Shut up... (B&W)

Le bruit qui tappe sans cesse dans son crâne. Il se tourne et retourne dans son lit, essaye de trouver une position confortable, se cachant sous l'oreiller mais rien n'y fait. Presqu'une heure que ça dure. Beau c'est un enfant, il lui faut ses huit heures de sommeil minimum s'il ne tient pas à avoir la tête dans le cul le lendemain. Et même s'il n'a rien de prévu au programme pour demain, il aimerait se reposer comme il faut et déguster sa prochaine journée. Enfin ça c'est seulement si ses voisins veulent bien lui accorder un peu de paix. Le volume redouble d'intensité et c'est vraiment trop pour lui. Il fait voler sa couette, hésite à appeler la réception de l'hôtel mais finalement il enfile le premier pantalon qui lui passe sous la main, un t-shirt aussi et tant pis s'il ne ressemble à rien. Ce qui lui importe à cet instant, c'est son sommeil point. Un concept que certains étudiants ne comprennent pas en temps de Summer Camp. Pas vraiment assuré, il claque la porte de sa chambre pour venir toquer à celle d'à côté. Le bruit est si assourdissant que tu ne sais pas ce qu'il se passe à l'intérieur de ce foutoir. Une boite de nuit improvisé ? Une possible orgie ? Il s'attend à tout et surtout au pire. D'une main tremblante, il frappe comme il peut contre le bois, pas certain de se faire entendre. Soirée de merde. C'est pas sa veine. Mais il est habitué à ne pas avoir de chance. Il entend la porte se déverrouiller et avale difficilement sa salive. S'il a affaire à un mec qui fait le double de son faible poids alors on le retrouvera écrasé comme une crêpe dans le couloir.

Ce soir, j'ai invité Megara dans ma chambre pour une soirée 'calme' entre filles. Et évidemment, après un petit verre ou deux de vin, on est plus bruyante, on rigole pour rien, bref, on fait les folles. De vrais enfants. En plus on est en pyjama genre pyjama party avec un masque de beauté sur la tête à base de lait de coco. Bref, autant vous dire qu'on peut nous prendre pour des filles hystériques. il n'est pas forcément tard mais il est passé 22heures et en principe, ça serait cool pour les voisins de pas trop faire de bruit. Mais qu'est-ce qu'on s'en fiche ? Tout le monde est dehors à se bourrer la gueule à cette heure. On met même de la musique à fond, un remake de HSM, en mode disney channel powa. Lorsque tout à coup, quelqu'un frappe à la porte et je regarde mon amie. T'as invité quelqu'un ? J'ouvre la porte et reprend mon sérieux. Bordel de merde. « Meg, baisse la musique. » elle le fait et je peux écouter ce que le jeune homme a à me dire. Ou plutôt, mon ex, Beau. Je suis totalement pétrifiée devant lui, mais je souris, vive le verre de vin qui me rend sociable. « Oui, Beau ? » ma copine brune peut pas s'empêcher de nous voir et en profite pour nous foutre la honte : 'C'est lui le gars que t'as embrassé à la plage hier soir ? Putain tu perds rien pour attendre. Je vous laisse, amusez-vous bien !' Lâcheuse, traîtresse. Elle m'abandonne et ma soirée entre fille devient gênante. Je soupire en la regardant s'en aller et je croise les bras en attendant les mots du brun.

Il n'a jamais de chance. C'est comme ça depuis le début, depuis sa naissance, et cette terrible erreur administratif. Mais bon à la fin on s'y fait. Un jour ça s'arrangera. Enfin il essaye surtout de s'en persuader. Le bonheur vient à point à qui sait attendre. Beau est patient. Mais pas ce soir, pas quand ses oreilles bourdonnent et que son crane va exploser. Il pensait que ça ne pouvait pas être pire, et bien non. Alors qu'il flippait à l'idée de se retrouver face à un bodybuildeur qui l'aurait détruit comme jamais, c'est Willa qui lui ouvre grand sa porte. En fait l'option bodybuildeur était peut être mieux. Quitte à se prendre à une claque dans la gueule, il aurait largement préféré qu'elle soit physique plutôt que mental. Les souvenirs refaisant surface, il perd toute notion de parole, finit même par regarder ses pieds plutôt que de perdre dans le regard de sa belle perdue. Le sourire qu'elle affiche lui tord les boyaux. Elle est heureuse... sans lui. C'est dur à accepter, enfin à voir surtout. Et les mots de sa copine, qui débarrasse vite le plancher, n'en font que rajouter une couche. Beau avait tout fait pour éviter de se retrouver face à son ex mais le destin en a décidé autrement." Je voulais juste que tu baisses la musique. J'imagine que ça ne pose pas de problème maintenant que la soirée est finie. " Eviter le sujet qui fâche, ne pas déterrer le passé. A quoi bon raviver de douloureuses blessures, c'est déjà assez difficile comme ça de la retrouver.

