(L&A) ✽ Just a little bit of your heart

Il y a quelques jours de cela, j'suis revenue cogner à la porte de ton petit chalet. On a passé la nuit ensemble... Je croyais que ça allait bien. Quand je t'ai offert de prendre nos distances, t'as refusé mais pourtant... On ne s'est pas vu, ni parlé, depuis bientôt une semaine. J'sais pas c'que j'dois comprendre ? J'avais l'intention de t'en parler une fois au loft, parce qu'il doit bien y avoir un truc qui te tracasse. À mon arrivée, t'étais même pas là. Allô ? Personne ne semblait être là en fait... je soupire, puis entame les premiers pas en direction de ma chambre. Fuck Je sursaute en te voyant allongé sur mon lit, complètement nu... Rien qu'avec le dessin de moi pour t'habiller. Je te regarde quelques secondes, le temps que le puzzle se met en place dans ma tête. En fait... tu ne penses pas à moi pendant plusieurs jours "parce que t'as pas de temps à m'accorder", aujourd'hui tu devais passer à l'appart mais pas pour me voir moi, mais pour voir ta femme... Et là, quand t'as enfin du temps ou l'envie pour te rappeler que j'existe, t'es à poil dans mon lit. Hell no, peu pour moi. Je ressors de la chambre en refermant la porte derrière moi, aussi blasée qu'à mon arrivée.

Je voulais te faire une surprise. J'ignorais comment ça allait se passer parce que ça faisait quelques jours qu'on ne s'était pas parlés, et j'avais bien senti dans nos derniers sms que tu étais un peu distante. Je m'étais donc foutu à poils sur ton lit, ton dessin sur l'entrejambe et je t'attendais patiemment, attendant que tu rentres du boulot, en regardant mon carnet. Je ne tardai pas à entendre la porte d'entrée claquer et me redressai par automatisme... j'entendais tes bruits de pas, d'abord dans le salon, puis le couloir, et enfin vers la chambre. La porte s'ouvrit sur toi, tu me fixas un moment, l'air hébété parce que tu ne t'attendais probablement pas à me retrouver là, dans cette position encore moins. Salut, dis-je avec un petit sourire en coin, que je perdis bien vite en te voyant tourner les talons sans un mot. Oups, fuck. C'était clairement pas la réaction que j'attendais, y avait sans le moindre doute une étape que j'avais du louper, quelque part. Peut-être était-ce trop d'un coup pour notre jeune couple en équilibre ? Je me relevai rapidement du lit, refermant le carnet en vrac et me rhabillant en vitesse, au moins boxer short histoire d'être un minimum présentable. Andy ? Je m'avançais dans le couloir, pour te retrouver assise dans le salon, soupirant. J'pensais que ça te ferait plaisir, je suis désolé.

Je m'attendais à te voir à l'appart quand j'allais rentrer, je m'attendais à te voir habillé, dans le salon, avec mes colocs ou quelque chose comme ça. Bref, tu m'as donné l'impression d'être le dernier de tes soucis et je pensais que c'était la pire chose que tu pouvais me faire. J'sais pas comment t'as réussi à m'impressionner, en me prouvant que tu pouvais tomber plus bas en fait. T'es pas resté pour moi, mais pour mon cul ? À moins que t'ai cru que moi j'reste avec toi après cette histoire de mariage, rien que pour ça... C'est mal me connaître, si c'est le cas. J'suis sortie de la chambre en sachant bien que t'allais venir me rejoindre quelques minutes après que tu te sois rhabillé... c'est pour ça que je me suis assise sur le canapé. Plaisir ? Que soudainement t'as du temps à me consacrer, mais seulement si c'est pour pouvoir te vider les couilles ? J'ai encore d'la chance que Daya ne puisse pas accomplir cette partie de son devoir conjugal, autrement j'te servirais vraiment à rien. Je me lève brusquement, pour marcher jusqu'au réfrigérateur. J'ai besoin d'eau, mais aussi d'un peu de fraicheur pour me calmer.

