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Color my life with the chaos of trouble.
J'crois que j'peux finir par l'amadouer. J'crois que je peux entrer dans son cerveau. C'est pas le genre de fille qui s'laisse faire par les gentillesses et la sympathie. Mais je ne la connais pas, je compose avec ce que je peux. Je transformerai Marlon au grès de ses réactions, j'le rendrais surprenant, vindicatif, un poil entreprenant. Puis je le sens qu'elle hurle dans ses silences, qu'une clef bien placée suffirait à ouvrir la boite de Pandore, a la faire exploser. On ne peut pas être aussi négative sans être une désillusionnée. Et pour être désillusionné, il faut d'abord être idéaliste, même si on ne se l'avoue jamais. Je ne la regarde pas avec trop d'insistance parce que Marlon doit garder une distance de courtoisie. Se montrer présent, sans le clamer, être là, mais effacé. Marlon parle, il s'pose, c'est elle qui viendra le chercher. Quand dans ses fastes moroses elle n'aura envie d'parler à personne. Et ça tombe bien, Marlon n'est personne pour elle, alors c'est sa porte qu'elle viendra sonner. Il faut que je la joue fine et subtile, cultivé sans être pédant, utopiste sans être niais, ennuyeux tout en hâtisant sa curiosité. C'est pas facile le rôle de gentil, pas évident l'rôle d'intéressé. J'pourrais mettre sur mon CV "ange gardien" et tout l'monde me riera au nez : "Oh mais, le rock n roll fait toujours trop d'bruit, mais quand on s'concentre, on finit toujours par trouver la mélodie douce et jolie". Par métaphore encore, pour ne pas plonger à pieds joints. Ne pas saisir maintenant son ça fait mal, le laisser sur le feu, qu'il s'mette à bouillir. Et puis sa manière d'répondre quand j'fais référence à ses parents me surprend. J'aurais parié avoir face à moi une autre de ces filles à papa. Mais si elle aussi s'est trouvé torturé par ses Jocaste et ses Oedipe, alors c'est là que j'dois appuyer. La blessure originelle, j'dois creuser, trouver. Qu'est qui coince ses pieds dans son passé pour l'obliger à s'cogner la tête dans le présent : "Flattée ?". Et j'me mets à rire d'amusement quand elle parle de l'acteur, "Contrarié vous voulez dire. J'aurais préféré avoir son physique ou son charisme, son prénom ne m'aide en rien". Va bien falloir dévier le sujet sur les histoires d'amour, de manière plus prononcée. J'tourne les yeux vers elle, maintenant, on parle presque face à face, stimuler la complicité : "Étonnant, je viens souvent pourtant. Enfin, une semaine sur deux, quand j'ai la garde de Liam". Et j'repose les yeux sur mon fils factice : "Sa mère habite en dehors de la ville. C'est assez perturbant pour lui de devoir changer ses habitudes constamment, d'avoir deux chambres, deux maisons mais ... j'essaye de garder quelques repères. Comme ce parc qu'il adore. Alors quand il est avec moi, on vient tous les jours. Et après ça, on va manger une glace juste à côté, il y a une super boutique avec plein de parfums étonnants !". Et j'tourne de nouveau le visage vers elle : "J'vous en offre une". Lâché comme ça. Ne pas poser de question, quand on ne pose pas la question, on s'risque pas à prendre un Non. Et j'enchaîne plus léger, manière d'faire passer ça comme si de rien n'était : "Puis qui sait, dans quelques mois peut-être, Liam apprendra à Hendrix comment faire du toboggan", histoire de plaisanter un peu, de sourire, d'effacer ses traits froissés.
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