Love, love, me

Le regard suspicieux resta posé sur la jeune inconnue. Alysse hochait lentement la tête de haut en bas comme la reine du mélodrame. Il ne manquait que le ralenti et le plan large sur son visage pour donner le ton. Dommage que la vie ne soit pas qu'un simple film.

Pour la première fois de son existence, la jalousie devenait intenable. Declan préférait d'autres amis et elle, elle était bonne pour la casse. Ce leitmotiv incessant tournait dans son esprit. Cette peste lui volait son ami. Declan s'en allait. Son amitié s'émiettait. Elle se retrouverait seule.  Ce sentiment lui était familier, évidemment. Cependant, jamais Declan n'avait eut à subir de crise de jalousie de sa part. Elle avait toujours été capable de maîtrise ou d'assez de discrétion pour arranger les situations pacifiquement. Un moment avec Declan, quelques mots et elle était rassurée. Mais cette fois, le doute l'envahissait avant de sortir son plus grand sourire et de secouer la main vivement. "Salut! Moi c'est Alysse et j'ai rencontré Declan pour une enquête de socio y'a quelques semaines et on a sympathisé." Mais la grognasse réclamait des explications et la détective rongeait son frein avec moins de délicatesse. "Ouais c'est ça... Je sais que tu veux me piquer Declan mais c'est MON AMI..." Maugréa Alysse en grinçant des dents.

Son regard s'assombrit soudainement pour revenir à la fille qu'Alysse avait arbitrairement prise en grippe. Un grognement lui échappa, sourd et peu audible dans la musique ambiante. Sa crédibilité frôlait le zéro. D'abord, le prénom sonnait faux. Le discours se calquait sur celui de Darren et pour terminer, elle se penchait en arrière pour attraper le verre d'un parfait inconnu et s'apprêter à le descendre d'un trait. A la couleur, ça devait être un whisky mais Alysse n'y prêtait aucune attention, trop occupée à garder son regard posé sur l'inconnue.

Alysse & Declan

© Kaiji
Les choses lui échappaient et la colère commençait à battre de façon sourde dans ses oreilles, surtout quand son amie le nomma par son vrai prénom. Son regard scrute le visage d'Alysse, mais elle ne le regarde pas, elle est bien trop occupée à se venger sur une des jeunes filles qui accompagne le groupe. Le pire c'est qu'il ne la connaît quasiment pas. Oui, il lui plaît et elle a tenté de le séduire pendant la soirée, les filles savent repérer ça, mais ça ne veut pas dire qu'il y a répondu positivement, même si Alysse l'a admis elle-même, ils ont le droit de jouer un peu. « Darren. » corrige un des amis de l'Usurpateur alors que celui-ci garde le silence, essayant désespérément d'attirer l'attention de son amie. Mais non, celle-ci signe et persiste et il sait qu'elle est plus que têtue quand elle a quelque chose en tête, ou quelqu'un dans le nez. « Non mais t'as vraiment un problème, t'es tarée. » rétorque la jeune femme attaquée. Declan passe machinalement son bras sous celui de son amie. « Je reviens de suite, je pense qu'Alysse a besoin de prendre l'air. » Il observe la jeune femme attaquée par Alysse pour lui signifier qu'il prend les choses en main et c'est le cas de le dire. Il tire fermement son amie à l'extérieur, pousse la porte à l'arrière dans une fureur noire, s'éloigne avec elle, sourd aux protestations de la Brune, qui pourrait d'ailleurs lui en coller une, mais il s'en moque. Qu'elle essaie. Il la plaque contre le mur, si bien que son visage s'approche à quelques centimètres d'elle. « Bordel, tu joues à quoi ? » A faire ta jalouse, à casser des mois de couverture. « Quoi que tu fasses, parle ou arrête ça tout de suite. » Son ton est froid, son regard d'acier. Declan est un homme doux mais dont la colère est sourde et irréfutable.

Le contact de Declan sous son bras passa inaperçu dans un premier temps. Seule la douleur et la peur régissaient ses actes sans réaliser qu’elles la conduisaient littéralement droit vers la réalisation de ses craintes. Lorsqu’il l’attira vers l’avant, le verre qu’elle tenait dans sa main bascula pour mieux s’écraser aux pieds de Declan, arrosant le mollet du policier au passage. Heureusement, le détournement d'attention fonctionna, empêchant Alysse d'entendre l'inconnue la traiter de "tarée", mot qui l'aurait littéralement rendue folle à lier.

