entre dans mes pensées, j'ai besoin de ton aide (sluzy)

Ce fut long et éprouvant pour que Sloan ne retrouve un semblant de sérénité. Il s'était rendu au bureau où tous les employés avaient quittés les lieux. Il était resté seul dans son bureau où il avait fumé quelques joints avec sa bipolarité comme seule compagnie. Plongé dans ses pensées, il redressa lentement sa tête et ouvrit les yeux. Le silence régnait en maître dans cette pièce. Le cou douloureux, il passa sa main dans sa nuque et la massa lentement. Il enleva ses pieds du bureau et se décida enfin à se lever. Une fois debout, l'Eliot ferma les yeux, il s'était relevé trop vite, ça tête tournait et tambourinait. Il posa sa main sur son bureau pour trouver un semblant de stabilité et resta ainsi de longues secondes. Sloan rouvrit les yeux et attrapa les clés de sa bagnole. Il dévala les escaliers et ferma l'entreprise en prenant soin de tout verrouiller. Le trajet jusqu'à sa maison fut pénible et laborieux. Il se gara dans l'allée et descendit de la voiture pour regagner son chez lui. A sa grande surprise, Suzy était en bas, elle l'attendait. Il soupira en la voyant. « Peu importe où j'étais .. » répondit-il faiblement. Sloan n'avait pas envie de se justifier, il n'avait pas envie de se reprendre la tête avec sa fiancée pourtant cela semblait presque inévitable. « Bouges toi ! » grogna-t-il entre ses dents en voyant Cody se précipiter vers lui, tout heureux. L'Eliot fit quelques pas pour le contourner et vint s'asseoir dans le fauteuil, non loin de Suzy. Il enleva ses chaussures et posa ses pieds sur la table basse. « J'ai pas envie d'me prendre la tête avec toi ce soir. » annonça-t-il sans la regarder. L'ambiance était tendue entre eux, ça n'était pas arrivé depuis Hawaï.

Toute la nuit je l'ai attendu. Bien sûr, j'ai fini par m'endormir au bout de plusieurs heures, mais quand même... J'ai pas abandonnée. J'aurais pu monter à la chambre en voyant qu'il ne revenait pas, sauf que non. J'suis restée là, jusqu'à ce que je tombe dans les vapes. Je ne me suis réveillée que quand il est finalement rentrée... et d'ailleurs, lorsque je lui demande où il était passé, il m'a répondu un peu à travers sa barbe que ce n'était pas important, où il était. Sauf que pour moi, ce l'est. Le médecin n'a pas été clair, en lui disant que j'étais très stressée ? Je sais pas, je vois des couples se séparer tout le temps ces derniers temps, même des fiançailles se sont cassés à cause d'un malentendu. God, s'il est parti me tromper avec une petite blonde pour se défouler, je pète ma crise. Bon faut que je me calme, c'est pas Ezio, j'suis pas Louison.

Cody se lève et cours en sa direction pour renifler ses chaussures, sauf que Sloan le repousse avec plus ou moins violence. L'homme le contourne et fraie son chemin jusqu'au salon, où il vint s'asseoir. N'étant pas sur le même canapé, il était à une distance raisonnable de moi. Il n'a pas envie de se casser la tête ce soir... Sauf que ce n'est plus le soir. Je regarde l'heure et confirme : 3h08 du matin, c'est pas le soir. Mais lui dire ça comme ça, c'est jouer avec les mots... et bonjour l'ambiance. Elle est déjà vachement tendu en plus... la dernière fois, ça remonte au jour où je lui ai demandé de devenir sa femme. Cette demande nous a en quelque sorte sauvé d'une longue dispute... après que j'ai découché, moi aussi. C'est pas ce soir que ça va nous sauver, par contre. Pour la première fois depuis Hawaii, on dirait qu'on est obligée de faire face à une embrouille. C'est bizarre... parce que Sloan et moi, on s'engueule que très, très rarement. Des malentendus on en a, mais on passe très vite par-dessus sans trop faire de scène. Enfin, j'ai une facilité déconcertante à admettre mes erreurs et m'excuser. Sauf que cette fois... malgré que je sois pas fière de la façon que ça s'est déroulée, je ne suis pas vraiment désolée d'avoir essayé de le secouer un peu concernant sa santé mentale. J'ai pas envie d'me prendre la tête avec toi tout court. Mais... faut bien qu'on en parle un jour, parce que je ne compte pas lâcher l'affaire, bébé. J'avale ma salive et fronce les sourcils. Non-seulement moi j'suis pas bien parce que je m'inquiète pour toi... mais toi ? Toi aussi tu n'es pas bien, n'essaie pas de me faire croire que ça va. Putain regarde-toi, t'as l'arcade et le poing défoncé, puis est-ce qu'on peut parler deux secondes de cette culpabilité qui te ronge avec Rhia au point que tu as du mal à t'ouvrir avec moi ?!

