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« Leave, learn and want to start over. » ft. Lily.

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Au moins avait-il le don de me faire sourire, oubliant de ce fait la morosité d'une soirée à laquelle je n'avais jamais eu plus envie de m'éclipser. « Je suppose que tu as raison. » M.&A. était une entreprise qui avait la côte. Florissante et mystérieuse tant au niveau des divers domaines dont elle se préoccupait que du fonctionnement en lui-même. Sans entrer dans l'illégalité, Amoun avait fait en sorte que tout ce qui concernait son empire n'en sorte jamais, et encore moins sur le devant de la scène. Avait-il quelque chose à cacher ? Cela ne m'étonnerait pas, mais étant encore nouveau, je n'en savais pas plus que ce que mon associé m'en avait précisé. Quoiqu'il en soit, j'étais comme...indifférent aux commentaires de Jon. Loin de me mentir concernant le danger que je pouvais désormais courir à visage découvert, ma préoccupation principale était la santé et le bonheur de Lily. Les miens semblaient n'avoir plus aucune importance, comme si je les avais définitivement oublié de l'équation.  En outre, quiconque s'attaquerait à moi risquait également les foudres de mon associé, et bien que cela me fasse presque sourire de le reconnaître, je déconseillerai à quiconque, agents, tueurs à gage, et même Dieu à personne, de se frotter à un homme tel qu'Amoun D. Montou. Si d'ordinaire l'inquiétude de Jonathan flattait mon ego, il pouvait s'apercevoir ce soir de mon aveuglement. Ce fut tout juste si je compris son allusion. Focalisé sur la grande salle, je ne réfléchissais plus à rien d'autre qu'à ce couple qui m'exaspérait au plus haut point, délaissant les fondements même de la logique.

Soudain, la question fut posée, et je gardais intérieurement une réponse qui pourtant, me brûlait les lèvres. Immobile, contemplant devant moi celle pour qui j'avais décidé de tout plaquer, un soupir s'échappa à peine de ma gorge alors que mes mâchoires se contractaient. Je détestais devoir mentir à Jon. Il était plus qu'un ami à mes yeux, comme un père. Mais je savais aussi quels risques je prenais si l'homme en venait à apprendre toute la vérité. « J'en avais assez de reproduire les mêmes erreurs. J'avais besoin de changements. » Ma tête s'abaisse, je vide les ultimes gouttes de champagne avant de lâcher avec gravité. « Je l'ai fait pour une femme. » Le sujet était clos. Après avoir lâché une telle bombe, je savais que Jon me poserait des questions, ou tenterait de deviner de qui il pouvait s'agir, peut-être même douterait-il de ma parole puisqu'il ne m'avait jamais vu au bras de qui que ce soit depuis Catherine. Tant pis. Tant mieux. Je n'avais pas menti, j'avais simplement omis certaines parties de l'histoire. En attendant, les raisons évoquées par Jon me firent presque rire alors que je jetais un coup d'oeil à Amoun qui se pavanait et faisait rire son public à quelques mètres de là. « Je  laisserais les galas et les courbettes à mon associé. C'est son domaine de prédilection, après tout. » rectifiais-je avec humour. Force est de constater cependant qu'il n'avait pas tort. Cette vie inconnue à laquelle j'aspirais aujourd'hui divergerait totalement de celle que j'avais vécue. Pour le meilleur...ou pour le pire. « Désolé de te décevoir, mais j'ignore tout de sa vie depuis les ...deux derniers mois écoulés. » soupirais-je en fronçant les sourcils. Soit, depuis notre séparation officieuse pour faire court. Quoiqu'il en soit, surpris que Jon ait remarqué notre bonne entente à Lily et à moi, je remerciais les cieux que son observation n'ait pas poussé plus loin son raisonnement. Peut-être était-ce une forme de déni si on y réfléchit bien. Etre aveugle parce qu'on refuse de voir l'évidence. Ecoutant attentivement, un sourire fugace étreint mes joues à l'annonce de ce que je qualifierais de « promotion » dans sa carrière d'artiste. J'ai toujours pensé qu'elle y parviendrait. Et je n'en étais que plus heureux que son avenir professionnel débuta ici à Boston, plutôt qu'à New-York là où sa mère avait si souvent tenté de l'entraîner. « Oh, en es-tu sûr ? Un grand gaillard comme toi doit avoir quelques cartes dans sa poche qui sauraient facilement effrayer même les plus courageux, j'en suis persuadé. » plaisantais-je en faisant implicitement référence à ses manières pas toujours très délicates d'aborder les sujets, et les gens.

« ...depuis Sergueï. » terminais-je à sa place en plissant le front. Evidemment que j'étais au courant, et il le savait pertinemment. Depuis la fois où ces tueurs nous avaient poursuivi, mettant la vie de Lily et la mienne en danger, lorsqu'il avait dû la protéger, Jon savait forcément. Pourtant, nous n'en avions jamais discuté, comme si le sujet si sensible soit-il, relevait également d'une forme de...faute professionnelle. Une erreur de parcours. « Elle m'en a brièvement parlé. » précisais-je calmement. « Mais je ne crois pas qu'elle sache toute la vérité au sujet du décès de ce jeune homme, est-ce que je me trompe ? » finis-je par lui demander en le fixant droit dans les yeux. Sans l'accuser de quoique ce soit, mes intentions étaient pourtant claires : la vérité éclaterait un jour ou l'autre, alors tant qu'à porter ce fardeau, je veux bien t'aider à soulager son poids en te prêtant l'oreille, au moins pour ce soir. Quant aux fréquentations de Lily, ses doutes, que je perçus très distinctivement m'obligea à contourner la question, encore une fois. « Si elle avait une relation avec cet O'Brien ? Oui, tu seras le premier au courant, promis. » Avec l'égyptologue certes, avec les autres peut-être si tant est que certains détails me déplaisaient. Avec moi...non. Car si je venais d'apprendre que l'âge du compagnon de sa fille représentait tout pour Jonathan, le problème résidait ailleurs. Ce n'était tout simplement pas à moi de lui annoncer ma relation – fanée certes quoique mes sentiments pour elle furent toujours aussi vivaces – avec Lily. Lorsque, et si la jeune femme était prête à le faire, un jour ou jamais, je respecterai son choix et la soutiendrai, quoiqu'elle décide. En attendant, je me taisais, affichant un sourire exagéré à mon ami afin qu'il comprenne que la simple hypothèse de ma jalousie  était totalement ridicule à concevoir, alors qu'intérieurement je parvenais non sans peine à contrôler les battements d'un cœur devenant peu à peu d'une sensibilité que je jugeais grotesque et démesurée.  Fort heureusement, la conversation changea rapidement d'objet. « Je doute que vous vous entendiez mais soit, je veux bien te le présenter si c'est ce que tu souhaites. » soupirais-je en lui jetant un regard en biais. Plus insistant à propos de sa conquête rencontrée par hasard quelques mois auparavant, je l'observe sans oser l'interrompre ou intervenir dans un débat que je jugeais stérile. Personnellement, ma réaction avait été plus poussée que celle qu'il avait eue auprès de Susan. Lorsque j'avais appris ma paternité, j'avais ni plus ni moins manqué d'étrangler Grace, sa mère. Bon, il faut avouer aussi que Paris m'avait raconté une partie de son enfance, ce qui avait largement compté dans la balance. Quoiqu'il en soit, je comprenais parfaitement la réaction de Jon, autant à l'égard de Susan qu'envers Alysse. Manquant de préparation, et vu le caractère rebelle de la jeune femme, il ignorait sans doute  comment l'approcher.

Gordon et Margaret dans la place, je lève les yeux au ciel en me demandant quelle affreuse nouvelle allait encore venir gâcher ma journée, alors que ma mère, fidèle à sa nature protectrice et bout-en-train, grondait gentiment Jon avant de courir vers Lily. « Margaret. » Elle avait toujours préféré qu'on l'appelle par son prénom qu'en la qualifiant de « madame ». Elle disait avoir l'impression de rajeunir ainsi. Nous laissant ainsi régler nos comptes en posant un dernier regard équivoque à son tendre époux, ce fut Lily qui la réceptionna quelques secondes plus tard, surprise sans nul doute de voir débouler une tornade blonde au milieu de la piste. « Ma chérie, vous êtes radieuse, et cette robe...elle vous donne un charme fou ! » commença la matriarche en retenant ses mains pour mieux étirer ses bras et ainsi mieux l'observer sous toutes les coutures. Une main qui ne manqua pas de se poser sur sa joue, y apposant une caresse furtive comme l'aurait fait une mère avec sa fille. « Ce vieux truc ? Oh, merci mon chou, c'est adorable. Oui Gordon doit être quelque part. Lorsque je l'ai laissé, il discutait avec votre père. Charmant personnage lui aussi. Si seulement il arrêtait de m'appeler « madame Austen » je suis certaine que nous nous entendrions à merveilles ! » s'exclama Margaret avec un grand sourire conquis avant de jeter un bref coup d'oeil à Jorah pour se retourner finalement vers lui, tendant délicatement sa main dans sa direction. Entre temps, je la rejoignais, plus parce que la compagnie de mon père me hérissait les sens que par volonté réelle. Posant d'abord les yeux sur Jorah, je déviais ensuite vers Lily, laquelle j'admirais discrètement en appréciant tout particulièrement sa toilette, et ses iris d'émeraude dans lesquels j'avais si souvent voyagé. « Lily... » murmurais-je à mon tour sans sourire, mais sans pour autant montrer nul signe extérieur de colère. A vrai dire, elle s'était envolée à l'instant même où je m'étais approché. Je la fixais maintenant avec une attention nouvelle. Comme un spectateur qui observe un tableau, cherchant à deviner les intentions de l'artiste, étudiant chaque détail pour les graver dans sa mémoire et soupirer devant une beauté qu'il ne saurait jamais reproduire à l'identique. « Monsieur O'Brien. Merci beaucoup monsieur, c'est un plaisir de faire votre connaissance. » minauda ma mère en souriant de toutes ses dents à l'Egyptien. « Mon chou, vous avez de la chance et beaucoup de goût pour la gent masculine. Ce garçon est tout à fait charmant...et terriblement attirant. » chuchota t-elle ensuite à l'oreille de la jeune femme en passant un bras attentionné autour de sa taille. Ne vous y trompez pas. Si Margaret Austen possédait de nombreux défauts, parmi lesquels son instant surprotecteur qui avait tendance à étouffer son entourage, son incapacité à voir le mal qui pouvait exister en chacun de nous, ou encore son caractère impétueux voire excentrique, elle n'en était pas moins une femme qui prenait grand soin de ceux qu'elle estimait digne de faire partie de ses fréquentations. Son intérêt pour Lily ne fut donc motivé que par l'envie de l'aider, de la conseiller, de l'écouter en règle générale, car elle avait compris depuis longtemps, au détour de nos discussions à propos de la mère biologique de Lily, que cette dernière avait sans doute manqué d'une épaule sur laquelle s'appuyer en cas d'incertitudes. Une épaule éminemment féminine.

Tout au long de leurs échanges, je n'avais pas loupé une miette du spectacle, comme si mes pieds et mon attention refusaient catégoriquement de s'occuper autre part. Ce n'est que lorsque Jorah m'interpella que je détournais les yeux, non sans une forme de lassitude muette. « Les nouvelles vont vite par ici. Puis-je savoir d'où vous tenez cette information ? » répondis-je, presque avec sarcasme. Les journalistes. Je ne voyais que cette bande de rapaces pour faire circuler un renseignement aussi rapidement. A moins que ce ne soit Amoun lui-même qui ait décidé de jouer les pigeons messagers. Quoiqu'il en soit, sa question me laissa perplexe l'espace de quelques secondes. Et je n'eus pas le temps de confirmer ou non, que Lily intervint, visiblement attérée d'apprendre la nouvelle de ma reconversion professionnelle. « Depuis que tu es devenue...restauratrice au musée de Boston...attends...oui je crois que ça s'est passé plus ou moins à la même période. » répliquais-je ironiquement. Pouvait-elle m'en vouloir alors qu'elle-même m'avait caché sa nouvelle profession ? Non, certes non. Sauf qu'à défaut de lire de la colère, de la déception voire de la tristesse dans les yeux de la jeune femme comme je m'y attendais alors, ce fut la peur qui s'imprima dans mon esprit, alors que mes sourcils s'incurvaient tandis que je tentais d'identifier ce qui pouvait bien avoir causé une telle réaction chez la jeune femme. Ce ne pouvait être le métier en soit. Etre entrepreneur vous faisait prendre bien moins de risques que la profession d'agent secret. Mais alors quoi ? La réponse vint quelques secondes plus tard. Pardon ? Elle avait...discuté avec Amoun ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Le geste de Jorah, qui soit dit en passant ne m'avait pas échappé, combiné à la nouvelle ne fit que renforcer mes doutes. Je connaissais Amoun, mieux que n'importe qui. Je savais de quoi il était capable. C'était donc ça. Ce regard qu'il m'avait jeté lorsque Lily avait fait son entrée tout à l'heure. Il avait compris. Sans rien dire, sans oser, il avait compris et avait décidé d'agir. Sans m'en informer. Et connaissant son tempérament et celui de Lily, je me doute que l'échange, s'il fut fructueux pour l'Egyptien, dût être terrible à endurer pour la jeune femme. « Mais qui est cet homme que tout le monde semble connaître ? Ton père lui-même m'en parlait lorsque nous sommes arrivés ! » s'étonna alors ma mère en me regardant, incrédule. Gordon le connaissait...comme c'est étonnant. Encore un autre secret de polichinelle je présume. « Veuillez m'excuser. »

