(elliot) we juste want to have fun

Je ne pouvais m'empêcher de briser ce moment qui se voulait sérieux. Elliot avait tout du parfait psychopathe à cet instant et je ne manquais pas de le souligner. Au moins, je le faisais rire et c'est certainement l'une des meilleures choses qui pouvait arriver lors d'un tel rendez-vous. « Fais gaffe, les nanas tombent toujours amoureuses du psychopathe dans les films. Et les psychopathes sont toujours les plus beaux. » Je ris à nouveau en le regardant. « Ne t'en fais pas, je ne tomberais pas amoureuse... » Parce que définitivement, je crois que j'étais vaccinée contre tout ça. Une fois, deux fois, mais certainement pas trois fois. Et voilà qu'il m'envoyait un baiser comme une diva le ferait et il ne m'en fallait pas plus pour rire à nouveau. Ce type était drôle et ça promettait une belle soirée. Enfin ça, c'était jusqu'à ce qu'il me parle de Noah. J'aimais pas trop parler de mon ex à mes dates tinder, vous comprenez ? « Okay. J’devais juste m’en assurer. » Je fronçais les sourcils sans tellement comprendre. Qu'est-ce qu'il avait pu faire pour s'attirer les foudres de Ferrari ? « C’est le meilleur ami de mon ex. Pour faire court, je l’ai quittée car elle m’en a pas laissé le choix, et du coup, il a une dent contre moi parce que je lui ai fait du mal. » Oh. Cléo ? La discussion était intéressante, mais j'avais peur que si on partait sur ce terrain, on finisse par s'ennuyer. « Bref, on arrête de parler de nos exs, t’en penses quoi? » Je haussais les sourcils avant de me mettre à sourire « Je pense que c'est mieux en effet, sinon, je vais croire que tu es un psychopathe dépressif et il n'y a rien de sexy là-dedans... » que je lui confiais en plissant mon nez. Il terminait son verre cul-sec, il en commandait un deuxième et voilà qu'il me regardait à nouveau. « Parle-moi un peu de toi. » Hum. La question est vague. Je réfléchis quelques secondes, ne sachant pas trop pas où commencer. « Je suis japonaise » que je disais en riant. Ça m'amusait à vrai dire parce que physiquement, je n'avais rien d'une japonaise. « Je suis musicienne et... je ne tiens pas DU TOUT à l'alcool » Voilà. Débrouille-toi avec ça mon grand.

Je souris légèrement à tes mots qui m’assurent que tu ne tomberas pas amoureuse. J’le sais t’inquiète, c’était juste une petite plaisanterie. Mais tant mieux. L’amour, j’avais donné. Dire que j’pensais que ma relation passée avec Lucky était catastrophique, c’était rien à côté de celle avec Cléolya. Mais on n’était pas là pour parler d’amour ou de nos exs. J’en avais assez de parler d’elle. D’eux. Je roule des yeux à ta remarque et lâche un petit sourire. Dépressif? Mouais… Pas loin, en ce moment. Mais j’me retiens de faire ce commentaire. Faut dire qu’entre la désintox, les insomnies, les traumas et les peines de coeur, j’suis pas au beau fixe en ce moment. Mais ça va s’arranger. Tout finit toujours par s’arranger, que me disait mon côté optimiste. Alors parlons plutôt de nous. De toi, en l’occurrence. Et quelle fut ma surprise quand tu m’annonçais tes origines. « Bon, j’suppose que tout le monde a cette réaction mais… waouh, t’as pas l’air d’une japonaise. » Comment ça se fait? T’as été adoptée? Tes parents sont pas japonais mais ils ont vécu là-bas et t’es née au Japon? Trop de questions qui me paraissaient trop personnelles pour être posées maintenant. Je ris quelque peu en regardant ton verre. « T’inquiète, j’te ramènerai chez toi s’il faut. Et non, je ne suis pas un psychopathe. » que je t’assurais d’un air sérieux. « Tu joues de quel instrument? »