T'étais en colère et c'était marqué sur ton visage avant-même que tu ne lèves les yeux vers moi. Lorsque tu le fis, c'était pour me fusiller du regard et je fronçai les sourcils à tes paroles. Ne le prend pas mal mais j'ai jamais eu de problème pour me vider les couilles, je suis pas avec toi pour ça. Je te suivais du regard, m'asseyant sur l'accoudoir. J'sais pas trop à quoi je m'attendais, pas forcément à ce que tu te jettes sur moi, mais peut-être au moins que ça te fasse rire, je sais pas. C'était maladroit, c'est vrai. J'pouvais pas nier qu'ça l'était, en tout cas, sinon on serait pas dans cette situation-là à peine face à face. Je me relevai, incapable de tenir en place, jetant un coup d’œil à la baie vitrée puis reportant mon attention sur toi alors que tu essayais de te calmer. Je t'observais en silence, attendant un signe, quelque chose qui me dirait si l'orage était passé ou si au contraire, il ne faisait que démarrer.

C'est la cerise sur le gâteau, de t'entendre me dire que tu n'avais pas besoin de moi pour te mettre. J'suis fan, vraiment. J'sers à quoi, alors ? Parce que j'peux pas t'aider à te sortir du gouffre, tu m'le permet pas. T'as certainement pas besoin de moi pour te marier, apparemment pas pour baiser... T'as même pas besoin de moi pour avoir quelqu'un à "protéger", t'es déjà hyper possessif envers Skyler. J'devrais peut-être pas être aussi frustrée pour une histoire de 5 jours sans contact... mais j'aurais vraiment cru que tu n'aurais pas décidé de blesser mon ego en me laissant encore revenir vers toi la première, après c't'histoire de mariage. Ce qui me fait rire, c'est que t'as fait du temps pour Daya, avant moi. C'est notre histoire, ou la votre qui est la vrai ? C'est pas comme si on ne vivait pas au même endroit, que chez elle, c'était plus près de chez toi, ou quelque chose comme ça. Y'a juste pas d'excuses en fait, j'suis passé seconde. Je m'arrête devant le frigo et ouvre la porte pour prendre une bouffée d'air fraiche. J't'ai proposée de prendre tes distances... Tu m'as dis non, mais tu l'as fait quand même. J'suis confuse, c'est tout. Avouai-je calmement, sortant une bouteille d'eau du frigo.

Je marchais constamment sur des oeufs dans notre relation depuis cette histoire de mariage. Ce n'était franchement pas une position confortable, ce n'était pas très agréable. Mais à chaque pas supplémentaire où j'essayais de réduire la casse au maximum, où j'aurais pu abandonner, me dire que tant pis, ce n'était probablement pas le moment... au contraire, je réalisais que je voulais essayer encore. Le peu qu'on avait pu vivre ensemble m'avait rendu accro, quand bien même m'attacher aussi vite m'ait rendu franchement mal à l'aise. C'était pourtant là, mais je comprenais que mon comportement contradictoire te fasse péter les plombs. Pourquoi tu considères que j'ai accordé ce temps à Daya ? Je te fixai un moment avant de me rapprocher, attrapant ta main pour te tourner vers moi histoire de te sortir la tête du frigo pour que tu me regardes. J'me suis engagé dans cette histoire pour aider une amie, mais maintenant que c'est fait, je prends aussi tout ce temps pour ne pas finir en prison. J'le fais aussi pour moi maintenant et pas seulement pour elle, tu sais ? Et si je gérais mal mon coup, pour le coup, ce n'était pas tous les cinq jours qu'on se verrait, mais beaucoup moins. Je pinçai les lèvres, me perdant un instant dans tes yeux, puis repris : Mais t'as raison. J'ai mis des distances alors que je devrais trouver mon équilibre entre toi et cette histoire, je le referai pas.