Au moins c'était dit, Sloan ne voulait pas se prendre la tête avec Suzy ce soir, il ne voulait pas s'engueuler et laisser sa bipolarité prendre le dessus sur ses paroles. En aucun cas il ne voulait dire des choses qu'il ne pensait pas, il était hors de question que ses petites crises de colère ne mettent le trouble dans son couple. Il voulait arranger les choses mais ne savait pas vraiment comment s'y prendre. C'était sans compter sur une Suzy qui semblait vouloir discuter et mettre les choses au clair. Excédé, il leva les yeux au ciel lorsqu'elle commença à parler. Il ne l'écoutait que d'une oreille car dans sa tête, il n'était pas prêt à avoir cette discussion. Il avait trop fumé, c'était compliqué pour lui de rester insensible et impassible. Le regard de l'Eiot, qui était posé jusqu'alors sur la table basse, se tourna brusquement vers la brunette. Ses sourcils se froncèrent.  « Pourquoi tu parles de Rhiannon ? Putain c'est pas parce que cette histoire nous a permis de coucher ensemble la première fois qu'elle va régler tous nos problèmes. J'ai pas envie d'en parler ok ? Et encore moins avec toi. Cette fille est morte avec tout son passé donc y'a pas besoin d'en parler. C'est une histoire close pour moi donc fais en autant. » Il croisa ses bras contre son torse et regarda droit devant lui, la mâchoire serrée.  « Lâche moi avec cette histoire de traitement, j'ai pas envie de le prendre, j'ai pas envie d'être stone toute la journée, c'est déjà assez compliqué comme ça.J'veux pas ressembler à un légume sans la moindre réaction. Peut-être que j'suis assez impulsif mais j'ai toujours été comme ça, j'suis comme ça. C'est à prendre ou à laisser Suzy. » trancha-t-il en essayant d'être le plus clair possible. Son putain de traitement, il ne le prendra pas.

Sloan pourra dire ce qu'il veut, je sais qu'il se sent coupable d'être aussi impulsive. Ce n'est pas agréable pour les autres mais ça ne doit pas l'être pour lui... Moi, quand je me sens en colère, je fais tout c'que je peux pour me calmer parce que déteste me sentir comme ça. Juste là, j'ai envie de m'énerver mais j'essaie de relativiser, de me mettre dans ses bottes. Le problème ? C'est que même en me mettant dans ses souliers, je ne comprends pas. Définitivement, parler de Rhia ramène encore plus de problèmes sur la table puisque je prends mal son commentaire à propos de notre première fois. Comment ça, "ça nous a permis" de coucher ensemble la première fois ? Il n'a pas envie d'en parler - encore moins avec moi. C'est pas juste que je sois la dernière personne au monde à qui il a envie d'en parler... j'suis censée être la première avec qui il peut se permettre de tout dire.

