Always the same ! (Homi)

Cette journée à la plage aurait pu être très agréable. Légère, sans aucune ombre à l'horizon. Mais il avait fallut que les deux jeunes femmes évoquent leurs proches et là, aussitôt, cela venait de déraper. D'un côté comme de l'autre, l'impression d'être cachée se faisait sentir, mais Bambi en demeurait la première persuadée. L'italienne n'avait rien à perdre à évoquer l'existence de Hope à son père, connaissant sa bisexualité et l'ayant acceptée depuis des lustres... mais chez les Kennedy, rien de moins simple. Le quand dira-t-on dominait tout, et plus les jours passaient, plus la brunette trouvait cela insupportable... au point d'emmener la rouquine à l'écart, vers un coin isolé de la plage, afin que leur prise de bec ne regarde qu'elles. C'est bien ça le problème, ta promesse tu ne la tiens pas : personne ne me connais chez toi ! Ne prends pas le prince de bidule en exemple par pitié vu comment il me considère... lâcha-t-elle sans ménagement, excédée. Le lendemain du parcours du combattant, sa toux revenait, et le fait de s'énerver n'arrangeait rien du tout...

Ce Summer Camp restera dans les annales ! C'était le premier que je faisais et je dois dire que je m'amusais comme une petite folle ! Entre soirées, activités et moment passés avec Bambi, je me souviendrais toujours de cet été. Je profitais d'ailleurs de celui ci pour passer du temps avec Bambi, ma nouvelle petite amie. Et aujourd'hui je profitais d'une journée à la plage pour voir ce que ça faisait d'évoluer en couple dans la société. Sauf que Bambi elle, elle avait choisi ce moment pour qu'on règle nos comptes. J'étais tranquillement allongée à côté d'elle sur ma serviette quand on avait commencé à parler de notre famille, de nos proches et forcément, je même sujet de dispute était revenu sur le tapis : ma famille ne savait rien de son existence. Je tentais au début de calmer la chose mais visiblement ce n'étais pas suffisant. Alors impulsive et sanguine comme nous pouvions l'être toutes les deux, moi aussi, je finissais par m'énerver. « T'es sérieuse là ? Tu reparle encore de ça ? » Je lève les yeux au ciel. « Déjà commence pas à hausser le ton Bambi, on est pas toute seule ! Ensuite tu comprends pas que ma famille c'est pas la même que la tienne. Je peux pas juste dire que je suis avec toi. C'est plus compliqué que ça et on dirait que tu veux pas l'entendre ! » Mes parents savaient pour mon orientation sexuelle, mais c'était presque un accord tacite entre nous que jamais personne ne devait l'apprendre. Je pouvais coucher avec des femmes mais elles ne devraient pas savoir qui je suis et JAMAIS je ne devrais m'afficher publiquement dans une relation homosexuelle. Sauf que voilà, j'étais tombée sur Bambi et elle me plaisait vraiment.. Du coup il fallait que je prenne mon temps pour annoncer la nouvelle. Mais la belle italienne ne voulait pas l'entendre de cette oreille.

Le simple fait que Hope lui fasse comprendre qu'elles n'étaient pas seules fut le déclencheur pour Bambi, qui l'emmena à l'écart. Pas d'excuse cette fois, elles poursuivraient cette conversation jusqu'au bout, et l'italienne ne se contenterait plus de : je parlerai plus tard à mes proches. Non. Hors de question. Cela sentait la crainte à plein nez, l'envie de freiner des quatre fers et ce n'est pas ce que la brunette souhaitait pour leur histoire. Voilà, on est seules désormais ! s'exclama-t-elle sans même de véritable colère, comme pour contenter son simple besoin de discrétion et rien d'autre. Je ne dis pas forcément en parler à ta mère, j'ai bien compris que ta famille était coincée, mais ta cousine... tu as dis toi-même qu'elle t'avait pardonné bien pire, à croire que tu me caches et que tu as honte de moi ! Tu sais quel effet ça fait, sérieusement ?! Non elle ne lâcherait pas l'affaire. C'était trop important. A croire que tu vas encore te barrer à la première occasion !

Situation particulière gênante pour moi. J’étais tiraillé entre le fait de vouloir crier au monde entier que j’étais là plus heureuse avec Bambi mais le fait que ma famille soit coincée sur mon orientation sexuelle était assez compliqué ! Je pouvais pas juste balancer ça comme ça et lui dire de venir passer le week-end avec les Kennedy ! Je lui fais de la peine et je m’en rends pas compte visiblement .. j’ai déjà été conne au début de notre relation en la prenant pas au sérieux et voilà que je recommence. Mais sur le moment ça me gonfle, parce que moi je vois pas où est le problème. Il me fait du temps quoi. « Mais je vais lui en parler, mais pourquoi tu me presses ? Pourquoi il faudrait qu’elle sache dans la minute ? » Vivons heureux, vivons caché ! Je voulais profiter un peu de ce qu’on avait, ce cocon avant de devoir rendre des comptes à tout le monde sur mon couple .. « Ecoute je viens à peine de retrouver Harper, je veux déjà un peu retrouver ma cousine avant de lui annoncer tu peux comprendre ? » Bien sur qu’elle pouvait mais elle ne le voulait peut-être pas. Et puis elle balance LA phrase qui me retourne le cœur. Je la regarde quelques secondes un peu secouée avant de la regarder avec un regard noir. « A croire que je vais quoi ? Ça veut dire quoi ça Bambi ? » ça sentait le reproche auquel je m’attendais pas du tout. C’est peu un choc mais surtout je prends conscience qu’on a des choses à régler ..

