Always the same ! (Homi)

Bambi se sentait totalement coincée. Et comme à chaque fois qu'une telle sensation irradiait dans son corps, elle réagissait de façon épidermique, stupide. Le pire dans tout ça, c'était l'insistance de Hope, et le fait qu'elle ne comprenne pas son incapacité à en pouvoir en parler. Raconter l'histoire, c'était la revivre, et gâcher ses vacances en signant à nouveau pour de longues nuits de cauchemars. Hors de question. Pourquoi ? Pourquoi je devrais te parler alors que tu freines des quatre fers, hein ? Puis c'est du passé... En une phrase, l'italienne était passée de la colère à la défense puis à la résignation. Un cocktail explosif et incontrôlable, tandis qu'elle triturait nerveusement ses mains, évitant son regard autant qu'elle le pouvait. Mais à force, elle commençait à manquer de points dans le vague. J'ai failli mourir, voilà ! T'es contente ?!

Je détestais me disputer avec Bambi. Autant avec les autres c'était pas gênant, mon côté peste adorait même les embrouilles ! Mais avec Bambi non, parce que je tenais trop à elle pour aimer ce genre de moment. Alors autant dire que là tout de suite, je suis pas au top de ma forme. Le soleil tape sur mon visage alors que suis plantée là, face à ma belle italienne qui m'engueule comme du poisson pourrit devant tout Albufeira. Et je me sens comme une gamine qui se fait jeter par ses parents parce qu'elle a fait une connerie. Parce que c'est ça en fait. Au début je tente de répondre pour faire un peu la maline, je me rebelle et là je sens qu'elle est vraiment en train de s'éloigner alors je me calme et je me sens con. Surtout quand j'aperçois les marques dans son dos qui me rappelle d'ailleurs pour certaines, un peu les miennes. Je lui demande de me dire, j'insiste même alors que si elle l'avait fait pour moi, je me serrais braquée ! Mais putain je déteste savoir qu'elle à souffert. « Parce que même si c'est du passé, c'est le tiens et je veux savoir ce qui à fait ça, dans le passé de ma copine. » Je baisse un peu le ton en disant copine, chasser le naturel, il revient au galop. Mais sa réponse elle me coupe presque la respiration. Il me faut bien trente seconde pour réussir à ouvrir la bouche. Dix de plus pour parler. « Comment ça t'as failli mourir ? Qui t'as fait ça ? » Je me trahi peut-être un peu en disant directement que c'est quelqu'un qui lui à fait, parce que c'était mon cas, mais tant pis. « Et t'as pas le droit de dire que je suis contente. Je suis pas contente de savoir qu'on t'as fait du mal, encore moins que t'en a gardé des traces, t'as pas le droit de dire ça. » Entre la chute de cheval, la maladie pulmonaire et ça, elle n'avait vraiment pas eu une vie facile. Et moi j'aidais pas avec mon comportement à la con.

Hope insistait, rendant Bambi de plus en plus gênée, et prête à prendre la tangente. Mais curieusement elle restait plantée tel un piquet de gare, à fixer la mer et son mouvement apaisant. Ce qui força les prunelles turquoises de l'italienne à fusiller la rouquine du regard, ce fut de l'entendre baisser la voix en qualifiant leur couple. En plus de se sentir blessée, elle sentit la colère irradier tout son corps. Tu vois ?! Tu recommences c'est pas vrai ! Tu baisses la voix pour UN MOT ! Tu as honte d'être ma copine et tu voudrais que je me confie ? vociféra-t-elle en s'éloignant de plusieurs pas, caressant ses bras en signe de protection. La brunette savait que se confier sur le fait qu'elle ait manqué de mourir était une erreur. L'italienne n'était pas prête à énoncer cette histoire, raconter pour le bébé qu'elle avait perdu, son ex, la maison en flammes, sa convalescence dans un hôpital néo-zélandais... aussi, entendre Hope répéter sa phrase lui fit simplement secouer la tête. J'ai pas le droit de dire ça mais toi tu as le droit de me piétiner en ayant honte de moi ? C'est trop facile Hope... Ses yeux, traites, s'humidifiaient déjà.

