rattraper enfin le temps perdu (louison)

Aujourd'hui, nous sommes en 2018. L'année est passée si vite, certes, elle s'est très mal terminée pour ma part, mais j'espère commencer cette nouvelle année sur les chapeaux de roues. En attendant, c'est des messages que j'échange avec Louison qui me ramène à la réalité de la vie. Euh OK. Je ne comprend pas tout ce qu'il se passe, mais de ce que je vois, elle n'est pas forcément très bien. Décidé à m'améliorer niveau humain en cette année deux mille dix huit, résolution bonjour, je sors de mon état léthargique pour prendre une douche expresse et m'habiller pour aller la voir à son travail. Habillé assez chaudement, j'arrive au cabinet où travaille la française et je me dirige à son bureau directement. J'y suis rentré facilement, vu l'heure tardive qu'il est, il n'y a plus grand monde maintenant... En arrivant, je vois directement la tête de la blonde. Genre, t'es triste là ? Que je lui dis, en lui donnant mon plus beau sourire. Bon, faut vraiment que je m'améliore pour le coup...

La vie de la française s'était à tout jamais fracassée dans la nuit du premier janvier. Elle n'était plus que l'ombre d'elle même. Pour lutter contre ses pulsions autodestructrices, elle avait ainsi décidé de reprendre le boulot plus tôt que prévu. Cela faisait quelques jours à peine qu'elle avait appris l'ultime trahison, son "mari" l'avait trompé et elle se doutait bien de la personne qui avait réussi à l'avoir. En parcourant les innombrables photos de la soirée, elle avait repéré son ex avec la traînée d'Adria. La blonde avait réussi son coup, Louison lui tirait son chapeau et lui souhaitait à présent bon courage. Coincée dans son tailleur, la Mather commençait à faiblir derrière son bureau, sous une montagne de dossiers à traiter. Heureusement, en début de soirée, son meilleur ami avait de nouveau pointé le bout de son nez. Camille n'avait pas disparu, il était toujours là. Tapotant sur son clavier d'ordinateur avec une fatigue palpable, elle entendit justement la voix du français l'interpeller. Elle releva ses prunelles et fronça les sourcils " Triste ? Non, en colère. Et épuisée. Je croyais que tu m'aurais ramené à bouffer, je crève la dalle. Je vais pas m'arrêter de bouffer tu sais. Il m'aura pas comme ça. " lui répondit-elle en jetant ses lunettes devant elle. Elle posa ensuite son dos sur le dossier du siège, se laissant reculer grâce aux roulettes du fauteuil. " Je rêve où tu te soucies de moi ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? T'es le jumeau de Camille c'est ça ? " lui lança-t-elle en lui faisant signe de se rapprocher. Louison souriait, mais uniquement pour masquer son effondrement intérieur.

Je la vois en train de tapoter sur le clavier de l'ordinateur, elle est triste, en colère, fatiguée, peu importe. Elle n'est juste pas bien, alors je me sens mal d'avoir pris mes distances depuis le réveillon de Noël, d'avoir limite disparu de la surface. Ouais, j'aurai peut-être dû être plus présent pour la Chamberlain. Ou Scorsese, maintenant, peu importe. Je pose un sac plastique sur son bureau. J'ai ramené chinois et des sushis. Que je réponds en souriant, quand elle a espéré que je ramènerai à bouffer. Doucement, je déballe la bouffe sur le bureau : nems, sushi, maki, soupe miso, il y a un peu de tout là. J'en sais rien, disons que ce sont mes nouvelles résolutions pour cette année ? Mais, ça va pas être facile. Bon raconte moi tout ? Que je lui dis avant de prendre une chaise sur le bureau d'à côté, de m'y asseoir et rouler jusqu'à ses côtés.