« C’était sympa de vous rencontrer. » Chantonna Alysse en agitant sa main libre pour saluer les autres inconnus.

Maintenant dehors, la poigne du policier l’encouragea à lui faire face. Alysse suivait complétement le mouvement. Son dos heurta le mur dans un râle de surprise avant qu’elle ne pouffe et redresse son regard sur le visage si proche d’elle. La colère de Declan radoucissait toujours les pulsions d’Alysse. Ses éclats pointaient du doigt les erreurs qu’elle commettait. Comme dans toutes relations, les débordements avaient enseigné aux deux amis comment rester amis. Habituellement, elle était le signal d’alarme indiquant que la détective allait trop loin. Mais ce soir, Alysse ne réagissait pas. La colère de Declan était froide mais brûlait le cœur d’Alysse. Inconsciemment, elle avait besoin de ça. Pire encore, elle cherchait cette colère. Parfois, un petit coup de pouce lui était nécessaire pour « parler » comme le disait Declan et la colère de son ami agissait comme un catalyseur.  Alysse n’était jamais plus efficace que lorsqu’elle était acculée. Declan l’avait compris en la plaquant sur ce mur, seul moyen de la recentrer. Il était proche, très proche d’elle mais pas assez encore. Il lui manquait son corps contre le sien, ses bras autour d’elle, son odeur sur elle… Sa poitrine se déchirait en deux, comme si le trou béant en son centre aspirait tout le reste. La frustration ne pouvait que grimper en flèche. Impossible à expliquer. Impossible à comprendre. De toute façon, il était étrange. La douleur la transperçait  et elle était contre ce mur, impuissante et incapable de se soulager de son fardeau.
« T’as l’air fâché. » Grogna Alysse en fronçant les sourcils. Ses doigts cherchèrent son contact. A ce rythme, elle risquait plus de lui mettre dans l’œil que de réellement répondre à ses questions. Visiblement, elle ne les avait pas saisies, d’ailleurs. A moins qu’elle ne prenne pas l’injonction au sérieux.

« Arrête ça tout de suite. » Répéta Alysse dans une mauvaise imitation de Declan. Un léger rire accentua la moquerie. La suite menaçait de faire tourner Darren en bourrique. « Tu veux que j’aille voir tes amis pour leur dire qu’ils sont vilains ? Je peux leur botter les fesses, tu veux ? Je sais crier très fort. Ils devraient m’entendre. »

Elle avait l’air d’une gamine, ou pire, d’une adolescente. Alysse désigna du menton le petit groupe qui avait suivi, inquiet de voir leur ami Darren partir avec une droguée paranoïaque. Elle pourrait être dangereuse.

Alysse & Declan

© Kaiji
Il observe son regard changer, cette lueur venant raviver ses prunelles, parce qu'il la connaît même si elle demeure une énigme pour son cerveau tortueux d'handicapé sentimental. Entre bas cassés, ils sont là l'équipe qui gagne. Champion des lamentations affectives. Mais elle est touchée, elle ne peut pas rester sérieuse, pas avec tout ce tumulte dans ses veines. Et d'ailleurs Declan reste sourd au propre martèlement entre ses tempes dont les répercussions se font entendre dans l'ensemble de sa carcasse qui se consume. « J'en ai pas que l'air. » rétorque-t-il entre ses dents, ne la lâchant pas du regard. Elle tente de lever des phalanges indécises mais surtout imprécises en sa direction, sa main agile attrape les doigts volages pour les plaquer contre la brique. Si bien que de loin, on ne sait pas vraiment si ils s'adonnent à une lutte ou à des ébats. Et l'Effrontée se moque, la trop Sérieuse est bien incapable d'en garder la moindre dose en elle ce soir, et cela ne fait que raviver le feu dans le sang de l'Impulsif. Elle évoque ses « amis » de soirée qui ont suivi, curieux de savoir ce qui se tramait, s'inquiétant pour lui sans doute. Il n'y a pourtant rien à craindre d'une brindille comme la Brunette face à un mec comme lui, mais peu importe, les curieux se contentent toujours de miettes. Un sourire vient naître au coin des lèvres masculines, un rictus presque, celui du Malin qui trame quelque chose de bien plus sournois. Une Malice habitée de rancune, de vengeance peut-être ou bien d'un désir bien plus enfoui, va savoir... « Inutile. » Pas besoin de longs discours non... Ses lèvres approchent la Gamine, entrent en contact avec la nuque gracile pour remonter à sa bouche, à l'effleurer, avant qu'elles ne murmurent. « A toi de choisir. » Si le signal envoyé sera celui d'un réconfortant rapprochement ou d'une lutte nécessitant leur intervention de témoin.

