Je perds en soupir la moitié de la nuit, je somnole, je m'éveille, je me languis, de tes mains, de tes lèvres, de tes yeux, d'une rencontre demain...

Je venais de lui proposer de se servir si jamais elle avait un petit creux quand j'entamais enfin mon énorme sandwich. C'était jouissif ! Délicieux ! Ça fait juste trop de bien de manger quand on meurt de faim. Je m'occupais cependant bien trop de mon repas pour remarquer que la jolie blonde avait pris une pomme dans la coupe de fruit. Je ne relevais la tête que lorsqu'elle m'annonça qu'elle connaissait quelqu'un de ma maison. Romane. Je l'écoutais. Je sentais qu'elle ne voulais pas vraiment m'expliquer sa relation avec lui, mais cela ne me dérangeait pas tant que ça. Je ne préfère pas savoir, surtout que je m'entend plutôt bien avec lui, bien que je ne le connaisse pas tant que ça.

- Il ne devrait pas y avoir de problème. Il est cool.

Dis-je entre deux bouchées. Je ne préfère pas trop m'étaler là-dessus de peur de devenir trop indiscret et de devenir jaloux. Et j'en ai pas tellement envie, sachant que je ne suis pas vraiment de nouveau avec elle, et que je risque de péter un plomb avant l'heure. De savoir déjà qu'elle peut très bien m'échapper et préférer quelqu'un d'autre me rend malade ... Si elle trouve mieux, je ne pourrais pas l'en blâmer, puisque je ne veux que son bonheur, mais la perdre encore une fois, pas sûr que je le supporte. Surtout si c'est pour un autre mec et dans la même ville et université que moi. Plutôt crever. Et un mec de ma maison débarqua pour la saluer. Je le fixais mais ne dit rien, jusqu'à ce qu'il parte.

Elle enchaîna ensuite avec une autre anecdote. Deux autres mecs. Cette fois-ci, je relève la tête de mon sandwich bien plus brusquement. Elle veut ma mort ou quoi ?! Elle peut pas me parler de ses amies filles plutôt ?! Elle chercher peut-être à me rendre jaloux et à me mettre hors de moi. Elle a peut-être des troubles bipolaires, mais je ne suis pas mieux, j'ai des problèmes avec la violence, elle devrait le savoir que c'est pas très conseiller de me chercher. Mais je ne peux pas lui en vouloir. Surtout que vu la suite de ses paroles, c'était plutôt dans un autre but qu'elle me parlait de ses deux mecs. Je me contentais de grogner en signe d’acquiescement. J'avais envie de lui répondre "c'est cool", mais elle allait croire que je m'en foutais complètement de ce qu'elle me racontait, alors que je suis simplement jaloux. Je finis mon sandwich tout en comprenant pourquoi elle me parlait de ces mecs.

- Tu sais ma belle, t'es pas obligé de me nommer tous les mecs que tu connais ... La seule mauvaise surprise que je pourrais avoir serait de te retrouver dans les bras d'un autre. Sinon, tu as le droit de fréquenter d'autres mecs. Surtout qu'on est pas revenu ensemble ...

J'engloutis ensuite la fin de mon sandwich. Oui je l'avais bien trop vite fini. Avec les émotions qu'elle me donnait depuis tout à l'heure, c'est pas compliqué à comprendre. Je m'essuyais les mains, puis but une gorgée de ma bière, et me relevais pour aller vers elle. Je lui souriais tendrement, puis une fois arrivé jusqu'à elle, j'enchaînais :

- Mais j'espère que tu m'attendras quand même. Pas sûr que je supporte de te voir avec un autre ...

Je déposais mes mains sur ses joues et lui déposait un doux et léger baiser au coin des lèvres. J'aurais tellement voulu vraiment l'embrasser, mais c'est encore trop tôt, et pas l'endroit idéal. Seulement, je n'allais pas pouvoir attendre bien longtemps, parce que vu la côte qu'elle a, un autre pourrait très bien me la voler, même si elle se dit encore amoureuse de moi. Elle risque de ne pas m'attendre éternellement, ce que je comprendrais tout à fait. Il faut vraiment que je trouve un moyen pour passer à l'étape supérieur.