Ah super, Beau juste devant mon nez. il a... mûri en deux ans. Les traits de son visage sont plus virils, plus dessinés, avec de la sagesse. il a grandit encore et je peux deviner que sa barbe a enfin poussé, enfin, il a des poils, bref. Je suis trop observatrice avec lui. Sa voix me fait frissonner et je ressens un pincement au coeur. Deux ans c'est long quand même mais pourtant, ça me parait tellement court. J'hausse les sourcils et je passe une main dans mes cheveux. « Oh, ok, pardon pour le bruit. » et je fais carrément demi-tour pour mettre la musique de mon iphone sur pause. Je regarde vers la porte et il est toujours là. « Tu veux... autre chose ? » question débile et gênante. Je me rends compte que je suis en mini short avec un simple top, sans soutif, pas très glam, alors je prends le premier pull que je vois pour l'enfiler. Une partie de moi a envie de lui parler, de juste... parler avec lui, ressentir son odeur, écouter sa voix me bercer pendant des heures mais je sais que mon coeur n'est pas prêt à revivre ça. Alors j'espère qu'il fera demi-tour et qu'il fermera cette porte.

La revoir en chair et en os, ça chamboule son cerveau. Il ne saurait dire combien de fois il s'est permis de reposer un regard sur des photos d'eux ensemble. C'est sadique mais on oublie pas une fille comme Willa. Combien de fois il aurait aimé revenir en arrière et avoir les couilles (c'est le cas de le dire) de lui prouver son amour. Ne voulant pas perdre sa fierté, il a blessé la jeune femme. Bien que lui n'est pas été épargné non plus. Les reproches de la brune résonne encore dans sa tête comme si c'était hier. Ses lèvres osent tout de même bouger pour exprimer les raisons de sa venue. Elle acquiesce sans un mot. Ca devrait s'arrêter là non ? Mais Beau ne parvient pas à la quitter du regard. Parce qu'elle est en petite tenue ? Peut être ? Mais surtout elle lui a trop manqué. Et il s'inquiète de sa voix qui se brise à sa question. Il soupçonne que cette question soit plus une demande de la part de Willa pour qu'il reste une seconde de plus. Seconde qui se transforme en minute." Désolé... " Putain abruti. Il n'a que ce mot à la bouche ou quoi. Y'a quoi se foutre une baffe." Ca fait plaisir de voir que tu profites de ton été. " Même si ça le tue de pas pouvoir contribuer à son bonheur.

Quelles sont les probabilités pour que je me retrouve juste à côté de la chambre de Beau ? Tant mieux ? Fin je ne sais pas, je ne sais plus comment penser quand il est dans la même pièce que moi. C'est comme si on cerveau était sur off et que j'avais besoin d'être guidée. il s'excuse et je baisse le regard. Pourquoi tu t'excuses Beau ? C'est normal de venir demander à quelqu'un de baisser la musique. Puis je relève les yeux vers lui en le fixant, alors qu'il dit que ça fait plaisir que je profite de mon été. Wow, quelle conversation dis donc. Je vois qu'il essaye de se montrer gentil. « Pourquoi, toi tu ne profites pas ? Mise à part que je t'empêche de dormir. » pas parce qu'il pense à moi dans son sommeil, je suis sûre que non. Parce que je mets de la musique trop fort le soir, après l'extinction des feux. « Tu veux que je t'invite à entrer ? » dans ma chambre, où d'autre ailleurs ? Si tu as l'honnêteté de dire oui, je te laisse entrer, mais si je vois un seul trait de mensonge sur ton visage, je te claque la porte au nez.

S'excuser encore de ne pas avoir été un bon petit ami, de lui avoir menti sur un aspect crucial de leur couple. Il n'aime pas cacher des choses alors c'est surtout à lui qu'il en veut. Sans compter sur le fait que sa première fois a été désastreuse. Qui sait avec Willa, ça aurait été magique. Si magique qu'ils seraient encore ensemble ? Fiancés ? Parents ? Sans doute qu'il va trop loin de sa réflexion mais la chose dont il est certain c'est qu'il a merdé et qu'il ne sait comment réparer ses erreurs. Willa continue de le déstabiliser encore et encore." Si. Enfin tu me connais. Rien de passionnant. " Il se morfond dans sa solitude. Il n'y a que là dedans qu'il est doué. " Je ne voudrais pas te déranger. Tu as certainement mieux à faire que passer du temps avec moi ? " Après tout elle ne voulait plus de lui. Disparaitre de sa vie, c'est les mots qu'elle a clairement prononcé. Vivre sans lui. Est ce qu'elle y arrive ? La question lui brule la langue mais il n'ose pas la poser. La peur de souffrir de nouveau, de se prendre un revers en pleine figure. Dans ce cas là, mieux vaut vivre dans l'ignorance.

