(L&A) ✽ Just a little bit of your heart

Ça aurait pu mal tourner. J'aurais pu m'énerver aussi, me braquer, me vexer que ma surprise n'ait pas marché. Le ton aurait pu monter... mais ce n'était pas arrivé, parce que j'avais rapidement compris que notre relation était encore trop fraîche et trop fragile pour supporter des prises de tête trop récurrentes. Elle était déjà bien assez compliquée, pour que nous n'en rajoutions pas par-dessus avec un dialogue de sourds. J'en suis pas désolé, répondis-je en t'adressant un regard malicieux. Si j'te faisais fondre comme de la neige au soleil, si t'arrivais pas à rester énervée, si je te redonnais le sourire... alors j'étais bien content de ne pas "t'aider". Tant que tu ne te sentais pas réellement mal d'avoir exprimé ce qui n'allait pas, c'était bon pour moi. Je riais en évoquant notre période d'abstinence et penchai la tête en te dévisageant. Quoi, trois semaines d'abstinence dans un début de relation, tu trouves pas ça patient toi ? Pour moi ça relevait du record, et de loin. En début de relation, j'étais plus en mode passionné machine de guerre, à avoir envie tout l'temps, partout, n'importe quand, jusqu'à ce que ça finisse par en souler un des deux et qu'on reprenne un rythme correct. Je passai les bras autour de ta taille pour t'attirer doucement vers moi, t'étreignant un instant. Je pourrais te prendre là sauvagement sur le plan de travail, mais je vais pas le faire. Je frôlai tes lèvres avec les miennes puis défis mon étreinte en reculant de quelques pas en arrière. Parce qu'avant, je te dois quelque chose, ajoutai-je en tournant les talons pour aller dans ta chambre, récupérant ta guitare.

Je ne me sens pas mal d'avoir dit ce que je pensais... Par contre, ce qui me fait tout drôle, c'est ce que pense en soi. J'arrive difficilement à m'habituer aux sentiments naissants que j'ai pour toi et surtout, aux démonstrations que je peux te faire, alors que je ne les prévois même pas. Tu n'es pas désolé de me rendre folle, de me redonner le sourire, de me rendre ma bonne humeur. Qui serait assez con pour s'excuser pour ça, de toute façon ? C'est une bonne chose, que tu réussisses à me calmer... à garder mon attention. J'perd tellement facilement l'intérêt, qu'à la seconde où les choses deviennent trop compliqué, trop lourde entre nous, je pourrais t'ouvrir la porte et la claquer derrière toi sans regrets. Après avoir admis que trois semaines sans sexe c'est la mort, je t'ai taquiné. "En début de relation" ? À partir de quand, est-ce qu'on est plus "en début" de relation exactement ? mmmhh, j'ai jamais été plus de quelques mois avec quelqu'un et le "3 semaines sans sexe" ne m'est jamais arrivé. J'suis peut-être pas une personne pour toujours baiser mes victimes avant d'leur briser le cœur, oups ->. Je me suis rapprochée de toi, en admettant finalement que ça fait trop longtemps. Tes bras s'enroulent autour de ma taille. Non en effet, manquerait plus qu'il y ait des poils de cul dans mes céréales demain matin. Tes poils de cul, ou mes poils de cul... osef, tout le monde a des poils de cul. T'as déjà essayé d't'épiler l'poil de cul toi ? La raie te gratte quand ça repousse, pas cool. Si tu veux préserver la bonne odeur de tes ongles, t'as intérêt à pas t'épiler ou te raser. Mais... qu'est-ce que tu fais ? Ça sert à rien d't'allonger à poil sur mon lit, l'effet de surprise n'est plus là. Je te vois revenir avec la guitare et je fronce les sourcils. J'comprends pas ?

