entre dans mes pensées, j'ai besoin de ton aide (sluzy)

Sloan marchait d'un pas rapide, il voulait juste fuir les gens, s'isoler un petit peu pour réfléchir à ce qu'il s'était passé. Il avait dépassé les bornes mais putain que cela lui faisait du bien. Il s'était libéré d'un énorme poids mais cela n'était pas suffisant. Sa bipolarité, qui s'était légèrement calmée, avait refait surface et ne semblait pas vouloir le lâcher. Il alternait tous les sentiments possibles et inimaginables en un temps record. Il passait de la honte, de la rage au soulagement en une fraction de seconde. A l'intérieur de lui, régnait le chaos le plus complet. Le jeune Bushnell était extrêmement possessif et jaloux. Personne n'avait le droit de regarder sa fiancée, elle était à lui et à personne d'autre. Elle était sa propriété privée, il comptait bien marquer son nom dessus. Ah bah d'ailleurs, il l'avait son nom sur elle. Ces deux inconscients s'étaient tatoués le prénom de l'autre sur la fesse. « Mais j'te fuis pas, arrête tes conneries. J'ai besoin d'me retrouver un peu seul, putain c'est pas nouveau, laisses moi me calmer, il ne va rien m'arriver c'est bon. » grogna-t-il entre ses dents. Sloan faisait un bon dans le passé, se croyant dans son ancienne maison où il expliquait à sa mère qu'il avait besoin d'espace. En sentant Suzy à bout de souffle, il vint ralentir le pas et se retourna, gardant une distance raisonnable avec elle. « Oui j'te l'avais dit. Ca m'rend fou que quelqu'un puisse t'approcher et te draguer comme ça. J'ai bien compris que tu l'as repoussé mais c'est pour le principe .. » Il ne voulait juste pas la perdre, ça serait au dessus de ses forces, au dessus de ce qu'il pourrait supporter.

Sloan me repousse, en me demandant de le laisser un peu seul. C'est pourtant si contradictoire... parce qu'il s'est énervé à la base car un garçon m'avait envoyé des sms douteux. Pourquoi est-ce qu'il voudrait rester loin de moi, maintenant ? C'est bien ce que j'essayais de comprendre, mais il ne semblait pas vouloir que je perce son secret. Lorsque je m'arrête, il ralenti le pas aussi et se tourne finalement. Son discours n'explique pas grand chose finalement, puisqu'il me dit ce que je savais déjà. Pour le principe... ? Mais quel principe ? Ce mec savait dans quoi il s'embarquait en m'envoyant ces sms, rien que par mes réponses. C'est pas en lui collant ton poing sur sa gueule qu'il comprendrait que je suis prise... plus la bague a déjà bien vendu la mèche aussi. Je me pince les lèvres. Bébé... j'suis pas fâchée, c'est juste que ça m'inquiète quand tu fais des choses comme ça, alors qu'on est censé faire profil bas en ce moment. On est pas censé s'faire arrêter par les flics parce qu'on a été violent, tu vois ? Et si ça joue sur ton dossier, hein ? Et si à cause de ça j'te perd ? Je me pince les lèvres, réalisant encore plus la gravité de ses décisions. Soudainement, mes yeux se remplissent de larmes.
Je fais comment avec un fiancé en taule ? Je pompe mon air,
j'ai l'impression que mes poumons ne sont jamais complètement rassasié d'une seule inspiration. J'ai encore plus mal au cœur, je tremble, je pleure, j'ai l'impression que plus ça va, plus c'est pire. J'ai tellement de mal à respirer que j'ai l'impression que j'vais mourir. J'ai même carrément peur de mourir. Je m'appuie sur mes genoux en essayant de trouver un point de repère, mais la crise de panique m'emporte.

