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Elle l'embrassa furtivement avant de se rhabiller et de lui proposer un petit dej. Un sourire en coin vint habiller ses traits même si il la sentait... préoccupée. Il se leva à son tour et enfila son boxer. « J'ai eu le meilleur des petits-dej » s'amusa-t-il à la provoquer en la rejoignant. « Je veux bien un thé. » dit-il finalement avant de l'observer en silence, il s'approche d'elle et l'enlace doucement « ça va ? » murmure-t-il finalement inquiet. Declan s'inquiète, toujours, tout le temps. Elle réfléchit et il s'inquiète, c'est ça l'équation de leur névrose amicale. « Parle-moi de ce nouveau boulot. » dit-il pour alléger la conversation sans avoir conscience qu'il venait de lâcher une chape de plomb au milieu de leur relation.
Il était revenu à elle parce qu'il avait senti dans son silence qu'elle l'appelait, son sourire campait sur ses traits inquiets, elle voulait paraître sereine, elle voulait paraître insouciante mais il savait qu'elle était tout sauf ça, et c'était pour tous ces détails qu'elle était sa meilleure amie. Les fêlures ils les partageaient même si il ne les comprenait pas toujours. Son sourire trouve écho au sien alors qu'il prend une des deux tasses. Ils n'étaient pas à Neverland, effectivement. « Je suis bien ici avec toi. » rétorque-t-il finalement. Peut-être a-t-elle encore besoin de ces jeux d'enfants mais pas lui. Il a eu des mois pour réfléchir à tout ça et il sait ce qu'il veut désormais, il a perdu trop de temps déjà à se murer derrière une carapace. « On est bien tous les deux dans la vraie vie? » l'interroge-t-elle finalement à son tour. « Oui, mille fois oui. » la rassure-t-il en s'accoudant sur le plan de travail avant de l'attraper de nouveau par la taille. « Et toi, tu veux ? » Prenez un décodeur, c'est un peu les spécialistes des demandes détournées les deux spécimen ici présents. Declan savait ce qu'il voulait, ce n'était cependant toujours pas facile pour lui de l'exprimer.
Il l'avait ensuite interrogé sur son nouveau boulot, question anodine pour une réponse qui ne l'était pas. La DEA. C'était la brigade de Clay ça. Sa bouche s'entrouvre légèrement, ses sourcils se froncent instantanément et voilà qu'elle assène le coup fatal en parlant de coucheries. « Avec Clay ? » ne peut-il s'empêcher de demander en la fixant presque froidement. Tout mais pas Clay. Il se souvient de leur rencontre au parc, de son allusion à des rencontres plus volages avec son plus Vieux Rival. Mais le temps était passé et Declan s'était persuadé de ne pas avoir compris, puis il y avait eu l'entrevue avec Annalynne où elle n'avait pas été très claire et puis maintenant. Il ignora sa dernière question pour le moment, son visage était plus sombre, il devait éclaircir ce point avant de pouvoir passer à autre chose.
Declan n'était pas le plus à l'aise pour faire étalage de ses sentiments mais ce n'était rien en comparaison d'Alysse. Les mois passés à l'ombre de sa véritable identité lui avaient permis de savoir qui il était vraiment et ce qu'il désirait dans la vie, l'errance allait bien un temps et désormais c'était l'envie de se fixer qui prédominait. Néanmoins, il n'était pas certain que cela soit pareil pour sa meilleure amie et désormais petite amie ? Bref, l'absence de statut officiel lui allait tout aussi bien pour le moment. Le temps déciderait pour eux. Il se contenta donc de sourire quand elle acquiesça.
