all we have is now (camison)

Louison terminait son dessert en face de Camille, dans un silence qui ne lui ressemblait guère. Le dîner s'était essentiellement tourné par le partage d'anciens souvenirs, du maître chanteur qui sévissait à Harvard, mais peu de ce qui s'était produit il y a deux jours. Depuis que les deux amis s’étaient envoyés en l’air, Mila lui était tombée dessus, sans pour autant lui en vouloir. Elle se sentait tout de même coupable, peut être qu’elle avait ôté au français une belle histoire avec la brune. Et puis… il y avait eu Ezio qui était revenu d’entre les cuisses de filles aux moeurs légères. La française était paumée, devant sa glace à la vanille « Tu aurais toujours eu de la place pour me manger à la place de ton tiramisu là ? » plaisanta-t-elle en faisant référence à leur conversation du matin. Louison avait trouvé son ami particulièrement étrange au cours de leur échange, elle se faisait probablement des idées, comme toujours. « Quand je pense que je vais devoir me taper la honte en boite toute à l’heure… Dis moi que tu as pris des cours de danse depuis… »

En fait, je m'attendais à une soirée cool, qu'on rigole bien mais nous avons surtout partagés nos souvenirs d'enfance, qu'on se retrouve jusqu'au dessert. Le silence est de mise, je ne sais pas trop quoi dire et surtout, je ne lui ai toujours pas parlé de Mila. Elle m'a envoyé ce message, ces méchantes choses qui ne m'atteignent pas vraiment mais surtout : elle me dit être enceinte. De moi. Est-ce vrai ou une blague ? Je ne sais pas vraiment, ça me perturbe et je ne peux pas le nier. Surtout moi qui ai toujours fait attention à me protéger. J'ai toujours de la place si c'pour te manger toi. Que je réponds tout en riant. Juste la valse et le jazz mais t'inquiète, je peux te faire Dirty Dancing aussi. Que je rétorque, parce que la danse c'est pas Je finis la dernière cuillère de mon dessert avant de regarder ma meilleure amie. Tu crois que nous deux.... Enfin, Mila m'a parlé. Elle est au courant. Au moins, c'est dit.

Louison passait une soirée agréable, la première depuis de longues semaines. Elle respirait enfin, elle se le permettait, malgré les circonstances désastreuses. La blonde laissait son meilleur ami prendre de plus en plus de place dans sa vie et c’était déstabilisant. Ils avaient normalement pour habitude de se charrier, mais ce soir, c’était différent. « N’importe quoi » répondit-elle en rougissant. Elle l’avait ensuite charrié sur ses compétences de danseur, sans s’attendre à ce qu’il enchaîne sur… Mila. Oui, Mila avait vraisemblablement tout appris pour Camille et Louison, et ce, par la bouche d’Ezio. La française ne savait plus quoi en penser. Elle était dépassée et elle ne se préoccupait plus de rien. Elle n’avait plus de comptes à rendre à quiconque maintenant non ? « J’sais qu’elle est au courant… Bizarrement, je crois qu’elle est moins furieuse contre moi que contre toi. J’comprend pas pourquoi. » répliqua-elle avant d’avaler un grand verre d’eau. « Hmm… Tu t’en veux Camille ? Je ne regrette pas moi… Tu veux qu’on en parle aussi ? J’ai l’impression que ça te perturbe… Dis moi tout ce qui te passe par la tête... T'as rien à craindre avec moi... »  

J'ai juste pas envie de perdre Louison, juste envie qu'on soit ensemble tout le temps, pour toujours. Même si maintenant, c'est bizarre, maintenant ce ne sera plus du tout comme avant. Pas après ce qu'il s'est passé entre nous, on en vient à parler de Mila. Je lui dis qu'elle est au courant pour elle et moi, qu'on a couché ensemble. Parce qu'elle m'aime, j'crois ? 'Fin, elle est bizarre quand même... Au fond, je l'ai prévenu, est-ce ma faute donc ?  Je ne suis pas un homme bien, je crois ne l'avoir jamais été réellement depuis que je côtoie les femmes. Je bois mon verre alors que la française me parle de nous deux, qu'est ce qu'il y a à dire ? Je regrette pas, c'était génial, je le referai si c'était à refaire. J'ai encore envie de toi à l'heure d'aujourd'hui.. Je la regarde, plongeant mon regard dans le sien. C'est juste que toi et moi, c'est bizarre maintenant, tu trouve pas ?