A croire que je foire tout en permanence. J'avais cru pendant un temps que James serait l'homme de ma vie, avant qu'il ne me trompe à trois mois du mariage et qu'il me batte presque à mort en apprenant que je voulais le quitter et qu'il risquait de perdre une Kennedy. Je ne m'étais pas rendu compte que ma mère avait éloigné Sloan de moi, me laissant sans celui qui était mon âme soeur. Et puis Andrew.. au lieu de lui dire clairement depuis le début ce que je ressentais, j'avais laissé trainer les choses jusqu'à ce que tout ce qu'on avait s'épuise et finisse par s’éteindre. Et cette fois, je faisais encore une fois le même schéma. J'étais une auto destructrice dans l'âme, je le savais. Mais au lieu d'y remédier, je changer, d'aller mieux, d'arrêter de me saborder et de faire du mal aux autres, je faisais ce que je savais faire de mieux : ne pas affronter ma peur et me réfugier dans cette destruction que je nourrissais à chaque nouvelle relation. Mais cette fois il y avait un truc de différent. Parce que si James avait des traits de caractères qui ne me plaisait pas toujours, si Sloan était trop différent de moi ou si Andrew n'était pas celui que j'imaginais, Bambi elle c'était tout le contraire. Elle était fragile et forte à la fois. Elle était cette douceur qui m'apaisait et ce tempérament de feu qui me stimulait. Elle était intelligente, cultivée, drôle et attentionnée.. Elle était tout ce que je voulais. Mais elle existait et ça me faisait peur. Et cette peur elle avait prit possession de moi, elle me faisait baisser le ton quand je disais à haute voix qu'elle était ma petite amie. Et ça ça passait pas pour la jeune italienne. « Bambi c'est pas de la honte, s'il te plait arrêtes de crier. » Ca aidait pas, j'arrivais pas à réfléchir, trop de monde autour de moi mais surtout ce regard qui aurait pu me tuer sur place.
Dans sa voix, j'entends un mélange de déception et de colère et je ne sais vraiment pas comment gérer ça. Je voudrais me mettre une claque en pleine gueule pour me réveiller. Ses yeux commence à se remplir de larmes et je ne sais pas du tout comment réagir. « Je te piétine pas, c'est pas mon but en tout cas. J'ai juste plus de mal que toi à assumer ma bisexualité visiblement. Du coup j'ai besoin de temps pour trouver le courage d'en parler autour de moi. Etre une femme qui aime les femmes c'est pas évident, mais être une Kennedy qui aime les femmes c'est pire. » C'était faux ! Je l'assumais parfaitement et ce depuis très longtemps. C'était autre chose, c'était plus profond. C'était simplement une peur profonde de tomber amoureuse d'elle et d'en souffrir, encore.

Bambi ne put s'empêcher d'arquer un sourcil méfiant et défiant à la fois face aux propos de Hope. Si ce n'était pas de la honte, alors qu'était-ce ? Depuis le début, soit elle fuyait carrément ce qu'elles représentaient ensemble, soit elle parlait à voix basse dès que le sujet choquait un peu, soit elle évitait de se présenter main dans la main... pour sûr, si l'italienne l'invitait au restaurant, la rouquine se comporterait comme face à une amie et non face à quelqu'un susceptible de partager un bout de vie. Plus les secondes filaient sur le cadran à cette pensée, et plus une sensation hautement désagréable parcourait l'échine de la brune... hors de question qu'elle n'accepte cela : être reléguée au rang de pestiférée, très peu pour elle. Non seulement elle avait déjà donné, mais la mauvaise foi de la jeune femme la faisait littéralement bondir. Je ne crie pas, j'énonce ce qui est et comme on dit, il n'y a que la vérité qui fâche... tu ne veux pas l'entendre, ce n'est pas ma faute ! soupira-t-elle en levant les yeux au ciel, pas franchement prête à entendre un nouveau laïus sans queue ni tête de la part de la jeune Eliot. Cela ne menait à rien. En plus tu te payes ma figue, c'est monstrueux... il n'y a qu'à toi que tu mens, Hope. Tu connais ta réputation au sein de la Eliot ? Celle qui se fout justement de son nom de famille. Celle qui casse les codes. Mais étrangement, dès qu'il s'agit de moi, il n'y a plus personne... et tu voudrais que JE te confie des choses ? Trop facile. On tourne en rond... on tourne en rond parce que tu ne veux pas avancer. Et moi si tu regardes toujours en arrière, je refuse d'être juste un pis-aller, quelqu'un que tu vas faire passer pour la bonne pote et que tu n'auras jamais le cran de présenter comme ta copine... que ce soit même sur une putana de plage avec des inconnus que tu ne reverras jamais dans ta vie !