Terrifiante, dérangeante et insidieuse, ma colère venait de monter en flèche à l'évocation de son prénom. Comment avait-il osé ? Je n'avais pas besoin de plus d'informations pour comprendre qu'il l'avait menacée. Psychologiquement sans doute pour commencer, c'était sa méthode d'approche favorite. Et si la démonstration ne suffisait pas, le couperet tombait. Un, puis deux, trois, jusqu'à ce que... non, pas cette fois. Sûrement pas avec Lily. Marchant à vive allure en traversant la salle avec assurance et détermination, mes doigts agrippèrent son avant bras aussitôt que je le vis, l'obligeant à me suivre en le traînant jusqu'aux toilettes pour hommes, sans faire attention aux convives dont certains causaient déjà sur la scène qui venait d'avoir lieu sous leur nez. « Oh oh, doucement cow-boy, je peux savoir où on va ? » Une fois certain qu'il n'y avait personne dans les toilettes alentours, je me retournais pour lui faire face tandis qu'il s'occupait de rajuster sa veste et ses manches devant le reflet que lui renvoyait le miroir. « Franchement, si tu avais envie d'un tête à tête en amoureux, il te suffisait de le dire trésor. » susurra t-il avec un sourire carnassier alors qu'un coup de poing phénoménal et inattendu atteignait au même moment sa mâchoire inférieure. « Ne t'avise plus jamais, de menacer Lily-Rose Hopkins, tu m'as bien compris ? PLUS JAMAIS, AMOUN ! » grognais-je en attrapant son col pour le plaquer contre le mur de derrière. « Et je te défends de prétendre le contraire, je sais que tu lui as parlé tout à l'heure. J'ignore ce que tu lui as dit, mais elle était terrifiée. Je te jure que si tu l'as touché... » Un violent coup de poing dans les côtes venait de me faire reculer de plusieurs pas en arrière. Instinctivement, mes bras se rapprochèrent de mon visage, prêts à lutter. De son côté, l'Egyptien n'avait plus rien de l'homme charmant et séducteur d'il y a quelques minutes. Son regard s'était assombri, ses poings refermés sur eux-mêmes, son front se plissait à vue d'oeil. En fait toute son attitude dénotait celle d'un animal prêt à fondre sur sa proie et à la déchiqueter jusqu'à ce que mort s'en suive. « Tu sais très bien que si je l'avais touché, elle ne serait plus là pour en parler. » souligna très justement l'homme en frottant sa mâchoire douloureuse. « Oui, je lui ai effectivement touché deux mots, à cette petite. A propos, qu'y a t-il entre vous au juste ? Ton comportement me prouve que cette fille si ordinaire te tient à cœur, alors pourquoi est-ce cet Egyptologue qui l'accompagne ce soir ? Papa et maman se seraient-ils disputés ? » se moqua t-il en haussant les sourcils. « Je ne plaisante pas, Amoun. Je t'interdis de t'approcher d'elle. » repris-je en gardant les yeux rivés sur lui. « Très bien, je vais te faire une promesse, si ça peut te faire plaisir Law'. Je te promets que tant que cette fille ne te fera pas souffrir, il en ira de même pour moi, cela te convient ? Ca me paraît raisonnable, non ? » souffla t-il en repoussant mes deux bras en position de défense pour poser une main sur mon épaule. « Ma vie privée ne te concerne en rien. » rétorquais-je en grondant. Ce qui évidemment, eut pour effet de le faire rire comme si cette simple idée était inconcevable et absurde. « Que tu crois, chéri. Tu sais bien que je ne peux m'empêcher de m'intéresser de trèès près à ta vie privée. Intime même, devrais-je ajouter. » souffla t-il près de mon visage, avant de fronçer les sourcils et de poser une main contre ma joue. « Veux-tu que j'appelle un médecin pour tes côtes ? » Cette fois, il paraissait sincère, cherchant déjà à tâter la peau sous mon costume alors que je le repoussais vivement en arrière. « Je n'ai pas besoin de toi, je vais très bien. Va t-en. » soufflais-je en m'installant derrière un lavabo pour me passer quelques gouttes d'eau sur le visage. « Très bien, c'est toi qui vois. En attendant, passe une bonne soirée. Oh, et une dernière chose...si je ne peux pas m'approcher de ta copine, essaie au moins d'avoir la ligne privée de son cavalier. J'aimerais beaucoup m'entretenir avec lui. Qui sait, nous aurons peut-être des intérêts communs tous les deux... » me souffla t-il en riant de son allusion perverse avant de disparaître.

Une fois dehors, respirant un bon coup, il lui fallut à peine deux secondes pour retrouver sa bonne humeur, et de chercher du regard celui de Lily jusqu'à ce qu'il le trouve, s'en imprègne et de son index et du majeur, de lui glisser un baiser du bout des lèvres avant de rire aux éclats et de s'éloigner pour de bon à l'autre bout de la salle.


AVENGEDINCHAINS



@Lily-Rose S. Hopkins

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leave, learn and want to start over
lawrie & lily & plus si affinités.


Si la première raison qu’il vint à lui fournir aurait pu lui suffire, l’annonce suivante le fit sourciller quelque peu, comme s’il s’agissait de quelque chose de bien trop incongru pour qu’il puisse l’accepter tout à fait. Évidemment les questions surgirent immédiatement, quoique l’expression de Jon demeura stoïque, imperturbable qu’il était souvent. Seuls ses sourcils s’arquèrent alors qu’il trempait ses lèvres dans son verre, jetant un regard en biais à l’écossais. « Une femme vraiment ? Je ne te savais pas si prompt à abandonner ta vocation pour les beaux yeux d’une nymphe. » plaisanta-t-il sur un ton doucereux. Lui-même avait pris le parti de faire passer sa vie professionnelle avant sa vie personnelle bien trop souvent. Il en avait parfaitement conscience, et ne le regrettait pas. Même avec le recul, il s’était habitué à vivre seul, conscient que les relations de couples n’étaient surement, au fond, pas faites pour lui. Il aimait les femmes bien sûr. Mais jamais il n’aurait sacrifié son professionnalisme pour elles. A part pour sa fille peut-être … Et encore, même à ce niveau, il avait impliqué Lily dans bien trop de situations compromettantes pour être exempt de tous reproches. « A-t-elle conscience du choix que tu as fait pour elle ? » Du fait que l’ingénue en question ne soit pas à son bras ce soir, il en arrivait à la conclusion qu’elle n’avait certainement pas conscience du « sacrifice » qu’il avait dû faire. Il s’apprêtait à insister, déjà curieux à l’idée de mettre un visage sur de telles décisions, mais se ravisa en observant l’expression plus fermée de son ami. Visiblement, le sujet était clos, et il n’obtiendrait guère d’informations à ce sujet ce soir. « Tu t’en es toujours bien sorti aussi avec ces choses-là. » constata-t-il en reprenant le fil de la conversation. « Oh … Je vous pensais amis depuis que vous vous étiez recroisé à la faculté. J’avoue que ça me rassurait, de savoir tu étais dans les parages. Au moins je la savais en sécurité. » Admit-il, l’idée que leur relation ait pu être autrement que platonique ne lui ayant même pas effleuré l’esprit. Pour Jon, c’était tout simplement inconcevable. Lawrence avait connu Lily étant enfant, et lui-même percevait encore sa fille comme telle parfois. Aussi les imaginer ensemble relevait du tabou, voire de l’impensable. « Alors ça … Tu n’as pas idée. » répondit-il avec un sérieux inébranlable, adoucit par un sourire carnassier. Pour sûr, il avait plus d’un tour dans son sac pour dissuader les jeunes premiers, et même les plus expérimentés. Il n’y avait pas de demi-mesure lorsqu’il s’agissait de sa fille. Sans se rembrunir totalement, le sujet de Sergueï sembla le rendre plus soucieux, et son expression se ferma, frôlant un instant le mutisme. Visiblement il ne s’étendrait pas sur le sujet. « Elle n’aurait pas dû se trouver-là. » constata-t-il, le regard plus sombre, presque dissuasif pour lui interdire d’emprunter des territoires glissants comme celui-ci. Il en savait déjà bien trop à son goût. « Elle n’a fait qu’effleurer la vérité, et cela doit rester ainsi. Elle a déjà suffisamment souffert, il n’est pas utile d’en rajouter. » Conclut-il, l’expression de ses traits montrant que le sujet était également clos de ce côté-là. « Es-tu entrain de douter de ma sociabilité, ou est-ce un homme peu recommandable ? » plaisanta-t-il enfin alors qu’ils étaient rejoints par Margaret et Gordon, dont l’arrivée interrompit leur conversation.

***

« Oh merci … Merci beaucoup. » bégaya presque Lily, désarçonnée face aux élans affectueux de Margaret dont elle n’avait décidément pas l’habitude. Lenore n’avait jamais été très tactile avec elle, et Jon, encore moins. L’embrassade d’une mère, la chaleur diffuse qui s’empare de vous à son approche et qui peut vous rassurer : de tout cela elle ne savait pas grand-chose. Elle ne connaissait que le manque, et l’absence, qui l’avaient rendue maladroite dès lors qu’elle recevait une attention sincère de la part d’une femme d’âge mûr. « Ce sont les réminiscences de son éducation, ne lui en voulez pas pour ça. Il est loin d’être aussi courtois avec tout le monde vous savez. » Plaisanta-t-elle, d’humeur plus joviale tout d’un coup. Margaret avait ce pouvoir étrange d’apaiser les tensions, et elle dégageait une telle énergie que cela en était contagieux. Jorah occupé à montrer ses respects avec élégance, Lily se permit d’observer le nouveau venu dans un flottement qui, s’il avait été remarqué par d’autres, aurait pu sembler suspect. Son cœur s’était serré dans sa poitrine, tension quasi insupportable qui la faisait osciller entre l’envie de le prendre dans ses bras, là, maintenant, en faisant fi de tout le reste, et celle de le frapper pour le punir de ce qu’il était, et de tout ce pouvoir qu’il avait sur ses ressentis. Elle n’était pas en colère, n’était pas heureuse non plus, tiraillée entre les deux pôles avec cette envie sous-jacente, presque impérieuse, de lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Car tout cela devenait si lourd à porter … Si lourd. « Pardon ? » Sur ces entrefaites, elle n’avait entendu que de loin la remarque de Margaret, et il lui fallut quelques secondes pour mettre un sens sur ses sous-entendus. Comme une bouffée de chaleur, ses joues s’empourprèrent tout d’un coup, presque gênée en réalité qu’elle ait pu en arriver à cette conclusion, et surtout devant Lawrence. « Oh non non rien à voir avec cela … Nous sommes collègues. Monsieur O’Brien est même mon supérieur hiérarchique en réalité. » lui confia-t-elle sur la même tonalité discrète.

« Tout le monde est courant. » énonça Jorah d’un ton presque badin, restant bien entendu dans une mesure calculée. Il poussa même le vice en ajoutant subtilement, en sourdine : « Enfin, presque tout le monde. », faisant subtilement référence à Lily qui ignorait jusqu’alors cette information. Loin d’être un idiot il avait bien remarqué qu’un lien existait entre eux. Il en subodorait la nature sans être totalement sûr. Aussi c’est sans peine qu’il pouvait supposer que le fait qu’il ne l’ait pas informée de sa « promotion » aurait pu la toucher, d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs l’intéressée arborait à présent une mine surprise. Pourquoi ne lui avait-il rien dit avant ? Qu’est-ce qui avait motivé son choix de changer de profession ? Ne voulant pas nourrir de faux espoirs en imaginant une réponse trop idéale, elle en arriva bien vite à la conclusion que s’il l’avait fait pour elle, il le lui aurait dit plus tôt. Il ne se serait pas muré dans le silence comme ces dernières semaines. Son ironie vint la cueillir à point nommé, lui faisant pincer les lèvres alors qu’elle se renfrognait ostensiblement. Implicitement il venait de lui rappeler qu’elle n’avait rien dit non plus, se terrant derrière son orgueil, ne l’informant pas des changements importants qui avaient eu lieu dans sa vie. Pas un pour rattraper l’autre … « Oh tu es au courant aussi ? Comme quoi, les nouvelles vont vite. » ne put-elle s’empêcher d’ironiser à son tour. Pourtant, contre toute attente, l’agacement laissa vite place à un sentiment beaucoup plus insidieux. Ce Montou ne lui inspirait pas confiance. Pire encore, elle ne l’avait vu que quelques minutes, et il avait su la révulser par son attitude. Attitude qu’elle n’avait toujours pas comprise d’ailleurs. Ainsi était-ce lui ce fameux associé dont tout le monde parlait ? Rien que d’y penser, cela la fit déglutir doucement, un malaise profond l’envahissant alors que Lawrence prenait congé, visiblement contrarié. Ce fut cet instant –là que choisit Jonathan pour les rejoindre, brimant son instinct qui lui disait de le suivre. « Lily … » Très furtivement, il avait déposé ses lèvres sur sa tempe, très peu démonstratif même à son égard, puis il s’était tourné vers Jorah, l’observant plus durement. « Monsieur O’Brien, je suis ravi de vous croiser de nouveau. A croire que vous êtes suspendu au bras de ma fille en permanence à présent. » le piqua-t-il au vif en lui serrant fermement la main, pressant ses phalanges assez durement pour lui donner un petit avertissement implicite. Jorah le sentit bien sûr, mais la menace sembla glisser sur lui comme une goutte d’eau sur un imperméable. « Papa, tu exagères … » maugréa Lily, l’œil hagard, dérivant sur le côté. Elle devait y aller. Elle avait vu son expression … Quelque chose n’allait pas, elle le savait. Aussi lorsqu’elle aperçut au loin Montou qui ressortait des toilettes des hommes, et surtout face à ce baiser malsain qu’il lui envoya de loin, elle eut un sursaut d’inquiétude qui la poussa à prendre congé à son tour. « Veuillez m’excuser, il faut … Que j’aille me repoudrer le nez. » trouva-t-elle comme excuse pour s’éclipser vers les toilettes, ignorant l’inquiétude de Jorah qui se demandait si ses haut-le-cœur n’avaient pas repris.

***

« Lawrence ? » prudente, incertaine, elle avait hésité avant de poser ses doigts sur la porte pour entrer dans les toilettes des hommes. Comme si elle craignait ce qu’elle aurait pu y voir. « Lawrie … Est-ce que ça va ? » s’enquit-elle lorsqu’enfin elle aperçut sa silhouette penchée au-dessus du lavabo. Par chance, il n’y avait personne d’autre qu’eux pour l’instant. N’osant s’approcher pendant quelques secondes, l’inquiétude prit bientôt le pas sur tout autre sentiment rationnel, et elle s’avança jusqu’à lui, posant une main sur son avant-bras doucement. « Tout va bien ? Tu es parti si vite … Et j’ai vu ton … Ton associé ressortir … Est-ce qu’il t’a fait quelque chose ? » Aux vues du désordre de sa coiffure, de la position prostrée vers l’avant qu’il avait lorsqu’elle était entrée, elle parierait sur un coup dans les côtes, ou l’estomac. Rien que de penser que ce Montou avait pu le blesser, gratuitement, cela la rendait malade. Littéralement. Rien de tel pour qu’elle nourrisse une profonde aversion envers lui, si ce n’était déjà fait.




Lily > #426fdb
Jorah > #db424d
Jon > #10b463


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black pumpkin

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« Je l'aime. » soufflais-je pour que mon ami comprenne bien que cette attention, je ne l'aurais eue pour aucune autre. Deux petits mots que jamais encore n'avaient passé la barrière de ma bouche ou de mon cœur. Il faut croire que l'éloignement sert réellement à vous ouvrir les yeux sur votre passé. Fixant Lily du regard, les souvenirs remontent le courant. Ses rires, ses sautes d'humeur, ses baisers au creux de mes bras...oui, elle fut le cadeau que je n'espérais plus. Une force et une faiblesse dans ma vie. Mais au moins avec elle, je me sentais exister. « Non. » soupirais-je en baissant aussitôt les yeux comme si cette vérité-ci, je l'avais oublié. Est-ce que ça changerait quelque chose qu'elle l'apprenne aujourd'hui ? « Cela n'a plus aucune importance désormais. » Jorah la rendrait sûrement plus heureuse de toutes façons. Ils partageaient la même passion pour les arts, que je ne comprendrais jamais même après des années d'apprentissage. Il avait cette même façon de la regarder qui me révulsait certes, mais avec cet instinct protecteur qui ne me laissait aucun doute quant à son sentiment pour elle et de savoir qu'elle pourrait toujours compter sur son soutien. Pourtant, une petite lueur en moi refusait de s'éteindre totalement. Au contraire, elle rugissait et me faisait presque suffoquer. La jalousie, que je n'éprouvais plus depuis si longtemps, gagnait peu à peu du terrain.