Je le savais pourtant. Je le savais que ce serait trop dur, encore plus pour elle, si je me contentais de lui déposer un simple baiser à la commissure de ses lèvres. Parce que pour moi, c'était déjà beaucoup ce simple baiser, déposer mes lèvres sur une simple petite partie de son corps, l'avoir contre moi, ou tout près de moi suffisait à mon bonheur. Bien sûr que j'ai envie de la prendre, de la plaquer contre un mur et de l'embrasser sauvagement et d'aller bien plus loin, un acte qui m'avait manqué. Parce que oui, j'ai eu d'autres relations évidemment après elle, mais aucune n'était aussi forte que celles que j'ai eu avec elle. Il n'y a pas eu de tel amour et de telle passion. Voilà pourquoi je n'ai jamais pu l'oublier et passer à autre chose. Alors l'avoir là, sous mes yeux, je n'avais qu'une seule idée en tête. Mais impossible d'aller plus loin. Je lui murmurais donc un simple :

- Désolé ...

Dans un demi sourire. Parce que ne pas l'embrasser complètement c'est juste insupportable. Fallait que je sois fort, que je ne tombe pas, que je ne succombe pas à la tentation. J'ai tellement peur de ce qu'elle pourrait m'avouer. Mais je doutais de plus en plus que je ne puisse plus l'aimer. Ça n'arrête pas de me travailler depuis tout à l'heure, et je me demande de plus en plus ce qu'elle a bien pu faire pour en être traumatisée à ce point-là. Je me recule légèrement d'elle, pour laisser une distance de sécurité et récupère ma bière pour continuer à la boire. Mais elle répondit à mes inquiétudes, et me fit part qu'elle ne voulait être que dans mes bras. La goutte qui fit déborder le vase, et après un petit moment de silence et yeux dans les yeux, je ne pus retenir

- Tu sais, quoi que tu ais fait par le passé, je suis sûr que je serais toujours fou de toi ... J'arriverais jamais à t'en vouloir. Je t'aime trop.

C'était bien ça le problème aussi. Si seulement j'arrivais à me détacher un temps soit peu de mon amour pour elle, si j'avais d'autres attirances pour une autre ou plusieurs filles, ce serait plus facile, tout cela serait moins compliqué, et je pourrais peut-être avant de savoir ce qu'elle avait bien fait pour s'en vouloir à ce point et croire que je lui en voudrait et que je risque de ne pas être prêt. Je finis alors d'une traite ma bière et ajoutais :

- Mais je t'ai promis que j'attendrais ... Tu veux faire quoi maintenant que j'ai bien mangé ?

A peine eus-je posé cette question que je la regrettais. Parce qu'elle risquait d'avoir les mêmes idées que moi. Puisque d'après tout ce qu'elle venait de me dire, elle était toujours amoureuse de moi, et d'attendre sans pouvoir trop se toucher, allait être très dur à tenir. Peut-être fallait-il qu'on se dise au revoir et qu'on ne se revoit que lorsqu'on sera prêt l'un et l'autre à se remettre ensemble. En attendant, je la fixais, ayant terriblement envie d'elle, et avec mon cœur qui me suppliait pour qu'elle dise qu'on monte tout de suite dans ma chambre, et ma conscience qui priait pour qu'elle décide de partir.

Résister, résister, là était toute la solution. Seulement c'est dur lorsqu'on est amoureux, et qu'on voit l'être aimé sous ses yeux et qu'on a pas le droit de le toucher. Ne pas avoir le droit est bien sûr exagéré, mais je préfère me dire ça, comme ça je résiste plus facilement à mon besoin de la toucher. Aussi, ce qu'elle me répondit quand je lui fis part que je l'aimais et que je ne pourrais pas lui en vouloir, elle se sentit obligé de me répondre quelque chose que je ne pouvais pas laisser dire :

-Ce sera toujours comme ça, l’un comme l’autre on pourrait se faire du mal, mais jamais on ne s’en voudra car on a cet amour que jamais personne ne pourra nous prendre… et j’ai l’impression que c’est toujours moi qui te fais du mal ! J’en ai mare…

- Non. Ne dis pas ça. Tu n'y es absolument pour rien. Je ne t'en veux pas, alors ne t'en veux pas.

Et je le pense vraiment. Je ne veux pas qu'elle s'en veuille pour tout ce qu'il s'est passé. Bien sûr je lui en ai voulu, mais c'est parce que c'était la seule façon pour moi de tourner la page, bien que je n'y arrivais pas. Et je sentais le désir s'accentuer. Il fallait vraiment qu'on fasse quelque chose, quitte à aller se baigner dans l'eau froide ... Mais ça ne ferait que nous rapprocher davantage encore ! J'ai les idées qui divaguent et je n'arrive plus à réfléchir. Autant lui demander ce qu'elle a en tête, mais il semblerait qu'elle pense à la même chose que moi. Elle se rattrape tout de même en s'excusant et en me disant qu'elle ne pensait pas à ça spécialement. Je me mis à rire de sa gêne. Elle est vraiment adorable comme ça. Mais ce n'est en aucun cas de la moquerie. Comment je pourrais après tout (a). Elle me demanda alors si je voulais faire quelque chose. Seulement, elle m'a encore plus embrouillé et je n'ai encore moins d'autres idées que celle qu'elle vient de me proposer.

