It'll Take a Long Time +++ ft. Hayden

Le temps sait faire son œuvre. Certains tendent à penser que le destin a sa propre idée de notre vie et qu'il agit dedans comme bon lui semble. Il était peut-être inscrit dans mon destin de retrouver Hayden dans cette ville mais franchement, qui porte de l'intérêt à ça ? Pas moi. Ce ne sont que des p*tain de conneries de vieilles sorcières. Et pourtant, je suis dans ce club parce qu'on m'a renseigné sur la probabilité qu'il y soit, lui aussi.

Je n'avais franchement pas prévu de partir du Mexique pour retourner aux Etats-Unis, parce que je n'y serais pas bien accueilli du tout, je le savais. Mais force est de constater que j'avais eu plus de mauvais plans là-bas qu'ici... Je me demandais s'il était possible qu'Hayden se souvienne de moi ou qu'il ait envisagé un jour de me revoir. Le manque de communication entre nous me laissait croire que non, il avait tourné la page. De plus, on m'avait laissé penser qu'il était avec d'autres mecs depuis quelques temps, ce qui ne m'étonnerait pas du tout. C'était un garçon canon après tout et même si je l'avais quitté alors qu'il prenait correctement son traitement et qu'il allait mieux, il y avait le risque que tout ait changé.

La boîte est bondée et je regarde autour de moi à la recherche du rouquin, qui se démarque très vite. Il s'adonne à une danse sexy et je me retrouve à ressentir la même jalousie qu'autrefois. Peut-être en moins intense, mais elle est bien là, je la reconnais. Je décide d'aller au bar et me commande une bière. Je m'y asseye et le regarde de loin, attendant que mon regard le fasse se détourner et me remarquer.

J'ai besoin de dépenser mon énergie. Sentir mon corps vibré au son de la musique. Ressentir les corps humides contre le mien. Les regards de braise volant sur ma personne. J'ai envie de faire ma garce. Me laisser désiré. Je veux plaire et éventuellement, peut-être, ramener un mec chez moi. J'ai enfin de refaire le monde mais seulement qu'une nuit. Je veux me sentir vivre pour une fois. Je veux ...Je veux arrêter de penser un peu. Simplement m'amuser. La danse m'aide énormément à me laisser aller et j'en ai définitivement besoin en ce moment.

En rentrant dans le club, je ressens directement l'énergie des gens monter en moi. Ça sent un mélange de bière, de drinks fruités et de gel à paillettes pour les cheveux. J'adore ce club. C'est le seul club gay en ville et bordel que je m'y plais! Je vais immédiatement voir le barman qui me reconnait aussitôt avant de me tendre ma bière habituelle tout en me reluquant sans se cacher. Amusé, je me penche vers lui en le tirant par sa cravate avant de lui donner un long et sensuel baiser, tout en lui glissant son argent dans son boxer. Faut bien s'amuser! et j'ai envie de rigoler sans limite!

Je me dirige ensuite déjà vers la piste de danse, laissant ce pauvre barman me regarder partir comme un steak sur le BBQ et me met immédiatement à danser. Laissant le rythme de la musique m'emporter. Un mec plutôt mignon s'approche de moi en tirant sa langue pour me laisser voir sa feuille d'extasie avant de me tirer vers lui pour que je l'embrasse. Seulement, je le tourne et me met à danser lascivement contre lui par derrière. Eh non, mec. J'ai pas envie de me droguer ce soir! Peut-être une prochaine fois, qui sait!

Le temps passe et je sens l'alcool me monter de plus en plus à la tête. Mes mouvements sont un peu plus fluide et mon stress est définitivement parti. Évaporé! Mon regard traverse la pièce pour admirer tout les beaux mecs quand soudain, je le vois. Au début, je crois à une hallucination. Ça ne se peut pas! C'est impossible! et je regarde à nouveau ...et putain, c'est bien lui! Nikolaï. Putain! Non mais je rêve!? et il me regarde en plus! Ça fait depuis combien de temps qu'il est là!? Niveau relaxation, c'est fichu, la! Énervé, je pars en sens contraire pour sortir du club ...mais il y a tellement de gens que j'ai du mal à me frayer un chemin vers la sortie. Je veux pas le voir! J'ai peur que ce ne soit pas réel! Merde!!!