Sloan n'écoutait qu'à moitié les propos de Suzy. Il était encore en rage alors parler maintenant ne rimait à rien du tout. Il n'avait pas forcément envie d'entendre dire qu'il avait mal agit, qu'il devrait aller s'excuser ou autre. Bloqué dans la colère qu'il ressentait, il faisait déjà un effort pour s'arrêter de marcher, pour lui faire face. L'Eliot gardait une distance raisonnable avec sa fiancée, il ne voulait pas l'approcher de trop près, il ne voulait pas non plus faire ou dire des choses qu'il regretterait par la suite. « Mais arrête Suzy, la bague ne dissuade rien du tout. J'pouvais pas laisser passer ça, le mec il a cru qu'il pouvait t'approcher, penser à toi. Nan, c'est mort, il a voulu jouer au malin, je l'ai remis à sa place. Point. Il n'y a pas à discuter. J'sais bien que c'est pas malin de ma part, que j'suis surveillé, ça va j'commence à piger. J'vais pas finir en taule. Il a pas porté plainte, moi non plus t'façon il est mis à pied aussi ce bouffon donc si je plonge, il plonge aussi. » répondit-il, aveuglé par la haine qu'il ressentait. « C'est pas qu'une question de jalousie, cette situation me rend complètement dingue, fallait que j'extériorise tout ça, fallait que ça sorte. J'suis pas comme toi, j'ai pas besoin d'en parler ou de fumer un joint pour ne plus y penser, fallait que j'me défoule ... Et tu sais ce qui est le pire dans tout ça ? C'est que ça ne m'a même pas soulagé. J'me sens pas mieux, au contraire, j'ai encore plus envie d'être violent. » Bien joué Sloan.

Pourtant je ne tentais pas de lui demander de faire des excuses ou quoi que ce soit. Secrètement, j'ai toujours aimée mon fiancé en mode jaloux, je trouve ça trop adorable qu'on puisse autant vouloir me garder pour soi. Toute ma vie en fait, j'ai rêvé qu'un homme m'aime à ce point, Sloan est cet homme. Sauf que je suis encore assez saine d'esprit pour savoir au fond, que ce n'était pas une bonne façon d'agir... surtout pas en ce moment, avec les caméras cachés partout derrière nos yeux. Un montage truqué et boum, il peut vite passer pour un salaud et je ne veux pas le perdre, moi non-plus.

J'essaie de rattraper mon souffle, mais à la place, je sens ma conscience s'éloigner de plus en plus. J'entre dans une drôle de phase où en fait, j'ai l'impression de quitter mon corps et de voir la scène d'une position extérieur. Je ne suis plus là, je ne l'écoute plus alors que Dieu sait que Sloan peut parler beaucoup quand il est en colère parfois. Alors que je crois que je viens à bout de souffle, que je vais m'évanouir, je me met à genou au sol et plaque mes mains contre la neige.

Sloan déblatérait un flot important de parole, c'était assez impressionnant. Il pestait contre le monde entier pour ne pas admettre l'évidence. Il niait avoir besoin d'aide pour se calmer et même sa fiancée qui semblait se tordre de douleur ne semblait pas l'alarmer et le faire revenir sur terre. Il aurait voulu se précipiter vers elle pour la rassurer et la soulager mais son corps refusait de bouger. Il était planté là, debout, incapable de lui venir en aide. « Qu'est ce que t'as ? » lui demanda-t-il sans la moindre émotion dans ses mots. Il fronça les sourcils en la voyant s'agenouiller. Il serra fortement sa mâchoire avant de sortir son portable et d'appeler les secours. Il composa nerveusement le numéro et apporta le téléphone à son oreille pour prévenir les pompiers de leur localisation et de l'urgence de la situation. Une fois les secours prévenus, il rangea le portable dans la poche de sa veste et plissa les yeux en la regardant, du haut de son mètre quatre vingt cinq. « Les secours arrivent ... » dit-il faiblement, passant sa main dans ses cheveux. Il fit un pas vers elle, se rapprochant que très légèrement. Sloan vint s'accroupir devant elle, en prenant soin de garder ses distances. « Bébé, ça va ? » se risqua-t-il à demander. Au loin résonnaient déjà les sirènes des pompiers.

Il pouvait raconter n'importe quoi, que le ciel est jaune et que la terre est plate, je n'écoutais pas. Sloan était parti dans son délire et j'étais bien loin derrière, dans ma petite bulle. Je peine à respirer et j'ai l'impression que je m'apprête à tomber dans les pommes, sauf que ce n'est jamais le cas... Alors je me penche, me met à genou et plaque mes mains au sol en espérant que comme ça, la terre arrête de tourner trop vite. Sloan me demande ce que j'ai et j'aimerais bien lui répondre, sauf que mes mots ne veulent pas sortir. Je le regarde prendre son téléphone calmement, composer un numéro dans le plus grand des calmes et parler avec l'agente à l'autre bout du fil. Lorsqu'il raccroche, Sloan s'approche de moi et s'accroupi juste à côté... Il me dit que les secours arrivent, me demande comment ça va. Je relève les yeux pour lui faire face, mais je n'arrive pas à le voir très bien à travers toute ces larmes. Aucune réponse, j'attend les secouristes, sans vraiment réussir à me calmer. Lorsque la voiture de police se gare tout près de nous, l'un des policiers se présente en demandant à Sloan ce qui s'est passé. Ensuite arrive l'ambulance et les pompiers... Eh merde. J'aurais tellement voulu me calmer pour leur dire que ça va, que c'n'est qu'une de mes crises habituelles, mais je n'y arrivais pas. Au contraire, tout ce brouhaha pour moi me faisait paniquer encore plus !

