J'attendais patiemment que Cam' vienne. Elle n'allait tout de même pas me poser un lapin? Je ris intérieurement. Je savais qu'elle en était pas capable. Même si elle venait contre son grès, je savais qu'elle tenait ses paroles. Si vraiment elle n'avait pas eu envie de venir, j'étais convaincu qu'elle me l'aurait dit sur le champ. Cam' était franche et ne passait pas par quatre chemins pour dire les choses. C'était peut-être pour cela qu'on s'entendait si bien tous les deux. Je restais non loin de l'entrée pour lui éviter de se lancer dans une recherche digne du jeu "Où est Charlie". Il y'avait tellement de monde que je peinai à me frayer un chemin parmi tous ces gens. Quand j'arrivai près de l'entrée, je reconnus Cam'. Ma première réaction fut d'esquisser un large sourire. Bon d'accord, peut-être un peu goguenard comme sourire mais ce n'était rien de méchant. C'était assez drôle de voir Cam' dans une de ces robes. Mis à part cela, elle était très élégante et belle. C'était juste que cela ne ressemblait pas au personnage de la jeune Meller.
« Plutôt mignonne pour une tranche de salami! » glissai-je alors que Cam' se servait dans les coffres où étaient mis en vrac quelques masques. Elle y plongea sa main et le mit sur sa tête. Après quoi, elle glissa sa main autour de mon bras. Je souriais. J'étais ravi de voir qu'elle faisait un effort et qu'elle aussi se prêtait au jeu. Je l'entraînais alors en direction des amuses-gueules, nos bras entrelacés. J'adoptais une marche un peu noble ce qui pouvait passer pour ridicule. Cela ne me ressemblait tellement pas. C'était juste histoire de détendre l'atmosphère et de faire, qui sait, changer d'avis Cameron concernant les soirées organisées par les fraternités. Je m'arrêtai dans ma marche devant la longue table drapée d'une nappe argentée. Il y'avait tellement de choses, de mets. Si j'avais pu, je me serai jeté tel un fauve et me serait empiffré jusqu'à n'en plus pouvoir. Mais ce soir, je devais me montrer élégant, raffiné. Je me retournai vers Cam' et dit d'un air théâtrale:
« Scuzami, la signora désire-t-elle boire quelque chose?» dis-je en esquissant une révérence. J'avais les fossettes des joues qui se creusaient. J'avais une envie d'exploser de rire. Oui, parfois je me faisais rire tout seul comme un abruti.