Sourire qu'il perdit bien vite quand elle lui annonça sa nouvelle collaboration avec Clay Cooper, son pire ennemi, ou tout du moins, celui qui le mettait le plus à mal. « Contrarié ? » ne peut-il s'empêcher de rétorquer alors que ses lèvres se serrent malgré lui. « Je pensais la Police de Boston assez grande pour que tu n'ailles pas directement sous les ordres de Cooper dont je n'approuve pas franchement les méthodes et encore moins les convictions. » Naturellement, la silhouette masculine s'éloigne de la Frêle pour cacher la fêlure, le fendillement qui serait bien trop lisible dans le céleste de ses yeux parfois trop honnêtes et francs. « Je pensais aussi que tu viendrais me voir si tu voulais un job dans les forces de l'ordre plutôt que lui. » Il était son meilleur ami non ? Bien entendu bosser avec elle directement aurait été compliqué mais il aurait pu la recommander à une personne de confiance. Il soupire, blessé de la situation, il faut qu'il pose la question mais il sait aussi comme elle n'aime pas se confier. « Tu couches ou tu as vraiment couché avec Cooper ? » Là, le sparadrap sur la plaie, tiré d'un coup sec, au moins il en aurait le cœur net. Depuis le temps que cette question lui trotte.
Alysse ne savait plus quoi faire, quoi répondre, quoi penser. Les billes claires sur son corps firent remonter la honte qu'elle se fatiguait à garder scellée au plus profond de son être. Dans un soupir, la lourdeur de l'émoi orienta son nez en direction de son thé. Sa quasi nudité la plaçait dans une position de faiblesse. Son pied frotta le sommet de l'autre dans un geste nerveux.
"Tu ne comprends pas." Souffla Alysse tout en refusant d'expliquer. Préciser l'obligerait à faire face à ce qu'elle refusait de voir depuis des années. Dans un soupir, elle s'avança vers l'évier pour verser l'eau chaude de son mug dans le siphon. La faim s'éclipsait pour laisser placer à une concurrente: la nausée. La question la plus délicate provoqua une gêne qu'elle se lassait de sentir bercer son coeur. Ce sujet l'avait toujours troublé mais jamais humilié. Son comportement s'apparentait à ceux des coupables et elle se voyait déjà devant la barre des accusés. Ses doigts serraient le rebord de l'évier contre lequel elle s'adossait à présent. Les bras se tendaient puis se pliaient pour tenter de détendre ses épaules. Il fallait bien lui expliquer un jour. Son nouveau statut lui donnait le droit de savoir.
"Tu sais, à ce sujet." Un raclement de gorge chercha à dégager la voie pour le reste des mots. "J'n'ai fait ce genre de chose qu'avec toi." En réalité, le sujet en question était plus complexe. Seulement, la situation sonnerait étrangement pour une oreille peu accoutumée à ce type d'orientation sexuelle. "Voilà, maintenant la question résolue. Je vais aller me préparer."
Son égo ne supportait plus sa nudité. Un mot de plus risquait de faire exploser ses dernières résistances. Hors, dans quelques instants, l'équipe de Clay, sa nouvelle équipe la pousserait à puiser dans ses ressources.
Il vit bien qu'il l'avait contrarié. Il savait comme il était facile de la faire fuir. Parce qu'il n'approuvait pas, elle était mal à l'aise. Elle lui cachait des choses, comme d'habitude. Des choses qu'elle ne cachait pas à Clay et cette seule pensée le rendait dingue. « Alors explique-moi. » Pourquoi tu te retrouves sous les ordres de ce type, pourquoi tu as fait appel à lui plutôt qu'à moi ? Naturellement, tout ceci avait réveillé sa paranoïa, sans parler de la peur qui figeait ses veines désormais à l'encontre d'Alysse. Il connaissait les méthodes de Cooper, le danger dans lequel il se mettait lui et son équipe, souvent. L'exigence qu'il avait de ses subalternes et tout ceci ne le rendait que plus inquiet pour elle. Alysse lui fit comprendre toutefois qu'elle était seulement avec lui, et cette affirmation vient caresser furtivement son orgueil. Au moins, il ne partageait pas des draps. Mais il avait sa vie entre ses mains, bordel. Et voilà que sur cette petite question, la Brunette décidait qu'il était temps d'aller se préparer.
