II. Compter l'un sur l'autre (NOXTON)

Counting on each other — Pluton était revenu du Mexique hier, ça me faisait plaisir de savoir qu'il était de retour. En plus, il m'avait envoyé des SMS dans la journée et je pense qu'il avait senti que je n'avais pas trop le moral, parce qu'il m'avait proposé de sortir faire un bowling. I see you, avais-je pensé avec un sourire en lui répondant. Je savais très bien qu'il cherchait à me changer les idées. J'avais un peu rechigné, parce que trouver la motivation était difficile quand j'étais pas bien, mais j'avais fini par céder. Et je ne le regrettais pas, parce qu'à peine arrivés au bowling, je me sentais déjà mieux rien qu'avec une petite demi heure en sa présence. « Je vais t'écraser, » lançai-je en enfilant les chaussures ridicules que le bowling fournissait. Mais là, ça coinçait. Je me grattai l'arrière de la tête, gênée. « Hm... Pluton ? Ça te dérange de... me faire mes lacets ? » J'avais l'impression d'être une gamine à demander ça, mais j'avais toujours le bras en écharpe et du mal à me baisser à cause de la douleur qui persistait dans mes côtes. Riddikulus.

Counting on each other — Ce voyage était juste génial quand on y repense. Et ouais, ça faisait quand même du bien de rentrer parce qu'on est jamais mieux que chez soi. Sauf qu'à peine arrivé, j'avais envoyé un message à Nox, lui indiquant ma présence sur le sol américain. Et ouais, j'avais beau avoir été au Mexique, je n'ai pas été retenu à l'aéroport. Ouf, parce que bon, je voulais bien reprendre les cours moi quand même, pas rester bloqué comme tous ceux que Trump voulait bannir des USA. Quoiqu'il en soit, on avait convenu d'un rendez-vous au bowling tous les deux parce qu'il était temps de lui changer les idées. Et puis hey, j'étais quand même pas mal dans mon genre puisqu'elle avait le sourire aux lèvres. Et j'étais certain que j'arrivais à lui faire passer du bon temps en ma compagnie. « Que tu crois, c'est toi l'unibraiste » Bon, j'osais espérer qu'elle était un caca avec son bras encore valide parce que pour le coup, je risquais de faire que des gouttières avec la chance légendaire que j'avais. Chaussures en main, je m'installais pour les mettre et c'est là que miss Mather décidait de m'interrompre. « Si je le fais tu me laisses gagner ? » J'avais levé la tête pour la regarder et j'élargissais mon sourire pour faire des yeux doux. Non mais parce que dans tous les cas j'allais perdre, je le savais, alors autant mettre tous mes atouts de mon côté.

Counting on each other — Je l'enviais d'être parti au Mexique pendant une semaine, parce que franchement, m'échapper de ma vie pendant quelques jours, je pense que ça m'aurait fait un bien fou. Ça m'avait fait cogiter. Peut-être que je partirais quelques jours, juste avec un sac à dos, quelque part. Je ne savais pas encore où. Mais je le ferais sûrement, dès que ma condition physique me l'autoriserait. La destination, peut-être que je la déciderais une fois partie. J'en avais pas la moindre idée. Je me sortis de mes pensées pour revenir au moment présent avec Pluton. Je menaçais de l'écraser au bowling et soyons honnêtes, je n'avais aucune chance avec mon bras directeur en écharpe. « C'est pas faux, » dis-je avec un petit rire. Et là, le moment gênant. Je ne pouvais pas attacher les lacets des chaussures, parce que je n'avais qu'une main de disponible, à moins de me contorsionner complètement, ce qui était impossible à faire à cause des mes côtes. Donc je demandais de l'aide à Pluton, la mort dans l'âme parce que j'avais honte de lui demander un truc aussi basique. Il me fit chanter et je lui adressai une grimace. « Si tu le fais, je te promets de te laisser gagner, » dis-je comme une gamine de cinq ans qui mentait clairement pour obtenir ce qu'elle voulait. Je conclus par un sourire complice, lui tendant mon pied. « Allez, s'il te plaît. Sinon je vais me casser la figure tous les deux mètres, parce que j'suis déjà pas douée sur mes pieds quand j'ai des chaussures attachées. » Oui, j'essayais clairement d'attiser sa pitié avec mes yeux de chat potté.