En sécurité oui, certes. Encore que je n'étais pas certain que Jon aurait approuvé les cours de self-defense que j'avais accordé à sa fille chérie. Mais pour sûr, jusqu'à il y a quelques mois, je parvenais à maîtriser – non sans mal – ce que je ressentais, la moindre émotion qui me culpabilisait. Lily n'avait jamais craint son professeur jusqu'à ce fameux baiser. Et là, tout avait dérapé. Si son père l'apprenait... je crois que je préfère ne pas y songer. Ceci dit, je ne pouvais lui retirer cela. « Je serai toujours présent pour Lily, Jon. Je veillerai toujours sur elle, je te le promets. » affirmais-je alors comme si cela me tenait à cœur, et qu'importe les doutes que cela pouvait engendrer dans son esprit aiguisé. Quant à Sergueï, il semblait tout aussi prompt à en terminer avec cette conversation avant même d'entrer dans les détails. Ce qui me fit en déduire que son implication n'était plus seulement envisageable mais bien réelle. Sur le moment, je ne sus comment l'interprêter, me contentant de l'observer longuement, le juger presque. Un père pouvait-il, par amour pour sa fille et pour assurer pleinement sa sécurité, sacrifier une partie de son âme au point de détruire son premier amour et de la laisser dans l'incertitude ? La réponse, je la connaissais déjà. J'espèrais seulement que ses intentions ne furent pas de nuire et leurs conséquences fâcheuses, évitées s'il l'avait désiré. Auquel cas, Lily ne lui pardonnerait jamais, j'en mettrais ma main à couper. D'ailleurs, si ma raison me hurlait de me taire, mon cœur lui ne put m'empêcher de me rappeler mes devoirs envers la jeune femme, eu égard à tout ce que nous avions partagé et qui découlait de toute cette affaire. Si on y réfléchissait bien, quoiqu'indirectement, Jon était plus ou moins le déclencheur de notre séparation. Ce pourquoi, je murmurais pour moi, sans savoir s'il m'avait ou non entendu. « C'est parce qu'elle a déjà suffisamment souffert que tu le lui caches, ou parce que tu sais qu'elle te détestera si elle connait la vérité ? »

Quelques minutes plus tard, attentive à la jeune femme qu'elle considérait presque comme sa propre enfant, Margaret Austen ne cessait de la complimenter et de la border de câlins, naturel qu'était pour elle de se montrer aussi tactile à l'égard de son entourage. « Oh, vraiment ? Ohhh mais pourquoi ne me l'a t-il pas dit plus tôt, ce grand ours ? » soupira ma mère en jetant un regard à Jon avant de lui faire un signe de la main comme si elle venait soudain de comprendre à quoi était dû le côté si fermé du père de Lily. Le pauvre, il devait – sans le savoir encore – s'attendre à l'avenir de la voir débouler dans sa vie et d'y mettre un peu d'ordre jusqu'à ce qu'il devienne plus expressif. Bon courage à...lui.  Moi, j'observais. Toujours, tout le temps. Je me délectais de sa silhouette, de sa nuque dégagée, de ses cheveux relevés, de...ses yeux qui venaient de rencontrer les miens. D'admiratifs, ils devinrent envieux. Hâpés par cet océan de doutes et d'incertitude, ils y plongeaient tout entiers, oubliant les conversations, les individus, le monde. Soucieux de savoir qu'elle se portait comme un charme, que les regrets et les remords existaient bel et bien car cela lui donnerait une raison d'espérer la reconquérir. Hélas, l'interruption brutale de mes pensées les plus secrètes m'empêcha d'y donner court tandis que je jetais un œil blasé à Jorah avant de répliquer du tac au tac.  Se pourrait-il que ce gamin ait compris l'importance que  j'accordais à sa compagne de la soirée ? Du lien qui nous unissait ? De la profondeur de nos sentiments l'un pour l'autre, aussi usés et anciens furent-ils ? Non, à moins que Lily lui en ait parlé, ce dont je doutais très sincèrement, ce type devait être soit bon manipulateur, soit fin observateur. « N'est-ce pas. » murmurais-je en grinçant des dents à la jeune femme juste avant d'apprendre la conversation qu'elle avait eue avec mon meilleur ami. Tournant les talons, je ratais aussi l'occasion de retrouver Jonathan qui rejoignait le groupe, mon père fermant la marche, silencieux et me jetant un regard que j'évitais soigneusement au passage.

L'échange entre Jorah et Jonathan mit Margaret de bonne humeur. Connaissant aussi bien que nulle autre l'instinct protecteur des pères à l'égard de leurs progénitures, pire encore lorsqu'il s'agissait de leurs filles, elle trouva ce dernier adorable et ne manqua pas de le lui faire comprendre, à demi-mot, pour ne pas blesser son ego. « Mon cher Jonathan, votre fille a trouvé là l'homme parfait pour surveiller ses intérêts voyez-vous. Bel homme, charmant, cultivé, une profession qui semble les passionner tous les deux. Il est fort dommage qu'il ne soit pour le moment qu'un employeur veillant sur sa subordonnée, qu'en dîtes-vous ? » le taquina t-elle avant de poser les yeux sur Jorah, et enfin sur son mari que l'indifférence de son fils rendait peu à peu mélancolique et désabusé. « Je vous présente mon époux : Gordon. Gordon, monsieur Jorah O'Brien, le... » Comment pouvait-elle le définir sans rien omettre de ce qu'elle pensait avoir compris ? « ...compagnon professionnel de Lily-Rose Hopkins. » souffla t-elle en affichant un grand sourire conquis. « Enchanté monsieur. » se contenta de répondre Gordon avant de jeter un coup d'oeil vers les toilettes, comme s'il avait pressenti quelque chose qu'il était seul à comprendre.



Dos à la porte d'entrée, mes bras reposant de part et d'autre du lavabo, le visage penché en avant, je reprenais peu à peu des couleurs. Aspirant de grosses bouffées d'air, mes épaules se soulevaient à un rythme régulier, et mes paupières demeuraient closes alors que je me concentrais sur la tâche que consistait à amenuir ma douleur physique. Je ne l'avais pas entendu entrer. Jusqu'à ce qu'elle m'interpelle et que lentement, mon visage se relève et que mon regard ne croise le sien à travers le miroir. « Je crains que tu n'ais mal lu l'inscription sur la porte, très chère. Ici, ce sont les toilettes pour hommes. » protestais-je avec humour en osant un sourire fragile. Pourtant, elle ne m'écouta pas, rompant la distance qui existait entre nous pour poser sa main sur mon avant-bras, avant même que je n'eus le temps de réagir. « Très bien, oui. » mentis-je en m'éloignant pour aller récupérer un papier immaculé pour essuyer les miennes, encore humides. « Ce serait plutôt à moi de t'interroger à ce sujet, tu ne crois pas ? » répliquais-je en fronçant les sourcils, comme si sur le coup, je lui faisais le reproche de me le cacher.

« Je suis désolé. » Passées quelques secondes à me sentir coupable, je m'avance à nouveau, incapable d'abord de la toucher. « Amoun ne me ferait jamais de mal...consciemment dirons-nous. Il tient bien trop à notre amitié. » « Et à moi » songeais-je sans oser l'admettre de vive voix. « Je l'ai frappé, il n'a fait que me repousser. » finis-je par avouer en guise d'explication quant à mon air quelque peu...débraillé. Quand j'y pense, jamais je n'aurais cru perdre mon sang-froid aussi facilement ce soir. « Il m'a confirmé votre conversation, et je sais combien Amoun peut se montrer... » Odieux ? Prétentieux ? Mesquin ? Cruel ? « ...Lily, je suis désolé. » répétais-je en pressant doucement son épaule. « Je te promets que tu n'auras plus affaire à lui. Je ne laisserai jamais te faire de mal, tu le sais n'est-ce pas ? » poursuivis-je dans un murmure, l'air inquiet, comme si elle pouvait en douter après tout ce que nous avions vécu ensemble par le passé.

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L’expression de Jonathan, jusqu’alors assez impassible au demeurant, sembla se modeler quelques instants en quelque chose de plus délicat : un mélange d’inquiétude et de curiosités mêlées, alors que la sincérité des mots de son ami le laissaient incertain. « Je vois … C’est une raison suffisante, en effet. » fut la seule réponse qu’il trouva sur le coup, tandis qu’il se frottait soucieusement le menton en observant sa fille, au loin. D’ailleurs Lawrence semblait l’observer aussi. Sans doute cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille à cet instant précis. Mais il avait mis cela sur le compte du hasard, sur un élan de mélancolie qui avait saisi son protégé au gré d’une conversation fortuite. Aveugle qu’il était. En vérité il n’avait jamais vu Lawrence avec une femme, hormis Catherine, peut-être une fois. Et par femme, Jonathan mettait bien sûr de côté les conquêtes illusoires et anonymes. Celles qu’ils avaient consommé l’un et l’autre à l’occasion, peut-être avec excès parfois, dans le but d’oublier une brutalité qui aurait fini par les détruire. Non, toutes celles-ci ne comptaient pas. « Est-ce que je la connais ? » osa-t-il malgré tout, soudain soucieux d’ôter un doute qui lui trottait dans la tête. Mais le défaitisme de sa remarque lui coupa l’herbe sous le pied, et il en oublia presque l’intérêt qu’il éprouvait pour la réponse qu’il pourrait lui fournir. « J’ignore quelles difficultés tu rencontres avec cette femme … Mais souviens-toi qu’il n’y en a qu’une qui soit insurmontable et irréversible. Tu le sais mieux que quiconque il me semble … » Si mystérieuse soit sa remarque, elle avait pourtant un sens. Jonathan pouvait se montrer assez clairvoyant de temps à autre. Cette difficulté dont il parlait, infranchissable, c’était la mort bien sûr. Leur compagne de toujours, qui sépare les êtres sans plus leur donner aucun espoir de se revoir un jour. Si cette femme dont il parlait était encore en vie, cela avait de l’importance. Cela en aurait toujours, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour avancer et faire quoi que ce soit. « Merci gamin. Je ne l’oublierai pas. » le remercia-t-il sans aucune autre forme d’affection apparente que ce surnom qu’il détestait, mais dont Jonathan aimait l’affubler de temps à autre. Et c’est à cet instant-là, juste après sa remarque, qu’il observa ses traits quelques instants. La façon dont il la regardait au loin, alliant une forme de délicatesse et de fascination aux reflets tristes, parce qu’il y avait une ombre dans le tableau avec la présence d’O’Brien. Depuis quand la regardait-il ainsi ? Pourquoi avant ce soir n’avait-il rien remarqué, lui si fin observateur d’habitude lorsqu’il s’agissait du genre humain ? Il commençait à y penser sérieusement, mais la remarque de Lawrence sur Sergueï arriva à point nommé pour couper court à toute réflexion qu’il pouvait avoir jusqu’alors. Face à sa question, à ses insinuations aussi, Jonathan sembla se renfermer en lui-même, la clarté de son regard s’obscurcissant tout d’un coup pour devenir plus rude. « N’essaie pas d’emprunter des terrains comme celui-ci Lawrence. Tu n’aimerais pas ce que tu pourrais y trouver. Certaines choses appartiennent au passé, et doivent y rester. » Termina-t-il, concluant en même temps la conversation. Le timbre de sa voix avait paru suffisamment cinglant, comme une lame de rasoir, pour lui ôter l’envie de creuser davantage dans cette direction.

***

« Sans doutes parce qu’il n’est pas le plus expressif des hommes. » avait-elle répondu à Margaret, sourire aux lèvres, son regard déviant un instant sur la silhouette des deux hommes de son existence au loin. L’un l’avait toujours été, l’autre ne se doutait peut-être pas de l’importance qu’il avait su gagner, devenue viscérale, primordiale même. Son sourire s’affadit dès lors que le cercle s’agrandit. Lily avait eu envie de lui parler, de dire quelque chose, n’importe quoi d’autre que le sarcasme derrière lequel ils se calfeutraient l’un et l’autre depuis des mois et qui la rongeait de l’intérieur. Etait-il trop tard pour eux ? Est-ce que la tendresse des instants passés s’était étiolée au profit de l’amertume ? Est-ce que les intensités qu’ils avaient su faire naître avaient laissé une place indétrônable à l’indifférence ? Pas pour elle en tout cas. Car plus elle le regardait, plus son cœur se serrait dans sa poitrine, appelant au secours, criant d’être entendu encore. Jorah à ses côtés ne dit rien, mais du coin de l’œil il l’avait observée. Il ne la connaissait pas beaucoup encore, mais tout de suite, lorsqu’il l’avait rencontrée à Londres, toute seule en train d’observer une toile de Turner dans sa robe du soir, il avait compris qu’elle aurait une place singulière dans sa vie. Laquelle, il l’ignorait encore, car il avait saisi en quelques secondes à peine qu’elle ne le regarderait jamais de la même façon que ce Lawrence. Cela éveillait en lui une forme de jalousie bien sûr, mais étant d’un caractère mesuré, il n’avait pas cherché à le montrer. Pas encore du moins, car il était trop tôt pour le faire encore, et qu’il n’avait pas abattu toutes ses cartes. Celle du Caire pourrait d’ores et déjà jouer en sa faveur. Celle du père aussi, car il avait toujours été doué avec les parents, allez savoir pourquoi. « Monsieur Hopkins … C’est un plaisir de vous croiser de nouveau. Croyez-le ou non mais votre fille est d’une compagnie tout à fait charmante. Il est appréciable de pouvoir discuter d’art sans restriction. » Un sourire courtois, il avait même incliné légèrement la tête pour lui présenter ses respects. Et si au départ Jonathan avait paru agacé en imaginant quelle « charmante compagnie » Lily pouvait être, Margaret avait réussi à le prendre en aparté avant qu’il ne paraisse désagréable. « Qu’est-ce que vous racontez ? Lily est bien trop jeune pour faire sa vie avec un homme comme lui. Ne l’encouragez sous aucun prétexte.  » Maugréa l’homme entre ses dents, jetant un regard en biais vers Jorah. « Il a presque le même âge que Lawrence, et sans doute de l’expérience. Vous verriez votre fille, vous, avec un homme tel que lui ? Ou ma fille, avec votre fils ? » De le formuler à voix haute, cela le fit sourciller légèrement. Il n’était vraiment pas doué pour ce genre de « discussion », qu’il considérait comme des boniments de bonnes femmes. « Où sont-ils d’ailleurs ces deux-là ? Il faut toujours qu’ils disparaissent à l’improviste. »

