C'est bientôt Noël. (Ciaràn)

La demoiselle au comptoir était charmante, et surtout elle semblait te reconnaître à chaque fois. Tu lui as sourit, toi qui avait le sourire assez rare, comme pour la flatter. Elle avait collé sur ton gobelet l'étiquette de ton prénom sans l'ombre d'une faute, comme chaque fois. Accent aiguë et non grave, tu aimais la jolie attention. Lui souhaitant une bonne soirée, tu t'apprêtais à quitter le café, alors que ton regard croisa la silhouette de Sally. Tu ne l'avais pas vu depuis que vous aviez couché ensemble mais tu savais ce qui lui était arrivé. Tu n'avais pas cherché à prendre des nouvelles, puisque ce n'était pas du tout ton rôle, mais la voyant là, tu t'es décidé à aller la voir. Regardez qui voilà ! Sans trop demander d'avis tu t'es installé face à elle. Il y a encore un ou deux ans, vous ne vous vous supportiez que très peu. Il y a quelques semaines, tu t'étais envoyé en l'air avec elle, et tu n'avais pas franchement vécu ça comme une mauvaise expérience bien au contraire mais peut-être que la fierté de la demoiselle en avait pris un coup. Tu n'en savais rien.

Si elle pensait que tu allais lui demander son avis, elle se crevait l'oeil. Tu t'installais là parce que tu en avais envie, et basta. Ni plus ni moins. Alors tu n'as rien ajouté à son petit pique qui finalement n'en était pas un. Mais elle avait l'air de bonne humeur, pas tellement hargneuse d'avoir pris son pied avec toi. Tu comprends vite dis moi.. Jouant sur le terme d'honneur qu'elle employait tu te la pétais un peu mais toi comme elle saviez bien qu'elle n'était pas loin de la vérité. Pas que tu sentais supérieur mais tu étais pas inclusif dans ton genre. Tu avais cet instinct de loup, selon lequel tu faisais souvent seul dans ton coin. Je serai passer pour un connard, si je t'avais ignoré, non ? Je veux pas te laisser ce crédit-là. As-tu dit. Non en fait rien à voir. Qu'on pense que tu es un connard ou pas tu t'en contrefiche. Tu l'étais parfois. Non en fait tu étais là parce que le secret médical faisait que tu étais au courant de certaines choses. Bon clairement, tu as récupéré un peu ? J'ai cru comprendre que tu avais eu un petit accident ? Tu la joues délicat, étape par étape maintenant ? On dirait.

Tu en auras vu de toutes les couleurs pendant ton bizutage. Entre chanter du Roi Lion lors d'une soirée Quincy ou encore cette virée shopping avec Keyla pour Halloween que tu n'es pas prête d'oublier. Mais bon en tout cas tu auras bien ri pendant ce bizutage. Voilà qu'aujourd'hui tu te retrouves déguisée en Grinch de Noël et à devoir distribuer du charbon. Dans tous les cas tu espérais rendre ta bizutrice adorée fière de toi. Tu étais donc vêtu de ton costume de Grinch de Noël lorsque tu passas la porte du Luna Caffe. Tu regardas autour de toi. Quelques secondes plus tard tu remarquas deux jeunes gens assis à une table. Tu ne connaissais absolument pas ces deux personnes. Néanmoins tu pris ton courage à deux mains et te dirigeas vers eux avec ton sac de charbon à la main. Une fois au niveau de leur table tu les interpellas. "Oyez Oyez jeunes gens ! Je viens vous réchauffer votre journée avec mon charbon !" dis tu à haute voix, puis tu continuas à déballer ton discours du charbon. "Tel le phénix qui renait de ces cendres je vous offre une pincée de charbon ! Tenez madame, tenez monsieur" ajoutas tu en donnant du charbon à chacun d'entre eux. "J'espère que ce charbon ravivera la flamme de votre coeur, si ce n'est pas le cas ce charbon vous sera toujours utile dans ce froid polaire si vous avez un chauffage au charbon chez vous" renchéris-tu. "Ravie d'avoir fait votre connaissance en espérant que mon charbon vous portera chance !" finis-tu par lancer au travers de café. Une fois ton monologue avec ton charbon finit tu te dirigeas vers la porte du Luna Caffe, en sautillant et en agitant ton sac de charbon, pour sortir de ce lieu.

Double changement d'ambiance. Sally se braquait quand tu évoquais son épisode à l'hôpital, et alors que tu comptais te justifier et la rassurer, votre attention fut éprise par une trouble fête, et voilà qu'en plus elle se dirigeait vers vous. Tu l'as regardé, te retenant de rire mais le moins qu'on puisse dire c'est que c'était farouchement sorti de nulle part. Tu as prit ta part qu'elle te tendait, et une fois son numéro fini tu as lancé. Bien à vous, charmante créature de Noel ! Oui tu voyais pas qu'en dessous de ce costume, à laisser sa dignité de côté, résidait une jolie silhouette féminine. En attendant suite à cette animation et après que la demoiselle ait quitté le café, tu as reposé ton regard sur Sally avant de reprendre. Détend toi, j'étais de stage à l'hôpital ce jour-là. Je t'ai vu arrivé peu après l'accident. Je sais tout mais je dirai rien. Tu t'es mis plus à l'aise en adossant ton dos à la banquette et tu as bu une gorgée de ton café. Ce n'était pas simple comme situation mais tu ne la connaissais pas assez pour jouer les psys. Ce n'était clairement pas ton truc. Par contre lui faire du rentre dedans, et charrier son ego tu saurais faire. Je n'pensais oas que t'envoyer en l'air avec moi te ferait cet effet. Oui il fallait le rappeler vous ne vous vous étiez jamais vraiment apprécié d'antan. Craquer avec un mec avec qui on a toujours refusé de craquer ça pouvait faire mal à la fierté. Regarde moi, je le vis plutôt bien. Si c'était à refaire, je ne me poserai même pas la question. Tu la flattais là ? Un peu ouais, en attendant tu faisais surtout tourner le monde autour de toi, mais c'était mieux que de la juger ou de chercher à comprendre.

Le pire au milieu de tout ça ? C'est que tu était capable de te relever pour aller chercher cette fameuse créature de Noel. En attendant tu reconnaissais bien là l'esprit féminin, râleuse en toute circonstance. Tu en as complimenté une, tout de suite tu avais le droit à une remarque. Le complexe d'infériorité te va mal au teint. Pas de ta faute quand tu la connu c'était la sulfureuse Cabot, qu'on aimait draguer. Tu ne l'avais pas fait à l'époque puisque vous ne pouviez pas vous blairer, mais elle avait tout pour elle c'était certain, et au delà tu avais passé une sacrée soirée en sa compagnie il fallait le reconnaître. Non je suis pas allé jusque là. J'ai su que c'était toi, j'ai cherché à savoir plus, c'est tout. Mais détend toi, les ragots et les potins ça ne m'intéresse pas. Oui tu as su, tu l'as abordé aujourd'hui mais tu n'allais pas non plus en parler à chaque pause café. En fait tu n'avais pas voulu l'ignorer en la voyant ici aujourd'hui c'était tout. Très attentif au langage corporel, tu l'as se pincer la lèvre, et tu voyais cette lueur à ses yeux. Tu sais quand le corps dit l'inverse de ce que prononce la bouche. Tout de suite sur la défensive. Ce n'était en rien une proposition si ça peut t'alléger. Tu te moquais un peu d'elle oui, mais tu voyais bien qu'au fond cette mauvaise entente entre vous n'était plus. A croire que vous envoyer en l'air ensemble avait désamorcé le tout.