appel louison ☛ pluton

 APPEL DE LOUISON À PLUTON

 APPEL DE LOUISON À PLUTON

J’aurais pu faire pire. J’aurais pu rajouter d’autres surnoms, j’aurais pu être plus crue, j’aurais pu simplement tout arrêter pour te rejoindre directement dans ta chambre.. Ce conditionnel me casse les bonbons. C’est si bon de te retrouver, j’ai l’impression d’être retournée lors de notre première soirée, dans les bois, à bouffer des hotdogs avant nos rounds passionnés. On l’a fait. J’croyais que j’allais te dire non, mais je l’ai fait. J’ai jouis comme jamais de mes propres doigts, avec ta voix pour me booster. J’suis haletante et j’ose pas imaginer le carnage de ton côté. J’ai envie de rire, tu me fais rire. Tu me manques Pluton, ça me gonfle.. « Si j’vois pleins de petits points multicolores, ça veut dire que j’ai effectivement pris mon pieds » te confiais-je en roulant sur le ventre pour parler plus directement à mon téléphone dormant sur mon oreiller. « Et toi ? Tu as aimé ? » J’avais jamais été jusque-là par téléphone, jamais. « T’es encore une de mes premières fois.. Enfin, pour ce qu’on vient de faire » t’avouais-je à travers ce maudit iPhone sans âme là.

 APPEL DE LOUISON À PLUTON

Mon torse ne cessait de se lever et de se baisser, tant ma respiration se faisait haletante. Ce qui venait de se passer à travers ce téléphone avait été plutôt mémorable et incomparable à ce qu’on pouvait faire en vrai. Certes, c’était moins bien, mais ça restait tout de même suffisant pour ce qu’on partageait tous les deux. On venait de se faire jouir par des simples mots et j’étais tout bonnement aux anges. J’agrandissais mon sourire à ses mots, incapable de ne pas être satisfait. « J’arrive à te faire voir les étoiles même à des dizaines de kilomètres de toi. J’suis fort quand même » que je disais en rigolant, attrapant un mouchoir sur ma table de chevet pour m’essuyer le torse. De toute façon, la douche sera de mise par la suite. « Beaucoup, plus que je l’aurais cru » Et quelque part, ça me confortait dans l’idée qu’elle pouvait pas être de passage dans ma vie pour les quelques mois de relation qu’on a eu. C’est pas possible, ça pouvait pas être terminé. « Pareil… Faudra vraiment que tu me files ta liste pour qu’on la fasse entièrement » que je disais en rigolant encore une fois, même si ça pouvait être pris de la mauvaise façon. « Enfin.. si t’en as envie » Parce que pour le coup, là c’était pas vraiment du sexe au sens strict du terme, mais ça l’était quand même pas mal. Et quand l’euphorie retombera, peut-être qu’elle voudra couper les ponts, définitivement.

« Je rêve, quel vantard celui-ci ! » Les éclats de rire fusent. Je touche le bonheur du bout du doigt. Je suis si bien là, juste avec toi. Même si tu es loin physiquement, je sais que je t’ai rien que pour moi. Y a personne autour. T’es seul, sûrement sur ton lit, nu. Cette image, mon dieu. Puis tout ce qui compte, c’est que j’ai pu t’éloigner de ton brouillard pour quelques minutes. Pour une fois, je sacrifie mon bien-être en faveur d’un autre, du tien. J’aurais pu manquer l’orgasme que je me serais sentie autant.. heureuse. « Aheum, j’croyais que c’était exceptionnel ce qu’on vient de faire.. » Pour le coup, ton rire me contamine et je ris aussitôt pour masquer ma gêne. Non mais, les autres premières fois ne sont plus censées t’être réservées non ? J’ai les joues qui reprennent des couleurs, le ventre un peu trop envahi de papillons. C’est pas bon signe ça. « C’est pas l’envie qui manque, c’est que tout a changé depuis.. » Je soupire et m’allonge sur le dos en fixant mon plafond jauni « On va s’arrêter là pour aujourd’hui.. Tu devrais aller te doucher » Je me referme, c’est plus prudent. On a déjà dépassé les limites. Beaucoup trop même « Tu vas me manquer.. Ne bois plus s’il te plait, ça ne changera rien de toute manière.. Appelle-moi plutôt » Faudra juste essayer de ne plus se perdre comme on vient de le faire.. Enfin, si on en a la force.

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« C’est pas nouveau » que je disais d’un sourire narquois, clairement satisfait de ce qui venait de se passer. Ouais, j’avais réussi à la faire jouir à travers des mots et des paroles, des descriptions qui avaient suffit à faire monter tout son corps sous pression. Maintenant, c’était l’instant flottement, celui que j’adorais, et j’aurais tellement préféré qu’elle soit à côté de moi, pour voir son visage épanoui et ce sourire scotché aux lèvres. « Je… ouais, je suppose » Putain, l’envie de recommencer était pourtant bien réelle et il fallait que je me calme, il fallait que je cesse de penser à recommencer encore et encore, parce que j’allais devenir insatiable. Je sentais ensuite le ton changer et je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que la réalité nous rattrape. Putain de temps de merde. J’aurais tellement préféré que le temps s’arrête, qu’on profite de cette bulle le temps qu’il faut, avant de reprendre un cours normal de nos vies. « Tu vas me manquer aussi… » Je ne savais pas quoi dire de plus, alors je fermais les yeux, laissant simplement ma respiration émaner de mon corps. « À bientôt.. » Mais je ne raccrochais pas, incapable de le faire de moi-même.

Clap de fin pour le gros dérapage des exs en chaleur. Faut se quitter maintenant, on est déjà allé trop loin. Après tout ce qui vient d’être dit ou imaginé, c’est la meilleure des choses à faire. On a quand même dépassé les bornes. Certes, on ne s’est pas touché pour de vrai, mais dans notre esprit, nous sommes partis loin, très loin. Ouais, je dois me montrer plus distante à présent, parce que je sens que c’est moins facile pour toi. Pourtant je pourrais passer la nuit avec toi, à te parler de tout et de rien. On avait au moins de quoi échanger tous les deux, de quoi rire et se disputer pour rien. Mh, sinon je pourrais laisser ma batterie se décharger pour ne pas avoir à te dire au revoir ? J’voudrais que ça coupe sans en avoir le choix moi.. J’veux pas qu’on retourne à nos quotidiens bien distincts. Nos quotidiens, ils vont bien lorsqu’ils sont mélangés.. « À bientôt.. » répétais-je en laissant flotter mon index au-dessus du gros méchant bouton rouge qui nous séparerait. « Allez, j’dois le faire. M'en veux pas. Bonne nuit poussin » Ne te laissant pas l’occasion de répliquer, j’appuie et je nous déconnecte. Aïe, bobo. Je viens d’agir contre mon coeur et il n’apprécie pas du tout le coco. Qu’est-ce qu’il va se passer désormais ? On s’oublie et on laisse tomber notre alchimie dans l’oubli hein ?