***

« Tu me connais … Il est rare qu’une simple inscription puisse m’arrêter. » avait-elle répondu calmement, faisant un effort pour ne pas se mettre sur la défensive, comme elle en avait eu l’exécrable habitude depuis leur séparation. Sans sourire, une inquiétude visible marquant ses traits d’une ridule entre ses deux sourcils, elle observa son reflet dans le miroir, s’approchant avec cette prudence qu’ont parfois les soigneurs lorsqu’ils cherchent à apprivoiser un animal blessé. « Pourquoi tu me mens ? Je le vois quand tu ne vas pas bien tu sais … » Et j’ai mal aussi, lorsque tu ne dis rien. Elle aurait voulu lui dire, mais cela semblait si évident au fond. Combien de fois lui avait-elle reproché de minimiser sa souffrance ou de vouloir la lui cacher. N’avait-il pas compris qu’elle pourrait tout endurer tant qu’il lui ferait confiance, tant qu’il ne chercherait pas à biaiser son regard pour lui dissimuler la vérité. « Que veux-tu dire ? » Sur le coup, si happée qu’elle était par son image, elle en avait oublié l’intermède avec Montou, et tout le reste. Aussi la tonalité de sa phrase la prit un peu au dépourvu, et ses sourcils se froncèrent à leur tour, alors que l’agacement la saisissait tout d’un coup. Qu’était-il entrain de lui reprocher au juste ? Bon sang, se pourrait-il … Qu’il sache, pour sa grossesse ? Comment était-ce possible ? Non. Personne n’était au courant. Seule Alysse le savait pour l’instant, et elle était persuadée qu’avant ce soir, ce Montou ignorait tout de son existence et n’aurait pas pu se renseigner à son sujet. Fort heureusement, alors que l’inquiétude s’emparait peu à peu d’elle en nouant son ventre, lorsqu’il reprit la parole elle fut presque soulagée. Il parlait de Montou, pas d’autre chose. Il ne savait rien. Il ne saurait rien. Pour l’instant du moins.

« Je ne comprends pas pourquoi tu t’es associé à un homme tel que lui. » la remarque avait cinglé, presque durement, alors que le souvenir du souffle de cet homme dans son cou lui revenait. « Ne vous approchez pas de Lawrence. » l’avait-il menacé, comme s’il …le possédait d’une certaine façon. Rien que d’y penser cela attisait sa colère. Elle regrettait de ne pas lui avoir enfoncé ses ongles dans les paupières, à cet odieux personnage. « Où t’a-t-il frappé ? » Ainsi elle avait vu juste … Ils s’étaient battus. Lily n’avait même pas attendu ses explications, cherchait déjà à identifier quelle partie de son corps il avait bien pu meurtrir davantage. Elle n’avait entendu que le verbe « frapper », et rien du fait que c’était lui qui avait amorcé la joute. Ce ne fut qu’en contretemps qu’elle comprit. « Tu veux dire que … C’est pour … le dissuader de me faire du mal, que tu l’as frappé ? » Les lèvres entrouvertes, de grands yeux se posèrent sur lui en contre-bas. Elle était touchée qu’il ait voulu la « défendre », même maintenant, alors qu’il ne lui devait plus rien.  Elle était touchée oui, plus qu’elle ne l’aurait cru, plus qu’elle ne le devrait aussi aux vues des circonstances. « … Persuasif. » Oui, c’était le terme qui lui semblait le plus approprié pour parler de Montou qu’elle éviterait de revoir en tête-à-tête à l’avenir. « Oui … Je le sais. » Le cœur au bord des lèvres tout d’un coup, une onde de frissons délicats avaient parcouru son bras, se rappelant de la tiédeur de ses mains et de leur texture lorsqu’elles avaient encore l’habitude d’effleurer sa peau. « Mais pourquoi as-tu affaire à lui ? Qu’a-t-il de si spécial pour que tu lui accordes ta confiance, tout en ayant conscience de ses … Travers ? » Elle s’était rapprochée de son corps sans s’en rendre compte, posant une main sur sa veste quand l’autre flottait jusqu’aux traits de son visage, voulant s’assurer qu’il allait bien sans doutes. Le revers de ses phalanges effleura la rugosité naissante de sa joue, et Lily, dans tout cela, respirait à peine. « Dis-moi que tu sais ce que tu fais … » voulut-elle s’assurer, inquiète à l’idée qu’il ait pris cette décision de s’associer pour de mauvaises raisons. Combien de fois avait-elle espéré de pouvoir le toucher ainsi une fois de plus ? Combien d’heures à tourner en rond lorsque son absence la rendait folle ? Et aujourd’hui, alors qu’il était à l’orée de ses lèvres, à portée de ses doigts, elle n’osait le toucher avec trop de ferveur, par crainte qu’il s’évanouisse encore. Suspendue qu’elle était à ses traits comme au bout d’un fil, sa main s’était posée à plat contre le pan de sa veste, appuyant légèrement à l’orée des côtes. Erreur fortuite qui lui permit de comprendre, lorsque les muscles se contractèrent d’instinct sous ses doigts, que c’était là que le coup avait été porté. « Tu veux qu’on aille demander de la glace, pour soulager tes côtes ? »  




Lily > #426fdb
Jorah > #db424d
Jon > #10b463


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Qu'importe que la raison soit suffisante ou non puisqu'elle me suffisait à moi, et qu'elle était véridique. En somme, l'Agence aurait pu me désavouer, me trahir de quelques manières que ce soit que mon opinion n'aurait pas divergé et ma décision irrévocable. Envahi par de douces pensées, la question qu'il me posa tout à coup me fit blêmir. Pas suffisamment pour qu'il le remarque biensûr mais le silence qui s'en suivit pouvait être révélateur pour celui qui savait déchiffrer l'âme humaine. Je n'avais aucune envie de lui mentir. Hélas, avouer la vérité ne serait pas sans conséquences. Alors, je contournais, en affirmant mon histoire déjà terminée, afin qu'il ne cherche pas davantage à s'en mêler. Sa remarque cependant me fit chaud au cœur. Comme un infime espoir qu'il puisse accepter notre relation, je l'écoutais attentivement, souriant à peine, avant de hocher la tête en guise d'approbation. Certes, sur ce point je ne pouvais que lui donner entièrement raison. Et c'était justement cette raison, en partie tout du moins, qui m'avait incité à changer de voie professionnelle. Pour ne plus perdre un seul instant. Pour vivre sans craindre que la faucheuse ne me suive dans mes bagages à chaque mission à laquelle je participais. Pour LUI offrir la vie qu'elle méritait. Son remerciement, à ce propos, me dérangea. Gêné et devrais-je dire honteux de dissimuler le pourquoi au père même de celle qui hantait mes songes chaque nuit depuis plusieurs mois, j'avais le sentiment de trahir un ami, et pire encore, de lui manquer ce respect, cette estime qu'il m'avait toujours gardée. Fort heureusement en un sens, son commentaire au sujet de Sergueï arriva à point nommé pour m'éviter de trop souffrir d'une quelconque culpabilité, maintenant que je savais que sa mort n'était point aussi inintentionnelle que je l'avais crue au départ. Un jour, nous en rediscuterons. Car si Lily en éprouvait le besoin, inmanquablement je me retournerais vers son père, et n'hésiterais pas à battre du poing afin de découvrir le fin mot de l'histoire. Parce que malgré l'amitié qui m'unissait à Jonathan, la profondeur de mes sentiments pour sa fille allait bien au delà de ses croyances.



Entouré par sa femme et son rival de toujours, Gordon, pensif, finit par reposer les yeux sur l'assistance, songeant pourtant encore à Lily qui s'était envolée presque en même temps que moi. Psychiatre, et fin observateur, il avait depuis cette fameuse soirée à mon appartement, depuis le départ précipité de Lily, ainsi que par ces jeux de regards que nul ne semblait avoir vu, compris de quoi il retourne. Compris que son fils aîné, loin de son impassibilité habituelle, était tombé amoureux. Sans connaître depuis combien de temps, quand l'histoire avait débuté, il avait deviné que nous étions en froid ce soir, et que cela nous pesait. Au fond, mon père ne parlait jamais en public pour mieux cerner les personnalités de chacun en fonction de leurs attitudes corporelles et des mots qui, sans réfléchir, pouvaient sortir sans qu'ils n'aient pu les arrêter. Cette faculté qu'il avait, si elle était précieuse au vu de son métier et dans l'éducation de ses enfants, avait toujours eu le don de m'exaspérer. Comment dissimuler un secret face à un homme qui, d'un seul regard, vous déstabilisait par ce qu'il avait réussi à lire en vous ? Le plus étonnant était de son silence. Ni sa femme, ni personne n'avait compris et il n'avait pas cherché à en faire étalage. Pourtant, dieu sait combien Gordon Austen aimait taquiner son monde. Sauf qu'il songeait à la réaction de Margaret, incapable de tenir sa langue et qui aurait sans doute été si heureuse qu'elle aurait déjà annoncé notre futur mariage à qui veut l'entendre. Ou à Jonathan, qui, il le voyait déjà venir, n'accepterait jamais cette union qu'il jugerait comme un sacrilège. Alors, il se taisait, se contentant d'extrapôler intérieurement, l'ombre d'un sourire sur ses joues, tandis qu'à ses côtés, les paroles du père de Lily lui parvenaient à peine. « Mais... » Devant la fougue de l' « ours », Margaret n'en mena pas large, incrédule de constater l'esprit fermé de l'animal, quant son époux lui ne s'attendait à rien d'autre de sa part. « Lawrie a quarante ans. » précisa ma mère sans se douter que ce détail jouait en ma défaveur en la circonstance. « Mais oui. D'ailleurs, ma première fille, Elizabeth, a été en couple avec des hommes plus âgés ! Je ne vous cache pas que nous avons eu du mal à l'accepter au début, Gordon et moi. Mais enfin, s'il s'agit bien d'amour, que pouvions-nous faire ? Qui sommes-nous pour les juger ? » s'exclama Margaret, en levant son index en l'air, comme si elle grondait un enfant de quatre ans. « Une petite minute : est-ce que vous êtes en train d'insinuer que mon fils ne mériterait pas une fille comme Lily ? » reprit alors la matriarche en haussant le ton. Attention, terrain miné. Ne jamais critiquer un enfant devant sa mère sous peine de mort imminente. « Lawrie est un homme responsable, attentionné, protecteur et sérieux. Si vous l'aviez connu lorsqu'il était encore marié... » Soudain, le silence s'installe. Sentant qu'elle divaguait sur un sujet trop sensible pour en discuter ici, Margaret reprit son souffle, toisa son adversaire une dernière fois, avant de tourner les talons, s'excusant par avance aux autres convives en prétextant avoir besoin de prendre l'air, et de disparaître, le rouge aux joues, à l'autre bout de la salle. De son côté, Gordon observa longuement Jonathan, comme s'il venait de commettre une erreur si stupide qu'il en devenait grotesque à ses yeux. « Tu penses sincèrement ce que tu as dit ? Est-ce que tu parles en règle générale ou est-ce parce qu'il s'agit de ta fille, Jon ? » murmura l'Ecossais avant d'aller consoler sa femme, sans attendre au préalable la réponse de son interlocuteur, puisque la question avait de toutes évidences été posée dans l'unique but de le faire réfléchir à ce propos.




Alors que je la sentis inquiète, je cherchais de mon côté à paraître le plus serein possible, alors qu'elle se rapprochait furtivement et que, par instinct, je ne la quittais pas des yeux une seconde. Lui mentir ? Avant, parce que la nécessite exigeait que je te protège aurais-je voulu lui souffler bien qu'aucun mot ne brisa la barrière de ma bouche. Aujourd'hui, parce que cela n'a plus d'importance. Après tout, nous n'étions plus...ensembles, alors à quoi bon me confier ? Me retournant pour lui faire face, me perdant un moment dans l'azur de ses prunelles, je soupire face au commentaire que j'entends quelques secondes plus tard et auquel, évidemment, je m'attendais. Une évidence, parce que leur échange n'avait sans doute pas été plaisant, et qu'Amoun lui avait laissé un souvenir impérissable de sa personne. Une évidence, parce qu'elle ignorait aussi les motifs qui m'avaient poussé à cette reconversion professionnelle. « Ce n'est pas important. » Qu'importe qu'il m'ait frappé et à quel endroit. Elle n'était pas venue ici pour ça, si ? Peut-être que si, finalement. Si elle l'avait vu alors qu'il sortait des toilettes, l'air triomphant. Ses doigts graciles tâtant déjà mon smoking, j'attrapais aussitôt ses poignets pour l'obliger à cesser cette investigation qui, soyons honnêtes, faisait remonter des frissons le long de ma colonne. Or, je ne crois pas que ce soit le but recherché. A sa question formulée, et dans laquelle j'y lisais du doute et de l'incrédulité, je confirmais par un simple battement de cils, alors qu'un sourire fugace ornait mes lèvres, comme si je me doutais bien qu'elle aurait eu du mal à me croire capable d'un tel geste maintenant que nous étions séparés. Après tout, je ne lui devais plus rien, pas plus qu'elle. Sauf que ce n'était pas ainsi que je voyais les choses. En contrepartie de mon instinct protecteur à son égard, je n'exigeais rien sinon sa prudence et...son bonheur. Ce n'était pas de l'altruisme, loin de là, mais le besoin de savoir qu'elle se portait bien, qu'elle trouverait ailleurs ce que je n'avais pu lui offrir lorsque nous étions tous les deux. Même s'il me semblait difficile voire impensable aujourd'hui de vivre sans elle, je préférais savoir qu'elle ne manquait de rien sans moi, que malheureuse à mon bras. A nouveau, elle m'interroge alors que quelques centimètres à peine maintenant nous sépare l'un de l'autre. Résistant à la tentation de capturer des lèvres que j'avais si souvent malmenées par le passé, je fronce les sourcils et, pour m'aider à rester concentré, préfère fermer les yeux en collant mon front contre le sien. « Il m'a sauvé la vie, à Londres. Ce n'est pas la première fois que ça se produit. Un jour, je te raconterais si tu veux. Du comment nous nous sommes rencontrés il y a plus de vingt ans de cela, et ce pourquoi je l'estime aujourd'hui. Biensûr, je sais pertinemment ses défauts, et dieu sait qu'il n'en manque pas. » soupirais-je en riant pourtant de cette vérité dure à admettre. « Mais en amitié, je n'ai jamais connu une personne aussi courageuse, dévouée et attentive au bien-être de ses proches. Même si je dois reconnaître que la manière dont il s'y prend pour défendre mes intérêts laisse clairement à désirer. » Et alors que je comptais poursuivre, ses doigts effleurèrent ma barbe naissance, laissant sur le sillage un parfum entêtant qui me troublait plus que je ne l'aurais voulu. Aussitôt, je courbe l'échine, rattrapant cette main mutine avant qu'elle ne s'égare ailleurs, baisant avec désespoir la courbe de ses doigts, rattrapés au creux de ma propre main et qui refusait maintenant de les laisser s'échapper. « Je sais que j'aurais tout tenté pour que tu reviennes. J'ai quitté le MI6 pour toi, Lily. Pour t'offrir cette vie que j'ai refusé à une autre. Je voulais que tu sois heureuse, avec moi. Qu'on arrête de se disputer, qu'on vive comme un couple normal. » murmurais-je, courtisant à mon tour sa joue, jusqu'au haut de son menton, à la commissure de ses lèvres. « Je suis...désolé de m'y être pris trop tard. » finis-je par annoncer en baissant les yeux, faisant implicitement référence à son compagnon de la soirée. « Il semble être quelqu'un de bien. Je suis persuadé qu'il saura te rendre heureuse. » repris-je en reculant pour mettre de la distance entre nous avant de commettre un impair, et hochant ensuite la tête, absent. « De la glace. Oui, pourquoi pas. »

