela. Est-ce que c'était de sa faute ? Avait-il fait quelque chose qui avait fait en sorte que sa petite amie ne le croyait plus etc ? Toutes ces questions existentielles l'avaient animé au point qu'il s'était demandé s'il méritait même la jeune femme... « Bambi... Je me suis demandé si j'étais parfait pour toi... Si j'avais fait quelque chose de mal... Parce que je pensais que c'était de ma faute. » avoua-t-il à demi-mots alors que la jeune femme lui révélait que c'était un montage. Comment avait-il pu ne pas avoir remarqué ça ? Il était trop focalisé sur le baiser... « Bébé... Ne pars pas ! » commença-t-il à dire mais la jeune femme quitta la villa pour aller dans le seul lieu qu'elle considérait comme son refuge ici. Quel boulet il avait été sur ce coup... Pourtant il voulait juste être rassuré... Alors qu'il s'apprêtait à frapper dans le mur, sa mère l'appela. « Oui maman ?! Que veux-tu? »

Bambi ne serait pas restée une seconde supplémentaire à devoir se justifier de quelque manière que ce soit. Ne pas être crue alors que son homme savait combien elle connaissait le sens du mot trahison... non, c'était trop pour l'italienne. Trop pour qu'elle ne puisse rester stoïque et ne pas fuir, probablement aidée par la foule d'hormones se déversant à chaque seconde entre ses veines. La brune ne donna aucune nouvelle, n'envoya aucun message et ne passa aucun appel. Dans sa luxueuse suite, elle laissait les larmes trop longtemps retenues s'écouler tels des torrents, sans que sa peine ne puisse se calmer. Et au milieu de son chagrin, elle serrait un objet entre ses mains. Objet que la mère d'Adrian avait vu, plus tôt dans la journée...

Ce fut elle qui passa le coup de fil fatidique. Face au ton de son fils, cette dernière s'étonna, s'inquiéta même. Oh mon chéri j'arrive à te joindre ! Je sais je suis incorrigible mais je voulais à tout prix savoir... alors, tu es heureux ? Bambi t'as annoncé la bonne nouvelle ? Si tu savais comme je l'ai été en découvrant avec elle sa grossesse ! Au moins ta chère et tendre n'a pas été seule, tu peux être rassuré !

Mais quel boulet ! Adrian s'en voulait énormément d'avoir eu ne serait-ce qu'un soupçon de doute sur sa petite amie. Il ne pouvait même pas se trouver des excuses, il avait juste besoin qu'elle lui dise que ce n'était pas vrai... Il avait été bête sur ce coup et il allait le payer cher ! Il avait envie de se frapper mais l'appel soudain de sa mère l'en empêcha. Surtout qu'elle était en train de lui parler de la grossesse de Bambi... Oh purée ! Ce n'était pas vrai ! C'était pour cela que la jeune femme avait préparé tout ça... Il finit par s'autogifler avant de répondre à sa mère : « Non maman, je n'étais pas au courant... Je viens de faire une bêtise. Je te rappelle plus tard. Et merci. » dit-il d'une voix plus calme avant de prendre ses clés de voiture et de se dépêcher pour rejoindre sa petite amie qui devait être cachée dans sa suite de luxe. Arrivé sur les lieux quelques petites minutes plus tard, il sonna à la porte d'entrée. « Bambi ! Ouvres-moi s'il te plaît... Je suis sincèrement désolé de t'avoir fait ça alors que tu devais m'annoncer le plus beau cadeau de ma vie... »

Depuis de longues minutes, au comble du désespoir, Bambi serrait contre son petit cœur un body. Mais pas n'importe lequel : l'italienne l'avait fait elle-même, et y avait brodé des mots lui tenant particulièrement à cœur, sans savoir que la meilleure nouvelle de son existence lui tomberait sur le coin du nez en la présence de Madame Bishop en personne. Cette nouvelle restait synonyme d'angoisse pour la brune, qui aurait rêvé que tout ceci n'ait pas été gâché par un sombre enfoiré manifestement jaloux de leur bonheur. A cette idée, les larmes coulèrent de plus belle, rendant ses yeux turquoises si rouges que l'on aurait pu croire qu'elle pleurait depuis des heures. Bambi sursauta alors que l'on frappait à la porte, s'en approchant précautionneusement, son body toujours contre son cœur. Oui, elle avait mal. Mais par dessus tout, et avec tout ce que le destin lui avait imposé... elle avait peur. Comment tu as pu douter de moi Adrian ? Alors que la seule fois où l'on a osé m'embrasser, je t'en ai parlé tout de suite ! Si l'italienne ouvrit la porte sans trop attendre, sa pâleur aurait pu effrayer n'importe qui. Tout en se mordillant l'interieur de la joue avec nervosité, elle reprit d'une voix faible et lasse, sans oser le regarder. Je ne l'ai dit à personne, comment l'as-tu appris...

L'annonce de sa mère avait clairement cloué le bec à Adrian parce qu'il ne s'y attendait pas du tout. Elle était vraiment incorrigible en effet, mais ça venait de lui permettre de réagir. Du coup il s'était précipité pour retrouver sa petite amie qui se cachait sûrement dans sa suite. C'était le cas puisque la jeune femme lui répondait avant de l'ouvrir. Avant de répondre, il la prit dans ses bras. « Je voulais cette ombre de peur dans mon esprit... Maintenant tout est clair, je sais que les gens seraient prêts à tout pour nous empêcher d'être heureux. Et avec ta réaction, je suis soulagé et tellement honteux. Je t'aime tellement et j'ai si peur de te perdre. Dans tous les sens du terme... » avoua-t-il à demi-mots avant de rajouter : « Juste après ton départ, ma mère a eu la langue trop pendue... Elle m'a demandé comment j'ai réagi à l'annonce. ». Sur ces mots, il se mit à genoux et il embrassa machinalement le ventre de sa petite amie... « Je n'ai pas de mots pour exprimer à quel point je suis heureux de savoir que nos entraînements ont porté leurs fruits et je veux que tu reviennes à la maison comme ça on profite de ta petite soirée improvisée. »