Les secours arrivaient, ils pouvaient entendre les sirènes des camions au loin. Sloan qui, en temps normal, détestait les forces de l'ordre, là il était bien content de les voir débarquer pour s'occuper de Suzy à sa place. Aveuglé par la colère qui ne voulait pas se calmer, il n'arrivait même pas à être présent pour sa fiancée qui semblait souffrir. Il releva la tête avant de se relever en voyant le policier s'approcher de lui. « On discutait et elle s'est mise à avoir mal au coeur j'pense, elle a fléchie et est tombée. » dit-il d'un sang froid implacable. D'apparences du moins. Rapidement les pompiers firent leur apparition et embarquèrent la brunette pour l'emmener directement à l'hôpital.

Le trajet fut assez rapide, Sloan avait embarqué dans l'ambulance et était resté à côté de de Suzy pendant tout le voyage. La voir avec le masque à oxygène l'avait calmé. Une fois arrivés à l'hôpital, il suivit le brancard et attendit dans le couloir qu'ils aient terminés avec elle. Une infirmière avait réussi à rassurer l'Eliot sur l'état de santé de sa fiancée. Il attendit un bon quart d'heure avant que le médecin n'ouvre la porte de sa chambre. « Monsieur Bushnell ? » Il se leva brusquement de sa chaise. « Oui ! » dit-il tout en s'avançant vers lui. Il entra dans la chambre en sa compagnie, pour y retrouver sa chérie et s'assurer qu'elle aille bien.

L'ambulance m'emmène enfin à l'hôpital, même si je me sens idiote de causer autant de problèmes rien que pour une crise d'angoisse, je me sens rassurée par le masque à oxygène sur mon nez. Très vite, nous sommes arrivés aux urgences et un médecin m'a pris à la charge dès que possible. Je me suis assise à son bureau avec lui et les premières questions ont été posées : Est-ce que j'ai un médecin de famille ? Est-ce que c'est la première fois que ça m'arrive ? Est-ce que je prend des médicaments ? Le classique, quoi. Puis les questions un peu plus personnelle sont arrivées, il m'a demandé ce qui s'est passé... à quoi je pensais avant de perdre le contrôle. J'lui explique brièvement ma situation... du moins, notre situation. Celle avec le maître chanteur qui nous harcèle, mais je reste très, très évasive parce que de toute façon, personne ne nous croit jamais. Finalement, sans même réfléchir...
... Puis je suis allée chercher mon fiancé au commissariat, il était encore très très en colère... et je ne savais pas quoi lui dire. Je ne sais jamais quoi lui dire, dans ces moments-là. Tu veux dire, quand vous vous disputez ? J'hoche la tête et ouvre la bouche, mais ne trouve pas tout de suite les mots. Je baisse les yeux pour fixer mes doigts qui pianotent mes cuisses nerveusement. Oui... enfin... quand il fait des crises... Il en fait souvent, des crises ? Cette fois, j'hoche négativement la tête. Non. Mais il est bipolaire, alors quand il en fait, ça peut devenir... incontrôlable. Juste le dire à voix haute me fait culpabiliser de fou. Mes yeux s'humidifient encore une fois et je me mords l'intérieur de la lèvre. Le médecin garde son silence encore un moment, avant de me dire que le mieux, ce serait vraiment d'éliminer le plus possible toute source de stress. Il m'a ensuite demandé si mon fiancé était sous médication et je n'ai pas pu répondre autrement qu'en hochant la tête négativement, encore. Le vieil homme hoche la tête en replaçant ses lunettes sur son nez et me demande ma permission pour lui donner le conseil et sans avoir le cœur de refuser l'occasion qu'une autre personne le lui dise, j'hoche la tête tout simplement. C'est là qu'Sloan a été appelé au bureau et revoir sa tête maintenant me serrait un peu le cœur.