Parler des ex à un rendez-vous tinder et ce, même pas après 15 minutes du commencement, ce n'était pas une très bonne idée. Disons que ce n'était pas très plus agréable quoi. Je n'avais aucune envie de parler de Noah et lui, il semblait dans le besoin de parler de ses histoires avec Cléo, mais sans en avoir véritablement envie non plus. Mais le mieux, ça restait quand même de clôturer le sujet et de passer à autre chose. C'est ainsi que la conversation s'orienta sur moi et - pour commencer - sur mes origines pas si évidentes. « Bon, j’suppose que tout le monde a cette réaction mais… waouh, t’as pas l’air d’une japonaise. » Je riais en le regardant. C'est vrai que c'était la réaction générale quand je disais être japonaise. « Non, c'est vrai, du moins, pas physiquement ! Mes parents sont américains, mais je suis née et j'ai grandi à Tokyo » Le Japon, c'était ma maison, le pays que j'aimais le plus. Je buvais quelques gorgées avant de continuer avec mes révélations. La musique et l'alcool. « T’inquiète, j’te ramènerai chez toi s’il faut. Et non, je ne suis pas un psychopathe. » Je riais à sa réplique, devançant alors ma réaction. « T'es sûr ? C'est gentil de ta part en tout cas » Je secouais doucement la tête en riant. Mon corps avait un problème avec l'alcool, il arrivait pas à s'habituer et du coup, j'étais ivre très rapidement. « Tu joues de quel instrument? » - « De la batterie principalement, mais je suis touche-à-tout, alors je pratique aussi la guitare, le piano, la basse et j'en passe » J'étais tellement émerveillée devant les instruments, que j'aimais les essayer.

« Ah, c’était bien ce que je pensais. Pourquoi ils ont décidé de déménagé à Tokyo? Moi je suis Australien, j’y ai vécu jusque mes dix ans je crois, puis mon père a décidé de déménager à Boston pour développer l’entreprise familiale. » Et ce que je regrettais l’Australie, bon sang. J’hochais la tête. « Oui oui t’inquiète, si t’es pas en état de rentrer on prendra un Uber jusque chez toi et je m’assurerai que tu passes la porte saine et sauve, promis. » J’esquissais un petit sourire qui se voulait rassurant. Te fais pas de soucis, j’suis ni un psychopathe, ni un violeur. J’écarquillais les yeux à la liste des instruments que tu pratiquais. « Rien que ça? » riais-je quelque peu d’une façon ironique. « J’fais un peu de guitare moi. T’sais, quand je suis seul dans ma chambre, assis à la fenêtre à contempler les étoiles et à penser à ma dulcinée… » Là encore, de l’ironie. Une satire du cliché du musicien transi, le beau gosse qui joue de la guitare et chante des chansons d’amour pour faire tomber les filles. « T’es dans un groupe de rock? » Non parce que guitare, basse et batterie, c’était tout ce dont t’avais pour ça. « Tu chantes aussi? » Manquerait plus que ça. Trop de talent en toi.

« Ah, c’était bien ce que je pensais. Pourquoi ils ont décidé de déménagé à Tokyo? Moi je suis Australien, j’y ai vécu jusque mes dix ans je crois, puis mon père a décidé de déménager à Boston pour développer l’entreprise familiale. » Je buvais ses paroles, très intéressée par ses origines. « Australien... de où exactement ? » J'étais déjà allée en Australie, alors peut-être que ça pouvait me parler s'il venait d'une grande ville. « Ma mère est partie pour le Japon par amour pour la culture, c'est une artiste et mon père, il y est allé pour le travail. Ils se sont rencontrés là-bas... » Une belle histoire d'amour quoi. Plus belle que celle que j'entretenais avec l'alcool, bien sûr. Je ne tenais pas du tout et il y avait des chances pour que je reparte complètement pompette de cette soirée. « Oui oui t’inquiète, si t’es pas en état de rentrer on prendra un Uber jusque chez toi et je m’assurerai que tu passes la porte saine et sauve, promis. » - « Merci » que je répondais sincèrement sans même repenser à la plaisanterie de toute à l'heure à propos du psychopathe. Je lui parlais ensuite de ma passion pour la musique et des divers instruments dont je jouais. Je riais en voyant sa réaction, c'est vrai que ça pouvait paraitre énorme vue de l’extérieur. « J’fais un peu de guitare moi. T’sais, quand je suis seul dans ma chambre, assis à la fenêtre à contempler les étoiles et à penser à ma dulcinée… » Je ris à nouveau, amusée par sa déclaration. « Ouais, tu sais en jouer un minimum pour attirer les filles ? » Quel cliché ! En tout cas, il était très drôle et j'étais certaine que c'était sa son arme fatale numéro un. « T’es dans un groupe de rock? » - « Oui » Et qu'il me demande pas de nom, d'ailleurs, il fallait que je parle de ça avec Lenny et Kenny. « Tu chantes aussi? » - « Seulement pour moi... » J'étais encore beaucoup trop timide de ce côté là.

