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Boire un café sous cette chaleur, une bien drôle d'idée que j'ai eue là. Certes, on dit souvent que par temps chaud, il faut boire chaud, mais j'avoue ne jamais avoir vraiment compris ce concept. De toute évidence, il semblerait que je ne sois pas tombé sur n'importe qui. Future enseignante au MIT dans le domaine de l'informatique, elle est sans aucun doute à des années-lumières de moi dans ce domaine.
" Ce magazine m’apparaît déjà compliqué parfois, mais pour vous, c'est semblable à un cahier de vacances niveau CP. ", annonçais-je à la personne assise en face de moi.
Évidemment, son objectif n'était clairement pas le même que le mien en lisant cette revue. Avalant une nouvelle gorgée de ma boisson chaude, Lisbeth retira ses lunettes, laissant apparaître ses iris que j'ai toujours autant de mal à décoder. Concentrés sur ces derniers, la jeune femme dû me reposer une nouvelle fois sa question afin de me sortir de ma curiosité.
" Oh désolé... En ce qui me concerne, je suis en étude de médecine à Harvard et je pense, non en fait, je suis sur, que je me spécialiserais en neurologie par la suite". En effet, pour soigner ma mère, il n'y a pas masses de solutions, la neurologie est son seul espoir. Mais ce genre de pensées me plombe un peu le moral, je redirige très vite la discussion vers mon interlocutrice.
" Vous savez, je commence à me rendre compte qu'on aurait pu avoir ce genre de discussions bien plus tôt sans toutes ces déconvenues dont on a était les victimes. "
Le jeu en valait la chandelle, elle a entièrement raison sur ce coup. En effet, cela me permet de découvrir une personnalité mystérieuse et intrigante. Mais elle commence néanmoins à creuser peut-être un petit peu trop loin. Elle atteint les zones que seule une personne connaît, ma meilleure-amie Absolem. Mais je ne lui en veux pas, sa question est tout à fait légitime.
" Il subsiste encore de nombreux mystères dans la neurologie et j'en ai fait mon ambition de les déterrer "
C'est un hideux mensonge, la neurologie n'a d’intérêt pour moi que parce qu'il peut me permettre de soigner la maladie de ma mère. Si ce n'était pas pour elle, il est fort probable que je n'aurais même pas fait médecine. Je me serais peut-être tourné vers la littérature pour assouvir un peu plus ma curiosité du savoir que maman m'a transmises. Néanmoins, même si je considère ma poker face comme plutôt bonne, il est dur de dissimuler ce mensonge, surtout lorsque la personne fixe votre regard comme elle le fait actuellement. Une énième fois, je détourne la conversation pour éviter qu'elle ne plonge encore plus profondément en moi.
" Donc si je comprends bien, je peux faire appel à vous si j'ai un problème avec mon ordinateur ? ", lui demandais-je avec un léger sourire aux lèvres.
Je pense que je suis grillé ! Sa remarque subtile en est l'illustration évidente. Cependant, j'apprécie qu'elle ne persévère pas en ce sens, elle a sûrement compris le principal, à savoir que parler de ça n'est pas mon hobby favoris, encore moins avec des personnes, aussi sympathiques soit-elles, que je ne connais que depuis très peu de temps. Parce que oui, je dois le reconnaître, cette rencontre qui avait pourtant démarré en eau de boudin s'avère être intéressante.
Au milieu de ce visage très peu expressif, ce sourire parvient à l'illuminer de façon assez surprenante. " Ça dépendra quand même de vos honoraires, je ne roule pas sur l'or !", ajoutais-je suite à sa remarque, toujours sur un ton plus humoristique. Selon moi, l'humour est un des meilleurs moyens de créer des liens, de rassembler les gens. On se moque des préjugés pour en faire abstraction et ne se concentrer que sur la personnalité en face de nous. Plus sérieusement, je repris : " Je suis né à New-York, dans le quartier de Wall Street, mais je suis à Boston depuis le début de mes études à Harvard. ". J'ai toujours peur qu'on me prenne pour un bourgeois quand je parle du quartier ou je suis né, ce que je ne suis absolument pas. Certes, j'ai un père fortuné, mais que je ne contacte plus depuis des années.
Au jeu du question réponse entre Lisbeth et moi-même, c'est désormais à mon tour de jouer. " Vous le dissimulez plutôt bien, mais je crois savoir que ce léger accent n'est pas franchement américain. Ou alors d'une région que je ne connais pas sur ce territoire. Je me trompe ? ", l'interrogeais-je tandis que je commençais à voir le fond de mon café.
" J'aimerais pouvoir voyager oui, mais mes moyens ne me le permettent pas toujours. La Suède par exemple est un pays, parmi tant d'autres, que j'aimerais découvrir. ". Il faut dire que le peu d'économies passe dans mes voyages en Californie pour me rendre à l’hôpital afin de voir ma mère. Dans ces conditions, difficiles de prévoir des périples dans d'autres contrées.
Finissant mon café, je constate qu'il en est de même pour la demoiselle en face de moi. " Ne vous dérangez pas, c'est pour moi. ", lui dis-je en me levant puis en prenant la direction du bar pour payer la note. Ironiquement, je lui dis que mes économies sont limitées il y a quelques instants et maintenant je paye sa note. Il semblerait que mes actes ne corresponde pas à mes pensées. Ceci étant fait, je rejoins Lisbeth et lui fit signe de reprendre notre route. À ses côtés, la discussion suit une nouvelle fois son cours, nous apprenons à nous connaître mutuellement et finalement, je commencerais presque à l'apprécier. Vous sondez votre esprit le plus profondément possible, mais vous n'y parvenez... Jusqu'à ce que ça vous saute aux yeux !
" Le magazine ! Quel imbécile je l'ai oublié ! "
À cette heure-ci, il n'est sûrement plus là où je l'ai laissé. Une fois, de plus, ma maladresse légendaire se manifeste pour me mettre dans une situation déplaisante. Il va falloir que je trouve une lampe avec un génie pour lui demander de retirer cette saloperie parce que là, ce n'est plus possible...
Quand Lisbeth parle de son pays natal, on sent l'amour qu'elle y attache. Décrivant les paysages, les différences entre les saisons et les aurores boréales, tout se matérialise dans mon imagination en un paysage à l'allure féerique. Nul doute qu'elle est parvenus à attiser ma curiosité concernant les pays scandinaves.
On perd la plus grande partie de sa jeunesse à coups de maladresse. Il me semble que c'est un écrivain français qui à coucher ces mots sur le papier, ou serait-il anglais ? Je ne me souviens plus. Toujours est-il que si cette phrase s'avère vraie, ma jeunesse en a pris un sacré coup. En effet, une énième fois ma maladresse a refait surface aujourd'hui, venant par la même occasion creuser un plus gros trou dans mon compte en banque.
Certes, il y a dorénavant match nul entre nous deux. Dire que je n'ai même pas pu le feuilleter une seule fois. Sa remarque me fait rire, mais intérieurement beaucoup moins parce qu'on est effectivement dans le même cas de figure maintenant, à un détail prés...
" Euh ouais... J’espère pour vous qu'il y en a un exemplaire au kiosque parce que pour moi, cela m'importe peu désormais. J'ai fini la monnaie qu'il me restait avec les cafés..."
Lorsque je sors le matin, j'ai la fâcheuse tendance à ne prendre que l'argent dont j'ai besoin pour sortir. Je ne prends même pas mes papiers, mais je pense que ça m'apprendra.