L’aveu de sa colère rendait la paranoïa de la droguée plus intense. Qu’il reste. Qu’il reste. Qu’il reste au moins aussi proche, priait chaque fibre d’un corps trempé de trop de substances. La distance s’égrainait entre leur corps et le souffle féminin se retînt comme accroché aux secondes qui refusaient de s’écouler. Les doigts agiles maintenaient ceux malhabiles. Le regard clair guettait le plus sombre. Finalement, les lèvres de l’un effleuraient la peau de l’autre. D’abord pantoise, la brunette resta figée à ronger son frein. Tant d’illusions et de méprises s’étaient accumulées au creux de ses cils. Comment savoir si ce moment s’ancrait dans la réalité ou plongeait dans un de ses fantasmes ? Est-ce réellement important de le savoir s’interrogeait un coin de raison car la réalité était tout autre. Alors qu’elle piquait sa crise par jalousie, Declan lui offrait sur un plateau dorée toute l’attention dont elle avait besoin et plus encore. La part d’insécurité en elle se trouvait balayée par un simple baiser. Cependant, les mirages de la drogue noyaient toujours son esprit, l’attirant dans des recoins encore inexplorés.

« Je te choisirai toujours toi. » Murmura finalement une voix basse, soufflée par deux joues rougissantes. Sa main libre passait dans sa poche tâtant maladroitement le tissu avant d’en extraire un bonbon à la menthe probablement piqué à l’hôtel. Si le message sonnait injuriant de prime abord lorsqu’elle le tendit à Declan, le mot qui suivit annonça tout autre chose.

« Neverland ? » Souffla Alysse avant de se mordiller la lèvre inférieure avec inquiétude.
Ce jeu remontait à leur adolescence lorsque les disputes devenaient fréquentes à cause d’une Alysse turbulente et mal dans sa peau. A cette époque, le silence devenait trop lourd à porter pour une gamine esseulée. Coincée dans ses peurs, elle avait proposé à Declan de revisiter leur jeu favori, lorsque bambins, ils s’envolaient à Neverland où rien ne pouvait les atteindre. Les règles restaient simples. L’un pouvait tendre à l’autre n’importe quel objet pour inviter à Neverland. Ils ouvraient alors une sorte de parenthèse au sein de laquelle celui qui avait lancé l’invitation pouvait parler sans risque direct de représailles, de moqueries ou de rupture définitive de l’amitié. Ce moyen de renouer le lien obligeait l’autre à un moment d’attention privilégié. Bien sûr, si celui qui avait été invité se trouvait blessé à Neverland, il avait le droit de réclamer la réalisation d’un acte visant à réparer le dommage causé. Cette proposition demeurait un recours d'extrême urgence lorsque leur relation se trouvait en péril. Cette bulle n’avait pas été convoqué depuis des lustres. Ils étaient devenus adultes.

Alysse & Declan

© Kaiji
Finalement le groupe de jeunes avait compris qu'il n'y avait pas danger et les avait laissé seul. Declan restait suspendu aux lèvres d'Alice, littéralement. Il pouvait relâcher son emprise puisque des témoins il n'y en avait plus, mais il sentait son corps incapable de faire marche arrière. Les prunelles métalliques observent et laissent revenir doucement la lueur lorsqu'il constate le rouge qui farde ses joues. Alysse était Alysse et malgré les catastrophes qu'elle pouvait provoquer, elle tenait sincèrement à lui et lui à elle. Sa pomme d'Adam émet un mouvement descendant, trahissant une émotion catalysée en lui.

Quelle n'est pas la surprise lorsqu'elle lui tend un bonbon à la menthe, mais il n'a pas le temps de s'interroger puisque son amie reprend un code mis au point bien des années plus tôt. Du temps de l'innocence. « Je ne grandirai jamais. » rétorque-t-il avec une assurance surprenante alors qu'ils n'avaient pas prononcé ces mots depuis des années. L'un lançait Neverland, l'autre rétorquait ne jamais vouloir grandir et c'est ainsi qu'on acceptait tacitement de partager le moment selon leurs règles. Declan s'empare de la confiserie et observe la Brune, sa main relâche la sienne et enfin, il reprend une position plus distante. Ses doigts observe la friandise et en déballe le papier, bah ouais, il dira jamais non à de la bouffe et là présentement il se sent un poil stressé. Son regard se porta de nouveau sur son amie, attendant qu'elle prenne le temps de parole qu'il avait accepté de lui offrir, regrettant déjà l'espace qui s'était installé entre eux, mais curieux d'entendre les mots qui sortiraient. Ils n'étaient plus des enfants, mais ils en avaient garder la franchise autant que la maladresse.  