C’était plutôt logique que Mila en veuille plus à l’homme qu’elle aimait plutôt qu’à la blondinette. Mais tout de même. Louison ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas lui arracher les cheveux à elle. Elle était aussi fautive que Camille. Peut être qu’elle préparait sa vengeance et qu’elle ne voulait rien laisser paraître sur ses réelles intentions ? « Apparemment elle t’aime oui… En fait… J’crois que Mila s’accroche vite, très vite. » répondit-elle en tordant sa bouche. La française qui se sentait étrangement jalouse de la Scorsese avait aussitôt remis sur le tapis le moment partagé la veille avec l’étudiant. Elle avait besoin d’en parler, elle ne voulait pas qu’une gêne s’installe entre eux. Ils étaient trop au dessus pour se prendre la tête. Louison ouvrit grands ses yeux face à la réponse de son meilleur ami. Son coeur s’accéléra et galopa très fort dans sa poitrine en se sentant encore désirée. Gênée, elle détourna brièvement le regard avant de replonger ses prunelles dans celles du français. Il la questionna et elle secoua énergiquement sa tête, se faisant fouetter par ses longues ondulations blondes « Je ne trouve pas ça … bizarre. Je trouve ça encore mieux. On était déjà de bons amis, maintenant, on peut aussi s’éclater au pieu, ou sur un bureau… » ria-t-elle de bon coeur en attrapant le poignet du jeune homme sur la table. Elle effleura la peau de son pouce en remuant ses sourcils « En plus de ça, t’es suspecté dans une affaire de merde, ça m’excite encore plus les voyous moi…  » plaisanta-t-elle en mordillant sa lèvre « On se bouge ? Il est l’heure d’aller bouger nos culs sur le dancefloor là ! » Louison recula d’un coup sa chaise et se leva en une fraction de seconde. Elle contourna la table et s’approcha de Camille pour lui dérober un baiser sur sa joue « Je t’attends dehors, je vais fumer une clope... Je paierais la prochaine fois hein !  » La Mather lui tira aussitôt la langue et disparut sur le trottoir du restaurant pour griller sa cigarette.

Je ne doute pas que Mila m'aime, je n'arrive toujours pas à comprendre le comment du pourquoi. Parce que j'ai été un vrai salaud avec elle, j'ai profité d'elle, j'ai couché avec elle pour enrager son cousin et pourtant, elle est tombée amoureuse de moi. Mouais, trop vite même. Parce que moi, à part lui dire que je l'apprécie bien, je ne peux pas aller plus loin. Je l'ai prévenue que je lui ferai du mal, je lui ai dit que je n'étais pas un mec pour elle, elle n'a pas voulu me croire. Avec Louison, on en vient à parler de nous deux, de ce qu'il en est par rapport à ce qu'il s'est passé la vieille. Et la française, elle m'explique qu'elle ne trouve pas ça bizarre mais plutôt merveilleux, qu'on peut être amis tout en couchant ensemble. Ouais, je connais ce genre de relation, j'en ai déjà eu mais avec elle, c'est différent. Je n'ai pas envie de la comparer à d'autres. Pas du tout même. Je... Pas le temps de finir ma phrase que la blonde s'est déjà levée pour déposer un baiser sur ma joue et s'en aller fumer sa cigarette. Je soupier déposant quelques billets de banque sur la table pour payer l'addition avant de la rejoindre dehors, clope au bec également. C'est juste ce que tu veux, Louison ? Qu'on reste amis et qu'on baise ? Non pas que ça me dérange, j'ai juste peur que ça détériore nos sentiments, la relation qu'on partage. Billie serait là, elle nous aurait littéralement tué.