Je ne le quitte pas des yeux, le regarde danser et se prélasser contre les autres. Bah dis donc, j'en viens à me demander pourquoi je suis revenu ici, vu qu'il a l'air de prendre du bon temps avec d'autres gars. C'est limite vexant. Mais depuis le temps que je côtoie Hayden, j'ai appris à me canaliser un tout petit peu - sinon là, je serais déjà en train de boxer le gars qui lui flatte le cul. Non mais sérieusement ? Je comptais si peu ou quoi ?
Nan, faut que j'arrête d'être hypocrite. Ce n'est pas comme si je n'avais pas eu des plans culs moi-même pendant ces dernières années sans Hayden à mes côtés. Je n'ai pas le droit de lui imposer ce que je ne respecte pas plus. Juste, ça me saoûle parce qu'il a toujours été plus canon et voulu que moi.

Finalement, son regard croise le mien et il semble presque choqué. Le voilà qu'il s'échappe, tentant de transpercer la foule sans pour autant y parvenir. C'est l'occasion pour moi de le rattraper et, de plus petite taille, je me fraye un chemin sans problème jusqu'à lui. Jouant des coudes, j'agrippe son bras fortement et le tire à ma suite. Je bastonne ceux devant nous pour réussir à sortir de la foule, puis de la boîte. Une fois dehors, je le lâche et me tiens face à lui.

"On s'amuse bien à ce que je vois. Je ne t'ai pas trop manqué ! Moi qui m'inquiétais de ton sort."

J'essaie tant bien que mal de me frayer un chemin parmi tous ces gens, mais les cons veulent pas se pousser! Néanmoins, au moment où je crois l'avoir semer à l'extérieur, je sens une main s'enrouler autour de mon bras et me tirer vers l'arrière. Merde! Je me retourne vite et me retourne face à lui. Mon coeur se met alors à battre la chamade. Il me fait chier à être resté aussi mignon, le salaud! J'suis saoulé, j'en ai marre. D'un geste vif, je reprend mon bras en disant «Ouais bah t'avais qu'à ne pas quitter, uh! Tu crois quoi? Que j'allais t'attendre dans le vide en mettant ma bitte en grève? Nah mais j'y crois pas!» Non mais je rêve!

Énervé, je fais demi-tour ...mais reviens d'un pas décidé avant de lui foutre mon poing dans la gueule «Tu t'es inquiété de rien, asshole! Sinon tu m'aurais donné des nouvelles ou je ne sais quoi!» puis je reste quelques secondes à le regardé étalé au sol avant de tourner le dos pour reprendre mon souffle. Ouais, car j'suis vraiment énervé. Il m'a foutu la rage en essayant de revenir ici comme si de rien était, en mode fleur de printemps! Fleur de printemps, mon cul, ouais!  

C'est moi qui n'y crois pas ouai ! Non mais il plaisante là ? Après tout ce qui s'est passé, après avoir pris la décision de ne PAS venir avec moi, il me remet toute la faute sur le dos ? Non mais je rêve. J'suis peut-être un con, je l'admets bien aisément, mais là il n'est pas mieux que moi. Se souvient-il seulement que je l'ai supplié de me suivre au Mexique pour que l'on reste ensemble ? Je n'avais pas le choix et il le sait. Le savait, tout du moins.

Il me fout un pain au moment où je m'apprête à lui dire toutes ses choses et je me frotte la mâchoire, un peu de sang coulant du coin de ma bouche. Okay, là ce n'est plus du tout charmant et j'en ai marre de faire le gentil qui s'inquiète. Apparemment, il n'a plus que de la haine pour moi et ça, la haine, je sais y répondre.