Leur relation se muait entre le papillon et l’alien. Cet hybride menaçait d’exploser ou de se changer en un fidèle allié. Mais une décision devait être prise pour éviter la mort de ce fragile petit être. En effet, quelques souvenirs effacés ne réduisaient pas la brune à l’état d’aveugle. Depuis qu’elle avait retrouvé son ami, leur relation n’était plus la même. Parfois, elle ne comprenait plus et la peur panique de voir Declan lui filer entre les doigts provoquait une violente angoisse. Cette situation ne pouvait continuer. Alors Neverland serait leur salut. Dans un tel univers, rien ne pourrait les blesser. Dans un tel monde, ils pouvaient essayer la proposition de Declan, la nouvelle configuration de leur relation.
Alysse avait ressenti les lèvres du policier contre sa peau comme un appel et une prise de conscience. Declan avait formulé ses nouvelles attentes d’une manière inattendue mais soudainement logique aux yeux d’Alysse. L’idée ne sonnait pas si étrangère. Une part de ses souvenirs bafoués tentait de s’éveiller sans parvenir à éclore. Est-ce les substances qui coulaient dans ses veines qui lui permettaient d’être aussi forte ? Habituellement, elle aurait fuie, trop effrayée à l’idée de gâcher leur amitié, de le perdre ou de se perdre. Le poids dans sa poitrine paru plus facile à porter. Ses entrailles nouées par l’angoisse restaient sagement en place. Seule sa respiration pesait sur ses paroles. Puisqu’il se saisissait du bonbon en prononçant les paroles tant attendues, Alysse attrapa l’épaule de Declan lorsqu’il recule. Le geste lui permit de se redresser et s’éloigner du mur sans perdre l’équilibre.

« Restons à Neverland…juste cette nuit. Ici, on peut être ce qu’on veut et je veux qu’à Neverland, ce soit moi à ton bras. Pas une autre fille ! Et si ça ne te vas pas, on pourra toujours retourner à notre ancien monde et je redeviendrai ton amie. »

Son esprit fleurissait d’idées nouvelles, les mêmes qu’elle lançait gamine et qu’elle avait appris à taire en grandissant. Ce soir, elle était plus libre. A croire qu’elle avait repoussé les contraintes qu’elle imposait à elle-même, les règles dans lesquelles elle s’enfermait, les peurs qui la bridaient. Alysse se sentait vivante et forte. Declan pouvait revoir l’Alysse qu’il avait perdu l’année passée, celle qui avait péri lors d’une mission échouée. Comme toujours, elle naviguait dans un autre monde. Sa proposition semblait bancale et difficilement compréhensible pour une personne qui ne trainerait pas dans sa tête.

Alysse & Declan

© Kaiji
Au départ, il n'avait agit que par pure provocation, un désir sournois de vengeance avait dicté ses gestes. Puisque Alysse semblait avoir fait un trait sur leur amorce de relation, puisqu'elle avait disparu des semaines durant, pour ensuite ne jamais reparler de ce qu'il s'était passé. Et pire, elle lui avait avoué dans leur endroit repère qu'elle évoluait librement, même avec Clay. Clay son plus vieil ennemi, et Declan n'avait pas pu s'empêcher de ressentir ça comme une trahison. Mais voilà qu'elle lui proposait autre chose, voilà qu'elle lui offrait une parenthèse et il oubliait toute sa raison. Ce n'était pas son genre à lui et encore moins son genre à elle mais la solitude des dernières semaines le poussait à cette abnégation. Sa cervelle avait tout simplement décidé que le moment était venu d'expier les promesses de bonne conduite et d'usurpation. Le désir de retrouver sa peau était bien plus grand, même furtivement. Il serait Declan et elle Alysse. Sa main attrape la taille gracile, réduisant ainsi la distance pourtant bien jeune entre eux. « Viens par ici. » Le clair s'accroche à l'obscur alors qu'il tente de la sonder. Est-elle sérieuse ? Lui joue-t-elle encore un tour ? Avec Alysse, il ne sait jamais vraiment. « Certaine ? » Parce que tout sera encore plus compliqué après, car tout peut se passer, mais tout sera plus doux maintenant. Declan n'est pas le genre d'homme à viser à long terme, mieux vaut l'impulsion du moment. Ses deux mains enlacent désormais la Brune alors qu'ils improvisent quelques pas en rond dans ce drôle de ballet. « Alors soit. » murmure-t-il en souriant doucement. Au diable les ressentiments, au diable le passé, seul compte le présent.