La jeune femme n'était plus vraiment agréable depuis sa rupture. Qui le serait ? À moins de l'avoir voulu ? Elle râla donc auprès de l'étudiant et se retrouva forte bête lorsqu'il dégaina à bouffer. Du chinois ? Avait-elle droit de bouffer cru pour le gamin ? T'façon, allait-elle garder le fruit de la trahison ? Il aurait dû réfléchir avant de la tromper. En regardant Camille déballer la nourriture, la Mather en avait l'eau à la bouche mais ne pu s'empêcher de le taquiner sur cette nouvelle version de lui. Il semblait changer. " J'aime bien tes nouvelles résolutions Camille. Vraiment. Je te trouve beau. " dit-elle en éclatant de rire. Pas comme s'il n'était pas beau avant, il paraissait plus... respectable. Elle en savait rien à vrai dire. S'armant de baguettes, elle commença sans se faire prier à picorer quelques morceaux. La bouche pleine, elle décida de se livrer sans réfléchir. Elle en avait besoin. " Accroche ta ceinture Cam's. Je vais te saouler de ouf " le prévient-elle en mâchouillant grossièrement " Aloooors. Une semaine avant Noël, je ne me suis plus sentie très en forme. Je me sentais déprimée, je m'éloignais un peu pour réfléchir à tout. Je me doutais que le bébé pouvait être à l'origine de mon état, mais je n'ai rien dit à l'autre. " oui, maintenant, elle n'arrivait plus à prononcer son prénom, c'était pire que de se prendre une balle en plein coeur " Et... le matin de Noël, j'ai reçu un coup de téléphone de ses parents, ou du maître chanteur, j'en sais rien. La personne qui s'est donc présentée comme la mère de l'autre m'a dit que je devais le quitter, et qu'elle m'offrirait une charmante somme pour que je puisse disparaître et recommencer ma vie. Le pognon, j'en ai moi, je m'en balançais ! Le pire, c'était de savoir que mes beaux parents ne voulaient pas de moi. Et surtout, j'ai commencé à les croire, j'ai commencé à croire que je n'étais pas assez bien pour leur fils. Alors, je me suis encore plus éloignée. Bref. Entre temps... il y a eu la soirée du Nouvel-An. Ez... Ezio a cru que je l'avais passé à m'amuser avec toi sauf que j'étais en train de me morfondre loin de tout ça. Et lors de cette soirée, celle que je croyais être ma meilleure amie lui a dit que je l'avais trompé avec mon ex et que l'enfant n'était pas de lui. Tout ça parce que je lui avais fait cette blague au téléphone un peu plus tôt... Non mais... Du coup, celui que j'ai épousé a de suite réagi et il s'est tapé une salope. Voilà l'histoire. " conclua-t-elle en haussant des sourcils, jaugeant les réactions de son ami avec intérêt. " Le pire, c'est qu'il connaissait à peine "ma meilleure amie" et il l'a cru. Bonjour la confiance en moi. Je pense surtout que c'était un prétexte pour recommencer à sauter tout ce qui bouge et se débarrasser de moi. C'est plus Thanksgiving, mais j'suis un peu le dindon de la farce là "  

Je lui réponds d'un petit clin d'oeil quand elle me dit qu'elle me trouve changer, tant mieux, c'est bien ça l'objectif. Je sais que ça ne sera pas facile, on ne change pas du jour au lendemain juste comme ça, par envie. J'ai bien mis presque dix ans à devenir le Camille que je suis, difficile de redevenir comme avant d'un claquement doigt. Bref, après avoir tout déballé, m'être installé près de la blonde, je lui demande qu'elle me raconte l'histoire. Prenant une cuillère, je bois délicatement ma soupe miso alors qu'elle me raconte enfin ce qu'il s'est passé. Durant son discours, je lâche quelques mots pour lui dire que je vois ce qu'elle veut dire avant qu'elle ne finisse de tout me raconter. Putain, mais quel enfoiré de bâtard. J'savais que j'aurai dû lui faire la peau, il aurait du m'écouter la première fois que je lui ai parlé. Parce que, rien de tout ça ne serait arrivé s'il avait pris ses distances comme je le voulais. Je suis désolé... Avec ton mariage, tout ça, je pensais vraiment que ça irait, je t'ai laissé tombé au mauvais moment et j'ai pas été cool avec toi aussi. Ouais, je lui ai aussi un peu tombé dessus. Vous vous êtes reparlés depuis que tu sais ça ?