"Nan mais t'as vraiment cru que j'étais parti en vacances ou quoi ?" Je me relève, les sourcils froncés par la colère. Je pensais qu'il avait compris, mais en fait non ! "J'étais dans la panade, j'avais pas le choix de partir et tu l'as accepté ! Tu devais venir avec moi, c'est TOI qui a changé d'avis au dernier moment ! Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. T'es pas capable d'être heureux, faut toujours que tu te sabotes, même nous !" Okay, ça je n'avais pas prévu de le dire mais voilà, c'est sorti. C'est ce que je pense. J'ai raison non ? J'avais eu du mal à le faire prendre ses médocs et déjà à l'époque, il se sabordait dès qu'il en avait l'occasion. Mon avis sur la question ?

"Je crois juste que tu as simplement PEUR d'être heureux, et c'est pour ça que tu n'acceptes pas que je sois revenu. Mais faudra t'y faire Callaghan, je suis bel et bien là."

Sa réponse me tord les tripes. Je sais bien qu'il était dans la panade! mais il aurait pu faire un effort pour ne pas l'être, justement! S'il n'avait pas fait le con, on en serait pas là maintenant! Seulement son «Même nous» me fait reculer. Je fronce des sourcils avant de les hausser. Ça fait mal, quand même. Se pointe ensuite «Je nous ai saboté...? J'y crois pas ...et maintenant t'ose revenir!? et puis d'ailleurs, pourquoi t'es revenu??? T'es revenu pour foutre la merde, encore une fois!?» puis le pousse «J'étais mieux sans toi dans ma vie, tu m'entends!? T'es mieux que personne! T'es comme ma soeur, à toujours me reprocher tout! C'est TOUJOURS de ma faute, selon vous! J'en ai marre!» et je le repousse en criant«FUCK YOU, BELEVICH! FUCK YOU!» d'une voix qui craque. Oui bon. Tout ce que je viens de dire, c'est le ma merde. J'étais pas mieux sans lui. Non mais alors la, loin de là! mais n'empêche. J'ai juste envie de le faire suer un peu. Il m'a bien fait mal avec son monologue à la con!

Plus les minutes passent et plus, en effet, je me demande pourquoi je suis revenu à Boston. Tout ceci n'a aucun sens. Je me mens en disant que la police mexicaine est à mes trousses, parce qu'en fin de compte, ce n'est pas à cause de ça que je suis ici. Je m'en rends bien compte à présent. Ce n'est qu'une excuse toute pourrie.

Je serre les dents à ses propos. Aie, ça fait mal et pourtant, j'ai une haute résistance à la douleur. C'est presque pire que le jour où il a refusé de m'accompagner. Il n'a jamais rien compris, Hayden. Il ne sait pas tout ce que j'essaye de faire pour lui, que je n'ai jamais voulu faire pour personne d'autre. Je me suis engagé et ouai, je me suis mis dans la merde mais c'était seulement pour lui venir en aide. De manière illégale parfois, c'est vrai, mais c'est ma façon de faire. Et là, il me le reproche ? Je ne sais pas ce qu'il veut mais ce n'est clairement plus moi, à cet instant.

"Eh bien au moins, mon départ t'aura permis de te rendre compte que je n'étais qu'un poison dans ta vie. Mais c'est toi qui voulait qu'on soit un 'couple'. Alors vas-y, dis-moi droit dans les yeux que tu ne veux pas de moi dans ta vie et je m'en irais. Tu pourras reprendre tes parties de cul avec tes petites tapettes de club." Je croise les bras, le défiant du regard. S'il dit qu'en effet, je n'ai plus rien à faire dans sa vie, alors je m'en irais. Les Etats-Unis sont immenses, il y a un tas d'endroit où se cacher.

