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The leftovers
Annalynne & Alysse
Le doigt glissait sur le papier écorné. Entre le noir et le blanc, les phalanges se promenaient rapidement. L’accompagnement de cette lecture volait de page en page. Ironie, à bien regarder, que ce morceau de fibre blanche et fragile, sali par la rigueur d’une plume trop sombre. La vie en somme se résumait sur papier tant par le message plaqué cruellement sur une lettre anonyme que par la symbolique des couleurs. Noir. Blanc… aucune nuance possible. L’esprit manichéen d’Alysse se complaisait dans cette observation. Pourtant, loin de ses préoccupations métaphoriques, la détective convoitait une étincelle, une idée et plus encore, une solution.
Articles de journaux. Filature. Rapprochement avec des employés. Rien à faire. Elle tournait en rond comme un chien court après sa queue. Or, il n’existait rien de plus stupide que ce spectacle canin. Laissant retomber le stylo contre son bureau, la brune suivit le même chemin contre son dossier de chaise. Le grincement du bois lui rappela le nombre incalculable de fois où, perdue, elle avait basculé de la sorte. Ne rien lâcher. Ne jamais rien lâcher. Une devise dans la famille.
« P..ain » Soupira Alysse dont les mains claquaient le bureau pour mieux se redresser.
La marche de la réflexion reprenait. Cent pas pour une idée ? La peur de la page blanche n’est pas une exclusivité de l’artiste, finalement. A croire qu’être détective réclamait plus d’originalité qu’elle ne l’avait cru. Le vieux loup qu’était son père lui avait enseigné les ficelles du métier. En parfait marionnettiste, il parvenait à tirer les bonnes et ouvrir les portes d’un claquement de doigt. Alysse, elle, ne pouvait que s’empêtrer dans les fils, se vautrer et entrainer les pantins avec elle.
Finalement, Miss Frank soupira en jetant son regard le plus mauvais sur l’horloge accrochée au-dessus de la porte. Trente minutes avant de retrouver Annalynne au bar. Entrainée par la marche à la réflexion, la main attrapa sa veste en cuir. Les doigts dégagèrent machinalement la tignasse emprisonnée par la masse puis arrangèrent quelques mèches convenablement. Son accident remontait à six mois. Le côté gauche de sa tête avait été en partie rasé pour permettre une intervention rapide. Aussi, malgré un début de repousse prometteur, Alysse favorisait une coupe asymétrique rabattant quelques mèches de la droite vers la gauche. Sa dégaine négligée en effrayerait plus d’un car pour trainer dans les bas fond, trimbaler un costard ou un jean parfait serait une grave erreur. De plus, Aly n’avait jamais apprécié les tenues conventionnelles. Un sweet à capuche noir délavé offrait une capuche appréciable sous son blaser. Son débardeur à large bretelle rouge s’assombrissait de rayures noires. Mini short sur collants et la brune passait pour une racaille aux yeux des bobos ou une paumée. Bref, sa tenue demeurait peu attirante et sérieuse pour les plus exigeants.
Arrivée au bar avec une ponctualité impeccable, Alysse chercha Anna du regard. Une si belle plante ne pouvait passer inaperçue. L’air peu commode accorda un passage facilité en direction du bar où Aly avait cru apercevoir son rendez-vous. De loin, l’air de sa cliente intrigua la détective. Professionnelle avant tout, aucune remarque ou émotion ne filtra.
« Bonjour. »
Parole simple et efficace pour attirer l’attention d’Anna.
« Vous désirez que l’on se pose à une table ? »
Elle avait l’air fatiguée.
Articles de journaux. Filature. Rapprochement avec des employés. Rien à faire. Elle tournait en rond comme un chien court après sa queue. Or, il n’existait rien de plus stupide que ce spectacle canin. Laissant retomber le stylo contre son bureau, la brune suivit le même chemin contre son dossier de chaise. Le grincement du bois lui rappela le nombre incalculable de fois où, perdue, elle avait basculé de la sorte. Ne rien lâcher. Ne jamais rien lâcher. Une devise dans la famille.
« P..ain » Soupira Alysse dont les mains claquaient le bureau pour mieux se redresser.
La marche de la réflexion reprenait. Cent pas pour une idée ? La peur de la page blanche n’est pas une exclusivité de l’artiste, finalement. A croire qu’être détective réclamait plus d’originalité qu’elle ne l’avait cru. Le vieux loup qu’était son père lui avait enseigné les ficelles du métier. En parfait marionnettiste, il parvenait à tirer les bonnes et ouvrir les portes d’un claquement de doigt. Alysse, elle, ne pouvait que s’empêtrer dans les fils, se vautrer et entrainer les pantins avec elle.
Finalement, Miss Frank soupira en jetant son regard le plus mauvais sur l’horloge accrochée au-dessus de la porte. Trente minutes avant de retrouver Annalynne au bar. Entrainée par la marche à la réflexion, la main attrapa sa veste en cuir. Les doigts dégagèrent machinalement la tignasse emprisonnée par la masse puis arrangèrent quelques mèches convenablement. Son accident remontait à six mois. Le côté gauche de sa tête avait été en partie rasé pour permettre une intervention rapide. Aussi, malgré un début de repousse prometteur, Alysse favorisait une coupe asymétrique rabattant quelques mèches de la droite vers la gauche. Sa dégaine négligée en effrayerait plus d’un car pour trainer dans les bas fond, trimbaler un costard ou un jean parfait serait une grave erreur. De plus, Aly n’avait jamais apprécié les tenues conventionnelles. Un sweet à capuche noir délavé offrait une capuche appréciable sous son blaser. Son débardeur à large bretelle rouge s’assombrissait de rayures noires. Mini short sur collants et la brune passait pour une racaille aux yeux des bobos ou une paumée. Bref, sa tenue demeurait peu attirante et sérieuse pour les plus exigeants.
Arrivée au bar avec une ponctualité impeccable, Alysse chercha Anna du regard. Une si belle plante ne pouvait passer inaperçue. L’air peu commode accorda un passage facilité en direction du bar où Aly avait cru apercevoir son rendez-vous. De loin, l’air de sa cliente intrigua la détective. Professionnelle avant tout, aucune remarque ou émotion ne filtra.
« Bonjour. »
Parole simple et efficace pour attirer l’attention d’Anna.
« Vous désirez que l’on se pose à une table ? »
Elle avait l’air fatiguée.
(Invité)