Counting on each other — C'était bien dommage au final que je l'ai connue que tardivement, et qu'il lui ait arrivé ce qui lui est arrivé peu de temps avant mon voyage. Ayant déjà validé Neptune comme mon +1, j'avais tout simplement pas pu changer pour Rylie, qui aurait bien eu besoin de se faire remonter le moral. M'enfin, on avait décidé que ce soir, ça allait être le soir où tout allait être oublié et que le mot d'ordre était amusement. Alors si elle tentait de me faire peur, c'était peine perdue. Elle n'avait qu'un bras et avec un peu de chance, c'était celui qui allait la faire perdre. Mais je jouais le mec confiant en disant que de toute façon, elle n'avait qu'un bras alors elle pouvait pas m'exploser. Si jamais elle savait ma malchance... elle aurait pas réagi de cette façon. M'enfin, on avait nos chaussures et j'enfilais tranquillement les miennes quand, évidemment, elle me fit remarquer qu'elle pouvait pas mettre les siennes. Du moins, faire les lacets. La voir me donner tout plein d'arguments me faisait quand même rire, si bien que je finissais par céder. « Ok, ok, je te les fais » Et je m'y mettais une fois que j'avais terminé de lacer les miens. Faible que je suis quand même, parce qu'il n'avait fallu que deux secondes de ses yeux de chat potté pour céder. C'est mal ce qu'elle fait quand même. « Tadaaam ! »

Counting on each other — C'était vraiment étrange entre nous, justement parce que ça n'était pas étrange. J'veux dire, on avait couché ensemble le soir où on s'était rencontrés. Mais depuis, on en avait pas du tout reparlé. Il faut dire qu'on s'était revus le lendemain de ma sortie de l'hôpital, et on n'avait pas beaucoup parlé. J'étais un peu enfoncée dans un certain mutisme et il avait plus fait office de présence réconfortante que de distraction. En plus depuis le braquage, je vivais super mal le fait d'être seule dans cette chambre à la Mather, donc même si je ne lui avais pas dit, ça m'avait sorti la tête de l'eau de le voir. Comme ce soir, parce que moralement ça n'était toujours pas la grande forme. On allait faire un bowling, et je rencontrais déjà des difficultés, rien qu'avec mes chaussures. Mais Pluton accepta de m'aider et j'affichai un grand sourire, parce que ça avait été simple de le faire céder. « Petit homme faible, » dis-je après qu'il ait terminé de me les lacer. Bah oui, j'allais pas lui dire avant sinon il me les aurait pas faits. « Merci beaucoup, » finis-je quand même par dire. Puis je me relevai, posant ma main sur ma hanche. « Prêt pour ta raclée ? » le provoquai-je avec un grand sourire plein de malice.

Counting on each other — C'était étrange, parce qu'on avait quand même couché ensemble à deux reprises, c'est comme si rien ne s'était passé en fait. Quand je l'ai vue après qu'elle soit rentrée de l'hôpital suite au braquage dans la bijouterie, j'avais été avenant avant tout, sans penser une seule seconde aux instants qu'on a pu partager dans la ruelle et dans ma chambre. Et aujourd'hui, c'était à peu près la même au final. On rigolait, on se taquinait et maintenant, on allait jouer ensemble au bowling, comme si de rien était. Ses chaussures, elle pouvait tout simplement pas les attacher alors c'était mon devoir de les attacher, à condition qu'elle me laisse gagner. Après tout, je me connais et y'a de grandes chances pour que les gouttières voient mes boules passer assez souvent malheureusement. « Non, galant, nuance. » disais-je en me redressant. Tout de suite, quand on cède à la demande d'une femme, on est un homme faible. C'est totalement faux de mon simple avis. Mais visiblement, c'est cool d'avoir une vision sexiste. Je souriais malgré tout à son remerciement, ne me faisant pas prier pour réagir. « De rien demoiselle » Et encore une fois, elle se fit un malin plaisir pour me taquiner vis à vis de me mettre une branlée. « Oh, t'as accepté pour me faire gagner t'as dit, alors c'est moi qui gagne » Et ouais, impossible de changer de version en cours de route. Je gagne donc je gagne.

Counting on each other — J'étais vraiment exténuée en ce moment, parce que je n'arrivais pas à dormir la nuit. J'avais été obligée de recommencer à travailler, et c'était bien parce que ça m'occupait l'esprit. Mais la nuit tombée, j'étais seule avec mes démons. Même la présence de Ruby n'arrivait plus à me rassurer. Donc voilà pourquoi j'avais été réticente quand Pluton m'avait proposé de sortir, parce que j'avais pas l'impression d'avoir la force physique nécessaire. Mais il s'était barré une semaine au Mexique et je sais pas, j'avais envie de le voir. Donc je m'étais forcée à venir jusqu'à Boston. Et je regrettais pas, parce qu'on rigolait toujours autant ensemble. Il me faisait oublier un peu, et m'aidait à me détendre. « J'disais ça parce que t'as cédé au premier truc que je t'ai proposé. T'aurais pu exiger bien plus. » Non, j'avais pas dit ça parce qu'il se montrait gentil en acceptant de me nouer mes lacets. Ça, ça m'arrangeait bien. Il protesta quand je parlais de raclée et je me mis à rire en haussant les épaules. « Hé, qui a dit que j'étais une femme de parole ? » Je le regardai, un sourcil haussé, en posant ma main libre sur ma hanche. « Bon, je vais voir ce que je peux faire pour toi. Allez viens, » Je l'entraînai jusqu'à la piste qui nous avait été désignée et je me précipitai sur le tableau où on pouvait inscrire nos noms. « C'est moi qui mets les noms ! » Je tapai rapidement "Saturne" et "Morphée" et je me retournai vers lui, tout sourire, contente de ma connerie.