Elle est en colère, elle est vraiment en colère et je ne sais pas trop comment la faire redescendre. A vrai dire tout ce que dis ou fais depuis tout à l'heure n'aide pas du coup la Vice présidente des mather à décolérer. Ce que je ressens au fond de moi à ce moment précis et pire que désagréable. Je me sens mal à l'idée de la blesser, j'ai honte de la traiter de la sorte. Mais d'un autre côté, j'ai peur de m'assumer complètement et que le monde entier le sache. Finalement je ne suis peut-être qu'une hypocrite qui fait croire à tout le monde qu'elle se sent libre, qu'elle casse les codes, qu'elle est différente et qu'elle en joue alors que pas du tout. Parce que c'est ce que Bambi croit que je suis et visiblement le fait que mon comportement n'y ressemble pas là dérange au plus au point. « A la Eliot je suis considérée comme différente parce qu'au milieu de tout ces coincés je suis là seule qui ai tenté de nouvelle chose dans sa vie ! J'ai jamais dis que je m'assumais avec une femme. J'ai même jamais été avec une femme Bambi ! T'es la première ! » Je ne lui avais pas dit ? Oops maintenant c'était fait ! Je semblais être la fille hyper cool qui casse les codes mais en fait j'avais juste été curieuse sexuellement et je ne m'en étais jamais cachée.. Maintenant avoir une relation amoureuse avec une femme c'était une autre paire de manche. « T'as déjà été avec femme toi ? Pour que ce soit aussi facile ? » Au final même si c'était le cas, je restais une Kennedy et être une Kennedy impliquait des tas de responsabilités.. Cette pensée était digne d'une réplique de ma mère et je m'en mordais déjà les doigts de penser un truc pareil. Je faisais tout pour la faire rager, être différente de ce qu'on attendait de moi, être un électron libre et pourtant je me retrouvais à freiner une relation qui me rendais plus qu'heureuse et à blesser celle que je pourrais finir par aimer, vraiment. « T'es en train de me quitter c'est ça ? »

Finalement, la colère de Bambi laissa la place à une profonde lassitude. Maintenant Hope lui balançait qu'elle n'avait jamais été avec une femme, et que son comportement à la Eliot n'était ni plus ni moins qu'une façade. À moins que l'italienne n'ait pas lu entre les lignes, mais elle ne pensait pas. Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres, trouvant cette conversation de plus en plus inutile et ridicule. Magnifique, maintenant il faut que je te devine... La brunette planta son regard dans celui de la rouquine, désespérée. Donc tu n'assumes pas. Faire la bravache devant ton assemblée de coincés c'est possible, mais assumer notre histoire c'est trop te demander manifestement ! souffla-t-elle de plus belle, secouant négativement la tête de droite à gauche. Sérieusement, non jamais. J'ai eu de petites histoires mais rien de sérieux. Pourtant ça ne m'empêche pas de vouloir nous donner une chance... mais je suis la seule. Tu pars du principe que ta mère est une plaie, mais tu ne connais pas la mienne... au moins la tienne n'a pas essayé de te noyer parce que tu n'es pas un mec ! haussa-t-elle les épaules, s'emparant de son sac ainsi que de sa serviette. Tu tournes mal ta question, Hope. C'est toi qui ne veux pas de moi, pas l'inverse.

