nichoya ✻ can't get enough of your love

can't get enough of your love — C’était l’enfer, le calvaire. Elle s’était réveillée dans l’ambulance, une douleur affreuse à la tête avant que tout ne lui revienne en pleine tête. L’accident, la collision. Et presque aussitôt, on avait cherché à la rassurer. Des contusions, une commotion, probablement rien de grave mais ils devaient la conduire à l’hôpital pour vérifier. Mais elle s’en fichait bien de tout ça, elle se foutait de la migraine qui tambourinait dans sa tête, tout ce qu’elle voulait savoir était où était Nicholas. Et le silence, rien. Personne ne lui répondait la laissant devenir folle. Les examens ne décelaient rien d’important et encore une fois, elle harcelait le personnel pour avoir des réponses jusqu’à ce que ça tombe. En soin intensif. Il avait traversé le pare-brise et son pronostic vital était engagé. C’était comme si tout s’était soudainement écroulé autour d’elle. Ouais, une peur panique de le perdre. De le perdre sur cette dernière conversation, de ne plus jamais pouvoir être avec lui. Elle avait passé deux jours à errer dans les couloirs comme un fantôme laissant les infirmières prodiguer les soins avant de retourner à chaque fois s’asseoir à son chevet, les yeux cernés, rougis et gonflés par bien trop de larme. Les proches étaient passés, avait utilisés des mots réconfortants mais Kaya, c’était comme si elle était morte de l’intérieur. Le perdre c’était se perdre elle, elle ne survirait pas à ça. Et une énième fois, elle attrapait sa main, priant de tout son être pour qu’il ouvre les yeux. Paraissait qu’il pouvait entendre alors elle lui répétait inlassablement à quel point elle l’aimait. Lui promettait de ne plus jamais lui faire de la peine et de ne jamais voir un autre que lui. Parce qu’il était toute sa vie Nicholas et qu’elle préférait se laisser mourir qu’affronter un jour de plus sans lui.

can't get enough of your love — Tant qu'elle allait bien, tout irait bien. Tant qu'elle allait bien, tout irait bien... Noir complet. Blanc complet. Qu'importe ce que je voyais, je n'étais plus. Inconscient, blessé, je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se passer autour de moi. Étais-je encore en vie ? Ça aussi c'est une bonne question à se poser. Je n'en avais aucune idée pour tout dire. C'était flou. Les images de la soirée défilaient, puis s'effaçaient, jusqu'à ne laisser aucun souvenir. C'en était de même pour Kaya.. chacun de nos souvenirs, bons ou mauvais, s'évaporaient dans la nature, pour ne laisser qu'une fumée de rien du tout. Puis ça cognait dans ma tête. Ça cognait, ça faisait mal, je ne supportais pas ça, il fallait que j'ouvre les yeux, mais c'était impossible. Paupières trop lourdes, trop fatiguées. Mort alors ? C'était donc ça la mort ? Il n'y avait que le néant, aucun souvenir auquel se rattacher ? Autant dire tout de suite que c'est nul à chier. En plus il y a ce bruit stressant, impossible à éteindre. Bip. Silence. Bip. Silence. Hôpital ? Peut-être bien. Donc je n'étais pas mort. Et il me fallait me réveiller. C'était dur, vraiment dur. Impossible. Alors je sombre de nouveau dans le noir complet. C'était au bout de plusieurs essais que finalement, mes paupières daignaient enfin s'ouvrir. Doucement, mais sûrement. C'était compliqué, la lueur de la pièce m'aveuglait et je m'y reprenais à plusieurs fois avant de les avoir complètement ouverts. J'avais mal à la tête, ça tambourinait. Mais je ne disais rien, aucun son ne voulait sortir de ma bouche.