Cette façon de vivre heureux vivons cachés ne plaisait pas du tout à Bambi. Pour elle, cacher quelque chose à ses proches signifiait en avoir honte, ne pas vouloir que cela s'ébruite... rien à voir avec les belles paroles que Hope lui disait quelques jours plus tôt, ainsi que toutes ces belles promesses. Encore du vent, de l'espoir pour rien ? L'italienne craignait le pire, et elle ne pensait pas avoir tort : déjà que leurs débuts n'étaient pas simples, si la rouquine compliquait tout à ne rien vouloir dire... elles n'avanceraient jamais. Pas dans la minute, mais tu freines des quatre fers ! fit-elle valoir en croisant ses bras contre sa généreuse poitrine. Les masques tombaient et son interlocutrice lui avouait enfin que sa cousine semblait lui avoir pardonné autre chose, qu'elles venaient de se retrouver et encore une fois, qui devait attendre ? Bambi. Comprendre, oui. Mais tu me caches. A croire que me présenter à ta cousine va faire s'effondre ton monde, que je suis une pestiférée ! Tu crois que c'est agréable comme sensation ?! reprit-elle tristement, évitant le regard de Hope. Tant pis si elle allait trop loin, il fallait que tout sorte, que l'abcès soit crevé une bonne fois pour toute. A croire que tu avoues des choses qui concernent d'autres gens à tes proches mais pas lorsque cela me concerne. Andrew, c'était facile, c'était un mec. Je suppose que si j'étais un mec, ce serait hyper simple... sauf que voilà, je suis une nana, navrée ! Alors oui, tu freines des quatre fers, et tu ne t'investis pas autant que moi... comme la dernière fois !

Encore une fois je suis un peu égoïste et je me rends pas compte que je lui fait du mal. Elle a raison au fond, je freine, je ralentie la relation parce que j’ai peur. J’ai peur de l’engagement. J’ai peur que ça soit comme avec James, que je tombe follement amoureuse et qu’elle me la fasse à l’envers. Ça faisait trop mal, je voulais pas prendre le risque de revivre cette situation. Sauf qu’elle savait pas tout ça elle, elle connaissait pas mon passé alors elle pouvait pas savoir. Et parler de James, ça m’étais encore trop difficile. Alors je me braque, comme souvent. « C’est pas vrai ! C’est pas parce que je prends mon temps que je te cache arrêtes. » Je suis de mauvaise foi je le sais. Elle croise ses bras sur sa poitrine et je trouve ça adorable sauf que c’est pas le moment de faire de l’humour ou de la prendre dans mes bras. Mais je suis quand même un peu soulé alors j’essaie de pas hausser le ton. Je lève les yeux au ciel. « Bah ouais c’est plus simple avec un mec mais est-ce que en ce moment je suis avec un mec ? Non ! Je suis avec toi donc arrêtes un peu Bambi. Je t’ai invité à Andorre, je suis là avec toi, j’en ai parlé à Abé c’est déjà un début ! » c’était pas facile avec ma famille mais je me trouvais des excuses et j’en avais conscience ..

Bambi écarquilla les yeux face à la mauvaise foi extraordinaire dont faisait preuve Hope. Pire, ce serait indécent. L'italienne leva les yeux au ciel, désarmée face à une telle défense face à ce qui aurait dû être doux, délicat, facile... mais non. Si la rouquine ne voulait pas, alors ça ne marcherait pas... Tu prends ton temps... tu te fous de ma gueule ? fronça-t-elle les sourcils, pas convaincue une seconde par son argument. Au contraire, il n'eut pour effet que de mettre de l'huile sur le feu. Si tu voulais vraiment nous donner une chance, tu n'hésiterais pas. Ou alors c'est que tu me caches quelque chose et là c'est pire ! vociféra-t-elle en renforçant la prise de ses bras contre son corps en signe de protection. Il n'était pas question que la brunette s'engage davantage s'il n'y avait pas de retour. Elle avait assez souffert, on l'avait plus qu'assez trahie, menée en bateau, tant et si bien que si frein il devait y avoir pour permettre à son cœur de ne pas finir en mille morceaux, alors elle le mettrait elle-même. Abelard ?! Je rêve. Je rêve ! Non, je ne rêve pas, je cauchemarde... ton argument c'est d'en avoir parlé à celui qui m'en a fait baver et que tu as dû rappeler à l'ordre ? Magnifique ! Oui, tu m'as invitée. Mais tu es avec moi sans l'être. Et tant que tu ne l'auras pas compris, toi et moi, ça ne marchera pas. Bambi paraissait tranchante comme ça, mais tant pis. Elle dépassa Hope, se dirigeant vers la plage dans le but de récupérer ses affaires. Être seule à se battre, non merci. Mais une fois de dos, la rouquine eut sûrement la vision parfaite de son dos couvert de brûlures, mutilé.

