Stormy reunion (Bamban)

Le Summer Camp venait de se terminer et c'était déjà le moment de commencer une nouvelle année universitaire. Sauf que cette fois, Adrian ne retournerait pas à Yale comme il faisait chaque année mais il se retrouverait à Harvard. Même s'il ne le montrait pas vraiment, il appréhendait un peu son intégration dans la meilleure université du monde. Et encore plus dans la « Medical School » d'Harvard... Les étudiants en médecine faisaient partie des meilleurs du Pays et ils deviendraient probablement les futures pontes de la médecine mondiale. Néanmoins le jeune Australien n'avait pas à rougir de son talent surtout qu'il partageait le même sang que des éminents médecins australiens. La famille Bishop était réputée dans le monde de la médecine donc il n'était pas vraiment inconnu au bataillon. Fin bref, on lui avait assigné une tutrice pour qu'il puisse s'intégrer au mieux dans l'école de médecine, puis à l'hôpital où il ferait son internat etc. C'était aujourd'hui qu'il allait la rencontrer. Il espérait que ça ne soit pas une chieuse, parce que ça n'allait pas passer du temps... De toute façon, ses pensées étaient légèrement – pour ne pas dire totalement – occupées par Bambi. Ils s'étaient séparés à la fin du Summer Camp mais ils s'étaient promis de se revoir rapidement. D'ailleurs, ne devaient-ils pas se rendre à Miami ensemble pour la compétition internationale de Surf ? Il espérait que leurs retrouvailles se fassent bien avant parce qu'elle lui manquait beaucoup à l'heure actuelle. Et il portait fièrement la montre qu'elle lui avait offert, donc quand il la regardait, il ne pouvait que penser à la belle italienne. Il était en train de parler avec un autre interne lorsque sa tutrice arriva au moment où il disait qu'il était perdu ; la voix de la jeune femme le figea sur place et il fut surpris de voir Bambi devant lui... « Bébé ? C'est toi ma tutrice ? » demanda-t-il d'une voix incrédule d'où se mêlaient la joie et la surprise. Mais il était heureux de la voir, et il s'apprêtait à lui sauter dessus.

Depuis son retour de Summer Camp, Bambi était complètement accro aux photos prises avec Adrian, et checkait son téléphone toutes les trente secondes en quête d'un message, d'un signe. Cette journée de rentrée à l'hôpital risquait d'être fort d'être d'une longueur absolue, car cette dernière la séparait d'un énième appel d'avec son bel australien. Mais dès son arrivée, quelle ne fut pas sa surprise en découvrant l'identité de son interne, celui dont elle serait responsable pour toute l'année à venir : Adrian. Son sang ne fit qu'un tour et elle sentit son cœur se mettre à battre la chamade alors qu'elle se dirigeait vers le hall d'entrée, espérant de tout cœur qu'il s'agisse de l'homme illuminant ses jours et ses nuits depuis leur surprenante rencontre à Albufeira. En le découvrant de dos, la jolie brune ne s'était pas trompée : impossible de le confondre avec un autre. Un sourire ourla aussitôt ses lèvres alors qu'elle s'approchait d'un pas félin, avant de se figer littéralement face aux propos qu'il tint. Perdu ? Comment ça perdu ? Son sourire s'effaça aussitôt alors que ses mâchoires se serraient, la déception coulant entre ses veines tel un souffle maudit. Elle s'approcha pour déclamer, d'une voix finalement égale : Bishop, avec moi ! La réaction d'Adrian aurait dû lui faire plaisir, mais Bambi demeura aussi froide qu'un iceberg en plein pôle nord, alors qu'elle l'invitait à la suivre dans un couloir plus désert. Oui, c'est moi ta tutrice, pour te répondre. Je suis tellement trop conne... et dire que je sautais de joie il y a cinq minutes ! Finalement t'es comme tous les autres, dès que ça devient sérieux, il n'y a plus personne et t'es perdu ! souffla-t-elle sans colère, laissant échapper sa déception plus qu'autre chose. On va rester pro. Je suis ta tutrice, toi mon interne, comme ça tu seras sûrement moins perdu !