can't get enough of your love — On ne pouvait pas lui faire endurer ça. On ne pouvait pas lui faire endurer sa perte parce que non, c’était impossible pour elle de se relever après ça. Alors ouais, elle voulait qu’il ouvre les yeux. Elle voulait qu’il ouvre les yeux et que tout aille bien par la suite. C’était la seule chose qu’elle demandait. Sa main toujours serrée dans la sienne, elle implorait le ciel qu’on le lui rende parce qu’il était inenvisageable qu’on puisse le lui enlever. Est-ce que Nicholas entendait à quel point elle était désolée ? Elle l’aimait tellement et.. La seule chose qu’elle revoyait était les larmes sur son visage, l’expression qu’il avait affichée quand il avait compris que ses sentiments pour Royce étaient toujours présents. C’était l’horreur en fait. Complètement l’horreur. Les yeux fermés depuis ce qui lui semblait être une éternité, elle finissait pourtant par le regarder à nouveau cherchant tout le courage dont elle avait besoin et.. Il avait cligné des yeux, elle en était certaine. Encore une fois. Jusqu’à tant qu’il reste grand ouvert. « Nicho ? Mon dieu Nicho » Elle en pouvait plus les larmes coulant abondamment sur son visage. « J’vais chercher une infirmière, ça va aller. Je te promet que tout iras bien. » Et sans attendre, elle venait réclamer de l’aide retournant presque aussitôt dans la chambre pour récupérer sa main. « J’suis la Nicho, je te laisse pas tomber, je suis là. » Et mon dieu ce qu’elle était soulagée de voir qu’il avait reprit conscience.

can't get enough of your love — Ma vision était trouble au début, ne discernant aucune forme, aucun détail. C'était du blanc, avec des nuances de gris. Et puis au fur et à mesure que je m'adaptais à la lumière, je percevais un peu mieux les choses. Les dalles au plafond étaient précises, la vitre en verre également. Il y avait du mouvement en face de moi, mais aucun bruit à part le bip bip constant des machines n'était audible. C'était le silence total. Est-ce que j'étais seul ? Difficile à dire, je n'osais pas bouger ma tête qui me faisait un mal de chien. Elle était où la dose de morphine ? Et puis bordel, qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi étais-je à l'hôpital, dans une pièce vide et ouverte au monde. L'intimité, ils ne connaissent pas ? Puis une voix se fit entendre au bout d'un moment, mais impossible de savoir de qui ça provenait. Rylie ? Non, ce n'était clairement pas elle. Lara ? Elle ne voulait plus me voir de toute façon. Qui ça pouvait être ? Impossible de demander puisque ma bouche était pâteuse et que j'étais encore tout endolori de partout. Tentant de lever mon bras gauche, c'était un échec. Bordel, que m'était-il arrivé ? Avalant ma salive avec difficulté, il me fallait de l'eau, mais comment en réclamer quand on était incapable de parler ? C'était au bras droit d'essayer de se lever et non, mal à l'épaule. Impossible alors. Je me mis alors à tousser, sentant la sécheresse dans ma gorge qui me fit un mal de chien. “Eau” arrivais-je finalement à dire de façon presque inaudible. Ouais, peut-être que j'allais réussir à m'en sortir en fin de compte.

can't get enough of your love — Clairement, elle fondait en larme pour la peine. Sûrement qu’il ne réalisait pas encore la frayeur qu’il avait pu lui faire. La terreur qu’elle avait dû affronter à l’idée de le perdre. Il était son monde, elle ne pouvait pas se résoudre à la perdre. Et ouais, le soulagement de le voir ouvrir les yeux, c’était typiquement ce qui la faisait craquer actuellement. Parce que clairement, ça avait été une épreuve de le voir dans ce lit, inerte, à cause d’elle. Bien sûr qu’elle remettait toute la faute sur sa personne. C’était à cause d’elle s’ils étaient dans cette situation. Pour la dispute qu’elle avait causée, pour lui avoir brisé le cœur sans le vouloir. Et ouais, elle aurait voulu que ça soit différent. Et quand il réclamait de l’eau, c’était sans attendre qu’elle attrapait le verre à proximité avant d’aller le remplir. S’asseyant sur le bord du lit pendant qu’une infirmière prenait ses constantes, elle faisait glisser le verre à ses lèvres usant de sa main libre pour surélever sa tête. « Ca va aller chaton, tout vas bien » qu’elle murmurait reposant alors le verre et venant doucement caresser sa joue avec tendresse. « Dis-moi quelque chose.. Est-ce que ça va ? » Sûrement qu’il était pas au top de sa forme mais elle avait besoin de l’entendre parler. Elle avait besoin d’entendre des mots réconfortants pour continuer à avancer tranquillement. « Le médecin va pas tarder à arriver, ça va aller. » Et elle aussi tentait d’être le plus réconfortante possible en se montrant présente, en ne cessant de le toucher. Son visage, sa main. Bordel, plus jamais ça. Elle ne voulait plus jamais ressentir un truc pareil.