Counting on each other — Je sais bien qu'aller au bowling dans sa condition, c'était pas forcément l'idéal, mais je me disais qu'on était pas là pour la compétition, vu comment je suis pas doué. Alors elle aura sûrement une chance de gagner, même avec un bras en moins. Et puis, c'était l'occasion de bien rigoler aussi alors ouais, j'avais hâte de passer cette soirée en sa compagnie. « J'aurais pu, mais je suis facile à contenter » Et autre point important, je ne prends pas avantage des femmes. Je n'use pas de mes charmes pour obtenir ce que je voulais. Tant qu'elle pouvait s'amuser ce soir, c'était tout ce qui comptait. Mais rapidement, je me rendais compte que madame n'était pas une femme de paroles. Je devais gagner, on avait dit. Et elle venait de me démontrer le contraire. « Ça me déçoit » Et très clairement oui, pour moi, c'était le genre de femme à être honnête et à tenir parole quand elle disait un truc. Mais elle revenait assez vite sur ce qu'elle disait, ce qui avait tendance à agrandir ce sourire sur mes lèvres. « J'aime mieux ça ! » Et rapidement, on se retrouvait sur notre piste désignée pour jouer et elle s'occupait de mettre nos noms. Et.. je me mis à rire en voyant "Saturne" pour moi, "Morphée" pour elle. « Bien joué ! Du coup, tu commences ? » Homme galant, encore une fois.

Counting on each other — Il avait l'air d'être sous l'impression que j'étais une nana qui tenait toujours sa parole et je savais vraiment pas d'où il avait bien pu imaginer ça. Bon d'accord, je mentais pas non plus comme je respirais, mais des fois j'aimais bien faire des fausses promesses pour obtenir ce que je voulais. Surtout quand c'était aussi insignifiant. Mais bon. Comme je lui avais dit, j'allais voir ce que je pouvais faire pour lui. Oui, il avait réussi à m'avoir en me disant qu'il était déçu, même si j'étais pas forcément sûre que c'était sérieux. De toutes façons, vu que c'était mon mauvais bras, si ça se trouve j'allais perdre naturellement donc je n'aurais pas d'efforts à faire. Il retrouva le sourire et on se dirigeait vers la piste aussitôt. J'accaparai le plateau pour noter les noms et une fois ma connerie faite, j'étais toute contente. « Ok, je commence ! » Je cherchai la boule la moins lourde dans celles présentes et j'en attrapai une violette, glissant mes doigts dedans pour la soulever. Une fois face à la piste, je lançai la boule et fis exprès de la lancer carrément sur la gauche, pour qu'elle frôle la gouttière et ne fasse tomber qu'une quille. Voilà, il allait forcément battre ça. « A toi, Saturne ! » Je revins vers lui avec un grand sourire. « Je vais me prendre un truc à boire, tu veux quelque chose ? »

Counting on each other — Je sais pas moi, mais elle me semblait être une gentille fille dans le fond et elle me le montrait bien des fois. Alors ouais, pour moi c'était une femme de parole. Une femme qui applique ce qu'elle dit. Et si elle ne le fait pas avec les autres, j'osais espérer quand même qu'elle le fasse avec moi. Une fois sur la piste de bowling, elle s'emparait de la tablette pour mettre les noms et je la laissais faire. Je savais bien qu'elle n'allait ni mettre Pluton, ni Nox ou Rylie. Je sais pas, une intuition me dit qu'elle avait une idée derrière la tête et qu'elle allait la mettre à exécution. C'était à ce moment là que je découvrais nos pseudos. Saturne et Morphée. Forcément que je me mis à en rire. C'était nous quoi. C'était la troisième fois qu'on se voyait et pourtant, j'avais l'impression de la connaître depuis des années. La laissant commencer, je la voyais prendre une boule et faire un lancer. Résultat décevant pour elle, mais satisfaisant pour moi. Après tout, je voulais gagner et c'était bien parti. Enfin, presque. « Une bière mais c'est encore à toi en fait, t'as deux tours » Je lui montrais ses neufs quilles encore debout qui attendaient de se faire déglinguer. « T'inquiète, j'attendrai pour la bière » Et maintenant, va tirer dans la gouttière, tu veux.