« Brisbane. Enfin, Gold Coast, à 1h de Brisbane en voiture. C’est là bas que tu trouves le Paradis des Surfers. » Oui oui, c’était vraiment le nom d’un endroit réel. D’ailleurs, je souriais comme un gamin en y pensant. Putain ce que ça me manquait. « Et pourquoi ils ont décidé de venir à Boston? T’avais quel âge? » Tu te souviens du Japon? C’était cool de voyager, moi j’adorais ça. Puis on parlait de ta passion pour la musique, alors je plaisantais sur ma capacité à jouer de la guitare. « Exact. Ça marche du tonnerre. » que je rétorquais dans un petit clin d’oeil amusé. Bon, tout ça n’était qu’une vaste blague. Ouais, je jouais quelques accords à mes heures perdues, mais j’utilisais pas ma gratte pour attirer les nanas. Pas besoin. « J’aurais du t’emmener au Do Ré Mi au lieu d’ici, on aurait fait une soirée karaoké. J’suis sûr que tu chantes très bien. » Mais que t’étais peut-être un peu trop timide pour l’assumer. J’avale une autre gorgée de mon verre, avant de reposer les yeux sur toi. « Non, moi je suis pas musicien. Je suis pilote. » C’était ça, ma passion. Avec le surf, mais ça c’était trop loin pour l’instant. « Enfin, j’étais. J’sais pas trop, en fait. » J’avais pas piloté depuis mon crash, donc j’étais pas sûr de ce que j’étais censé dire.

« Brisbane. Enfin, Gold Coast, à 1h de Brisbane en voiture. C’est là bas que tu trouves le Paradis des Surfers. » Son sourire était communicatif. Le même sourire que je pouvais avoir en parlant de Tokyo. « Je n'y suis jamais allée, mais dit comme ça... ça donne envie ». J'avais été dans les grandes villes que sont Sydney et Melbourne. J'avais eu la chance de voyager un peu partout dans le monde, alors ouais, je pouvais situer pas mal d'endroit. « Et pourquoi ils ont décidé de venir à Boston? T’avais quel âge? » Je souriais en le regardant. « Ils ne sont jamais revenus aux USA. Mon père a fait ses études à Harvard et mes sœurs et moi, on a décidé de faire la même chose. Je suis arrivée à mes dix-huit ans » Mais je rentrais très très souvent. On parlait musique un peu. L'une de mes passions. « Exact. Ça marche du tonnerre. » C'était un joueur du dimanche quoi. Pour ma part, je passais des heures et des heures sur mes instruments. « J’aurais du t’emmener au Do Ré Mi au lieu d’ici, on aurait fait une soirée karaoké. J’suis sûr que tu chantes très bien. » Je ris et je repasse à cette soirée mather/lowell qui combinait karaoké et alcool, j'avais fini ivre, donc je ne chantais pas si bien que cela. « La prochaine fois » que je me contentais de dire. Il était sympa, il pourrait y avoir une prochaine fois. Je bus quelques gorgées de mon verre et je l'écoutais à nouveau, impressionnée par sa passion à lui. « Non, moi je suis pas musicien. Je suis pilote. » Pilote ? Il se moquait de moi peut-être ? Pilote ? C'était fou. « Enfin, j’étais. J’sais pas trop, en fait. » - « Tu ne sais pas trop ? Tu me fais marcher, c'est ça ? » que je demande en fronçant les sourcils. Tout le monde n'était pas pilote.