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Plus la conversation cheminait, et plus l'esprit de Jonathan semblait se refermer comme une huître au gré des suppositions de Margaret. Parler de sa fille, et surtout de sa vie sentimentale, était un territoire éminemment glissant qu'il valait mieux ne pas aborder avec lui. Pendant des années ils n'avaient vécu que tous les deux, binôme étrange, composé d'un père imparfait et d'une fille à l'innocence bafouée par les responsabilités et la maladie. Il avait toujours voulu la protéger de tout, et surtout de tout le monde, au point parfois de prendre des décisions radicales pour elle sans forcément lui demander son avis. Depuis quelques mois à présent, l'emprise qu'il avait jusqu'alors sur sa fille s'étiolait, et il la sentait s'éloigner de lui. Leur complicité d'autrefois mourrait peu à peu dans les reproches qu'elle commençait à lui faire, surtout depuis qu'elle avait retrouvé Lenore, et qu'elle se rendait compte de ses travers d'homme endurci par la violence d'une profession qui ne laisserait personne indemne. Il n'était pas expansif de nature, n'avait jamais vraiment su comment exprimer des sentiments sincères envers une femme. La seule chose qu'il voyait à présent était que Lily était devenue une femme, capable de faire ses choix toute seule. Une femme entière, qui n'avait plus besoin de lui pour être guidée, consolée, ou rassurée. Une femme aussi que d'autres hommes voudraient lui enlever, parce que les choses se passaient souvent ainsi : les filles finissaient par délaisser leur père au profit d'un amant, ou d'un mari. Mais qu'adviendrait-il de lui ensuite ? Qu'adviendrait-il lorsque la seule « femme » de sa vie l'aurait laissé pour un autre homme, qu'il trouverait immanquablement imparfait parce qu'il avait toujours voulu protéger comme un trésor son unique enfant jusqu'à il y a peu ? Pour la première fois de sa vie la solitude qui l'attendait, et dans laquelle il se murait déjà sans s'en rendre compte lui pesait, et accentuait l'aigreur naturelle de son caractère, fermant son esprit à toute possibilité, rendant les propos de Margaret absolument inconvenants pour lui. « Justement, Lily n'a que vingt-six ans. » répondit-il sur un ton vindicatif, se refermant davantage à cette possibilité qui, dans son esprit, frôlait l'inceste tant il considérait parfois Lawrence comme son propre fils. « L'amour, l'amour … C'est l'excuse derrière laquelle on parvient à ranger tout et n'importe quoi. » Mauvaise foi, dans toute sa splendeur. Il avait connu l'amour. Il avait connu la souffrance qui en résulte. Cette même souffrance dont il ne parlait jamais et qui pourtant s'était gravée dans son cœur devenu plus austère. Il aurait pu pousser le vice en mettant en exergue les mœurs légères de l'aînée des filles Austen, mais n'avait rien dit, au risque de déclencher un scandale. « Comment en est-on arrivé à un tel raccourci ? » s'insurgea-t-il en levant les yeux au ciel, presque outré en vérité que Margaret puisse imaginer son fils au bras de sa fille. « Je n'ai jamais dit cela. J'ai un profond respect pour votre fils, et c'est un ami qui m'est très cher depuis de longues années. Je n'ai aucun doute quant à sa valeur. Mais en effet, j'ai l'intime conviction que ma fille serait bien mieux avec un homme qui n'aurait pas un passif comme le sien, aussi lourd à porter. » Si Margaret penserait bien entendu qu'il parlait de son premier mariage, sa réflexion allait au-delà dans la mesure où il connaissait aussi les travers violents de la profession qu'il avait exercé pendant des années. Il connaissait les risques, les blessures, les séquelles. « Je ne voudrais pas qu'elle vive toute sa vie dans l'ombre d'une autre femme qu'il ne réussirait jamais à oublier complètement. » Sincère mais néanmoins violente, sa phrase avait cinglé avec une précision quasi chirurgicale. « Mais la question ne se pose pas, de toute façon. » voulut-il temporiser, culpabilisant quelque peu de s'être montré sans doute trop incisif à l'égard de Margaret, qui semblait être une femme sensible sous ses dehors extravagants. Quant à l'intervention de Gordon, elle eu le don de le hérisser. Il n'avait qu'une envie, sortir pour fumer et s'oxygéner un peu l'esprit. Décidément ces soirées ne lui convenaient pas du tout. Il ne s'y sentait jamais à sa juste place. « Je ferais n'importe quoi pour elle, Gordon. Elle est tout de ce j'ai. » lui répondit-il avec un regard d'une noirceur opaque. « Tu devrais aller voir ta femme, je crois qu'elle peine à réfréner les émotions qui la submergent. Tu m'excuseras auprès d'elle, je ne souhaitais pas la froisser. » Ajouta-t-il d'un air distant, se modelant dans cette indifférence qui en agaçait plus d'un, mais qui faisait aussi de lui un adversaire redoutable. Car contre toute attente, Jonathan était un homme doté d'un sang-froid perturbant. Sans être totalement bourru, il avait cette distance envers le monde et leurs émotions qui laissaient parfois penser que lui ne ressentait rien. Ce n'était pas faux par moments. L'exaspération d'autrui, leurs blessures le laissaient souvent de marbre, et d'une indifférence dérangeante.

***

« Bien sûr que ça l'est. » Sans être brusquée par sa réaction de repli, l'expression qui cisaillait jusqu'alors les traits de la jeune femme se durcit. Ses mains cessèrent quelques secondes leur investigation, et elle se sentit presque vexée d'être repoussée ainsi, alors même que ses intentions étaient louables. L'appréhension monta d'un cran dans sa poitrine. Etait-il vraiment trop tard ? Ses inquiétudes à son égard étaient-elles devenues proscrites elles-aussi dès lors qu'ils avaient cessé d'être ensemble ? Non. Elle ne pouvait abandonner du jour au lendemain tous les sentiments qu'elle avait pour lui, se dire qu'en quelques mots, tout était fini, et qu'il n'y avait plus rien. Elle ne pouvait pas laisser de côté la peur constante, nichée au creux de son ventre, qui l'étreignait chaque fois qu'il s'était trouvé loin d'elle, manque cruel qui désespère et empêche le monde d’avancer sans être bancal. Lily aurait voulu qu'il comprenne qu'elle n'était pas seulement là par conscience morale, que c'était bien plus important que cela, qu'au-delà de se soucier de son bien-être, sa santé, le fait qu'il aille bien, était une sorte de besoin vital à ses yeux. Chaque fois qu'elle voyait qu'il souffrait, chaque fois qu'elle avait pu caresser du bout des doigts les meurtrissures qui parcouraient son corps, elle avait voulu y apposer ses lèvres pour les lui faire oublier, les choyer de ses baisers pour qu'il ne pense plus aux douleurs passées et se conforte dans les douceurs à venir. Mais comment lui faire comprendre tout cela quand elle était parfois si peu habile avec les mots ? Lily fut touchée de constater qu'elle comptait encore un peu. Il l'avait défendue. Il avait voulu dissuader Montou de lui faire du mal. Rien que cette idée ranima quelque espoir dans son esprit, étreignant son cœur, volant les bribes de souffles qui convoitaient les siens sans même s'en rendre compte. Ses paupières s'abaissèrent à leur tour, et un soupire sous-tendu fit se soulever sa cage thoracique alors que son front rencontrait furtivement le sien. Il était trop proche et pas assez à la fois. Ses mains en tremblaient presque à l'orée de sa chemise, traversée qu'elle était alors par une émotion indicible d'une rare intensité. Elle l'écouta patiemment, ayant un soubresaut à l'évocation de Londres, justement. « Était-ce pendant notre séjour ? … Est-ce à ce moment-là qu'il t'a sauvé la vie, lorsque tu avais dû t'absenter pour une mission ? » Lily se sentit terriblement égoïste tout d'un coup, d'avoir exigé de lui une présence alors qu'il risquait sa vie. Mais qu'aurait-elle dû faire ? Consentir ? Le laisser aller se faire canarder en laissant une partie de son âme se détacher au passage ? « On dirait qu'il tient à toi de manière … Possessive. » osa-t-elle du bout des lèvres quand son front se décollait du sien pour l'observer entre ses cils. C'était cette possessivité apparente, quasi malsaine, qui l'avait mise terriblement mal à l'aise lors de leur échange. Comme s'il était prêt à nuire pour lui, ou pire encore.

Parcourue de frissons délicats, le cœur au bord des lèvres, ses prunelles l'interrogèrent en silence alors que ses lèvres dessinaient les contours de ses phalanges. Lily ferma les yeux quelques instants, délicate torture qui firent se chamailler les émotions en son sein. « Attends … Tu veux dire que … C'est pour moi que tu as pris cette décision ? » Le sang pulsait lentement à ses tempes quand elle rouvrit les yeux, l'intensité troublante de l'instant la rendant fébrile à l'orée de sa bouche. Elle ne put presque pas y croire sur le coup, le revers de fatalité dans ses propos lui coupant littéralement le souffle pendant quelques secondes. Elle aurait voulu le prendre par les épaules, le secouer, écraser ses lèvres contre les siennes quitte à le mordre s'il le fallait, inonder son corps de ses élans impérieux afin de lui faire comprendre que non, il n'était pas trop tard. Qu'il n'était jamais trop tard. Et que Jorah n'était et ne serait jamais rien à ses yeux de plus qu'un collègue, ou un ami. Qu'elle avait rêvé de ces mots-là pendant des semaines, et que l'attente avait été insupportable. « Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? Pourquoi … As-tu attendu que je l’apprenne par quelqu’un d’autre ? » Elle ne s'était pas aperçue que sa phrase pouvait porter à confusion, et notamment, lui confirmer qu'il était effectivement trop tard à présent. En vérité c'était tout le contraire. Mais comme son père, Lily pouvait être maladroite lorsqu'il s'agissait d'exprimer ses sentiments. Et mutique, il lui fallut quelques secondes, et surtout ses derniers mots pour prendre l'initiative de glisser ses doigts sous son menton et capter son regard encore un peu. « Ne dis pas ça je t’en prie. » Supplique qu’elle aurait voulu conclure autrement, en posant ses lèvres sur les siennes par exemple. L’embrasser enfin, quand elle en avait eu tant de fois envie sans pouvoir le faire. Mais il s’était reculé, concluant l’échange de cette phrase qui la prit au dépourvu, alors qu’une forme de frustration s’emparait de ses sens. Lily se mordit l’intérieur des lèvres, blessée tout d’un coup à l’idée qu’il puisse penser qu’elle l’aurait « remplacé » aussi vite. Pour qui la prenait-elle ? Une femme légère ? L’intensité de ses réactions à son égard n’étaient-elles pas suffisantes pour lui montrer la valeur qu’il avait à ses yeux ? Pensait-il vraiment qu’elle tremblerait si facilement pour un autre que lui ? Qu’elle oublierait tout en un clin d’œil ? « Plus que toi tu veux dire ? » l’interrompit-elle, le timbre plus incisif et le regard insistant. Alors c’était tout ? Lui avouer tout ce qu’il avait fait pour elle, pour au final jeter les armes aux pieds du premier venu ? Elle lui en voulait pour son défaitisme. Pour ne pas croire en elle aussi, et en la constance de ses sentiments à son égard.

Aussi elle n’ajouta rien, déçue, en colère également d’une certaine façon. Elle ne chercha pas à le rassurer sur le coup, ignorant encore comment réagir. Finalement l’idée des glaçons l’aida à canaliser ses esprits sur autre chose. « Viens. » murmura-t-elle,  ses doigts se refermant autour des siens pour mieux l’entraîner dans son sillage. Un coup d’œil devant la porte pour éviter les regards indiscrets, et elle empruntait un corridor adjacent à la salle de réception, afin de rejoindre ce qui s’apparentait aux cuisines, où le traiteur s’affairait pour le dîner qui serait bientôt servi. « Attends-moi là. » lui indiqua-t-elle, libérant sa main, disparaissant prudemment dans l’embrasure de la porte. Tintement de plats, de casseroles et d’assiettes, un orchestre de timbales se jouait sous ses yeux lorsqu’elle s’annonça. « Bonsoir … Excusez-moi. » fit-elle à l’attention d’un serveur qui revenait tout juste de la salle de réception. Il parut mortifié en la voyant, comme si elle jurait totalement dans le décors de la cuisine. « Madame ! Que faites-vous ici ? Votre robe, vous risquez de vous salir ! Seul le personnel est autorisé à …» - « Pardonnez-moi mais j’aurais voulu vous emprunter un torchon si possible … Et de la glace … s’il vous plaît. » l’interrompit-elle, alors qu’il sourcillait face à sa demande fortuite. A pied d’œuvre qu’il était jusqu’alors, il ne prit pas le risque de la questionner davantage, se contentant d’acquiescer face à sa demande. « Oui, bien sûr. Ne bougez pas. » Quelques secondes plus tard, et il lui tendait un torchon dans lequel il avait disposé quelques glaçons. « Merci, vous êtes bien aimable. » Et elle repassa par la porte, rejoignant Lawrence dans le couloir. « On devrait peut-être trouver un endroit moins … Moins exposé. » suggéra-t-elle en lui tendant la poche de glace de fortune. A moins qu’il n’ait envie de déboutonner sa chemise devant les convives qui passaient par-là pour apposer la glace sur ses contusions, il lui semblait plus judicieux de trouver un endroit plus calme. Peut-être serait-ce l’occasion de lui parler plus posément aussi, sans l’agitation alentour de leurs parents et des autres invités. Car il y avait encore tant de choses à dire. Une chose surtout, qu’elle ne savait comment aborder avec lui, pétris d’incertitudes qu’ils étaient.