can't get enough of your love — Ça tambourinait, c'était affreux. La lumière aussi, c'était affreux. Comment voulaient-ils que les gens ouvrent les yeux si tout est blanc et aveuglant ? Clairement, j'aurais du être aveugle pour m'épargner ce genre de torture. C'en était ouais, de la torture à l'état pur. Mais quoiqu'il en soit, j'arrivais à les ouvrir ces putains de yeux, et je commençais doucement à discerner les choses autour de moi. Et une voix, une voix parlait. Mon prénom je crois ouais, et Dieu apparemment. Mais qu'importe, je ne pouvais même pas parler, tant c'était pâteux dans ma bouche, et ma gorge me brûlait. Mais qu'est-ce qui s'était passé bordel..? Enfin, un verre approchait de mes lèvres et je me sentais surélevé d'un coup, afin que l'eau passe. Ok, j'avais vraiment soif avec une descente de malade. Seulement, je me mis à tousser, ce qui me fit grimacer à cause d'une douleur aux côtes. Mais merde quoi, j'étais cassé de partout ou quoi ? Et puis cette fille là, elle me fixait, comme si elle était soulagée. Je n'avais aucune idée de qui c'était. Fronçant alors les sourcils, je me risquais à poser la question, avec le tact légendaire qu'on peut m'attribuer. “T'es... qui ?” Et je me remettais à tousser, visiblement pas assez hydraté pour parler. Et oui, une nouvelle grimace en plus pour le coup, les côtes vont vraiment pas bien. Un peu déboussolé par la situation, je cherchais à comprendre ce qui se passait. Et le fait qu'il y ait une fille que je connais pas, à mon chevet, c'était encore plus perturbant. Je ne la connaissais ni d'Adam, ni d'Eve et je ne savais pas quel était son lien avec moi. Clairement, nous n'étions pas proches, sinon je m'en souviendrais. Mais de ce que je vois, on l'était.. pour elle en tout cas.

can't get enough of your love — “T'es... qui ?” Ca l’avait frappé de plein fouet. Ca venait de la percuter encore plus violemment que l’accident d’il y a deux jours. T’es qui. La question qui remettait tout en doute. Se remettant debout, lâchant sa main, elle sentait ses jambes trembler manquant de la faire s’écrouler au sol. C’était comme dans ces films où le protagoniste se tenait debout, impassible quand tout autour de lui explosait, s’écroulant dans des milliers de débris. La main de la jeune femme venait s’agripper à la table sur la droite, tentant de supporter son propre poids. T’es qui ? Alors c’était ça la sensation d’un cœur brisé ? Parce qu’elle avait l’impression qu’on venait de la poignarder un million de fois à coup d’aiguille. Juste assez pour lui faire sentir la douleur lancinante sans pour autant la tuer. C’était la désillusion. La joie de son réveil venait maintenant contraster à la douleur de cette question. « K..Kaya » qu’elle bredouillait luttant avec elle-même pour ne pas se laisser tomber sur le sol. Y avait l’infirmière qui lui jetait un rapide coup d’œil partant aussitôt dans sa direction pour la faire asseoir consciente que le blanc livide de son visage n’était pas normal. « Je suis.. Je suis ta femme Nicholas. Je.. » Elle est sa femme. Non mais elle était censée faire quoi là ? Parce que concrètement, elle avait le cœur qui partait en vrille. Assise sur le fauteuil qu’elle avait occupée sans relâche jusqu’à son réveil, elle triturait nerveusement l’alliance qui ornait son doigt. « Je.. » Le médecin entrait dans la pièce interrompant alors la jeune femme. S’ensuivait toute une série de test stimulant sa mobilité et finalement sa mémoire. Constatation ? Il se souvenait de tout. De tout et de tout le monde sauf d’elle.