Moi aussi je me pose des questions Beau. J'me demande si t'as quelqu'un dans ta vie, là, tout de suite. Si tu dormais avec elle peut-être ? Ou si t'as une personne particulier dans ton esprit ? Mais d'un côté, je ne sais pas si je veux savoir la réponse. Cela fera sans doute mal. C'est comme ça quand on pense que ressasser le passé c'est quelque chose de bien. Faux, lui comme moi le savons très bien, mais nous sommes tentées par des 'et si', un goût de trop peu, d'inachevé, ce goût me brûle la langue à cet instant présent. Je lui propose de rester en quelque sorte et sa réponse ne m'étonne pas de lui. Du Beau tout craché, celui de pas s'imposer, surtout quand il est mal à l'aise. Putain je connais comme si je l'avais fait. « C'est toi qui voit. Moi je trouve ça plus drôle de boire à deux que toute seule. » je souris puis j'hausses les épaules en m'asseyant dans mon lit, avec la bouteille de vin. Elle n'est pas vidée, ça serait malheureux de gaspiller. « Par contre, décide-toi vite, y'a un courant d'air. » ma fenêtre est entre-ouverte et la porte est ouverte. C'est à toi de voir. Soit on saisit cette chance Beau, soit on se laisse encore flotter dans les doutes et les regrets avec encore ce sentiment d'avoir échoué.

Bien sûr qu'il a envie de rester un peu plus longtemps, de dévorer son sourire quelques minutes de plus, de découvrir ce qui a, ou non, changé en elle. Il veut combler ce manque, cet espace vide dans son coeur depuis qu'ils se sont éloignés. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, mais la tension est toujours palpable. Le brun a conscience que la meilleur chose à faire est d'oublier ce moment, retourner dans les bras de Morphée. Ce serait mille fois plus simple et son coeur l'en remercierait. Pourtant il ne décline pas l'invitation de Willa, il laisse juste la question en suspend. Cette main qu'il lui tend, c'est comme un cadeau béni des Dieux. Une seconde chance. Mais est ce bien sérieux ? Tant pis. Il ne peut pas la laisser finir sa bouteille de vin toute seule, ça relèverai de non assistance à personne en danger. Son pied franchi le seuil de la porte qu'il referme délicatement derrière lui. Il ne sait pas dans quoi il s'engage mais il y fonce tête baissée. Elle lui fait faire des choses folles." Tu veux pas me saouler. Je tiens mal l'alcool tu sais bien. Un seul verre pour moi, je te laisse volontiers le reste. " Il préfère rester totalement conscient." Je ne suis pas ta copine mais est ce que j'ai le droit de savoir s'il embrasse bien ton nouveau mec ? " Est ce qu'il vient vraiment de mettre les deux pieds dans le plat ? Oui.

Et voilà, Beau ferme la porte, le piège se referme. il y a un silence avec nous maintenant, on entend plus les bruits de dehors, c'est assez... intime. Je réalise pas trop que mon ex est dans ma chambre. C'est pas comme si on se retrouvait par hasard dans la salle d'attente, c'est ma chambre quoi. Mon lit, et je suis assise dessus et je l'invite à s'asseoir avec moi. Ok, si je suis si courageuse c'est parce que je l'ai devancé d'un verre de vin. Et le vin au Portugal, il monte vite à la tête. « Y'a intérêt, ce vin est tellement bon, j'ai pas envie que tu le gaspilles. » car si je lui serre un deuxième verre, je sais qu'il va pas pouvoir le finir et que les moustiques de la chambre auront déjà le temps de faire une petite baignade dans son verre. Je lui serre un verre, celui de Meg, t'es pas nareux si ? Tant pis. Et je manque de te le renverser dessus quand tu me poses cette question. « Pourquoi tu veux savoir ça ? On t'a dit que tu embrassais mal ? » je fronce les sourcils et je prends mon verre pour le coller contre ma lèvre inférieure. « Et puis, si tu réfléchis deux secondes, je n'ai pas de mec. Tu crois vraiment qu'il serait d'accord que je laisse entrer un de mes exs dans ma chambre ? A boire du vin plus. » ouala t'es en manque de sommeil toi chéri, tes neurones ne sont pas toutes connectés.