« Frank, tu me dois une explication. » lance-t-il à la Demoiselle déjà partie pour la salle de bains. Si il s'écoutait, il défoncerait tout simplement la porte, mais il savait qu'il n'obtiendrait rien d'elle sur le moment. Quand elle avait décidé de fuir rien ne la retenait, et son insistance ne mettrait que plus de distance entre eux. Il avance donc jusqu'à la porte, défaitiste, à quoi bon sa montagne de muscles quand il se fait aisément dompter par sa frêle cinquantaine de kilos. Son front repose contre le bois clair de la porte qui les sépare désormais, métaphore concrète du silence entre leurs deux corps éloignés maintenant. L'eau ne coule pas encore, le silence s'installe alors furtivement. « Promets moi de faire attention. » abdique-t-il d'une voix plus ténue alors qu'il se redresse dans un dernier élan de fierté, mais celle-ci est bien loin quand il s'agit d'elle.
Il avait demandé une explication et il n'allait pas être déçu. Alysse n'était habituellement pas loquace concernant ses problèmes, mais là apparemment, elle avait besoin de tout lâcher et c'est face à une vraie tempête de mots que se retrouva Declan. Juan l'avait trahi, il l'avait viré et l'avait laissé sans aucune ressource, sa mère Susan s'en était mêlé, et la Brune avait cherché l'aide qu'elle avait vu, aussi inattendue soit-elle dans les phalanges de Clay Cooper. Il n'en restait pas moins qu'un petit goût d'amertume persistait dans la gorge d'Hamilton. Pourquoi avait-elle fait face à tout cela seule ? Parce que c'était Alysse et que comme lui, elle était trop orgueilleuse pour avouer sa faiblesse. La lutte était permanente et elle ne pouvait pas s'octroyer le luxe de baisser les armes. « Pourquoi a-t-il fait ça ? Il a toujours voulu que tu reprennes l'affaire ? Il ne t'a rien expliqué ? Il y a forcément une explication. » Sans doute que ses questions, elle se les étaient posées bien plus tôt, et que Declan ne faisait que redire des choses qu'elle avait déjà pensé, mais il découvrait seulement tout ça et avait du mal à y croire tout simplement. Elle évoqua ensuite Miss Donovan, la journaliste qui les avait suivi un jour au parc, il n'avait pas suivi toute l'affaire, simplement compris que Alysse avait été calomniée et que tout ceci n'avait pas arrangé sa réputation pour trouver un nouveau job.
C'est bien simple, il avait le sentiment d'être complètement largué, de ne rien avoir suivi des derniers mois de l'existence d'Alysse, bien trop occupé à résoudre son enquête, et à aider Ashleigh concernant son kidnapping, la Brune en avait manifesté quelques jalousies sans jamais l'avouer mais il comprenait mieux désormais. Il n'avait pas été là. Il aurait du voir les signes, être attentif, car Alysse n'aurait jamais demandé son aide explicitement, mais il la connaissait, mieux que quiconque selon son propre orgueil et il était tout simplement passé à côté, bien trop pris par son désir égoïste, d'elle, de retrouver son corps contre le sien, d'assouvir cette pulsion charnelle, il en avait oublié que ce n'était pas le principal de leur relation et elle ne prit pas de gants pour lui faire savoir. C'était trop. Il ne pouvait pas faire face à tout ça, ni gérer cette colère qui sortait avec violence d'elle. « Je vais prendre l'air. » ne put-il s'empêcher de répondre impuissant. Et il tourna aussitôt le dos. « Prends donc une douche, un bain, fais de mon appart une piscine si ça te chante... » Je m'en fous, avait-il envie d'ajouter, mais il savait qu'elle souffrait. Elle ne lui renvoyait que ça, mais voilà ses derniers mots avaient écorché sa peau fière. Alors le Brun enfile un tee-shirt et s'habille rapidement, oubliant la fatigue qui terrasse ses épaules parce que tout ceci lui paraît tout à coup difficile à porter.