Malgré ce poids qui pesait sur ses épaules, elle arrivait à placer un peu d'humour, sans doute pour se donner un peu de courage à elle même. Andréa qui la complimente, elle en a l'habitude mais il y a toujours cette petite étincelle dans son coeur quand il s'amuse à la mettre sur un piédestal. Baiser volé qui parvient à la détendre le temps de quelques secondes. Ce serait trop facile si l'amour pouvait effacer tous les maux.
" Je dois laisser Quincy à Alek ce soir. Bref je ne te fais pas de dessin. " Elle n'a pas le choix que de se séparer de son fils. Un crève-cœur pour cette mère bien trop possessive, protectrice et qui ne peut vivre sereinement sans la prunelle de ses yeux à ses côtés. Bref elle va passer la pire des soirées et Andy qui prononce les mots que toute femme redoute. Cette phrase résonne comme le glas. Elle a d'ailleurs bien du mal à réagir et c'est sans un mot qu'elle le suis jusqu'à la table en bois. Là encore, il semble qu'elle n'ait pas le choix que d'écouter ce qu'on a à lui dire. Une sentence de plus ? Elle n'espère pas. Parce que la française elle en a marre d'essuyer les coups. Il y a un moment où elle ne parviendra pas à se relever si on continue de l’assommer. Il n'ose même pas le regarder et ce simple signe l'affole. Rien qu'à ses premiers mots, elle sait qu'elle ne va pas aimer ce qu'elle va entendre, surtout s'il lui demande de prendre une difficile décision. L'étau de sa main se resserre sur la sienne. Contact précieux, quasi vitale mais qui n'efface en rien les tremblements. Il ne cesse de l'effrayer, se demande ce qui pourrait tant la faire fuir. Il tient à elle et c'est réciproque. Qu'est ce qui pourrait changer cela. Le regard toujours fuyant, elle même ne sait plus où regarder... Malade. Un mot, trois syllabes, six lettres qui s'apprêtent à la détruire de l'intérieur. Elle écoute son récit et au fil de celui-ci, elle a l'impression d'être happée par une force invisible. Plus rien autour d'elle ne semble vivant, elle ne sent même plus la main d'Andréa dans la sienne, le doux contact de sa peau. Malade c'est une chose mais cette deadline s'en est une autre. Il lui reste quoi cinq ans ? Sept tout au plus à priori. Son coeur cogne contre sa poitrine, contrairement à lui, il s'emballe de plus en plus belle, au fur et à mesure qu'elle réalise qu'ils n'auront pas le droit à une belle histoire, et ce même si elle n'a jamais cru aux contes de fée. Elle retient difficilement ses larmes quant il s'excuse de cette révélation, qu'il lui demande presque de le laisser, d'abandonner l'idée d'un possible avenir, parce qu'il ne semble y avoir aucun espoir pour qu'il guérisse. Elle a chaud, puis elle a froid, en fait elle ne sait plus ce qu'il se passe tellement ça parait irréel, injuste. Ses pupilles se plongent dans les siennes et sans même réaliser, elle lâche sa main. Peur soudaine qu'elle n'a pas contrôlée.
" Je suis désolée. " Des mots déchirés par la tristesse, parce qu'il ne mérite pas ce cruel destin. Elle comprend maintenant ce pansement qu'il avait lors de leur bain de minuit, la fatigue qu'elle lit parfois sur ses traits et qu'elle avait bêtement attribué à son emploi du temps chargée. Elle a du mal à saisir qu'il ne lui en ait pas parlé avant. Pense t-il vraiment qu'elle oserait partir sans un mot, fuir parce qu'il n'y a aucune issue.
" Tu n'as pas le droit de me demander de t'abandonner, de mettre un terme à nous. " Elle finira par le perdre, et cette pensée la révulse mais le perdre maintenant, elle en est incapable.
" En cinq ans il y a le temps de faire le tour du monde, de regarder les 100 films à voir absolument, de manger dans les restaurants les plus réputés, d'apprendre le mandarin, d'admirer le coucher de soleil à Bora Bora... Il y a le temps de vivre à deux. " Nevada elle voulait y croire et surtout elle souhaitait le voir sourire, heureux. Elle était capable de lui offrir cela.
@ANDRÉA L. GRIMALDI