C'est sûr que la notion de début de relation était subjective, alors je haussais les épaules. En général, je considère que ce n'est plus un début de relation quand l'un des deux commence à dire "hey, faudrait se calmer un peu, je tiens plus le rythme". J'eus un léger rire à ces quelques mots. Pour l'instant, toi et moi étions loin de quitter ce statut de "début de relation"... fallait quand même y remédier. Tu traînes tes céréales sur ton plan de travail avant de les mettre dans ton bol toi ? C'était pas comme si j'allais étaler des Kellogg's sur le plan de travail, t'asseoir dessus et tout remettre dans la boîte quand on aurait fini. Ark. Je finis par te relâcher pour aller chercher la guitare dans ta chambre, revenant avec, le sourire aux lèvres et me laissant tomber sur le canapé. T'as loupé le coche pour m'avoir nu sur ton lit de toute manière ! J'le referais pas de si tôt. Hey, j'm'étais quand même pris un sacré vent, fallait bien que je me venge un peu ! Je t'avais promis de te jouer un morceau et je l'ai toujours pas fait, non ? demandai-je en jouant quelques notes pour m'assurer qu'elle était bien accordée.

Ce n'est plus un début de relation quand l'un des deux commence à dire qu'il faut se calmer ? Je te dévisage avant de pouffer de rire. C'est possible ça ? Ok je passe peut-être direct la meuf qui ne s'engage pas pour longtemps... En même temps, c'est un peu le cas. En tant que grande romantique, j'préfère me dire que c'est juste parce que je n'ai jamais trouvé la bonne personne. Qu'il y a une raison à cette perte d'intérêt rapide. Non mais des cheveux ça vole au vent. J'imagine qu'les poils de cul aussi. Pourquoi on parle de ça ? J'éclate de rire puis te regarde aller chercher ta guitare. J'ai rien loupé du tout. Come on, si j'peux te pardonner pour avoir tenu ça mort pendant des jours, pour t'être marié, tu peux quand même me pardonner pour t'avoir foutu un bébé vent. Je viens m'asseoir près de toi, sur le canapé. En effet. Mais j'sais pas si j'ai envie que tu joues avec la guitare, là, tout de suite... Maintenant que t'as parlé de cul, que tu t'es expliqué et que c'est de nouveau calme entre nous, j'ai envie de me rattraper t'vois. Je me mord la lippe en te regardant puis ramène mes jambes vers moi pour les enlacer. Mais j't'écoute. Parce que j'suis sage. Et que ça fait un moment que je n'ai pas assisté à l'un de tes concerts...

Je t'assure qu'à un rythme effréné, c'est possible. Si aucun mec ne te l'a fait jusqu'à maintenant, il est sûrement temps que j'te le montre. Mais quand t'as la fouffe en feu ça dure pas éternellement, puis si tu tenais mieux que moi, y a bien un moment où j'arriverais plus à rien non plus. Mes balls finiraient par ressembler à des pruneaux séchés sinon. Pas très glam. Enfin j'espère quand même que tes poils de cul tombent pas comme des cheveux sinon tu dois avoir des surprises dans ta culotte des fois... répondis-je avant d'éclater de rire. T'imagines t'enlèves ta culotte et tu retrouves tes poils de cul au fond ? Classieux jusqu'au bout cette histoire. Et si, t'as loupé le round 1. Après j'ai jamais dit qu'il n'y aurait pas de round 2, hein. Faut pas abuser, j'm'étais pris un vent mais j'allais clairement pas me priver. Je fis un saut rapide dans ta chambre pour récupérer ta guitare et tu vins t'installer près de moi sur le canapé alors que je vérifiais qu'elle soit accordée. Je me doute... Mais allez, au pire regarde mes doigts, ça te donnera un aperçu de ce qui t'attend. Provocation ? Juste un peu. Après un sourire en coin, je décidai d'en rajouter une couche en démarrant à jouer, tapant du pied en chantant Kiss you all over d'Exile. Si t'avais décidé d'être sage, c'était pas forcément mon cas.