- Allons dans ma chambre, mais à une seule condition ! Qu'on reste à un mètre de distance de sécurité !

Ouais le genre de truc impossible, même lorsque je ne suis pas dans une chambre avec elle. Je veux lui montrer que je ne veux pas me presser, que je ne veux pas me remettre de suite avec elle, alors que j'ai juste envie de lui sauter dessus. Mais si elle croit que non, alors peut-être que moi aussi je finirais par le croire. Sinon, j'aurais pu lui dire de partir et qu'on reste en contact, sauf que j'y arriverai jamais, je le sais. Je n'ai pas envie de lui dire au revoir, pas tout de suite, j'aurais bien trop peur qu'elle s'en aille de nouveau. Je la regarde alors quelques instants, profitant du beau spectacle (a) puis je reculais vers le salon et me dirigeais ensuite vers l'étage. J'avais la terrible envie de lui prendre de nouveau la main, mais je sais très bien comment cela aurait fini une fois à l'étage. Je préférais donc prendre les devants et vérifier tout de même qu'elle me suive.

- Nous y voilà. On reste pas longtemps hein (a)

Oui parce que je ne vais pas tenir bien longtemps avant de la plaquer sur mon lit. Ca va de moins en moins dans ma pauvre tête. Il faut vraiment que je m’aère ou que je me rafraichisse. Oui que je me rafraichisse. Je la laisse contempler ma pauvre petite chambre qui n'a rien de bien prétentieuse, parce que ce n'est qu'une chambre de mec après tout, puis je me diriger vers la petite salle de bain et je me passe un coup d'eau sur le visage. Ça me détendra au moins un peu, et fera baisser ma température corporelle (a).

Voilà qui fait bien du bien de se rafraîchir les idées ! Non pas seulement pour résister à la tentation, mais surtout par rapport à tout ce qu'il venait de me tomber dessus. Je ne me remettais toujours pas qu'elle soit bien là, sous mes yeux, et qu'elle soit encore amoureuse de moi. C'était vraiment trop bizarre. Tellement que j'en perds mes moyens, et que je ne sais plus du tout comment agir. Je reste alors un moment sur le rebord du petit lavabo et souffle. Il faut que je me reprenne, que je calme un peu mon pauvre cœur et que j'affronte l'amour de ma vie, pour ne pas succomber à l'envie irrésistible de la serrer contre moi et de ne plus jamais la lâcher. Puis elle me sort de mes pensées quand elle me demande :

-Tu partage ta chambre avec un autre Winthrop ? Ou tu es seul ?
- Je suis tout seul. Je préfère. Parce que c'est pas la joie en coloc'. Si Priape était dans la même confrérie, ça arrangerait tout. Mais je ne supporterai personne d'autre, j'en ai eu ma dose au lycée !

Parce que le coup avec Trevor au lycée, c'est bon quoi ! Me supporter encore un type qui n'en vaut pas la peine et qui est aussi con que ses chaussettes, ça va une fois, mais pas deux. Donc si un jour je dois vivre avec quelqu'un, ce sera soit l'amour de ma vie, ma femme, soit mon meilleur pote. Soit ma sœur évidemment. Avec les trois ? Haha non, il y aurait bien trop de tensions, vu la relation qu'entretienne Sateen et Priape, vaut mieux éviter. Même si je sais qu'il ne se passera plus rien entre eux. Je resterais un minimum jaloux, j'en suis sûr.

Bref ! Je m'asperge une dernière fois avant de m'essuyer et de rejoindre enfin Sateen. Elle était assise sur mon lit et franchement, je préférais rester à une distance plus que raisonnable pour éviter tout dérapage. Je m’assois alors sur mon petit bureau qui n'est pas rangé.

- Tu partages ta chambre avec quelqu'un toi ?

Ouais ben faut bien parler pour éviter de perdre sa concentration (a). Mais je vais vite être à court de sujet de conversation, à part si elle en trouve. Je n'ai pas envie de la virer de ma chambre, loin de là, ni même de la quitter, mais si c'est pour se regarder dans le blanc des yeux, sans qu'il n'y ait de révélation importante, ni même de contact qui nous permettrez de revenir ensemble, alors je ne pense pas que rester dans la même pièce soit une bonne solution. Cela risque de faire qu'empirer les choses. Je regarde alors l'heure, et je me rappelle avec presque bonheur que j'ai entraînement dans deux heures. Oui bon c'est dans longtemps, mais je peux un peu lui mentir pour nous sauver tous les deux (a).