Le Summer Camp s'était finalement terminé et il était grand temps de revenir aux affaires. Du coup, aujourd'hui Adrian devrait rencontrer sa tutrice parce qu'il venait juste d'arriver à l'université d'Harvard. Mais il ne s'attendait pas du tout à ce que la jeune femme en question soit la fille de ses rêves... Celle pour qui il commençait sérieusement à éprouver des sentiments. Il avait souhaité la retrouver et là, elle était devant lui. Il ne pouvait que sauter de joie... Par contre, sa joie fut de courte durée lorsqu'elle lui parla avec une froide incroyable. Qu'avait-il fait ?! Il ne comprenait pas trop où elle voulait en venir, ce qu'elle était en train de lui reprocher là. Néanmoins il se mit à déglutir et attendit qu'elle finisse son petit monologue avant de reprendre la parole. « Je pense que tu te méprends sur mes mots... Tu n'as pas tout attendu. » dit-il avec douceur tout en la toisant du regard avant de rajouter : « J'ai dit que j'étais perdu ici... Dans cet hôpital... Dans cette nouvelle université. J'avais mes repères à Yale et en arrivant ici, c'est compliqué. Je ne disais pas ça par rapport à nous. J'ai appris que récemment que tu étais ici et je comptais te chercher mais j'ai une belle surprise en apprenant que tu es ma tutrice. ». Il baissa finalement les yeux d'un air peiné avant de rajouter : « Si tu ne me crois pas, alors oui restons pro... ».

Bambi, d'ordinaire si avenante et douce, eut un ton avoisinant les moins cent degrés en s'adressant à Adrian. La chute avait été si douloureuse et inattendue à l'entendre de ses mots qu'agir comme si de rien n'était ne pouvait être dans ses cordes. Oh qu'elle aurait préféré ne rien ressentir à cet instant précis ! Le bel australien lui faisait face et la seule chose que l'italienne désirait, c'était se fondre dans ses bras. Pas tout entendu ? répéta-t-elle, comme si elle lui laissait une chance, une seule de s'expliquer. Être cruelle n'était pas dans ses cordes non plus et si elle s'était méprise, qu'il parle sans détour. Un long soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle passait ses mains contre son visage, perdue à son tour. Tu ne m'as même pas dit que tu allais à Boston... pourquoi ? N'est-ce pas toi qui disait que tu ne voulais pas me laisser partir ? La tristesse passa quelques secondes dans son regard alors qu'elle ne lâchait pas ses yeux, en quête de réponse. Tu n'as rien dit...

Mais pourquoi elle était ainsi ? Adrian ne comprenait pas la réaction de Bambi, alors que pour sa part il était heureux de la voir. Il ne s'y attendait pas du tout à ce qu'elle soit dans la même université que lui... Et encore moins qu'elle soit sa tutrice. Cependant sa joie était de courte durée tandis qu'elle lui parlait avec cette voix si froide que ça lui donnait des frissons désagréables. Du coup, le jeune homme décida de lui expliquer exactement ce qu'il se passait, ce pourquoi il avait dit qu'il était perdu. « Je voulais t'en faire la surprise... Mais avant aujourd'hui, je ne savais pas non plus que tu étais à Harvard. J'avais prévu de partir à ta recherche une fois ces premiers instants dans l'hôpital passés... » dit-il avec sincérité avant qu'il ne rajoute : « Me crois-tu réellement capable d'oublier la fille qui a conquis mon cœur brisé ? ». Venait-il d'admettre qu'il avait des sentiments pour la jeune femme ? Complètement oui !

Comme lors de leur rencontre à Albufeira, ou à plus forte raison lors de leurs vacances à deux dans la belle ville de Mykonos, Adrian se montra capable d'annihiler toutes les barrières de l'italienne. Une à une, il ôta chaque brique que Bambi avait sciemment remis sur son être, la poussa à abandonner cette voix froide pour ce désespoir qu'elle cachait si bien lors de leurs moments ensemble. Tu crois vraiment, toi, que ça ne me détruirait pas si tu disparaissais de ma vie ? s'emporta-t-elle en tâchant de dominer ses sentiments, en vain. Le bel australien avait pris trop d'importance, trop vite dans son existence pour qu'elle ne soit vraiment maîtresse d'elle-même. Merde, j'ai cru... oh je sais pas ce que j'ai cru... tout est allé trop vite dans ma tête. Je me suis sentie minuscule à côté de cette histoire que tu as vécue, je pensais que tu voulais me la faire payer, je ne sais pas... je ne peux plus être démolie. J'ai déjà du mal à trouver des raisons pour continuer à me soigner...