Le soulagement. Plus Louison racontait ses mésaventures, plus le poids de la honte s'en allait. Oui, Camille avait sans doute vu juste pendant qu'elle s'obstinait à croire le contraire. Ezio n'avait jamais vraiment changé. Quand le français s'excusa, la jeune femme attrapa automatiquement son poignet pour l'arrêter. Il n'y était pour rien. C'était elle qui avait merdé. " C'est pas ta faute Camille. Pis... je crois que les Scorsese ne sont pas faits pour nous. " lui répondit-elle en faisant également allusion à Mila. Louison n'avait pas rien contre elle pour l'instant, mais elle était aussi une Scorsese. La blonde espérait vraiment que son ami n'irait pas la retrouver, elle ne voulait pas être indirectement confrontée à son futur ex-époux une nouvelle fois. Alors quand Camille lui demanda si elle avait reparlé à Ezio, elle manqua de s'étouffer avec son sushis " Heeeein ? Lui reparler ? Ça fait qu'un jour tu sais. J'ai rien de plus à lui dire. On peut divorcer en ligne maintenant non ? Que je n'ai pas à le revoir là... " demanda-t-elle en attrapant une bouteille de Whisky planquée dans un tiroir du bureau " Faut aussi que j'enlève le môme non ? J'suis méga paumée putain " Elle se releva ensuite et attrapa deux verres dans une console au fond du bureau. Perchée sur ses talons, elle revint vers le bureau et déposa un peu d'alcool au fond de chaque récipient. Elle attrapa ensuite son verre et le porta devant les yeux de son meilleur ami " Bref, on trinque à une nouvelle vie ? " Louison voulait bien redémarrer à zéro, pourtant, elle était toujours accrochée à cette enflure.  

Ouais, les Scorsese ne nous méritent sûrement pas. Quoique, j'ai tenté aussi d'être gentil avec Mila, cousine d'Ezio après avoir couché avec elle. J'ai voulu faire plaisir à Louison par rapport à son mari, alors on s'est parlés. Elle est au courant pour mon mariage arrangé, pour deux filles qui me plaisent. C'est sûr que je ne suis pas indifférent à son charme, mais est-ce-que je me vois avec elle vraiment ? Je n'en sais trop rien, même si je suis gentil, je ne peux nier que j'ai besoin de tremper mon biscuit un peu partout. Je lui demande si elle lui a reparlé depuis qu'elle a appris cette nouvelle, elle me répond qu'elle ne veut plus le voir, qu'elle peut divorcer sur internet tout en m'avouant qu'elle ne sait pas quoi faire du bébé qui grandit en elle. Je suis pas fan de ce que je vais te dire, mais tu devrais le voir. 'Fin, une discussion entre quatre yeux et ton bébé... C'est une partie de toi aussi, t'sais ? Elle s'en va chercher des verres pour la bouteille de whisky qu'elle a sorti du tiroir de son bureau. Louison nous sert à chacun un verre, je prends le mien, trinquant avec la Mather. T'as raison, faisons une croix sur le passé ! Que je lui dis, buvant ensuite mon verre d'un trait. Je finis par grimacer lorsque le liquide ambrée me brule le gosier. J'ai un peu boycotté tout le monde depuis Noël, même un peu avant... Billie va bien ? Parce que je l'ai toujours pas revu en fait.

Louison avait tout à coup dévisager son ami. Elle avait aussi abandonné ses baguettes. D'où il sortait sérieux ? La française s'attendait plutôt à ce qu'il la suive dans son raisonnement, pas qu'il tente d'être aussi... conciliant ou pacifiste. " Il a qu'à me dire ce qu'il veut aussi. Si j'ai pas de nouvelles de ce mec, j'agis en mon âme et conscience. J'ai peut être foiré, mais il a foiré puissance mille là. Je regrette ce que j'ai dit, je veux l'ancien Camille !! " plaisanta-t-elle à moitié avant de rapporter de quoi se mettre minable. Elle porta un toast avec son pote, bien qu'elle n'était pas forcément prête à démarrer cette fameuse nouvelle vie " Ouais, à la croix sur le passé ! " répéta-t-elle avant de s'avaler cul-sec le fond de Whisky. Elle écouta ensuite les remords du blond et secoua sa tête " Billie est rentrée en France. Elle va reprendre l'héritage de ses parents finalement... Nous ne sommes plus que deux. Mais c'était l'évidence, toi et moi, c'est pour la vie. " souligna-t-elle en lançant un clin d'oeil complice à l'ancien Mather. Bizarrement, maintenant qu'elle n'était plus officiellement en couple, son regard se mit à vaciller. L'amitié réunissait depuis toujours Louison et Camille, mais Louison l'avait autrefois désiré. Dans sa tête, sans que personne ne le sache. Encore moins Billie. " Alors, de ton côté, comment ça se passe ? " demanda-t-elle pour tâter le terrain.  