Il croise les bras. Est-ce qu'il s'écoute parler ? Putain... Je fronce les sourcils. Est-ce que ça te tenterait, une fois putain, juste une ! De me faire confiance ? T'es au courant de comment tu me parles ? Comme si je ne savais pas c'que j'faisais, en te conseillant les traitements. Entre toi et moi, c'est qui le médecin hein ? À mon tour, je croise les bras. C'est pas parce que t'as vu sur Doctissimo que ça te rendrait "légume" que c'est forcément comment le médicament va réagir pour toi. Puis y'a plusieurs variantes, va pas croire qu'il n'y a qu'un seul traitement offert. Je soupire agressivement et le fixe sans relâche. Tu sais quoi ? Tu me fais pas peur avec tes menaces de merde. Moi j'aimerais bien marier un homme qui prend soin de sa santé, tu vois. Donc c'est plutôt à toi que j'devrais donner l'ultimatum ; c'est à prendre ou à laisser. T'es pas impulsif putain, ta gueule avec tes conneries. T'es malade. T'as une putain de maladie que tu ne veux pas guérir pour aucune raison valable.

Sloan était prêt à parier gros sur l'issu de cette conversation. Elle allait forcément mal tourner, ils allaient s'engueuler et camper sur leurs positions. Il allait refuser catégoriquement tout traitement et Suzy, tenter tant bien que mal de lui faire accepter la prise de médicaments. « C'est pas une histoire de confiance putain Suzy s'il te plait, c'est pas parce que je ne veux pas prendre ton traitement que je ne te fais pas confiance. Ça n'a absolument aucun rapport. T'es pas encore médecin et quand bien même tu l'serais déjà, je ne le prendrais pas. Point. » La conversation tournait en rond, chacun essayant de faire changer d'avis l'autre. Sloan avait déjà mal à la tête de cette histoire. Il posa ses doigts sur son front et le massa délicatement tandis que sa fiancée reprit la parole pour tenter de l’assommer. En entendant doctissimo, il haussa les épaules. Elle le cherchait, elle essayait de le pousser à bout, de le faire sortir de ses gonds. Il avait envie de s'énerver contre elle mais il ne pouvait pas avoir des mots déplacés, des mots qu'il regretterait surement par la suite. Il se devait de rester poli et respectueux mais putain, c'était de plus en plus difficile. Suzy vint dire la phrase de trop. Elle voulait épouser un homme en pleine santé. Ok. Sans chercher à comprendre plus loin il se leva du canapé et, sans un mot, se dirigea vers sa veste d'où il sortit une clope.  « Tu m'fais chier Suzy, c'est clair ? Tu m'casses les couilles mais modèle géant. J'ai pas envie de prendre ton putain de traitement de merde donc arrête de me faire chier parce que ça ne va pas le faire. Tu veux te marier à un homme qui prenne soin de sa santé, bah parfait, trouves-toi un autre homme que moi. Même sous la menace, je ne le prendrais pas et si t'es pas contente, c'est pareil. J'ai déjà fait beaucoup de compromis pour toi Suzy, désolé mais j'ferais pas celui-là. » Après tout, il s'était affiché en public avec une fille pour la première fois de sa vie, il avait emménagé avec elle alors qu'il était contre, il avait adopté un chien contre ses principes etc... Sloan avait multiplié les sacrifices pour elle. Il n'était juste pas prêt à faire celui-là.

