LES RUES ► Topic de groupe

Sortir le soir d'Halloween n'était pas dans mes habitudes. Depuis ma plus petite enfance, mes parents avaient horreur de cette fête et préféraient donc que je reste tranquillement chez moi à me goinfrer de toutes les sucreries qu'ils m'avaient achetées pour la peine. Plus tard, ayant connue le miracle des films d’épouvantes, je me calais devant la télévision, un énorme paquet de pop-corn dans les mains et des DVDs étalés sur la table basse. Mais aujourd'hui c'était différent, je n'avais pas forcement envie de passer l'entiereté de la nuit seule dans ma chambre, je m'étais donc décidée à flâner dans les rues. Après tout, j'avais un gros faible pour les décorations d'Halloween.

Les déguisements ne débordaient pas de ma garde-robe et je devais donc en confectionner un immédiatement avec ce que je pourrais trouver. J'optai donc pour une robe noire assez courte, des bas résilles et des bottes noires. Il ne me manquait plus que le chapeau de sorcière que je m'empressai d'aller acheter dans le magasin le plus proche.

Une demi-heure plus tard, je sorti fièrement du magasin le chapeau de sorcière sur ma douce chevelure brune. J'étais à présent complètement parée pour fêter dignement cette soirée. Me déplaçant dans les rues encore vides, mes talons résonnaient bruyamment contre les pavés, ce qui donnait un effet assez effrayant avec le brouillard qui commençait à faire son apparition.

Il n'est pas dans mon habitude de fêter halloween, encore moins d'aller dans les rues pour célébrer cette fête. Mais bon, cette année, j'avais envie de sortir. Habiller en hideux zombie, je ne vais surement pas me fondre dans le paysage. Je profite donc d'un petit temps plutôt calme avant que la soirée à Harvard commence. Je n'ai que très peu fêter Halloween en Irlande, car ça tombait souvent dans mes périodes de chimiothérapie. Un peu partout, des enfants et des parents vont sonner aux portes des maisons du quartier pour quémander des bonbons. Des fantômes, des sorcières, des montres... Ils sont vraiment partout dans les rues. Visiblement, c'est aussi ce que pense Diamond Edwards, une Éliot d'Harvard que je n'ai que très peu croisée, car elle observe une petite fille et ses parents. Je m'approche d'elle en silence et lâche prés de son oreille un : « pas mal du tout le déguisement ! » plutôt inattendu de sorte à la faire sur-sautée. Bon, je ne la connais pas mais autant engagée la conversation que de rester tout seul !

Je m'étais laissé emporté en regardant cette petite fille. Je trouvais ça mignon même si l'on pouvait me poser la question et que je dirais non. J'étais beaucoup trop fière pour avouer que je n'étais pas une fille heureuse malgré l'argent que je possédais. « pas mal du tout le déguisement ! » Je sursautais, j'étais vraiment surprise lorsque la voix de ce garçon me parvenait. Je me retournais, dégainant mon épée en carton pour le menacer avec. C'est pas très poli de surprendre une fille pour faire la discussion ! Je le jaugeais de la tête jusqu'aux pieds. Surtout quand on est aussi moche que toi. Je pouvais l'accorder, c'était à cause du déguisement. Je soupirais. Au moins, tu seras pas venu pour rien. Je suppose que tu veux qu'on fasse connaissance ? J'étais sûre de moi, comme toujours. Au pire, si ce n'était pas le cas, j'avais qu'à changer de trottoir.

L'effet de surprise avait fonctionné. Elle se retourna vivement et pointa son épée sur moi en disant : ce n'est pas très poli de surprendre une fille pour faire la discussion ! Elle se mit ensuite à me regarder de haut en bas, comme si j'étais une de ces proies et ajouta : surtout quand on est aussi moche que toi. Bon, supposont qu'elle parle du déguisement, pour ne pas gâcher la soirée. Mais elle enchaîne : au moins, tu ne seras pas venu pour rien. Je suppose que tu veux qu'on fasse connaissance ? Cette fille m'énerve déjà. Quand je fais quelque chose, ça ne part jamais d'une mauvaise attention. Je ne suis pas une de ces petites proies qu'elle est ses amis s'amuse à martyriser quand bonne leur semble. Je viens juste engager la conversation par pure gentillesse. Mais si tu le proposes, on peut effectivement faire connaitre. Moi, c'est Casey et toi c'est Diamond, je suppose ?

J'étais au taquet, mon cœur se calmait petit à petit. Je ne me gênais pas du tout pour le dévisager. Je ne supportais pas qu'on me surprenne, je faisais toujours une crise cardiaque. Il avait de la chance que je n'étais pas un vrai pirate ! Je viens juste engager la conversation par pure gentillesse. Mais si tu le proposes, on peut effectivement faire connaitre. Moi, c'est Casey et toi c'est Diamond, je suppose ? Je pouvais l'avouer, j'étais pas très gentille sur le coup mais j'étais jamais très gentille dans ce genre de situation. Je laissais paraître un visage plus doux. En effet, je savais pas que j'étais connue à ce point-là. Je passais le bout de mon épée en carton sous son menton pour voir à peu près l'allure de son visage à travers le maquillage qu'il avait. Je souris. Sans le maquillage, t'es plutôt mignon, je paris. Je retirais mon jouet de son visage. Je posais mes yeux autour de nous. Au moins, je ne serais pas seule. Pourquoi moi et pas une midinette de Cambridge? Je parlerais pas si facilement à un inconnu, tu sais... Du jeu, je voulais du jeu, c'était ça qui m'amusait le plus.

Diamond laissa apparaitre un visage plutôt doux avant de dire : En effet, je savais pas que j'étais connue à ce point-là. Elle n'est pas "trés" connue, mais comme beaucoup de Eliot elle a réussi à se faire connaitre. Sans crier garde, elle pointa le bout de son épée sous son menton. Surpris j’eus un petit mouvement de recule, mais Diamond sourit. Sans le maquillage, t'es plutôt mignon, je paris. Ce commentaire m'alla droit au coeur surtout de sa part car quelques secondes plutôt elle m'avait clairement qualifié de "moche". J'eus un petit rire à cette pensée. Elle ajouta : Pourquoi moi et pas une midinette de Cambridge? Je parlerais pas si facilement à un inconnu, tu sais... Visiblement la jeune femme voulait jouer, ce qui en ce jour de fête ne m'importunait pas tellement. J'entrais donc dans son jeu et avec un regard malicieux lui dit : Et pourquoi pas une étudiante Harvard ? Tu sais, je ne parle aux inconnus que quand ils pensent de moi ce que je pense d'eux. Je la regarde et ajoute : Et puis, il n'y a que toi ici.

J'étais d'humeur joueuse, j'avais envie de voir ce qu'il valait vraiment. Déjà, il n'avait pas peur de l'inconnu, mais ma tenue aidait plutôt à venir me voir, d'un coté. Et pourquoi pas une étudiante Harvard ? Tu sais, je ne parle aux inconnus que quand ils pensent de moi ce que je pense d'eux je n'avais pas vraiment compris où il voulait en venir en me disant ça. je fis une moue pour montrer que je comprenais pour ne pas le déstabiliser. Et puis, il n'y a que toi ici. ajouta t-il. je fus un peu plus... enfin moins gentille pour le coup. Il n'y a que moi donc tu prends le premier bouche trou pour combler ton temps ? Histoire de pas être seule. De mieux en mieux. Je tournais les talons un peu déçue. Je n'aimais pas ce genre de situation, l'impression d'être la roue de secours pour la soirée du môme. Je croisais les bras tout en continuant de marcher.