Sloan entra dans le bureau du médecin et afficha un mince sourire en voyant Suzy assise sur la chaise. Elle avait reprit des couleurs, c'était déjà ça. Entre temps, il s'était calmé et les tensions qui hantaient son esprit, semblaient s'être apaisées. Le médecin lui fit signe de s'asseoir sur la chaise en face de lui, ce qu'il fit sans broncher. Il posa sa main sur la cuisse de la brunette, cherchant son regard mais celle-ci ne semblait pas vouloir le regarder. Ses sourcils se froncèrent lorsque le médecin prit la parole. « Mademoiselle Underwood est sujette à un très grand stress ces derniers temps, ne vous inquiétez pas, elle va bien. » Le voilà rassuré. Mais ? Parce qu'avec ce genre de discours, il y avait forcément un mais. « Mais l'accumulation du stress n'est pas bon pour elle .. Nous avons évoqués ensemble vos excès de colère qui peut être source d'angoisse pour elle. » Sloan tourna rapidement son visage vers Suzy qu'il fusilla du regard. « Vous savez, la bipolarité est une maladie qu'il faut traiter si vous ... » Le médecin n'eut pas le temps de finir sa phrase que Sloan se leva brusquement, faisant renverser violemment sa chaise en arrière. « J'ai aucun problème, je n'ai pas besoin de vos traitements. » trancha-t-il d'un ton sec. L'Eliot se braquait directement, sans même chercher à comprendre plus loin. Ce médecin voulait l'aider mais en aucun cas Sloan ne voulait de l'aide. « Monsieur Bushnell asseyez-vous, il est important de ... » Le jeune homme le pointa du doigt, prêt à exploser. « J'ai pas besoin de votre aide, allez tous vous faire foutre. » grogna-t-il furieux avant d'ouvrir la porte et sortir. Il laissa la porte se claquer brusquement et quitta l'hôpital le plus vite possible.

Si je m'étais calmée, je savais que ça ne sera plus trop long avant que le stress ne revienne. C'est un sujet très, très sensible avec Sloan et le fait que j'l'ai mentionné au médecin... il ne va pas aimer du tout. Mon fiancé entre dans la pièce et je reste très très tranquille pendant l'échange entre les deux hommes. Comme je m'y attendais, Sloan réagit mal. D'ailleurs, si son regard pouvait envoyer des rayons lasers, je serais probablement aussi cuite qu'un petit poulet en ce moment ! Je n'ai pas besoin de le regarder pour le savoir... de toute façon, je ne peux pas le regarder, j'ai honte. Lorsqu'il se lève brusquement pour partir, je fini par relever les yeux vers le médecin. J'suis... désolée. Je me lève, mes jambes tremblent. Les derniers mots de Sloan repassent dans ma tête : "allez tous vous faire foutre". Ça m'inclue. Une longue nuit m'attend et probablement une énorme dispute aussi. Merci pour votre aide, docteur. J'avale ma salive et quitte le bureau pour entamer les premiers pas vers la sortie. Ma voiture n'était plus là, Sloan l'avait surement prise pour rentrer à la maison... ou alors elle est restée au commissariat. Étant sortie trop tard, je ne voyais mon homme nulle part dans les parages, alors au bout d'une heure, en voyant qu'il ne revenait pas pour moi, j'ai appelée un taxi.

C'est tranquille. La voiture de Sloan n'est pas dans la cours, il n'y a personne à la maison pour m'accueillir, sauf évidemment Cody qui est 100x plus joyeux que moi en ce moment. Je me pose sur le canapé et ouvre mon téléphone portable pour voir si je n'avais pas de nouveaux messages. Plusieurs heures sont passées, Sloan n'était toujours pas rentré. La fatigue a prit possession de moi et j'ai fini par m'endormir, en petite boule sur le canapé. Environ vers trois heures du matin, le bruit de la porte d'entrée qui se referme, me réveille. Je me redresse, les yeux un peu collé et ose jeter un regard vers mon fiancé. Où étais-tu ? Je me lève,
en reprenant un peu vie. J'étais morte d'inquiétude et en colère qu'il soit parti aussi brusquement et aussi longtemps sans même me prévenir.