J'pense qu'il doit être temps, ouais. En gros ? J'te met au défi babe. Pas que j'crois que c'est impossible... J'imagine qu'à un certain point dans un couple, on en a marre d'irriter nos sexes, mais j'ai jamais connu ça. Enfin si je venais à en avoir marre, c'est pas que du cul mais du mec en entier quoi. C'que j'espère franchement pas ressentir avec toi, mais bon, j'espérais pas ça pour les autres aussi... Rendu au point où j'en suis, j'essaie de ne pas trop y penser. On peut arrêter d'parler de mes poils de cul ? Tu me mets la pression ! J'éclate de rire. Comme toutes les filles, j'veux bien paraître parfaite pour mon homme, alors qu'on en est encore que dans les débuts de notre relation. J'ai aucune honte d'admettre qu'j'ai des poils comme tout le monde, que je vais aux toilettes comme tout le monde, que j'ai des besoins, mais faut pas pousser le sujet trop loin non-plus. Mh, dans ce cas, j'vais être patiente. Mais ma patience a des limites, hélas. J'peux être patiente pendant les 3 minutes que tu vas jouer de la guitare, mais j'promet rien pour après. Écoute, on s'est pas touché pendant trois semaines... j'ai l'doua. Tu reviens auprès de moi et t'installe avec mon instrument. T'es pas drôle. Je te regarde, puis baisse les yeux vers tes doigts, comme tu me l'avais conseillé. Tu commences alors à jouer et chanter, en écoutant les paroles d'une chanson des années 90 que je connaissais déjà grâce à mon père. Je souris, puis rigole un peu en levant les yeux au plafond. My god. Ce choix, n'empêche. T'essaie de me séduire, n'est-ce pas ? Je me lève, toujours en riant et orchestre un striptease en me déhanchant sur ta musique.

Challenge accepted. Si aucun homme ne t'avait fait grimper aux rideaux à t'en irriter la fouffe à votre début de relation, c'est que tu n'avais pas encore trouvé le bon. Ptêtre bien que ça pouvait être moi alors, en tout cas ça ne me gênait pas de t'en faire la démonstration. Pour autant, je voulais d'abord te jouer un morceau... Ouais, parce que ça te frustrait un peu mais tant pis, ça n'en rendrait les choses que meilleures. Et puis j'l'avais marqué sur ma bucket list, il fallait bien que j'le fasse. Au contraire, c'est très drôle comme situation je trouve. On crevait d'envie de s'envoyer en l'air mais au lieu de ça, je te disais de regarder mes doigts pour les imaginer sur toi plutôt que sur ma guitare. C'était un peu provocant, mais finalement c'était mignon comparé à ce que tu m'avais fait. J'avais pas besoin de te rappeler que j'avais du te dessiner alors que tu t'amusais toute seule, si ? J'avais commencé à jouer et à chanter, tapant un peu du pied parce que ce morceau, c'était impossible de ne pas taper le rythme dessus. Le choix te plu de toute évidence... et ta réaction me fit on ne peut plus plaisir. Je te dévorais des yeux alors que tu entamais un strip-tease, moitié sexy moitié blagueuse. Je me retenais de rire, mais surtout, je me retenais de jeter la guitare par terre pour te sauter dessus. Finalement le spectacle était plaisant à regarder, tu te déshabillais en rythme, jusqu'à finir en sous-vêtements à la fin de la chanson. Je regrette pas mon choix de musique, là, dis-je en t'attrapant la main pour t'attirer sur moi. Ça avait été pour le moins... efficace. J'te découvre de nouveaux talents tous les jours, mais celui-là en particulier, j'espère en profiter davantage à l'avenir, commentai-je avec un sourire avant de m'emparer enfin de tes lèvres.