Une vague la submergea au contact de sa main sur sa taille. La douleur pulsa dans la moindre parcelle de son corps, expulsée vers l’extérieur, chassée au loin dans une dernière expression. L’intensité avec laquelle l’émotion avait traversé la chair d’Alysse expulsa un soupir hors de ses lèvres.  Heureusement, les mains de son ami la maintenaient assez pour accueillir ce soulagement avec sérénité. Adieu craintes. Adieux jalousie. Adieux doutes. Enfin, il était là, proche d’elle et pour s’en assurer, ses doigts se posaient sur le torse qui lui faisait face. Ses paupières couvrirent son regard afin de laisser les autres sens se régaler. Sa chaleur. Sa voix. Son odeur. Sa peau. Il ne bougerait pas pour cette nuit. Il ne la quitterait pas, ne l’abandonnerait pas. Cette quiétude ourla son visage d’un sourire alors qu’elle portait son nez à proximité de celui de Declan pour l’effleurer en douceur. Lui demander une vie, des années, l’éternité enfreindrait les habitudes de vie des deux amis. L’éphémère régnait en maître sur leur existence. La brunette le connaissait assez pour savoir que leur relation battrait de l’aile en quelques semaines. Autant ne prendre qu’une nuit,  une nuit aux milles couleurs, garder Declan pour Neverland et y revenir en cas de besoin.  Un pas après l’autre leur permettrait de sauver leur amitié ou de construire quelque chose de nouveau.

« Sûre. » Murmura-t-elle finalement en rouvrant les yeux pour se laisser entrainer dans la danse.

Une main remonta au sommet de sa nuque où quelques mèches de cheveux se laissèrent dompter. Une étrange impression la hantait, comme un besoin de sceller cet accord entre eux, ce nouveau genre de relation et d’intimité. Ses lèvres s’approchèrent de celles qui la troublaient. Leur proximité nouait son bas ventre dans un ballet presque aussi étrange que celui imprimé par les pas de Declan. Les doigts se crispèrent légèrement sur sa nuque dans une crainte de le voir reculer ou de tomber. Quelques secondes filèrent avant qu’un baiser n’imprime leur chair.

« On dirait que tu viens de passer un accord avec le démon. » Taquina Alysse dans un sourire en coin.

Oh

Alysse & Declan

© Kaiji
C'est fou comme tout pouvait basculer en quelques instants. Mais c'était souvent comme ça entre lui et Alysse, c'était déjà un peu comme ça que les choses avaient dérapé la dernière fois. Il sent qu'une drôle de tension passe entre eux, comme un frémissement de son amie sous ses phalanges assurées et cela le grise davantage. Il sent sa menotte pianoter sur son torse puis passer autour de sa nuque et une douce chaleur s'insuffle en lui. La proximité avec Elle c'est quelque chose qu'il a vécu souvent mais là c'est différent, c'est la première fois qu'ils s'octroient cette réelle intimité. Quelques secondes passent avant qu'elle ne vienne accrocher ses lèvres aux siennes. La bouche masculine se fait douce puis plus avide, comme si le contact des lèvres féminines laissaient au corps prendre conscience de l'abîme crée par des mois de solitude. Elle s'écarte de nouveau de lui pour lui faire la remarque d'un pacte avec le démon. Mais le démon est bien connu et cela a quelque chose de rassurant. D'autant plus que Declan est loin d'être un ange. « L'enfer ça a du bon. » rétorque-t-il de la même malice alors que ses mains descendent le long des courbes de son Amie pour venir s'accrocher à ses fesses. Pas vraiment quelque chose qu'on se permet habituellement en toute amitié. La lueur d'humour au cœur de ses prunelles laisse place à une lumière plus abrupte, plus téméraire, un désir qui habite les hommes seuls, celui où la raison semble s'être bien échappée. Les lèvres viriles s'emparent plus fortement d'elle, alors que son torse la presse de nouveau contre le mur, laissant ainsi ses mains se balader bien plus effrontément le long des courbes bien connues mais encore étrangères à ses doigts.

J'suis pas sûre que ce soit elle le démon