Yep, ça tournait en rond. Je ne comprenais pas pourquoi il ne voulait pas comprendre, pourquoi il s'était fait une idée du traitement s'il ne l'a jamais essayé lui-même... En fait, il me fait clairement penser à un gosse qui dit ne pas aimer les légumes verts, juste parce qu'il a entendu son grand-frère dire la même chose. Un vrai gamin là, sa crise me rends dingue ! Et quand il me dit que j'suis pas encore médecin, je ris nerveusement. Ah oui là, j'ai l'air d'une vraie folle mais c'est parce qu'en plus, il m'insulte. J'ai beau ne pas encore être médecin, j'passe plusieurs heures par jours le nez dans des bouquins et à me défoncer les oreilles avec les lectures de mes profs. J'pense que je sais bien au moins un peu de quoi je parle, plus que tous ces pauvres cons sur internet qui t'annonce que bouton sur le gland = cancer. Ne joue pas sur les mots avec moi, tu ne m'amuses pas du tout. Je rumine. Sloan se masse la tête et la dispute semble interminable. Il dit ce qu'il a à dire, je dis ce que j'ai à dire. Là, je lui retourne son ultimatum à la con en lui disant que j'veux marier un homme qui se soucis de sa santé... Mais c'est la phrase de trop dans son cerveau, genre la goutte qui fait déborder son vase, la cerise sur son sunday. Sloan éclate, se lève, va chercher sa veste et ses fameuses clopes. Oulalalala, pas content le petit Bushnell, pas content. Il me balance que j'le fais chier, me demande s'il est clair. "Casse les couilles", "arrête de faire chier", "ça va pas l'faire". Tout de suite, les belles menaces et les gros mots. Sauf que le après, la partie où il me dit de me trouver un autre homme, parce qu'il ne se battrait pas pour moi cette fois-ci... Bah ouch putain. Je n'essayais pas de lui faire un chantage, même si sur la colère je me suis mal exprimé et ça a pu lui laisser croire que c'était le cas... Mais en fait, c'est c'que j'ai dis par erreur et j'apprends qu'en fait il ne ferait pas ce compromis. Je détends mes épaules qui étaient bien tendues pendant ces dernières minutes. Très bien. Je lui crache, froidement. Je me lève aussi tôt, les jambes bien droite. Je marche vers les escaliers qui mène à notre chambre, les pieds lourd. Mais juste avant de monter, je me retourne pour lui dire : Ah et désolée pour t'avoir demandé AUTANT de sacrifices hein. Si j'avais su que ça te ferais autant chier, j'pense pas qu'on en serait là. J'étais blessée et clairement, il fallait que je lui montre. Oui, il est vrai que Sloan a fait beaucoup d'efforts depuis que nous sommes ensemble - mais jamais je n'aurais cru qu'il utiliserait cette carte pour mettre fin à un de nos débats. C'est injuste, parce qu'aimer quelqu'un devrait être naturel... et un privilège pour tous les deux. Là, en fait, j'ai l'impression qu'il me dit que je devrais juste être contente qu'il soit dans ma vie et fermer ma gueule. Dors sur le canapé ce soir. Si j'me lève demain matin et que t'es pas là, j'te jure que ça va barder. Je monte les escaliers presque en courant. En fait, il fallait juste que je le fuis avant de montrer que ça me fait de la peine.

(hj : on peut finir je pense, sauf si t'as une idée de suite )

Sloan était clair dans ses mots, il était las de cette situation. La journée fut longue et il n'avait qu'une seule envie : qu'elle se termine. Imbibé de drogue dans son organisme, ses mots dépassaient ses pensées mais n'arrivait plus à distinguer ce qui était bien ou non. Suzy se leva du canapé et se planta devant lui. Elle était en furie. Cela tombait bien, ils étaient deux. « Rhaa tu m'saoules. » répondit-il, excédé. Les sourcils toujours froncés et les traits tirés, ils étaient bloqués, ce n'était plus ce soir qu'ils allaient régler la situation. Suzy partit se coucher et vint lui dire que s'il n'était pas là le lendemain, elle le prendrait très mal. « C'est ça, bonne nuit ! » trancha-t-il sans même la regarder. Il termina sa clope dans le plus grand des silences. Sloan posa ses yeux sur le canapé, là où il allait dormir ce soir et, à sa grande surprise, il vit Coddy allongé dedans. Les yeux du beau brun se plissèrent. « Dégages de mon lit toi. » grogna-t-il, pas content, mais le chien ne bougea pas d'un millimètre et se contenta de lever sa tête vers son maître. Ils se regardèrent quelques secondes avant que l'Eliot ne s'approche de lui, le regard menaçant. « Bouges j'ai dit. » le menaça-t-il, pas vraiment conscient de parler à un chien. Coddy vint se blottir contre l'oreiller et se mit les quatre pattes en l'air, en espérant avoir des caresses. Ce chien était con ou bien ? Il ne prenait pas en compte les provocations de Sloan qui semblait perplexe face au chien. Finalement, sans trop savoir pourquoi il vint s'asseoir sur le canapé, à ses côtés mais sans le toucher. Après quelques minutes de silence pesant et de vide, il sentait ses paupières se fermer. L'Eliot attrapa difficilement le plaid et vint s'allonger à côté du chien. Il plaça la couette sur eux et s'endormi comme ça, collé à Coddy.