J'ai l'impression que le temps est compté. Qu'il faut vitre, très vite, que je trouve quelque chose à dire avant qu'elle ne s'évapore et me laisse seule avec mes erreurs. Je me cherche des excuses, je lui réponds de façon presque insolente, alors que putain au fond j'ai peur qu'elle me quitte. Je suis en train de flipper à mort et au lieu de ça je fais l'idiote, j'essaie d'avoir réponse à tout et je crois que c'est parce que j'ai toujours essayé de faire ça dans ma famille. Parce que ce qu'on dit de moi c'est vrai. Je suis le vilain petit canard, celle qui à fait tout ce que Harper n'aurait jamais osé faire, celle qui pourrait faire sombrer la réputation de la famille Kennedy. Je suis Alek là ou Harper ne l'est pas. Et au lieu de m'assumer, je me cache derrière celle que je tente de vaincre : ma mère. Je la sens s'agacer allant même jusqu'à prendre ses affaires. Je m'empresse de lui prendre son sac des main et de reposer sa serviette au sol. « Non Bambi, s'il te plait. » Puis je percute. « Te noyer parce que tu n'étais pas un garçon ? » Mon regard s'adoucit, il se perd dans le siens. Elle a tellement souffert et moi je suis là, à enfoncer le couteau dans la plaie. Bon sang mais qu'est ce qu'elle me fait ? Elle m'a ensorcelé ! Habituellement, je m'en fou royalement de ce que je peux faire aux gens. Je prends ce que j'ai à prendre, je manipule et je jette. Mais là.. Avec elle tout est différent. J'ai envie de la protéger et je m'en veux tellement quand je sens que je la blesse. J'attrape une des ses mains la poussant à me regarder dans les yeux. « Je veux pas te quitter. Laisse moi une chance s'il te plait. » Je réfléchis et puis : « Alek se mari la semaine prochaine. C'est en France. Viens avec moi. S'il te plait. » C'était une demande impulsive, pas réfléchis. Ca passe ou ça casse. Seulement il y'a un truc auquel je n'ai pas réfléchis : J'ai peur de dire tout haut qu'elle est ma copine, alors comment expliquer qui elle est au mariage.. Dire que c'est seulement une amie reviendrait à me faire abattre directement. Je m'étais mise dans une merde mais tant pis, ça en valait la peine, juste pour entendre un oui de sa bouche.

Hope la surprit au delà des mots en s'emparant de son sac et de sa serviette. Bambi avait-elle réussi à déclencher quelque chose ? Difficile à dire pour le moment. L'italienne n'osait plus y croire, elle n'y parvenait plus. Après s'être autant battue, avoir presque tout tenté pour la faire changer d'avis la brunette baissait un peu les bras. Ce n'était pas faute d'être mue par une grande volonté d'ordinaire, mais là... impossible. Ma mère me hait lâcha-t-elle d'un ton aussi glacial qu'une brise sibérienne. Sa génitrice ne lui était plus rien depuis longtemps, et Bambi tentait de se reconstruire malgré toutes ces vérités. Tu as presque de la chance, tu vois... L'italienne ne s'était toujours pas confiée au sujet des plaies de son dos mais ce ne serait pas pour demain la veille, dans l'état actuel des choses. Pourtant, Hope lui demanda une chance quelques instants plus tard, marquant le visage de la brune par l'étonnement. Une chance, elle ne demandait pas mieux. C'était la rouquine qui n'avait de cesse de se tirer une balle dans le pied... Tu veux que je sois ta cavalière à un mariage... au mariage de ton cousin, si je résume. En tant que pote ? Si elle avait eu tant de mal à assumer jusqu'ici, comment diable ferait-elle face à toute une assemblée ?

Sa mère la hait et je comprends ce qu'elle peut ressentir. « La mienne aussi. Et elle fait croire qu'elle tien à moi en essayant de gouverner toute ma vie, quitte à me rendre plus que malheureuse. Au moins ta mère elle assume qu'elle t'aime pas. » C'était super maladroit de dire ça mais un minimum réaliste. Mais je me sentais mal pour Bambi, tout ce qu'elle avait vécu et moi qui en rajoutait une couche avec la façon dont je me comportais dans notre couple, si couple il y avait encore. « Je pense que niveau famille, aucune de nous n'a de chance. Enfin j'ai Alek et Harper mais c'est pas toujours facile.. » Alek n'était pas toujours disponible, souvent absent même si quand j'avais extrêmement besoin de lui, il était toujours là. Harper et moi on avait vécu des tas de choses, elle m'avait pardonné ma tromperie avec Zeph et moi le fait qu'elle soit plus souvent avec Noah et les DBS que moi, sa famille. C'était compliqué de tout concilier. Mais ce qui n'était pas difficile c'était d'apprécier Bambi. Et sur un coup de tête, j'avais demandé à la belle italienne de me suivre à se mariage. Sa question elle était légitime, douloureuse et compliqué mais légitime. « Oui je veux que tu m'accompagnes au mariage d'Alek mais pas en temps qu'ami. » Je précise pas en tant que quoi, j'y arrive pas, mais je veux qu'elle vienne, je me dis qu'on avisera quand on sera la bas.