À notre chez nous - OSKA

Je devais avouer que pour l’emménagement, je ne m'étais pas foulée. Etant enceinte et bientôt sur le point d'accoucher, je n'avais pas eu le droit de porter quoi que ce soit qui pourrait s'avérer trop lourd. J'avais donc participé à la décoration et au fameux "je n'aurais pas mis le canapé ici, mais plutôt là" parce que j'étais chiante en toutes circonstances. Finalement le meilleur moment pour moi et pour tout le monde, c'est quand je dus ranger mes nombreux livres, passant plus de temps à les reregarder. Au moins, j'étais tranquille, dans mon coin et j'emmerdais personne. Mais ce n'était pas si terrible pour Osean, fallait se dire qu'au bout de ça, on débutait réellement notre vie à deux et puis, on pouvait commencer à faire la chambre de notre petite, ce qui me mettait sérieusement la boule au ventre. Ce soir, j'allais me détendre un peu, enfin, NOUS allions nous détendre un peu. Nous allions sortir fêter notre emménagement au Royale histoire de boire un verre et de profiter de la musique. C'était chouette, ça allait vraiment nous faire du bien. Puis, on s'habillait bien pour l'occasion, j'avais sorti une robe et des petits talons. C'était peut-être l'une des dernières sorties en fait. J'allais devoir me concentrer sur mes études avant l'accouchement histoire d'avoir le moins de retard possible par la suite et puis, tout allait vite arriver. Dans un mois et demi, j'allais accoucher et changer nos vies pour toujours. Une dose de bonheur allait nous entourer, du moins je l'espérais, j'espérais qu'il n'allait y avoir aucun problème. « Qu'est ce que tu veux boire? » - « Hum? » J'étais tellement ailleurs que je n'avais pas remarqué que nous étions arrivés. Je m’asseyais et je regardais Osean à nouveau. « Un cocktail... aux fruits rouges... si tu trouves » Je ne savais même pas si ça existait en fait, j'avais juste envie de fruits rouges. « Ou un ice tea sinon.. » le casse-tête du sang alcool, j'vous jure. « Ou une bière ? » finissais-je avec un sourire, m'attendant à un "dans tes rêves" en réponse. Punaise, ouais, une bonne bière bien fraîche.

« J'te demandais ce que tu voulais boire. » J'étais tellement dans la lune que je n'avais pas prêté attention à ce qu'Osean venait de me demander. Oh, une boisson. Sans alcool évidemment. Je commençais à être une experte je crois, enfin pas tant que ça quand on voyait mon hésitation. Un choix, un deuxième et puis finalement, je lui demandais une bière avec un sourire qui cachait un réel désespoir. J'étais irrécupérable avec la bière et punaise, c'était flippant quand on savait comment avait fini ma mère. J'voulais pas devenir alcoolique. Han gosh, pourquoi je pensais à ça ? Avec ce genre de conneries, c'est là que j'en venais à me demander si j'allais être une bonne mère ou bien si j'allais répéter les erreurs de mes propres parents. Ce qui voulait dire que j'allais donner une parfaite illusion de bonheur à mon homme avant de l’abandonner. Non, je ne pourrais jamais faire ça, c'est certain. D'ailleurs, à ce jour, je savais que si nous ne devions plus être ensemble, ça serait sa décision à lui. Je lâchais un soupir alors que le dunster revenait avec nos deux verres. « Voilà, pour moi c'est Vodka manzana et toi de l'eau plate. » À la couleur, c'était plutôt une bière plate. « Merci mon cœur » Je sourirais en le regardant, attrapant mon verre pour trinquer avec lui. « À nous deux et à notre petite famille » Ouais, à bébé Oska aussi qui allait profiter de la musique dans mon ventre. Je le regardais toujours et je luttais pour ne pas lui poser ma liste de questions habituelles, enfin, celle qu'une Alaskaka (haha) poserait à son homme quand sa confiance est à zéro. Mais pas de mauvaise humeur, juste des sourires, ça allait nous faire du bien.

Il me tardait de boire une bière quand même. Le pire c'est qu'Osean n'était même pas compatissant et il revenait avec une vodka. C'était quand la dernière fois que j'avais pris une vodka au juste ? J'étais jalouse et je me mordais l’intérieur de la joue en louchant sur mon ice tea. La fin d'une grossesse, c'était de l’abstinence quand même. On peut pas dire qu'on faisait l'amour autant qu'avant, en même temps, avec mon corps de vache, j'avais de plus en plus de mal à accepter un quelconque regard. Une cigarette, ouais rien qu'une cigarette, j'en mourrais d'envie d'en fumer une, mais je ne pouvais pas, il allait me tuer sur place. Je lâchais un soupir, levant mon verre pour trinquer à nous et à notre belle petite famille qui se formait peu à peu. « À nous deux et notre début de vie familiale qui approche à grand pas dans un nouveau chez nous parfait. » Je souriais en l'écoutant avant de finalement boire quelques gorgées de thé glacé. « Tu pense être capable de m'offrir une petite danse après? Ou c'est devenu trop violent à gérer? » Je me stoppais et je tournais doucement la tête vers mon homme, les sourcils levés. Il me cherche là ? « Après quoi ? » Commençais-je alors, me rappelant de ce qu'il m'avait dit au nouvel an, enfin de la façon dont il l'avait dit. Un sourire joueur apparaissait sur mes lèvres alors que je le regardais toujours. « Autant danser maintenant, avant que tu sois saoulé par ta boisson de nenette » C'est gratuit, mais ça fait du bien de se détendre et de se chercher un peu. Qu'il n'aille pas croire que je faisais ma fille délicate, mais j'avais quand même un bébé dans le ventre et mon équilibre jusqu'ici pas très fiable avait totalement chuté.