Moi j'trouve pas ça drôle. J'avais pas envie de toi, du tout, en te voyant à poil dans mon lit tout à l'heure... Mais là, la tornade est passé et j'suis frustré de ne pas pouvoir faire marche arrière maintenant. J'sais bien que ça arrivera tôt ou tard, que ton envie va finir par avoir raison de toi, mais "plus tard" c'n'est pas "tout de suite". Je me lève, me déhanche en riant, en souriant. J'pense pas à ton mariage là. Ni à Daya, ou aux semaines qui nous ont séparés. J'pourrais rester fâchée, mais ça ne me servirait à rien en ce moment... J'peux pas le nier, en fait. J'deviens raide dingue de toi. J'ferme les yeux sur des choses importantes, parce que je m'attache à toi. C'est ridicule ça nan ? Je m'arrête de danser, parce qu'à force de trop réfléchir, je me suis miné le moral. Sauf que ça tombe pile au moment où tu arrêtes de jouer, alors ça pourrait passer inaperçu. Ah oui ? Je souris légèrement. Ça m'étonne pas trop... j'suis en sous-vêtements, face à toi, quand même. Tu me prends par la main et m'attire vers toi, je grimpe sur toi à califourchon. Hum... il y a des risques... contrairement à c'que tu crois, j'nous laisserai pas devenir un vieux couple. Parce que j'refuse qu'on devienne inintéressant, tu vois ? Je ris un peu avant de saisir tes lèvres avec les miennes. Je t'embrasse et pousse la guitare encore plus loin pour t'empêcher d'être tenté de la reprendre. Mes mains se dirigent vers le bas de ton t-shirt pour se glisser en dessous.

Après ton strip-tease de dos, que j'avais trouvé très sexy dès l'instant où j'avais commencé à apercevoir la cambrure de ton dos et tes fesses, je t'attrapai la main et t'attirai vers moi jusqu'à ce que tu t'assois sur mes cuisses à califourchon, collant ton buste au mien alors que tu n'étais plus vêtue que de tes sous-vêtements. Je suis pas certain que les vieux couples s'adonnent souvent au strip-tease justement, répondis-je en penchant doucement la tête sur le côté, amusé. Surtout que plus on vieillissait, moins notre corps était à son avantage, on n'allait pas se mentir. Je pris possession de tes lèvres un moment, tu poussais la guitare encore un peu plus loin. Un geste de sécurité probablement, pour que je ne te provoque pas plus que je ne l'avais déjà fait... Je ne pus empêcher un sourire de fleurir sur mes lèvres à cette pensée, remontant mes mains le long de ton dos alors que les tiennes se glissaient sous mon t-shirt. Je retirai ton soutien-gorge, embrassant ton cou puis relevant la tête pour te regarder, je me mordis la lèvre en repensant à notre dernière nuit d'hôtel au Portugal. Je te dévorais des yeux, baissant le regard à ta poitrine désormais découverte tandis que mes mains se baladaient sans gêne sur ta peau, l'effleurant alors que je m'enivrais de l'odeur de ton parfum.

Il est hors de question qu'on devienne un vieux couple. Du moins, j'refuse que notre vie sexuelle en prenne un coup ! Peut-être que la quantité diminuera, mais la qualité, ça jamais. Ça c'est parce que les autres ne sont pas avec moi. Répondis-je, en riant aussi. Tu m'embrasses, je te laisse faire en montant mes mains sous ton t-shirt. Les tiennes s'attaquent à mon soutien-gorge qui ne demande qu'à être retiré et je t'aide à m'en débarrasser. Le baiser prend fin, tu te redresses pour me regarder et me caresser. Un nouveau sourire apparait sur mon visage et je me relève en tirant sur tes mains pour t'emmener dans la chambre. On devrait peut-être pas se mettre nu dans la pièce principale du loft, si on ne veut pas se faire voir par mes colocs qui sont je-ne-sais-où d'ailleurs. Une fois dans la chambre, je me retourne pour t'embrasser et retirer ton t-shirt.