N'appréciant que très moyennement la froideur de son amante, Adrian misa sur sa franchise habituelle pour lui faire comprendre qu'elle s'était méprise sur ses intentions. Il ne comptait pas l'abandonner, et il était tout simplement perdu par rapport au fait qu'il se trouvait dans une nouvelle ville, une nouvelle université... Il était capable de s'adapter pour mieux s'intégrer mais il n'empêche que sans ses repères, il était comme tout le monde. « Je ne vais pas disparaître... » dit-il d'une voix douce alors qu'elle expliquait ce qui lui passait par la tête, pourquoi elle avait réagi de la sorte etc. Sachant qu'il ne pouvait pas trop se montrer tactile dans le hall de l'hôpital, il prit la main de Bambi pour l'emmener dans un coin où ils seraient un peu plus tranquilles. « Il faut que tu saches que je ne vais pas te faire payer ce que l'autre m'a fait subir. Je suis très bien avec toi et je ne mentais pas quand je disais que je ne voulais pas te laisser partir... Je veux qu'on soit ensemble Bambi. Je suis désolé de ne pas t'avoir dit que je rejoindrais Harvard... Je pensais l'avoir dit lors d'une de nos conversations... »

En l'espace de quelques mots, une seule phrase, toute la tension qui pesait sur les épaules de Bambi disparut. Mieux encore, c'est comme si cette dernière n'avait jamais existé. L'italienne se permit de fermer les yeux une seconde et, en les rouvrant, serra plus fortement la main d'Adrian, après que le jeune homme les aient emmenés à l'abri. Un sourire étira bientôt ses lèvres, alors qu'elle portait la main de son bel australien à celles-ci afin d'y déposer un baiser. Je suis pétrifiée... à l'idée de te perdre avoua-t-elle en ouvrant une nouvelle fois son cœur, comme s'ils se trouvaient encore à Mykonos. Une destination qui resterait spéciale pour eux... Tu es devenu tellement indispensable dans ma vie Adrian... je ne m'étais pas rendue compte à quel point ! Mais tu sais ce que tu risques à vouloir quelque chose avec ta tutrice ? Je ne veux pas être un poids ou un risque pour toi... reprit-elle en caressant sa joue, redevenant douce et tactile comme elle l'avait toujours été en sa présence.

Afin que leur conversation ne soit pas interrompue, le jeune homme prit Bambi avec lui pour l'emmener dans un coin plus tranquille. Puis, il se mit à lui avouer ce qu'il ressentait réellement pour la jeune femme. « Tu ne me perdras pas... Je te le promets » répondit-il doucement, avant de la laisser continuer. Il était content qu'elle s'ouvre ainsi à lui, comme ça il savait ce qu'elle ressentait et il comprenait beaucoup mieux sa réaction. « Toi aussi, tu es indispensable dans ma vie. Je ne pensais pas ressentir ça... C'est même plus fort que ce j'ai vécu avec l'autre. J'ai pris la ferme décision de commencer une histoire avec toi, le soir où tu es arrivée dans la chambre. » admit-il sincèrement avant de rajouter : « Tu ne seras jamais un poids pour moi. Et j'aime prendre des risques... Je t'aime assez pour t'accepter telle que tu es, ma chérie. »

Bambi frissonnait, comme à chaque fois que le bel australien frôlait son corps, de quelque manière que ce soit. Le fait qu'Adrian soit son interne pourrait poser problème, surtout s'ils n'étaient pas prudents, et les exposaient non seulement à des risques mais à une vie cachée pour le moment. Si l'italienne semblait prête à prendre tous les risques du monde, elle désirait plus que tout savoir de quoi il retournait du côté du jeune homme... sans s'attendre une seconde à une déclaration aussi vive et sincère. Tu... tu m'aimes ? répéta-t-elle, presque incrédule tant la jolie brune ne s'était pas attendue à de tels mots. Je crois que même dans mes rêves les plus fous je n'aurais pas espéré tes mots ! Mais... tu as conscience que pour l'heure je suis mourante ? Mon ange... je voudrais tellement qu'il n'y ait pas d'épée de Damoclès au dessus de nos têtes ni devoir nous cacher... reprit-elle en déposant son front contre le sien, le cœur au bord des lèvres.