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Je n’avais pas réussi à suivre ce foutu cours d’informatique aujourd’hui. C’est même avec précipitation que j’avais quitté la salle pour sortir au plus vite de l’établissement à la recherche d’une bonne bouffée d’air. Je me sentais oppressée, le cœur serré dans un étau, et ce depuis que Bona m’avait expliqué son envie de quitter Harvard, de partir loin, très loin d’ici pour rejoindre sa famille. Son opération ne s’était pas bien passée, le laissant en chaise roulante et avec la peur de ressentir la pitié chez ses proches à son égard. Une partie de moi comprenait son mal-être et avait conscience que de se retrouver à nouveau en chaise roulante n’était pas chose facile à assumer. Mais bon sang, une autre partie de moi était en colère : en colère de le voir partir, d’être capable de tout quitter, de quitter sa petite-amie, de quitter ses études….de me quitter. Lui aussi. J’avais bien évidemment chercher à le dissuader à lui expliquer qu’il ne verrait chez moi que l’amour et l’amitié que je lui ai toujours porté, que rien ne changerait dans ma façon de le voir ou de le considérer…mais il m’avait démontrer que c’était faux, que je serais incapable de ne pas le traiter avec plus d’attention ou de précaution.
J’avais tout même réussi à la convaincre de l’accompagner à l’aéroport, pour lui dire adieu. Et cela avait été la plus dur des choses que j’avais eu à faire jusqu’ici. Amanda ne m’avait pas laissé de possibilité elle, et à l’époque je me souvenais lui en avoir tenu rigueur. Mais ce matin, en voyant Bona s’éloigner de moi pour rejoindre son avion accompagnée par une hôtesse, je reconsidérais mon jugement : c’était dur. Trop dur. J’avais essayé de retenir mes larmes, je l’avais promis à Bona, mais autant dire que cela avait été peine perdue. Mais me donner en spectacle dans un aéroport, ce n’était pas mon truc non plus.
J’étais alors revenu à Harvard, comme une automate, et avais repris le cours de ma journée, sans vraiment en profiter…jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce qu’un texto de Bona m’annonçant qu’il était bien arrivée et qu’il me souhaitait d’être heureuse et de profiter de la vie. Cela avait été la goutte d’eau….J’avais presque couru pour finir par m’asseoir sur un petit muret non loin d’une petite parcelle de gazon, et j’avais fini par craquer, pleurant tout ce que j’avais tenté de retenir depuis ce matin. Mon premier réflexe eu été d’appeler Paris – que je collais comme une glue depuis que notre retour du Spring Break tellement j’avais peur qu’il soit le prochain sur la liste des personnes qui m’abandonnerait – mais je tombais sur sa messagerie. Ne voulant pas le harceler, j’avais tenté d’appeler Bona : peut-être qu’il accepterait de me parler une dernière fois ? Ce texto était si loin de nos conversation franches et intimistes….il me manquait déjà. Mais là encore, messagerie…Et pour le coup, je savais que lui, le faisait exprès. Il ne me parlerait pas. Trop dur pour lui aussi ? Je ne sais pas, je ne sais plus.
Désespérée, je me mettais à pleurer de plus belle, lâchant mon portable qui tombait sur l’herbe, face vers le ciel - l’écran encore sur la conversation SMS entre moi et Bona - tandis que je cachais mon visage avec mes deux mains, me penchant en avant pour me recroqueviller comme je pouvais…Je me sentais seule, et abandonnée…Je les avais tous perdus, et je venais à me demander si ce n’était pas en partie de ma faute. Peut-être n’étais-je pas la meilleure amie qui soit, peut-être que je mon amitié, ma façon de les aimer ne les suffisait pas ? Peut-être que je faisais tout de travers….Je ne sais toujours pas. Tout ce que je sais, c’est que ça fait mal. Très mal, et que je ne sais pas quoi faire pour arrêter ses pleurs et cette douleur….
@Leonidas S. Vasilis©TOWNTROTTER.
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