can't get enough of your love — Et elle me regardait avec des yeux bizarres, comme si cette question la touchait de plein fouet. Pourquoi ? Pourquoi réagissait-elle comme ça alors qu'on ne se connaissait pas ? C'était quand même de l'abus. Elle devait être quelqu'un dans le milieu théâtral en fait, je ne voyais pas d'explication possible. Une ancienne conquête ? Peut-être aussi, j'en savais rien. J'avais toujours mal au crâne, ça me faisait un mal de chien et en plus de ça, je n'avais aucune idée d'où était le bouton de la morphine, si jamais j'en avais un. La fille, Kaya apparemment, devenait livide mais j'étais dans l'incapacité de faire quoique ce soit de toute façon. Mon bras gauche ne semblait plus répondre, mon bras droit était dans une écharpe de par une fracture apparemment. Mes côtes me faisaient un mal de chien et ma tête, j'en parle même pas. “Je suis.. Je suis ta femme Nicholas. Je..” Fronçant les sourcils, je ne comprenais pas ce qu'elle disait. “Hein ?” Comment ? Je n'étais pas marié moi, j'étais célibataire et clairement pas marié. Mais elle semblait croire le contraire. C'était à ce moment là que le médecin débarquait pour savoir où j'en étais après ce coma de deux jours apparemment. Traumatisme crânien, fracture de l'épaule droite. Paralysie temporaire du bras gauche, fracture de deux côtes et.. perte de mémoire. Non, disons que j'ai visiblement oublié tout ce qui touchait à cette fille là, Kaya. Le médecin s'en allait, me laissant avec cette dernière. “Marié..?” finissais-je par demander.

can't get enough of your love — Et elle était éteinte Kaya. Elle était complètement éteinte pendant tout le long du diagnostic. Comme si on venait de lui retirer une partie de son âme. Mais comment était-elle censée faire face à ça ? C’était impossible. Il ne pouvait pas l’avoir oublié. Il ne pouvait pas se souvenir de tout sauf d’elle, pas vrai ? C’était juste.. Inhumain ? On ne pouvait pas lui faire un truc pareil en fait. Comment est-ce qu’elle était censée garder la face dans un truc pareil ? Et même quand ils étaient de nouveau en tête à tête, elle gardait le silence. Incapable de dire quoi que ce soit. Au fond, elle avait peur de s’étrangler dans ses sanglots si elle tentait la moindre parole. C’était lui qui rompait le silence répétant le mot « marié » visiblement sous le choc d’une telle révélation. Détournant le regard, elle hésitait quelques instants cherchant sûrement une once de courage dans tout ça. Et finalement, elle revenait prendre place sur son lit, tentant de capter son regard, cherchant n’importe quoi qui serait susceptible de la rassurer. « Depuis cinq mois.. On est ensemble depuis.. Un peu moins d’un an si on enlève les complications. » C’était en parlant de date qu’elle se rendait compte d’à quel point les choses avaient pu aller vite entre eux. Peut-être trop. Attrapant son bras gauche, elle faisait remonter sa main pour qu’il puisse voir son alliance avant de pousser un soupir. « Ok, là c’est franchement bizarre » Rire nerveux à l’appui elle détournait le regard une nouvelle fois. Elle était folle amoureuse et marié à un homme qui ne connaissait même plus son prénom.

can't get enough of your love — Comment pouvait-on se souvenir de tout, sauf d'une personne ? Je ne comprenais pas. Et clairement, je n'étais pas en mesure d'essayer de comprendre. La morphine commençait à peine à faire effet et ça me soulageait déjà de cette douleur à la tête qui était insoutenable. Il en était de même pour mes côtes. J'arrivais un peu mieux à respirer à présent et c'était tant mieux. Mais pour le reste, je ne me sentais pas aussi mal que Kaya, visiblement. Elle était livide et semblait perdre vie peu à peu. J'étais si important que ça à ses yeux ? Apparemment oui, puisque j'étais son mari. Mais comment pouvais-je oublier ma femme en fait ? “Les complications ?” J'étais sûrement un peu trop à l'ouest pour elle et sûrement que ça la blessait mais je ne comprenais pas grand chose de tout ça, je me réveille d'un coma de deux jours pour apprendre que j'avais oublié ma femme, et tous les souvenirs qui lui étaient associés. Mon bras, celui que je ne sentais plus du tout et que je ne contrôlais tout bonnement plus, elle me le levait afin que je puisse voir l'alliance sur l'annulaire. Ah oui, en effet. Mais ça ne me ramenait pas les souvenirs. “Oh.” Et je voyais bien qu'elle n'allait pas bien, et ce, depuis que je lui ai révélé ne plus avoir souvenir d'elle. Mais qu'est-ce que j'y pouvais ? “Je suis désolé” finissais-je par dire, ne sachant pas quoi ajouter à ça.