Je sentais que ce soir, ça allait donner. Déjà, on partait de bonne humeur avec nos piques et nos chamailleries et j'aimais tellement quand ça se passait comme ça. Du coup, je me faisais plaisir à lui rentrer dedans, chassant complètement ma mélancolie de début de soirée. J'étais en forme ce soir et il allait vite s'en rendre compte. Puis, il savait très bien en m'attaquant que de toute façon, j'étais le genre de personne à courir et non pas à marcher quand on s'en prenait gratuitement à moi. Puis bon, j'étais enceinte, mais pas handicapée pour autant, je peux encore lui botter le cul par exemple. Pour ce qui est du sexe, c'était une autre histoire. Il se levait rapidement, me tendant la main pour que je me lève à mon tour. J'avais un sourire vainqueur aux lèvres, le genre de sourire qui n'allait pas partir si facilement. « Allons-y alors, on verra qui portera qui à la fin de soirée. » Je riais en me précipitant sur la piste de danse. « On verra ça papy » Puis je lui pinçais les fesses délicatement pour lui rappeler quand même que c'était pas lui le chef heeeeein. Puis une fois sur la piste de danse, hors de question de danser une valse. On est jeune et en boite de nuit. Et ce que je kiffais le plus, c'était de danser n'importe comment alors j'vous dis pas l'expression sur mon visage - du genre C'EST MA CHANSON PRÉFÉRÉE -  quand Hey Ya! de OutKast se mit à jouer. Aha, j'allais pouvoir me déhancher comme une folle et puis, on pourra voir lequel de nous deux aura honte de l'autre. Si il y avait bien une chose que je ne savais pas faire, c'était danser et j'avais tendance à danser genre comme dans les années 80 comme si tous mes membres agissaient séparément et que le cerveau avait décidé qu'il n'avait rien à voir avec tout ça. « Alors bébé, tu danses ? » que j'criais alors qu'il était juste à côté. C'était lui qui allait me porter parce que j'allais être bien trop fatiguée pour marcher.

J'adorais faire des bêtises, m'amuser un peu et surtout embêter Osean. J'adorais embêter mon homme, le pousser (gentiment) à bout, le rendre fou, le provoquer. Ouais, quand j'étais de bonne humeur, j'avais tendance à jouer dans la provocation ou bien à extrapoler les choses. Tout cela en gardant un côté à la fois mignon et sûr. Enfin bref, c'était ma façon de fonctionner et ce soir, j'en profitais. Premièrement, quand votre victime est plus vieille que vous, n'hésitez pas à le lui faire savoir. « Hey petite fille, le papy il t'aura humilié à la fin de la nuit. Regarde bien! » Un large sourire aux lèvres, je me stoppais pour le regarder faire son presque Michael Jackson. On y croirait presque. Deuxièmement, le ridiculiser tout en faisant en sorte que ça passe inaperçu. Je lui pinçais les fesses, le faisant faire un bon en avant, me rendant hilare par la suite. « Aïe! Ça c'est pas loyal t'as des griffes. » - « Arrête de te chercher des excuses Cobain ! » Qu'il assume qu'il n'a aucune chance face à moi. Et puis... Et puis, LE moment magique de la soirée. Roulement de tambour. OutKast se mettaient à jouer et j'étais au bout de ma vie. Je me mettais à danser n’importe comment, maîtrisant à la perfection le running man. « Yeah move your body Willy! J'aime quand tu check ton booty! » Je me mettais à rire en le regardant, profitant du moment et en le regardant lui aussi faire n'importe quoi. Les personnes se trouvant sur la piste de danse commençaient à faire attention à nous, à se joindre à nous dans ce moment de folie et ça me faisait plaisir. C'était agréable ce genre de moment, même si clairement, enceinte ce n'était pas facile de suivre le truc. Je tournoyais et puis en voyant qu'Osean ne se sentait pas bien (ça se lisait sur son visage) je me stoppais aussitôt. Je fronçais légèrement les sourcils en le regardant alors qu'autour de nous, tout le monde continuait de danser. Il quittait la piste de danse et je me précipitais à sa poursuite, le suivant jusqu'à notre table où je le poussais à s'asseoir. « Tu vas bien ? Bois mon Ice tea, ça va te rafraîchir... » que je lui disais en commençant à paniquer un peu et en poussant mon verre sous son nez, passant ma main sur son front.