Pourquoi est-ce que je considère que Daya est passé en premier ? Parce que c'est le cas. Tu ne viendrais pas à l'appart pour tester le canapé, non ? Mes autres colocs sont en Europe. Tu continues en me disant que tu t'es mis dans la merde toi aussi en acceptant ce mariage et que tu ne fais pas ça rien que pour elle, mais pour ne pas te retrouver en taule. Je soupire. Vu comme ça, c'est normal que ça te préoccupe. Ouais... T'as pris cette décision limite à la légère, je n'aurais juste pas cru que ça te stressait à ce point-là. Je m'apprêtais à ouvrir la bouche que tu m'as devancé, en admettant que tu devrais trouver un meilleur équilibre entre notre engagement et celui que t'as envers Daya. Tu me donnes l'impression d'être le genre de copine qui passe son temps à se plaindre, quand t'as les réponses parfaites comme ça... Et c'est horrible, le feeling. J'aime pas quand tu me donne raison, alors que les tiennes sont plus ou moins compréhensive aussi, au final. Je souffle, puis dérive mon regard vers le vide. En plus, maintenant, tu sais parfaitement que tu m'as manqué. Ça aussi, c'est lourd. J'suis entrain de perdre les pédales avec toi, c'est pas 5j qui a changé quoi que ce soit.

Au fur et à mesure de mes paroles, je voyais ton visage s'adoucir. Il me semblait que j'arrivais à te rassurer, que cette fois j'avais réussi à trouver les mots justes... ce n'était pas toujours le cas soyons honnêtes et j'avais loupé plusieurs fois le coche avec toi, alors ça méritait d'être salué cette fois. T'exagères, dis-je en déposant un très léger baiser sur tes lèvres. C'était pas mon intention de te blesser et j'comprends que j'ai pu t'envoyer des signaux contradictoires, alors t'as tes raisons. Tout comme j'avais les miennes, en effet. Mais dans un couple il fallait savoir allier les deux visions et les faire coïncider n'est-ce pas ? Que chacun se comprenne. Maintenant c'était le cas. Malgré moi, je me sentais terriblement satisfait de voir que je t'avais tant manqué en seulement cinq jours... oui, satisfait, soulagé. Parce que si j'avais réussi à me tenir assez occupé pour ne pas trop penser ces derniers jours, j'étais bien forcé d'admettre, à tête reposée, que ça me faisait un bien fou de te retrouver. Bon cela dit, je dois bien avouer qu'après trois semaines, tu commences à me manquer un peu... mais juste un peu, hein, dis-je en éclatant de rire, faisant référence à mon "vidage de couille" qui franchement, s'était limité à la douche ces trois dernières semaines puisque nous étions restés étonnamment sages quand on s'était revus la dernière fois.

Je m'étais adouci, oui. En admettant que je me trouvais horrible de m'être énervée en prenant pour acquis que tu passais plus de temps avec Daya que moi... Encore une fois, j'suis jalouse pour toi. Petit à petit, je vois mon comportement changer, s'adapter à mes sentiments pour toi et ça me tue parce que j'peux rien y faire. C'pas en passant du temps ensemble que mon cœur va se calmer et visiblement, même passer du temps séparé, ça m'affole. J'ai pas le choix, de craquer pour toi, pas d'autres choix que de jouer la copine jalouse et inquiète. Ce rôle-là, je ne l'ai pas joué depuis longtemps... j'en ai presque oublié comment on fait et surtout, le feeling. D'ailleurs, j'viens d'admettre que je suis ta copine, non ? On a parlé d'exclusivité, mais les mots "petit-ami et petite-amie" ont été banni de nos vocabulaires depuis le début. Tu ne m'aides pas là... En me donnant encore et encore raison. Cela dit, tu m'as redonné le sourire. Quelques secondes de réflexion plus tard, tu tranches le silence pour admettre que trois semaines sans sexe c'est trop, que ça te manque. La dernière fois, c'était à l'aéroport il me semble... C'est vrai que ça fait loin. Je ris avec toi. J't'ai connu plus patient que ça ! Mais je suis contente que tu le dises en premier, parce qu'après avoir fait les premiers pas vers toi en sms hier, ça m'aurais fait mal de les refaire là, alors que tu me manques aussi. Je me rapproche pour me coller contre toi, les mains sur tes épaules. Mais c'est vrai que ça fait longtemps, trois semaines...