Je voyais clairement dans les yeux de ma brune que je commençais à lui taper sur le système. J'allais trop loin, trop fort et pourtant j'avais du mal à arrêter cette mauvaise foi qui s'était emparée de moi. Et pourtant qu'est ce que je pouvais tenir à elle, ma belle italienne, ma brune à la crinière de tigresse et au coeur tendre. Mais mon côté Connasse Kennedy est parfois plus présent que je ne le voudrais. C'est un mélange de tout. De peur du regard de ma famille, de peur de l'engagement.. Je suis pourtant celle qui se fout le plus du regard des autres mais cette fois il me bloque et résultat : je fais du mal à celle à qui je tiens le plus. Je le vois dans ses yeux que je la blesse et ça me déchire. mais je peux pas lui dire pour James, j'y arrive pas. Et elle s'énerve. Je peux pas lui en vouloir ou même essayer de la contredire. alors simplement je me tais et j'hôche la tête. Seulement un « je ne te cache rien   » sort de ma bouche à demi mot. Je ne lui cache presque rien. Et puis je la vois me tourner le dos, s'en aller en me laissant toute seule sur la plage. Au début je pense seulement que je lui ai encore fait du mal et que je suis vraiment une pauvre conne. Mais mon regard est braqué sur son dos que je me met petit à petit à détailler. Même si nous avions déjà eu des moments intimes toutes les deux, je me rendais soudain compte que je n'avais en fait jamais vu son dos. Et là c'est un choc quand je remarque les cicatrices et les marques de ce qui semble être des brûlures. « Bambi ! » J'ai l'impression de lui avoir presque crié dessus. je regarde autour de moi, des regards ce pose sur moi, je me racle la gorge. J'avance vers la belle mather, me hasardant à toucher une partie du bas de son dos. « C'est quoi ça ?   » J'appuie un peu plus sur son dos, un lueur d'inquiétude dans les yeux. J'en oublie presque qu'elle vient de tenter de me laisser en plan sur la plage en me disant qu'elle et moi, ça pourrait ne pas marcher.

Bambi n'entendit même pas Hope marmonner, à dire vrai. D'un pas décidé, elle continuait sur sa lancée, prête à récupérer ses affaires et à retourner dans sa chambre pour marmonner le restant de la journée, et à sortir le soir pour oublier cette dispute d'avec la rousse. Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas, ce fut le cri de cette dernière. L'italienne en fut stoppée dans son élan, comme si on lui avait crié après, et sentir la main de la jeune femme contre son dos mutilé fut la pire des sensations. Elle se retourna à la vitesse de la lumière pour lui offrir un visage paniqué. Non, ce n'était pas le moment pour en parler. Après tout, pour quoi faire ? Si Hope se fermait telle une huître, pourquoi diable devrait-elle parler du drame de son existence ? Ce n'est rien !! s'exclama-t-elle, mâchoires serrées, tout son corps tremblant désormais telle une feuille morte. La brunette n'avait pas prévu qu'elle le verrait et, toute à sa colère, n'avait pas pris la peine de couvrir son dos... grossière erreur. Tu n'as rien vu, ce n'est rien du tout... bafouilla-t-elle à moitié en évitant désormais son regard...

J'avais tout sauf envie de me disputer avec elle. Je voulais passer une journée à la plage avec elle, profiter d'un moment ensemble. Ok on était sur la plage, allongées sur nos serviettes et on aurait dit seulement deux amis qui se faisait une après-midi plage. Mais pour moi c'était déjà un premier pas. Je voulais tellement prendre mon temps que je freinais notre relation. Le souvenir de James était encore plus présent à ce moment là et c'était vraiment difficile. Je dis rien, je la laisse s'énerver et même me laisser en plan. Mais sur le moment je sais pas trop quoi faire ou quoi dire, jusqu'à ce que vois les marques dans son dos. Je vais la rejoindre et je pose mes doigts sur une des marques. Quand je lui demande ce que c'est elle me dis que ce n'est rien mais je la sens trembler et je lis la détresse dans ses yeux. « Tu peux pas dire que c'est rien ou que j'ai rien vu. Bambi qu'est-ce qu'il t'es arrivée ? » De nouveau mon côté sur protecteur prenait le dessus sur tout ce que je pouvais ressentir avant ça. « Parle moi s'il te plait ! » Elle semblait paniqué et je pouvais rien faire. J'aurais pu la prendre dans mes bras mais encore une fois le monde autour de nous m'en empêchait.