Louison était survoltée. Elle ne pouvait pas se douter que son rapprochement charnel avec Camille ait pu réveiller des doutes chez lui. Elle voulait enchaîner les soirées, s’amuser et ne surtout plus réfléchir à ces derniers mois. Pourtant, elle ne pouvait pas l’oublier. Elle avait été trompé. Elle était aussi célibataire et elle ne croyait plus à ce que quelqu’un puisse un jour la récupérer et l’aimer. Louison était foutue, avec un gosse dans le bide qui devait baigner dans l’alcool et respirer de la clope. C’était pitoyable. Malgré la bonne humeur qu’elle offrait à son ami, elle était intérieurement en morceaux. S’extirpant hors du restaurant, elle alluma sa seconde cigarette de la journée et disparue dans un nuage de fumée. Peu de temps après, le français l’avait rejoint, l’imitant à son tour dans sa dépendance. Le regard rivé sur le bâtiment d’en face, Louison fût interrompue dans ses songes. Elle ne rêvait pas, Camille venait de revenir à l’attaque sur leur nouvelle relation. Elle tourna alors d’un demi tour et fixa l’étudiant avec détresse. « J’en sais rien Camille… » lâcha-t-elle en sentant une certaine émotion qui montait « Tu préfères qu’on évite de recommencer ? Qu’on se cantonne à notre amitié ? Je ferais tout ce que tu veux… C’est moi ou… ou tu te préoccupes vraiment de ce qui peut nous arriver ? » Louison ne l’avait jamais vraiment vu aussi tourmenté depuis sa séparation avec Ivy. Avec Ivy, cela avait été quand même bien pire. Cette fille l’avait changé à tout jamais, elle avait même volé le fantasme de Louison à l’époque. La Mather termina par esquisser un sourire gêné et s’approcha de lui, enroulant ses bras à sa nuque, la clope loin de sa peau pour ne pas le brûler. Elle plongea ses yeux à la couleur indéfinissable dans ceux du jeune homme et tenta de sonder son âme « Je te trouve très différent Camille… Je n’arrive plus à savoir ce que tu penses. Tu me ferais presque peur. » confia-t-elle en fronçant ses sourcils. Louison avait dorénavant l'impression de le mettre mal à l'aise et ça, c'était plus que déstabilisant.

Louison doit être l'une de ses rares personne que je ne prends pas à la légère, que je n'ai clairement pas envie de perdre. Beaucoup trop important pour moi à l'image d'Alexys, Eliana. Des véritables amies qui me connaissent réellement. Je sors du restaurant, m'allumant à mon tour une cigarette dont je tire une première latte qui me fait énormément du bien. Celle d'après manger est bien égale à celle d'après le sexe, elle fait terriblement du bien. Je suis dehors avec la blonde, lui demandant alors ce qu'elle veut réellement au juste. Que si elle veut juste être une amie et baiser, ça ne me dérange pas. Je ne sais pas, je n'arrive pas vraiment à être convaincant pour le coup. J'ai juste pas envie de te perdre ou te faire du mal, c'est tout... Et non, j'ai encore envie de toi. Tout le temps, toutes les secondes depuis hier. Putain, je me dévoile, c'est bien la première fois. Normalement, je dis rien, je ferme ma bouche mais là non, avec elle, je lui dis ce que j'ai sur le cœur. Bien sur, je repense à Ivy. On est jamais sortis ensemble pourtant j'en étais fou amoureux avant qu'elle ne me brise le cœur, sans le vouloir sûrement. Cette promesse que je me suis faite après, je n'ai juste pas envie que Louison en palisse. Elle s'approche, me prends dans ses bras alors que je tiens ma cigarette à la main pour ne pas la brûler, ma main libre entoure sa taille et nous nous regardons longuement dans les yeux. C'est parce que je te vois différemment maintenant, que tu prends peut-être un peu trop de place... Et je regrette pas, c'est juste que... je vais te blesser, je veux pas. Putain, qu'elle me regarde comme ça encore et encore, j'ai juste envie de craquer à nouveau, de l'embrasser, mais pour le moment, je me retiens, plongeant juste mon regard dans le sien.