Lily > #426fdb
Jorah > #db424d
Jon > #10b463


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  Connaissant la vérité sur notre relation à Lily et à moi, bien qu'ignorant moults détails, Gordon demeurait stoïque face aux propos tenus par Jonathan. Comprenant en tant que père, il ne pouvait cependant s'empêcher de penser qu'il se trompait en tant que psychiatre. Si tout était aussi simple. Tout parent est amené un jour à reconsidérer l'amour qu'il portait à son enfant. A son remplacement par une tierce personne qui deviendrait avec le temps l'unique, celui sur qui ce dernier se reposerait lorsqu'il aurait un problème, s'il voulait discuter, qu'il aimerait autant que ses géniteurs. Que Jonathan ait du mal à accepter cet état de fait n'avait rien d'étonnant. Aucun parent n'est préparé à accepter le départ affectif et physique de son enfant. En revanche, celui-ci ne devait en aucun cas fermer la porte à une telle éventualité auquel cas, il serait le seul perdant, à la fois de l'affection de son enfant mais également de la solitude et de la culpabilité qu'entraînerait inmanquablement sa décision. Or, Jonathan ignorait actuellement la relation qu'entretenait Lily, qu'il s'agisse de Jorah ou de moi. Et son ignorance lui permettait alors d'exprimer librement son opinion à propos. Si la vérité devait éclater un jour, modifierait-il son choix ou serait-il forcé de consentir sans réelle volonté ? Pour la défense de sa femme, Gordon manqua de peu de préciser au père de Lily que ce n'était pas parce que sa vision de l'amour avait été biaisée par son histoire avec Lenore, engendrant une forme d'aigreur à propos de ce sentiment, qu'il en allait de même pour leur fille. Certes, le risque à prendre pouvait lui paraître dangereux. Certes, la jeune femme pouvait comme son père être amenée à souffrir. Mais Jonathan, s'il pouvait sans crainte la conseiller dans ses choix sentimentaux, l'épauler parfois, n'avait pas le droit de lui dicter sa conduite. Lily, comme tout un chacun, devait apprendre seule de ses erreurs. Car il s'agissait de sa vie, de son histoire. Si Jonathan devait s'en mêler, il risquait sans nul doute de la contraindre, même inconsciemment, d'y ajouter ses propres démons, et de manquer d'objectivité en la matière. « Quel passif ? De quoi parlez-vous ? » se fustigea Margaret en fronçant les sourcils, comprenant derrière ses mots mon passé de policier, mais tout autant mon histoire avec Catherine Harrington. Evoquant d'ailleurs ce dernier état de fait, ma mère eut un mouvement de recul, les yeux écarquillés alors qu'elle comprenait enfin ce à quoi il faisait allusion. Hélas pour moi, pour notre famille, elle ne pouvait tenir rigueur à Jonathan de sa méfiance à ce propos, tant elle ignorait si, effectivement, mon amour pour Catherine était encore vivace au point de faire barrage à toute autre possibilité de retomber un jour amoureux. Pourtant, de se confronter à cet homme, d'entendre au lieu de simplement douter l'avait mise en émoi, ce pourquoi elle préféra s'isoler, les lèvres pincées et le visage blème, jusqu'à ce que son époux, témoin de la scène et connaissant le caractère profondément fragile et sensible de sa femme, ne la rejoigne pour mieux consoler sa peine et ses craintes. « Je n'ai jamais prétendu le contraire, Jonathan. C'est tout à ton honneur de vouloir veiller sur ta fille. Tu es un bon parent, je n'en ai jamais douté. » répliqua Gordon en le fixant attentivement. « Toutefois, n'oublie pas qu'il s'agit de la vie de Lily. Pas de la tienne. Tu peux la protéger, soit, mais n'agis pas contre sa volonté sous prétexte que tu as mal vécu ta propre histoire avec sa mère. Elle aura toujours besoin de son père pour la conseiller et l'épauler, n'en doutes pas. Mais si tu t'obstines à trop la couver, elle ne pourra jamais apprendre à se protéger elle-même. Tu ne seras pas toujours là, Jonathan. Il est peut-être temps de laisser la place à un homme sûr de ses sentiments pour ta fille, veiller sur elle aussi bien que tu le fais. » énonça calmement le psychiatre avant de s'éclipser.



Souhaitant éviter de m'épancher sur des émotions que je parvenais à peine à contrôler, je lui devais au moins la vérité. Car, ce fut justement la cause de notre séparation. Ce que je me reprochais depuis lors : mes absences répétées, certes, mais aussi ces mensonges et omissions destinés à l'époque à la protéger d'une vérité que je jugeais trop difficile à entendre pour une aussi jeune personne qui avait déjà trop souffert de la vie qu'avait toujours menée son père, l'entraînant malgré elle dans son sillage. « Oui, c'est à ce moment-là. » soupirais-je comme s'il m'en coûtais de l'admettre. Connaissant la nature protectrice de Lily et son côté enflammé lorsqu'il s'agissait d'une mission au cours de laquelle j'avais échappé de peu à une mort certaine, m'épancher à ce sujet revenait à augmenter la tristesse et la colère qu'elle pouvait être amenée à ressentir. Rien que d'y songer m'amenait à me taire, et à observer la moindre de ses réactions, déjà prêt à la prendre contre mon cœur pour la consoler d'un chagrin dont j'étais pleinement responsable. « Il l'est. Possessif. » admis-je en riant, blasé. « Il...disons qu'il... » Je ne savais pas très bien comment l'exprimer pour ne pas en rire davantage ou au contraire en pleurer. Le sentiment qu'Amoun ressentait à mon égard était une preuve flagrante d'amour, certes, mais parfois tellement étouffant qu'il en devenait dangereux, je m'en rendais bien compte. En outre, sa vie intime ne regardait que lui, et loin de moi l'idée d'en faire part à quiconque, même à la jeune femme. Sauf que pour bien comprendre d'où lui provenait cette impulsivité et cette obsession à mon égard, je n'avais d'autres choix que de l'éclairer sur certains aspects de notre « amitié » si singulière. « Je lui ai toujours dit qu'il ne se passerait rien entre nous, puisque mon attirance ne va que pour les femmes. » expliquais-je à Lily avec un regain d'humour. « Malheureusement, Amoun est plutôt...tenace. Bien qu'il ne tenterait jamais rien pour me forcer à quoique ce soit, il aime me taquiner en la matière en espérant sincèrement que je change un jour d'avis à ce sujet. » précisais-je en levant les yeux au ciel. Notre relation était particulière, j'en convenais tout à fait. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, je plaçais toujours en lui une confiance aveugle, du moins en ce qui me concerne.

Quelques minutes passent, tandis que je me confie ensuite sur le motif de ma reconversion. Fronçant les sourcils à la réplique de Lily, je réagis au quart de tour, sans colère mais presque blessé par la stupéfaction que je perçois dans son timbre de voix. « Biensûr que je l'ai fait pour toi. » Etait-ce si inconcevable ? A l'époque, alors marié à Catherine, oui, sans nul doute. Combien de fois m'avait-elle supplié de quitter l'Agence alors que je lui refusais ce cadeau ? Mais aujourd'hui, tout avait changé. Tout était différent. J'avais changé. Grâce au passé, grâce aux erreurs commises, grâce à elle. Je pensais qu'elle l'aurait remarqué. Qu'elle aurait au moins compris l'importance qu'elle avait prise peu à peu dans ma vie à mesure que nous nous connaissions. Malheureusement, j'avais tout gâché. Au dernier moment, je refrénais mes ardeurs, prenant conscience que j'avais été remplacé. « Je ne voulais pas que tu reviennes vers moi par devoir. Bien que je n'imaginais pas non plus que tu l'apprennes de cette manière. » Amoun n'avait jamais eu sa langue dans sa poche, j'aurais dû le prévoir. Quoiqu'il en soit, si je n'avais rien dit à Lily, c'était uniquement par peur. Oui, je reconnaissais ma lâcheté, pour la première fois. D'un côté, je songeais avec force et espoir qu'elle puisse me revenir, mais en pensant avec tristesse que la raison de son retour n'était motivée que par la dette dont elle croyait devoir s'acquitter plutôt que par amour véritable. De l'autre, je craignais que la décision que j'avais prise n'eut aucun impact au fond. Et si cela n'avait servi à rien ? Et si Lily avait bel et bien tourné la page ? Cette peur avait grandi dans le tréfond de mon âme au point où j'avais préféré garder le silence, demeurant dans l'incertitude par crainte de la vérité. « C'est la vérité. » concluais-je, pourtant désespéré à l'idée que cette fois, je ne me trompais pas. Elle ne m'avait pas contredit, alors pourquoi aurais-je tort ? Notre histoire semblait bel et bien finie. Pourtant, Lily eut ce regain de vigueur, cette réaction presque violente qui me fit douter de ma conviction. Confus, je reculais, bien que frustré, pour tenter de remettre de l'ordre dans mes idées, alors que blessé mais tout autant irrité par sa question, je rétorquais avec virulence. « Plus que ce j'ai fait jusqu'à présent. » « Mais jamais ses sentiments n'équivaleront les miens. » pensais-je attristé.



Peiné de constater que Lily ne m'avait pas répliqué, ce qui m'aurait donné des raisons d'espérer dans lesquelles je ne croyais plus désormais, je la suivis en dehors des toilettes, puis jusqu'à la cuisine située derrière une porte dissimulée aux yeux des convives dont le bruit des rires résonnait jusqu'à nous. Etranger à ce débacle de richesse et à la mise en table de chacun qu'une clochette venait d'annoncer, j'obéissais à la jeune femme, incapable pour l'instant de savoir comment me comporter autrement maintenant que tout avait été révélé. Lorsqu'elle revint me chercher, je hochais la tête, la conduisant à mon tour maintenant dans un lieu reculé, sur un banc qui se cachait des regards indiscrets, à l'extérieur du bâtiment. Dans le jardin, alors que nous nous installions et tandis que je grimaçais en m'asseyant, titillant malgré moi mes côtes endolories, je pris une décision. La dernière et la seule qui comptait vraiment désormais. Le courage ne m'avait jamais manqué jusqu'à présent. Au gré de mes missions, sur le terrain alors que le danger guettait la moindre occasion de me souffler mon existence, je pensais à Lily, à ce qu'elle m'avait offert : sa patience, sa confiance, son affection. Et ce fut ces mêmes qualités qui m'aidaient à me souvenir que je devais la retrouver, en vie. Que je n'avais pas le choix. Combien elle me manquait, combien j'aurais voulu que tout soit autrement. Chaque décision que je prenais depuis que nous étions « ensembles », je n'avais jamais pensé à rien d'autre qu'à la satisfaire. Qu'elle soit heureuse. Même nos disputes avaient en quelque sorte, ce même but. Apprendre à nous connaître, nous défier pour mieux nous rassurer l'un l'autre sur ce que nous ressentions. Et que fais-je ce soir ? Je me défilais. J'omettais le plus important. Certes, elle savait que j'avais quitté l'Agence, que je l'avais fait pour elle, et après ? Ce n'était pas suffisant. Pas pour moi, parce que je savais qu'il manquait une information capitale dans l'équation. Et tant qu'à l'avoir perdu pour de bon, j'estimais qu'elle devait tout entendre, tout apprendre, dût-il m'en coûter de la voir confirmer mes craintes, par sa bouche, que tout était bien et bien terminé entre nous, même après mes aveux. « Lily...il faut que je t'avoue quelque chose... » commençais-je, un brin gêné. « Au risque de paraître trop sentimental, mais tant pis, je ferai avec. » ironisais-je avec un sourire amer. « Je ne sais pas ce qu'il y a entre toi et ce Jorah. Dailleurs pour être tout à fait honnête avec toi, je préfère ne rien savoir. Ce n'est pas que ton bonheur ne m'importe pas, pas du tout. Mais j'aurais préféré être à sa place et lui à la mienne ce soir. » avouais-je à demi-mots en plongeant mon regard dans le sien. Seigneur, ais-je l'air aussi pathétique que je le pressentais ? Tant pis, je n'ai plus rien à perdre de toutes façons. « Si j'ai fait ce que j'ai fait, c'est parce que je voulais t'offrir la vie que j'avais refusé à Catherine. Combien de fois m'a t-elle demandé de changer de métier, pour les mêmes raisons que toi tu t'inquiétais pour ma sécurité, et combien de fois nous nous sommes disputés à ce sujet ? J'ai tout gâché, entre elle et moi, et j'ai refait la même erreur avec toi. Je pensais que j'avais changé, je me disais chaque jour qu'avec toi, ce serait différent, mais le fait est qu'il a fallu que tu me quittes pour je me rende compte combien tu comptais à mes yeux. » soufflais-je en caressant tendrement sa joue. « La vérité c'est que j'avais peur de vivre avec toi. De m'engager pour de bon. Voyager dans tous les pays et faire ce pourquoi on me paye, ce n'est rien du tout. Apprendre à ne plus se cacher derrière un masque, à vouloir tenter autre chose que ce pourquoi on est naturellement doué, c'est ça qui est difficile. » Me râclant ma gorge, je déglutis plusieurs fois avant de reprendre. « Lily, je sais que j'ai fait des erreurs, je sais qu'on ne peut pas toujours rattraper ses erreurs, mais je te promets que si tu me donnes une dernière chance, je ne te décevrai pas cette fois. Je...je ne te demande pas de quitter Jorah ou...je ne te demande qu'une seule chose : d'y réfléchir. S'il te plait. Parce que, même si cet homme saura te rendre heureuse, j'en suis certain oui, il n'éprouvera jamais ce que j'éprouve pour toi. Je t'aime, Lily. J'ai mis du temps à le reconnaître parce que je redoutais ce sentiment depuis qu'il m'avait été enlevé au décès de Catherine. Je jugeais mal mon affection pour toi en pensant qu'il était né de mon amitié pour ton père. Mais ensuite, j'ai appris à te connaître, et ...je sais maintenant que je me trompais sur toute la ligne. Je t'aime pour ce que tu es et ce que tu as fait de moi. C'est grâce à toi que je peux à nouveau rire de la vie, envisager le meilleur plutôt que le pire chez les autres. C'est grâce à toi que je me rends compte du temps que j'ai perdu à ressasser d'anciennes blessures. » lui confiais-je en prenant sa main entre mes doigts, la portant à mes lèvres pour y déposer un timide baiser. « Je veux vivre avec toi, Lily. Je t'aime, et même si tu m'annonces que c'est trop tard, je voulais que tu le saches. Je t'aime. » concluais-je avant de relâcher mon emprise autour de ses doigts, la laissant libre désormais d'assumer la nouvelle comme bon lui semblerait.

