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C'était difficile de me dire qu'il essayait de se faire pardonner alors que tout était encore trop vif dans ma tête. Je ne savais même pas ce que pensait Ryad en ce moment, je n'avais aucun moyen d'aller le voir pour le moment. J'étais tellement désemparée pour tout dire. Cet homme avait cru bon que par jalousie, il pouvait absolument tout dire. J'étais fatiguée, triste. Je ne voulais qu'une seule chose, m'allonger et m'abrutir toute la soirée devant une bonne série que je ne regarderais sûrement pas. Il me disait alors qu'il savait qu'il devait également des excuses à Ryad. Bien, c'était déjà ça. Il avait de la chance d'être tombé sur lui car si Hassan avait été encore de ce monde, il l'aurait tué rien que pour son manque de respect envers moi. Rien que d'y penser, ça me donnait le cafard. Je ne pouvais pas m'empêcher de regretter mon défunt frère. Il me manquait chaque seconde que je vivais. C'était tellement dur.. je n'avais pas mérité ce qu'il venait de se passer. C'était lui qui était parti de chez moi sans un regard en arrière. C'était lui qui m'avait fait cette scène alors qu'il ne connaissait même pas le pourquoi du comment. J'étais un peu déçue. Certes, j'étais encore jeune et on pouvait croire que je n'étais pas encore assez mature dans la vie pour pouvoir être honnête envers moi. Il avait tout faux s'il pensait cela. Rien que le fait de gérer la multinationale de mon père m'avait fait vieillir plus que de raison, me privant même d'une jeunesse que je regrettais à présent. Je pensais au fond de moi qu'il ne pouvait pas me comprendre et que c'était sans doute à cause de ça que tout était arrivé. Peut-être que je n'avais même pas le droit d'être attirée par lui au fond.. soupirant lentement, j'étais allée chercher la photo de ma famille qui était posée à côté de mon lit. Je lui ramenais donc, lui montrant tout en lui expliquant une partie de ma vie. Celle que j'avais tant envie de récupérer aujourd'hui. Il en venait ensuite à me demander ce qui était arrivé à mes parents. Comme à mon habitude, je me refermais alors sur moi-même, la gorge serrée alors que je tentais de trouver les mots pour expliquer ce que j'avais vécu. C'était difficile. Parler de mes proches me serrait le coeur et j'avais rapidement l'impression de perdre pied. Je voyais qu'il ne savait pas trop quoi dire tandis qu'il ajoutait qu'il était désolé, sincèrement. Il me demandait ensuite quand cela avait eu lieu. Le regard vide, je lui répondis alors « t'excuse pas, c'est pas de ta faute. Ils sont décédés il y a six mois maintenant » d'un ton frèle tandis que je me contentais d'ajouter un « Allah y rahmou » dans ma tête en espérant qu'ils allaient bien, là haut. Il fallait que je pense à autre chose, m'occupant l'esprit tandis que je lui tendais deux verres et une bouteille d'eau. Il vint alors caresser ma joue et je dus me faire violence pour lui résister. J'avais mal. Très mal. Trop mal. J'avais envie de passer à autre chose et d'oublier tout ça. J'avais besoin d'affection et ce geste me touchait réellement. Je le rejoignais ensuite dans le salon, déposant les deux assiettes sur la table tandis que je m'asseyais confortablement, ne pouvant détacher mon regard de lui. Je ne comprenais pas pourquoi il était comme ça. Tantôt soleil, tantôt lune. Surtout que je n'avais rien fait qui méritait un tel déchaînement de colère. Mon regard vide fixait mon assiette tandis que je l'entendais me dire que c'était délicieux. Je lui répondis alors d'un « merci » prononcé sur un ton calme tandis que je regardais toujours mon assiette. Finalement, j'étais incapable d'avaler quoi que ce soit. Trop de rancoeur, trop de tristesse s'étaient installées en moi. J'avais la gorge nouée. Je le remerciais donc de m'avoir servi un verre tandis que je l'attrapais, buvant lentement quelques gorgées d'eau. Il y eut un long silence qu'il brisait en me demandant si je lui en voulais encore beaucoup. Je ne savais pas quoi répondre. Oui, je lui en voulais. À quel point ? Je n'en savais rien. C'est pourquoi, je lui demandais alors « à ma place, tu aurais réagi comment si j'avais fait ça à une de tes conquêtes ? » d'un ton calme tandis que je le fixais d'un regard presque éteint. J'étais fatiguée, vraiment. Il ajoutait alors qu'il se sentait mal, qu'il était con et qu'il ferait n'importe quoi pour que je lui souris enfin. Je n'étais pas prête à ça si bien que lorsqu'il m'attrapait la main, je me contentais de regarder sa main sur la mienne en me demandant ce que ça voulait bien pouvoir dire. Je posais alors mon verre sur la table, le regardant avec toujours autant d'incompréhension tandis que j'ajoutais « pourquoi t'as fait tout ça dans ce cas ? Tu devais bien te douter que je t'en voudrais.. je crois pas être capable de passer au dessus de tout ça. Pas ce soir en tout cas... » alors que je mordais ma lèvre nerveusement, me rendant compte qu'à chaque mot, je pouvais le perdre, à chaque mot je pouvais choisir de ne plus jamais le revoir. Afin de détourner l'attention de moi, j'allumais alors la tv, lançant une chaîne d'informations tandis que je me demandais encore comment il pouvait être allé aussi loin. J'étais triste. Terriblement. Pourtant, j'essayais d'engager la conversation sur autre chose en espérant oublier cette soirée. J'ajoutais donc un « sinon t'as fait quoi depuis que je t'ai pas vu ? » alors que mon assiette restait désespérément sur la table, ma gorge étant trop nouée pour pouvoir avaler quoi que ce soit...
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