Pourquoi ressentait-elle un pincement dans le coeur quand il lui disait qu’il n’avait pas envie de lui faire du mal ? Pourquoi lui ferait-il du mal ? Louison esquissa néamoins un sourire dans la pénombre quand il lui avoua son désir toujours présent pour elle. C’était réciproque, avait-elle besoin de lui dire ? Il allait exultait après. Elle frotta son nez congelé d’un revers de main et s’approcha de lui. Son coeur s’était mis à accélérer dans sa petite cage thoracique. Dans un silence absolu, sur ce bout de trottoir désert, Louison se perdit dans les prunelles lagons de son meilleur ami. Il était beau, sacrément beau et indomptable. Comme elle. Elle se confia à lui sans crainte et recueillie aussitôt des mots qui la firent tout à coup paniquer. Cela faisait à peine trois jours qu’elle s’était séparée d’Ezio. Elle ignorait si l’histoire avec l’italien avait eu une véritable fin et là, elle percevait la naissance de quelque chose qui sommeillait en eux depuis de longues années. Si son ex-fiancé voulait encore d’elle, il se serait déjà manifesté non ? Il aurait pleuré à sa porte, il aurait tenté de l’appeler 24h/24 ou il lui aurait écrit une lettre non ? Elle n’en savait rien, mais il aurait au moins montré qu’il l’aimait encore. Mais là, elle n’avait rien, que du silence. Elle en concluait donc qu’il était passé à autre chose et qu’il était peut être temps d’en faire de même. Louison ne voulait plus se précipiter à l’avenir, elle voulait prendre son temps. L’impulsivité lui avait vraisemblablement joué des tours, c’était fini. « Pourquoi tu me blesserais ? J’ai des supers pouvoirs, je peux transformer tous les méchants loups en princes charmants tu sais… Pis, je sais à présent les erreurs à ne plus reproduire… » avoua-t-elle en se rendant compte après coup des sous-entendus douteux qu’elle venait de faire. « Qu’est-ce qu’on dit là ? N’importe quoi. » tenta-t-elle de se rattraper en zieutant intensément la bouche du français. Louison abandonna la nuque de son ami et tira une latte de sa clope. Elle se sentit tout à coup observé par Camille et tourna brusquement sa tête vers lui. Arg, elle détestait quand il prenait cette moue de chien battu. « Tssss okay » elle jeta alors sa clope sur le bitume et l’écrabouilla rapido avant de revenir à lui pour embrasser furtivement sa bouche. Et merde, elle avait déjà oublié sa résolution de calmer son impulsivité. « Maintenant tu vas m’amener danser toute la nuit pour me faire oublier que je suis encore enceinte et de plus en plus dégueulasse » Elle sortit les clés de sa bagnole et les lança au français « Allez, c’toi qui conduit, j’te l’ai dit, j’sais pas trop me garer et là-bas c’est juste l’enfer »

C'est ce dont j'ai peur. De m'attacher plus à ma meilleure amie, de lui faire du mal, de ne pas pouvoir retourner en arrière. Elle a déjà bien trop souffert avec Ezio, je n'ai pas envie d'être celui qui va l'achever. J'ai beaucoup trop peur de ce que je peux lui faire, beaucoup trop peur de ne pas être à la hauteur simplement. Je tente avec mes mots de lui faire comprendre que je n'ai pas envie de la blesser, juste de la voir heureuse, qu'elle sourit tout le temps. Hein... ? Pas le temps de continuer à parler que l'hyperactive de Louison tente de changer de sujet. Mouais, de toute façon, je me suis un peu trop dévoilé et je n'ai clairement pas envie de continuer sur cette voie là pour l'instant. Ce n'est pas le moment. Elle se détache de moi, je la regarde intensivement avant qu'elle ne se retourne pour déposer ses lèvres sur les miennes pour un très bref baiser. Mieux que rien, non ? Je jette ma clope alors qu'elle est partie pour danser. T'es jolie ma petite cochonne. Rien que ce mot me fait penser à la vieille, la Louison que je n'avais jamais pu voir auparavant. Je prends les cléfs et monte dans la voiture de la Chamberlain. J'ai hâte de me frotter à tes grosses fesses ! Allez, let's go alors que je commence déjà à rouler jusqu'au Royale !