AVENGEDINCHAINS



@Lily-Rose S. Hopkins


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Les humeurs taciturnes de Jonathan s’accentuèrent alors que l’homme disparaissait dans le sillage de son épouse. Il n’était pas là depuis une heure pourtant, pantin désarticulé propulsé dans un monde qui ne lui seyait décidément pas.  Il se frotta l’arrière de la nuque nerveusement, désireux tout d’un coup de prendre l’air alors même qu’il se retrouvait seul avec Jorah, qui avait jugé préférable de demeurer en dehors du débat jusqu’alors. « Un ami à vous ? » avait-il fini par oser demander, en parlant de Gordon. « Non. Pas vraiment. » avait répondu Jonathan de but en blanc, les mots de l’homme résonnant encore dans son esprit tourmenté. Comment le débat en était-il arrivé à une telle conclusion ? Comment se pouvait-il qu’en si peu de temps, le sujet Lawrence/Lily ait été mis sur la table telle une évidence, alors même qu’il ne s’agissait que d’un exemple comme un autre dans son esprit. D’une traite il vida sa coupe de champagne, observant Jorah entre ses cils. Devrait-il lâcher du lest et se dire que cet homme pourrait être un gendre appréciable ? Ce soir, il n’en avait pas envie. « Je dois prendre l’air. Veuillez m’excuser. » Il prit congé aussitôt, se dirigeant vers un balcon peu occupé qui donnait sur le jardin. Une fois dehors il entreprit de s’allumer une cigarette, qu’une dame soigneusement vêtue eut l’amabilité intéressée d’enflammer. Jorah quant à lui avait prévu d’aller inspecter de loin les toilettes féminines, histoire de vérifier que Lily se portait bien comme elle n’en était toujours pas revenue.

***

Plus les intentions de Montou lui étaient dépeintes, plus le personnage gagnait en densité dans son esprit, et plus l’antipathie qu’elle éprouvait à son égard s’intensifiait, conjuguée à une forme de … De jalousie oui, autant l’admettre. Sans qu’elle soit maladive, ou irrationnelle, c’était une jalousie mesurée aux atours de méfiance. Elle avait peur de cette « possessivité » dont il parlait, de ce qu’elle pourrait signifier, et surtout des façons dont elle pourrait s’exprimer. Est-ce que cet homme serait toujours là, ombre planante au-dessus de leurs têtes, épée de Damoclès au-dessus de la sienne prêt à lui fendre le crâne en deux à la moindre occasion ? « Pourquoi le laisses-tu se comporter ainsi avec toi ? » La taquinerie, les allusions, passent encore. Mais les menaces envers ceux qui s’approcheraient de lui, la conscience d’un sentiment à sens unique … Comment pouvait-il nourrir cela sans méfiance en maintenant une relation si ambiguë pour l’un des deux partis ? Oui, il faudrait qu’il lui explique son histoire … Leur histoire à tous les deux. Car si elle était reconnaissante envers Montou de l’avoir sauvé, elle craignait tout ce qu’il pourrait condamner en échange. « On dirait que cet homme éprouve pour toi des sentiments qui dépassent la logique de l’amitié. » en arriva à la conclusion Lily qui voyait cela à présent comme une évidence, aux vues des brèves explications qu’il venait de lui donner. Elle fut alors saisie d’une sensation de malaise et d’agacement mêlés. C’était irrationnel de « craindre » cet homme, surtout si Lawrence disait n’aimer que les femmes … Et pourtant. Il lui appartenait si peu, elle n’avait plus aucun droit sur sa personne, plus aucune emprise, plus aucune logique aussi qui ne serait pas influencée par la détresse de l’avoir perdu entièrement. Au moins les paroles qui suivirent la rassurèrent, ravivant quelque espoir en son cœur. « Tu me penses réellement capable de me forcer à aimer quelqu’un par devoir ? » lui demanda-t-elle du bout des lèvres. Elle avait conscience des intentions louables de sa remarque mais ne pouvait s’empêcher de s’insurger intérieurement. Il la connaissait mieux que personne à présent. Dans l’intimité, Lily n’était que spontanéité sincère, parfois désarmante, sans fard ni faux semblant. La pensait-il à même de feindre des émotions par sentiment de redevabilité ? Si c’était le cas il ne l’avait pas vue, ignorant tout de l’essence de ce qu’elle avait été en se dévoilant sous ses yeux. Figée et mutique face à son défaitisme apparent, elle n’osa rien ajouter, même pour lui dire que Jorah ne représentait rien à ses yeux, ni aujourd’hui, ni jamais.

***

Contre toute attente, l’air nocturne allégea son cœur qui tambourinait avec puissance contre sa cage thoracique. Un son étrange bourdonnait dans ses oreilles : c’était la cacophonie de ses émotions qui ne lui avait accordé aucun répit depuis le début de la soirée. Et émotive qu’elle était, surtout en ce moment, elle peinait à réfréner les débordements qui risquaient d’avoir lieu. Avec calme pourtant elle s’installa à ses côtés sur le banc, s’appliquant méticuleusement à vérifier que la glace était bien au centre du torchon avant de le refermer. Un prétexte pour oublier un court instant toutes les envies qui se chamaillaient furieusement en elle : de celle de se ruer sur lui pour réduire en lambeaux son défaitisme, à celle qui lui murmurait qu’elle n’avait qu’un pas à faire, un seul, pour tenter de récupérer ce qu’ils avaient perdu. « Je … Fais-moi voir, où tu as mal. » demanda-t-elle dans un murmure, sans oser le regarder au début, avant d’être interrompue par son interpellation. Soucieuse tout d’un coup, d’ignorer ce qu’il pourrait ajouter, elle s’était redressée, posant son regard dans le sien avec prudence. « Qu’y-a-il ? » Pendant une seconde elle aurait préféré qu’il ne dise rien. Mais cela ne dura qu’une brève seconde furtive, le temps que les phrases ne s’enchaînent les unes à la suite des autres. Jorah encore au début, une jalousie sous-jacente qui se déployait, la dérangeait, et la rassurait tout à la fois. Peut-être aurait-elle dû lui dire à ce moment-là qu’il se trompait, qu’il n’y avait rien. Mais tous les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge, alors qu’elle buvait ses mots comme s’il s’agissait d’un remède à toutes les souffrances possibles et imaginables. Lily ne voulut pas l’interrompre, sous aucun prétexte, sentant une vague s’étendre dans tout son corps, partant des pieds pour mieux remonter jusqu’au cœur et le compresser furieusement dans sa poitrine. Une onde de frissons délicats la parcouru tandis que ses doigts ponctuaient ses mots d’effleurements contre sa joue blanche, et elle le regardait, toujours, avec une intensité qui s’étiolait alors qu’elle perdait de sa contenance. Les sentiments la submergeaient tous ensembles, devenus si incontrôlables qu’elle étouffa une sorte de hoquet derrière ses doigts à ce « Je t’aime, Lily ». Juste cela, ces quelques mots qui éclipsèrent tous les autres, la rendirent sourde à tout le reste même si elle avait tout retenu avec une infinie précision. Ses paupières s’étaient abaissées quelques instants pour s’imprégner du moment et le graver dans son esprit. Jamais elle n’avait osé espérer autant de sa part, jamais. Elle en aurait rêvé, elle l’aurait imaginé lui dire tout cela comme une enfant aspire à un idéal, elle aurait accepté qu’il ne le fasse pas tout de suite parce qu’elle savait quelle violence il lui fallait se faire pour exprimer ce qu’il ressentait. Elle savait ce qu’il avait perdu, ignorait encore ce qu’elle aurait pu lui apporter, mais elle aurait su ce qu’elle ne devait pas exiger de lui trop vite, et cela, tous ces aveux, en faisaient partie. Mais les mots étaient là, gravés dans son cœur, venus d’eux-mêmes et flottant encore à l’orée de ses lèvres, et elle peinait à y croire. Une larme d’émotion roula sur la peau diaphane de sa joue, alors qu’elle ne put réprimer un sourire. Elle se mordit les lèvres, les pinçant pour éviter qu’il ne soit trop visible. La lueur dans son regard devait la trahir pourtant, frôlant l’exaltation, montrant la vivacité des émotions qu’il avait su faire naître. « Tu … Tu m’aimes ? » avait-elle demandé, incrédule encore. Elle ne put réfréner un rire sous-tendu, tension nerveuse qui cherchait à sortir de son corps sans savoir quelle voie emprunter. Soulagée d’abord, touchée ensuite, elle eut honte de réagir ainsi, de ne pas être capable de réfréner les sourires qui s’emparaient à présent de ses lèvres et des larmes d’émotions qui tanguaient dangereusement à la lisière de ses paupières. Ses mains tremblantes, d’instinct, le rattrapèrent, remontant le long de la manche de son costume jusqu’à atteindre son visage qu’elle effleura du bout des doigts avant de l’emprisonner totalement. Fébrile au départ, elle attira pourtant son visage vers le sien avec douceur, caressant son menton de son souffle, déviant jusqu’à la commissure des lèvres auxquelles elle confia un « Oh mon amour … » quasi inaudible, qu’il n’aurait peut-être pas compris, et qui mourut lorsqu’elle l’embrassa enfin sans se soucier des regards alentours éventuels.

Mais la douceur du baiser ne dura qu’un instant, car quelques secondes plus tard, elle tremblait contre ses lèvres. Des tremblements qui n’avaient plus rien à voir, quand elle semblait être traversée par des sanglots silencieux. Nervosité qui s’égare ou chagrin réel ? Difficile à dire. Mais l’ascenseur émotionnel était là, impitoyable. Il lui avait offert une sincérité sans fard, une vérité qui avait dû lui coûter et pour laquelle il avait dû se faire violence. Il s’était mis à ses pieds vulnérable, sans fard. Il lui avait tout dit, et elle, elle continuait d’attendre pour lui divulguer cette vérité qui bouleverserait leur avenir, et qui ne pouvait être cachée plus longtemps. Ce serait presque lui faire une injure, après qu’il lui ait dit tout cela, de continuer de taire cette chose essentielle qui la terrifiait. Mais Lily avait peur tout d’un coup, une peur si paralysante que ses doigts se crispaient autour des siens vigoureusement. Peur de sa réaction, peur de ce qu’il adviendrait lorsqu’il saurait, peur qu’il cesse de penser tout ce qu’il venait de dire parce que la responsabilité serait trop grande et le saut à franchir trop brutal. Elle avait peur de le voir partir. Et pourtant, lui mentir était selon elle pire encore. Alors les mots sortirent d’eux-mêmes, arrachés, aveu qu’elle craignait qu’il prenne comme une injure. « Je … Je suis enceinte Lawrence. Je suis enceinte. » Elle aurait dû se sentir soulagée, ajouter plus de précisions, mais elle en fut incapable sur le coup. Il était si évident pour elle qu’il comprendrait que c’était lui le père, qu’il n’y avait eu personne d’autre et que c’était pour cette raison qu’elle était si bouleversée, qu’elle en oublia les propos qu’il avait eu concernant Jorah, et les conclusions vers lesquelles cela pourrait l’orienter.





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Un soupir, une réfléxion, mais incapable de trouver les mots justes, à défaut, je reconnais indirectement ma complaisance à l'égard d'Amoun. Sans être flatté ou attiré par l'homme, il me fascinait en un sens, car je lui connaissais des qualités – qui pour d'autres passeraient davantage pour des défauts – qui ne m'appartiendraient jamais. Amoun était comme un cheval fou, de ces étalons impossibe à apprivoiser mais qui pourtant vous enseignent que la liberté est ce qu'il y a de plus précieux. Dépressif lorsqu'il se trouve enfermé dans une cage, indomptable et dangereux lorsqu'aucune bride ne le retient. L'étalon, gardien et protecteur du troupeau, allant jusqu'à chasser et tuer pour qu'il vive sans entraves. « Je sais que c'est...compliqué pour toi de comprendre, mais je ne saurais pas te l'expliquer plus en détails. Amoun est ce qu'il est et malgré ses défauts, il gagne à être connu, je t'assure. » énonçais-je en fronçant les sourcils, me rappelant qu'en ce qui concernait Lily hélas, il était sans doute déjà trop tard pour son opinion à son sujet se mue en du positif. « Il m'aime, oui c'est vrai. » admis-je sans prendre en compte les conséquences que cela pouvait engendrer dans l'esprit de Lily. Tout au plus de l'incrédulité, de la surprise, ou un rire parfaitement maîtrisé.  En aucun cas je n'avais imaginé que la jeune femme puisse être « jalouse » des sentiments qu'Amoun éprouvait pour moi. Et pour cause, puisqu'ils n'étaient pas réciproques, malgré plusieurs essais infructeux et une volonté manifeste de me faire comprendre qu'un homme hétérosexuel, cela n'existait que dans les contes pour enfants. Biensûr, je n'oserai pour l'instant avouer à la jeune femme qu'en retour, j'étais toutefois prêt à tout pour cet homme qui représentait le grand frère que je n'avais pas eu. Je ne crois pas que Lily aurait consenti à un tel sacrifice pas plus qu'elle ne l'aurait compris en l'état actuel des choses. Force est de constater qu'Amoun et moi partagions un lien bien plus fort qu'elle ne l'imaginais et qu'elle ne l'aurais sans doute souhaité. En tous états de cause, la question de la jeune femme eut au moins le mérite de me faire réfléchir, tandis qu'un brin gêné par ses insinuations, je baissais les yeux en signe  de rédemption. Non, je savais pertinemment qu'elle ne jouerait jamais avec mes sentiments. Que son honnêteté et sa bonté d'âme, ainsi que son éducation le lui interdirait. Sauf que savoir appartenait à la raison, et que seul mon cœur en avait l'allusion, la jalousie et le désespoir l'y entraînant.

Le dos appuyé au banc blanc du jardin, observant d'abord les alentours comme si une ombre silencieuse nous épiait, et enfin pour admirer la splendeur de la faune environnante, j'hésitais d'abord à obéir à l'ordre de Lily. Ce n'était pas tant par volonté de l'agacer que parce que j'avais l'impression de la voir souffrir autant que moi, mais psychologiquement dans sans cas, de me savoir blesser après chaque mission. Encore une raison qui m'avait poussé à tout envoyer balader. Parce que je n'avais pas mesuré l'impact que mon état de santé aurait sur celui de ma compagne. Parce qu'il était hors de question qu'après mes retours au bercaille, je dûs affronter sa souffrance muette de me voir panser mes plaies comme si mon quotidien n'avait rien de si extraordinaire. « Lily... » Passant un bras autour de mes côtes endolories de prime abord, je comprends aussitôt où réside le problème. Et si le temps avait été long avant que je ne prenne conscience de mes démons intérieurs et ne décide enfin de les vaincre, c'est ce soir que je me fixais mon premier objectif : cesser de me voiler la face et affronter mes sentiments véritables pour la fille de Jonathan Hopkins. Et c'est ainsi que les mots défilent, que les phrases se forment, que la peur ne soit remplacée par l'espoir et la détermination. Oubliant mes craintes, je me poste en chevalier, debout face à la bataille, il attend, patient, immobile, courageux. Fidèle aux valeurs qui ont fait de lui un homme mûr et responsable, obsédé à l'idée d'une victoire incertaine. Il m'avait toujours été plus ou moins difficile d'exprimer mes sentiments et la moindre de mes émotions. Je suppose que dans un coin de ma tête subsistait encore l'idée qu'un homme se doit de dissimuler ses faiblesses, puisqu'il était connu qu'un homme ne devait en avoir aucune. Encore moins un agent. Sauf que je ne le suis plus aujourd'hui, et que si ma sensibilité n'équivalerait jamais celle de mon frère ni de mes sœurs, mon trouble n'en était pas moins réel lorsqu'il s'agissait de Lily.