Ses paroles me prennent droit au coeur. Encore une fois. Je fronce des sourcils et regarde le sol, ne sachant que dire à cet instant. Il est loin d'être un poison pour moi, au contraire. Il a été le seul à être véritablement resté à mes côtés alors que j'étais à mon plus bas. Choqué, je titube vers l'arrière en mettant ma main sur mon ventre. J'ai un peu de mal à respirer pour le coup. C'est dur à gérer, tout ça! Hochant non lentement, je fini par pincer mes lèvres et mes yeux se rapetissent un peu. Les larmes montent mais je refuse de lui montrer alors je penche mon visage de côté dans l'espoir qu'il n'y voit que du feu.

J'avale difficilement et dit «Reste...» d'une voix très faible. À peine audible. Si je parle plus fort, j'ai peur que ma voix craque encore et qu'un sanglot ou un cri s'échappe. Seulement, s'il savait à quel point j'ai besoin de lui. J'ai empiré énormément depuis sa fuite vers le Mexique. C'était lui, mon pilier. Celui qui me tenait debout et m'aidait à marcher vers le droit chemin. Il m'a vraiment été d'une grande aide et je lui en serai toujours reconnaissant. Je ne sais juste pas comment lui dire ...C'est trop sentimental pour moi, et j'suis pas habitué à ça.

C'est un pari risqué, un genre de quitte ou double. Je ne sais pas quelle sera sa réponse mais elle peut ne pas me plaire. Je n'ai jamais cru en rien mais à cet instant, je me dis que prier ne me ferait pas de mal. Car l'entendre me dire qu'il préfère que je m'en aille et qu'on ne se revoit plus jamais, c'est plus que ce que je pourrais supporter de la vie. Et pourtant, dieu sait qu'elle a été chienne avec moi !

Finalement, il agit comme le Hayden que je connais. Perdant ses faux-airs qui lui donnaient de la contenance face au fantôme du passé que je représente, il s'affaiblit et je le remarque aussitôt - probablement parce que je suis de ceux qui le connaissent mieux que personne. Puis, doucement, il me demande de rester et je me rends compte que j'avais arrêté de respirer entre temps. Je lâche un long souffle et me précipite vers lui pour prendre son visage entre mes mains. Sans attendre, je lie nos lèvres ensemble dans un baiser perdu et passionné, qui a le goût d'un passé bien trop difficile pour nos jeunes âges.

Un flot de sentiments passe de l'un à l'autre, je le sens au plus profond de moi. Mais je n'ai pas les mots pour exprimer tout ceci et je pense que lui non plus. Le temps a été bien long depuis notre séparation et je ne vois que cette manière pour y remédier. J'essaye, par ce baiser, de lui faire comprendre qu'il a toujours cette place importante en moi.

Alors que mes espoirs qu'il reste commencent à de dissiper, je le sens venir vers moi et saisir mon visage à deux mains. Lorsque ses lèvres touchent les miennes, une explosion retenti dans mon coeur et je sens toutes mes inquiétudes et mon stress s'envoler d'un coup. Je met mes mains sur ses joues à mon tour et l'embrasse avec passion tout en serrant un peu mon corps contre lui. Autour de moi, tout a disparu. Il ne reste plu rien. Il n'y a que nous au monde, à cet instant précis. Son souffle chaud, son odeur ...Tout m'a tellement manqué que je peine encore à respirer mais cette fois-ci, de joie.

Des larmes se mettent à couler sur mes joues et je le repousse en riant faiblement pour ensuite les essuyer rapidement en mode connard, tu m'as fait pleurer. N'ayant plu aucune envie de rester ici, je dis alors «Aller viens, on s'en va ...» puis me met à marcher avec lui vers notre repère habituel. Je m'assois ensuite sur l'estrade et laisse échapper un soupire lourd en baissant ma tête. J'ai quand même fait des mélanges d'alcool et de drogue ...et ça me fait pas spécialement bien.

Après un long moment de silence, je lui demande «T'es réellement revenu pour moi ...ou tu avais une autre raison...?» avant de tourner ma tête vers lui, interrogateur. J'ai besoin de savoir, en fait. «...Penses tu repartir bientôt...?» d'un air un peu plus inquiet mais discret à la fois. Stp, ne me quitte pas à nouveau ...