Laisse le tranquille ce Camille là. Loulou, j'te soutiendrai toujours. Que je lui dis, tout en riant aussi. Il faut dire que je serai toujours derrière elle pour l'épauler, que peu importe les décisions qu'elle compte prendre, je ferai en sorte de la soutenir même si je ne suis pas d'accord avec elle. Et on boit cul-sec nos verres de whisky pur, trinquant à une nouvelle vie, un retour à zéro. Table-rase sur tout le passé que l'on a. Et, je demande des nouvelles de Billie, parce qu'en fait... Je me rends compte que je l'ai un peu beaucoup boycotté quoi. Genre, j'suis le trou du cul à qui elle ne dit pas au revoir ? Alors que l'on s'est soutenus durant la disparation de Louison, je suis déçu de son comportement. Je m'approche de Louison pour la prendre dans mes bras. Ouais, ça l'a toujours été. Une évidence, depuis le temps qu'on se connaît maintenant. Putain, j'aurai jamais mon plan à trois ! Que je rajoute en rigolant. Je finis par me détacher de la blonde, nous servant à nouveau du whisky alors qu'elle me demande ce qu'il se passe pour moi en ce moment. J'ai réussi à esquiver le mariage arrangé. Sinon, y'a rien. Putain, c'est grave quand même ? J'me suis mangé un rateau par la meuf qui m'a dépucelé à la soirée du nouvel an ! Ça, par contre, je m'en rappelle.

Ces prochains jours, Louison serait à coup sûr de mauvaise influence. Elle voulait retrouver sa fougue et faire encore plus chier son monde qu'avant. À une chose prêt, elle ne disparaîtrait plus, elle hanterait les autres. Quand Camille lui parla de Billie qui n'avait pas osé lui dire au revoir, la blondinette lâcha un rire démoniaque. Elle fût ensuite encerclée par son meilleur ami et cette chaleur humaine lui apporta une bonne dose de réconfort. Camille était peu tactile avec elle depuis toujours, elle n'allait donc pas relever son geste d'affection, juste en profiter. L'énergumène avait ensuite surpris Louison avec ses désirs inassouvis et Louison avait tout à coup planté. De nouveau assise, elle caressa le rebord du verre tout en pinçant sa lèvre légèrement humide " À deux c'est bien aussi... " murmura-t-elle avant de changer carrément de sujet. Elle se focalisa à présent sur la vie de son ami, elle ne se doutait pas non plus que c'était autant le bordel de son côté. À quelque chose ça de près tout de même. Camille ne s'était jamais vraiment engagé lui. " Un râteau ? Qui t'a dépucelé déjà ? Iris là ? " demanda-t-elle en masquant son sourire. Pour une fois que le français était remis à sa place... Elle saluait le courage de cette fille. " Mais... Qu'est-ce que tu lui as dit aussi ? T'es bonne c'est ça ? T'es parfois un peu trop franc, on voit trop clair dans ton jeu " s'amusa-t-elle à lui confier tout en terminant ses nouilles. La gamine qui sommeillait en elle avait tout à coup repris le dessus, elle piocha subitement un biscuit chinois et l'envoya en pleine poire de Bonaparte " Et bim ! " Louison le savait, c'était pas bien de jouer avec la nourriture, elle voulait juste s'amuser un peu. Elle suppliait à présent le ciel que Camille ne réplique pas trop fort. Ce n'était pas son bureau ici et elle tenait à ce stage.