Mon sourire à la pensée de ma terre natale m’a l’air communicatif puisque tu souris à ton tour, sans même savoir de quoi je parle. « Tu devrais y passer un jour, promis que tu le regretterais pas. » Et à ton tour de parler de ta ville natale. « Ah, donc tu es venue ici seule pour tes études? Tes parents sont toujours au Japon? » En soi, j’étais admiratif. Parce que j’pourrais quitter Boston et retourner en Australie. Ça me rendait un peu plus heureux. Mais j’avais pas les crans. Tu évoquais une « prochaine fois » et je souriais vaguement. Peut-être qu’il y aurait une prochaine fois. T’étais sympa, sans prise de tête. Ou peut-être pas. Peut-être que le temps et la vie feraient qu’on ne se recontacterait pas, même si tout s’est bien passé. Qui sait? Je ris doucement à tes sourcils froncés. « Mais non j’te fais pas marcher. J’étais pilote, jusqu’au jour où je me suis crashé. Fin septembre 2017. Depuis... je suis pas remonté dans un hélicoptère. » La peur, le traumatisme encore un peu trop présent. J’sais pas trop.

« Tu devrais y passer un jour, promis que tu le regretterais pas. » Un sourire fin étire mes lèvres. « Je prends note pour une prochaine destination ». Après tout, pourquoi pas. Je voulais bien partir à nouveau en Australie, d'ailleurs, ça faisait un moment que je n'avais pas voyagé. Je lui parlais à mon tour de ma ville natale qui n'était autre que Tokyo. Ma très grande ville natale. « Ah, donc tu es venue ici seule pour tes études? Tes parents sont toujours au Japon? » Je hochais la tête de haut en bas pour acquiescer. « Oui, j'ai rejoins ma grande sœur Denitsa et la plus petite Rosie a suivi, mais chaque occasion est bonne pour rentrer. » D'ailleurs, ça faisait déjà trop longtemps à mon cours que je n'avais pas fait le détour. On plaisantait un peu et puis, on retrouvait une discussion plus sérieuse à nouveau. Pilote hein ? J'avais du mal à le croire tellement c'était wow... « Mais non j’te fais pas marcher. J’étais pilote, jusqu’au jour où je me suis crashé. Fin septembre 2017. Depuis... je suis pas remonté dans un hélicoptère. » J'étais surprise à vrai dire. Je haussais les épaules en le regardant. « Faut que tu te remettes à piloter au plus vite sinon, tu garderas la peur... » Et je savais de quoi je parlais puis ce qu'après mon accident, j'avais désormais peur du vide et c'était trop tard pour remédier à ça.

« N’hésite pas, si t’as besoin de conseils pour savoir quoi faire sur place. » L’Elliot Maxwell dragueur d’antan t’aurait dit ’n’hésite pas à m’appeler si t’as besoin d’un guide, tiens, voici mon numéro’. Mais faut croire que je n’étais plus ce gars là. Ou alors j’avais juste peur de retourner dans ma ville natale après tout ce que j’avais vécu avec Cléolya là-bas. T’étais comme moi sur le principe, ‘chaque occasion est bonne pour rentrer’. Dès que j’avais des vacances — et parfois même sans avoir des vacances — je sautais dans l’avion pour retrouver mes plages, ma planche, mes lieux préférés, ma nostalgie d’enfance, mon petit paradis. Et finalement, c’est de mon enfer qu’on parle : le crash. J’hoche la tête. « Ouais je sais, c’est prévu. Bientôt. » Quand? Je ne savais pas. J’voulais pas savoir. J’voulais pas en fait, parce que j’étais terrorisé. « Et toi, c’est quoi ta plus grande peur? » J’t’avais dit que le bla-bla habituel ne m’intéressait pas, c’était plutôt les questions profondes moi auxquelles je voulais des réponses.