Mes sentiments avoués, je peine à reprendre mes marques tant l'envie avait été impérieuse, et l'angoisse étouffante. Le souffle court, dans l'attente d'une réaction de la jeune femme, je l'observe, attentif et presque fébrile jusqu'à apercevoir un soupçon de sourire sur ses lèvres. Spéculant d'abord à tort qu'elle se moquait, ce fut cette lueur nouvelle dans ses yeux qui me convainquit du contraire. Quant à sa question, je manquais presque d'en rire tellement elle me semblait...irréaliste. « Biensûr que je t'aime. » Comment pouvait-elle encore en douter ? Le cœur au bord des lèvres, comprenant aussitôt que nous partagions cette même passion l'un pour l'autre, je soupire de félicité alors qu'enfin, nos bouches se rejoignent si longtemps après avoir été séparées. Les paupières closes, le corps avide de ces étreintes précipitées, mes mains l'empoignent, la caressent, la dorlottent autant qu'elles auraient aimé pouvoir le faire jusqu'alors, longeant son dos, sa nuque, contournant son visage, se perdant aux extrémités de ses hanches, jusqu'à ce que ne s'étiole ce ballet langoureux. Un échange qui ne dura que quelques secondes mais qui parut à mes yeux n'avoir jamais cessé. Un brin frustré d'abord et m'apprêtant avec humour à lui reprocher de m'avoir soudainement éconduit, les tremblements que je perçois sur son corps si menu m'alarment aussi sur son état psychique. « Lily, que se passe t-il ? » lui demandais-je alors, tout à coup préoccupé à l'idée de l'avoir, d'une manière ou d'une autre, blessée. Une douleur, infime cependant comparée à celle que j'avais déjà connue par le passé, me tirailla les phalanges alors que ses doigts les retenaient prisonniers. « Lily ? » répétais-je en posant une main sur sa joue, soutenant son regard dans l'espoir de réussir à dissiper les tourments que je lisais en elle. Sauf que ces tourments là, je ne m'y attendis absolument pas. D'abord interdit, je la fixe comme si j'avais mal saisi l'information. Deux fois. Petit à petit, mes yeux s'écarquillent et un « o » renversé assombrit mes joues. « Je... je vois. » ne pus-je que murmurer en lâchant aussitôt sa main et en me reculant d'un bon mètre à l'autre bout du banc. Incapable de raisonner, mes sourcils s'incurvent, mes nerfs lâchent et je blêmis à vue d'oeil alors que je ne parviens même plus à la regarder en face. « Et bien...des félicitations s'imposent, je présume. » finis-je par maugréer dans un soupir dépité. « Je...Si je puis me permettre un conseil...évite de parler au père de ce qui vient de se passer entre nous, je crois qu'il ne comprendrait pas. D'ailleurs, je ne suis pas certain de comprendre moi-même. » soufflais-je en passant une main sur ma bouche pour l'empêcher de hurler alors que des pensées parasites envahissaient peu à peu mon esprit. « Pourquoi est-ce que tu m'as embrassé alors que tu portes l'enfant d'un autre ? » ne puis-je m'empêcher de lui demander alors, lui reprochant manifestement de chercher à me duper, alors même que je la savais parfaitement incapable au fond d'agir ainsi. Alors quoi ? Serait-ce que le père et elle n'étaient plus ensembles ? Ou alors Jorah n'était-il pas au courant de sa grossesse ? Sans doute que ses sentiments pour moi étaient réels, je n'avais aucun doute à ce propos, mais qu'en était-il du père de l'enfant ? Et si lui l'aimait d'un amour sincère ? Maintenant qu'elle était enceinte, je n'avais aucun droit de lui réclamer son affection alors même qu'un petit O'Brien grandissait dans son ventre. Par morale, par principe, parce que cet enfant ne méritait pas de grandir sans son père véritable. Et parce que pas une seule seconde je n'avais imaginé que le père biologique puisse être cet idiot écossais planté sur son trône de marbre, en train de se poser milles questions qui n'avaient aucune raison d'être sur l'affection véritable d'une femme qui, si elle était enceinte, avait forcément connu le supposé père égyptien quelques jours seulement après la séparation d'avec l'idiot écossais. Non, pas une seconde.

AVENGEDINCHAINS



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lawrie & lily & plus si affinités.


Le constat fait, Lily éprouva un malaise sous-jacent inexplicable. Sans être véritablement jalouse de Montou, elle ne comprenait pas pourquoi il « nourrissait » sans s’en rendre compte l’espoir de cet homme. Leur amitié visiblement singulière avait quelque chose d’étrange qu’elle ne saisissait pas encore, et qui lui donnerait probablement du fil à retordre dans l’avenir. Car autant le dire, même si cela n’arrangeait pas du tout Montou, elle n’avait pas l’intention de disparaître totalement du paysage de la vie de Lawrence pour son bon plaisir. Bien au contraire. Et aucune menace ne pourrait la dissuader à ce sujet, pas même les menaces sans doute très sérieuses d’un homme moralement en marge. « Permet-moi d’en douter. » lui répondit-elle alors avec une forme de distance mesurée. Lily avait beau avoir parfois un sale caractère, en ce qui concernait le genre humain, elle n’avait jamais eu de barrières. Montou avait érigé un mur entre eux dès les premiers instants, en ayant l’audace de s’attaquer à elle par ignorance, comme poussé par une force extérieure viscérale qui lui dicterait d’écraser tous ceux susceptibles d’atteindre son cher « ami ». Si ça ce n’était pas de la possessivité un peu malsaine, elle ne s’y connaissait pas. Et il n’était pas question qu’elle entre dans son jeu en se laissant submerger par la peur, les enjeux étaient bien trop importants.

***

L’inquiétude transparaissait sur ses traits plus tirés à présent, par la fatigue, par le souci aussi. L’aveu de ses sentiments arriva à point nommé, fut si inattendu au fond qu’elle en perdit la voix. Elle qui avait toujours lutté contre son mutisme, contre cette propension qu’il avait à taire ce qu’il ressentait presque de façon maladive appréciait alors d’autant plus l’effort qu’il fournissait. Sa sensibilité à fleur de peau s’en trouvait décuplée, et les battements de son cœur balbutiaient dans sa poitrine. La réponse qu’il lui fit, évidence dévoilée sans fard, lui arracha un léger rire nerveux et soulagé à la fois. Cela lui semblait presque irréel sur le coup, voire incongru. Elle avait si peu confiance en elle depuis toujours, alors se dire qu’un homme tel que Lawrence pouvait l’aimer sincèrement dans tout ce qu’elle avait d’ambivalent et d’imparfait la laissait sans voix. Elle irradiait pourtant, redevenue lumineuse en quelques secondes après des mois passés à se terrer dans une morosité alarmante. Soudain aveuglée par l’impériosité grandissante de ses émotions, ses doigts se pressèrent avec une avidité naissante sur son visage, derrière sa nuque, modelant ses lèvres contre les siennes pour y tatouer les sentiments qu’elle avait pour lui. Son corps cherchait à se rapprocher du sien, désireux d’y puiser la chaleur qui lui avait tant manqué depuis des semaines. Mais il y eut ce sursaut de conscience détestable, cet élan qui l’envahit telle une vague glacée pour lui rappeler ses devoirs. L’honnêteté ne pouvait être récompensée par le mensonge. Ou sans être totalement un mensonge, au moins un silence qui ferait s’étioler la confiance fragile qu’ils éprouvaient l’un envers l’autre. Il devait savoir. Il le devait car sans la conscience de cet élément, ils ne pourraient rien construire, ou au contraire déconstruire.

« Que … Quoi ? » murmura-t-elle, incrédule face à sa première réaction de recul. Toujours tremblante, les joues encore rosies par leur étreinte, elle devint pourtant livide tout d’un coup, à l’observer sans comprendre au début les fondements de sa réaction. Le cynisme de sa phrase, son contenu aussi qui lui parut incroyable la blessa instantanément de façon chirurgicale. Dans son ventre, son estomac se noua, bloquant toute tentative de réponse au fond de sa gorge. Secouée par un camaïeu émotif, Lily passa par l’incrédulité d’abord, puis par la stupéfaction, avant d’osciller doucement entre l’amertume, la colère et la tristesse. « Comment peux-tu penser une chose pareille ? » s’indigna-t-elle dans un sanglot étouffé qui ne roula jamais sur ses joues tant elle était indignée par sa réaction. De tout ce qu’elle avait pu imaginer, le cynisme et le repli n’en faisait pas partie. Qu’il eut été en colère, d’accord. Incrédule, certainement. Distant, pourquoi pas. Mais qu’il pense comme une évidence qu’elle était assez légère pour aller voir ailleurs quelques jours seulement après leur rupture, et qu’en prime, elle puisse être tombée enceinte par négligence la blessait au plus haut point. Qu’il puisse en plus sous-entendre qu’elle serait du genre à trahir le père de son bébé avec un autre homme sous une impulsion la révulsait d’horreur.  « Pour qui tu me prends ?! Tu dis que tu m’aimes, mais en réalité je m’aperçois que tu ne me connais pas. Tu ne sais toujours pas qui je suis. Tu n’as jamais compris. » lâcha-t-elle avec aigreur en se levant d’un bond, remettant nerveusement de l’ordre dans sa coiffure en tentant de mesurer les élans dévastateurs de son caractère. Il y a une minute elle aurait voulu le presser contre son cœur, à présent c’était le rejet qui dominait toute autre sensation. Elle avait presque envie de le frapper, ou de le blesser pour le punir de l’image qu’il lui renvoyait d’elle-même. Image faussée par les raccourcis qu’il avait su faire. « Tu es très futé pour résoudre des énigmes torturées, pour comprendre le genre humain qui t’entoure … Mais parfois tu n’es qu’un idiot Lawrence. Un foutu idiot. » maugréa-t-elle entre ses dents serrées, avant de battre en retraite. Avant qu’il ne soit trop tard, avant de commettre l’irréparable. D’un pas mesuré, sa foulée devint plus grande, si bien qu’à la fin elle courait presque, se frayant un chemin entre les corps, bousculant robes à sequins et costumes trois pièces au passage. Elle s’apprêtait à quitter le grand hall de réception lorsqu’elle tomba sur Jorah, manquant de lui rentrer dedans au passage. « Lily-Rose, tout va bien ? Que se passe-t-il ? » S’enquit-il en posant ses mains sur ses avant-bras dans un geste mesuré destiné à la calmer, alors qu’elle semblait sur le point d’exploser littéralement. « Rentrons s’il vous plaît. Ramenez-moi. » demanda-t-elle sur le ton de la supplique. « Mais pourquoi que se pass … » commença-t-il, soucieux, avant de s’apercevoir qu’il valait mieux ne pas insister. « Très bien, venez. » Glissant un bras protecteur autour de ses épaules comme pour la cacher des regards indiscrets, il se dirigea vers les vestiaires afin de récupérer leurs manteaux. « Venez. » murmurait-il comme un leitmotiv, s’apercevant de la distance alarmante qui s’installait dans son regard. Le contrecoup d’une émotion vive probablement.

***

Fumant toujours sur le balcon qui donnait sur une partie du jardin, Jonathan avait échangé quelques mots avec une ravissante quadragénaire, qui visiblement avait un faible pour les hommes plus vieux. Mais il n’était pas d’humeur à faire la conversation, et la femme l’avait compris, n’insistant guère longtemps avant de prendre congé. Observant le jardin distraitement, il avait vu des couples se diriger ici et là dans les allées, disparaissant derrière les feuillages. L’endroit idéal pour des discussions ou intermèdes privés. Lui aussi, étant plus jeune, se serait faufilé dans certains recoins pour y apprécier la chaleur illusoire d’une femme aux mœurs trop légères. Cela le fit presque sourire sur le coup, alors que peu à peu le temps défilait sans qu’il ne s’en rende compte, son attention accaparée par un couple visiblement éméché dont la femme gloussait trop fort. Il s’apprêtait à repartir lorsqu’il reconnut la silhouette de sa fille, qui marchait à vive allure. Visiblement elle se trouvait jusqu’alors dans un bosquet, et en revenait contrariée, voire … Bouleversée. Sans attendre il tenta d’aller à sa rencontre, quittant le balcon, passant par le hall pour mieux prendre la voie de l’extérieur. Il vit Lily passer, n’eut guère le temps de l’interpeller tant elle semblait sourde à tout ce qui se passait autour. Alors il voulut savoir, comprendre ce qui avait bien pu la mettre dans cet état. Ou qui plutôt. Sans précipitation, il prit l’exacte direction par laquelle était arrivée sa fille, longeant l’allée d’un pas mesuré en s’allumant une autre cigarette qu’il coinça au coin de ses lèvres. Il s’attendait à tomber sur ce maudit Jorah, que sa fille aurait éconduit, ou qui au contraire aurait eu un comportement déplacé à son encontre. Il se serait alors fait un malin plaisir de le rendre borgne. Quelle ne fut pas sa surprise alors lorsqu’il tomba nez-à-nez avec la silhouette de Lawrence. « Lawrence, c’est toi ? » demanda-t-il, suspicieux, subodorant tout d’un coup quelque chose qui ne lui plaisait guère. « Je viens de voir passer Lily-Rose. Pourrais-tu m’expliquer ce qui l’a mise dans un tel … état ? » Il s’était avancé, sans hostilité apparente, mais avec cette allure qu’il arborait souvent en mission à l’approche d’un adversaire. Cette allure calme, mesurée, mais inquiétante, comme celle d’un sociopathe qui tourne autour de sa victime avant de l’affubler d’un coup brutal au moment où elle s’y attendra le moins. Lawrence avait encore la jeunesse pour lui, et la vigueur qui va avec elle. Mais lui avait l’implacabilité obscure de l’expérience, et cela, Lawrence le savait. Il valait mieux compter Jonathan Hopkins parmi ses alliés que ses ennemis. Car l’ours pouvait vite devenir dangereux, dès lors que l’on malmenait sa progéniture. Et ses réactions devenaient rapidement irrationnelles, voire défiant toute logique, dès lors qu’il s’agissait de sa fille.



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