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Savait-elle combien je détestais les psychiatres ? Soit, ils semblaient utiles aux faibles d'esprit, jusqu'au jour où ces derniers se rendent compte de leur dépendance à cette forme de médecine qui consiste à parler pour se faire soigner, et de se faire aider à coup d'anti-dépresseurs qui, conscieusement, vous enferment dans une spirale infernale et autodestructrice. Non, heureusement que Lily n'avait pas cette vocation, auquel cas nous aurions sûrement eu de fâcheuses discussions à propos. Encore que ce qui était en train de se dérouler s'en rapprochait beaucoup.
« Tant que les actes qui te motivent envers nous ne servent pas à te racheter une conscience …» J'encaissais le choc, digne et froid comme à mon habitude. Un regard qu'elle ne rencontra lui se glaça sur ses belles paroles et je contrôlai la colère qui grondait furieusement en moi. Une forme de lassitude aussi naissait, encore plus irritable que sa consoeur. Ainsi croyait-elle ou 'avait-elle cru' que mon attitude protectrice, le fait de lui sauver la vie, la tendresse que j'éprouvais pour son père et elle n'étaient au fond que ...mensonges et illusions. J'en aurais presque pleuré si ça n'avait pas été aussi drôle. Au final, je n'étais pas le seul alors à croire en mon humanité perdue, puisque c'était précisément ce qu'elle pensait de moi, sous couvert de reproches destinés à me faire culpabiliser. La suite fut encore plus pénible à entendre. Etrangement, mes yeux demeuraient fixes alors que mon cœur noircissait peu à peu. Les poings serrés à en devenir marbrés, je l'écoutais sans mot dire, hésitant entre m'enfuir ou rester. La première solution serait sans doute la moins risquée...pour elle. Biensûr, je ne ferai jamais de mal à Lily. Pas volontairement du moins. Mais quel que soit l'individu dont il était question, je n'avais jamais autorisé personne à me manquer de respect ou à me faire la leçon comme elle le faisait actuellement. D'autant plus qu'elle était si jeune... bien que l'âge ne soit pas forcément un gage de sagesse, je veux bien le croire. Non, sans doute que la fatigue et le stress de ces derniers mois m'ont fait perdre la tête et le peu de sang-froid qui me restaient encore. « Je ne parlais pas de plaire du point de vue physique. » soufflais-je en prenant conscience de la gravité de ma voix qui suggérait bien plus sur mon état psychique actuel que n'importe lequel de mes gestes. « Oh vraiment ? L'effet que je leur fais ? » repris-je sur un ton à la fois moqueur et sérieux. Furieux de constater qu'elle ne comprenait pas là où je voulais en venir, je décidais de lui montrer par moi-même. En une fraction de secondes, je brisais la distance qui nous séparait encore l'un de l'autre. Face à elle, je m'avance, et de ma taille largement supérieure à la sienne, lui fait barrage. Mes traits dessinent un sourire enjôleur sur mes lèvres alors que celles-ci se rapprochent lentement des siennes. Mes doigts attrapent son poignet, le contournant, l'enlaçant avant de remonter jusqu'à son avant-bras. Une caresse légère destinée à calmer les battements de la biche affolée. « Tu parles de cet effet-là ? » susurrai-je à son oreille. L'accolant au mur de derrière, mon index relève son menton comme elle l'avait fait pour moi avant elle, et je l'observe avec un mélange d'audace et de malice. « Dites-moi, miss Hopkins, est-ce que vous pourriez envisager de faire votre vie avec un homme tel que moi ? Car après tout, tu l'as dit toi-même... » Mon souffle se perd au creux de sa nuque. « ...j'ai tout pour plaire. Du moins...physiquement, n'est-ce pas ? » ajoutais-je pour finir sur un ton, cette fois, bien plus sévère. Avait-elle conscience de ce qu'elle sous-entendait par là ? Blessé de savoir qu'au final mon physique pouvait effectivement m'ouvrir les clefs de tous les jardins tandis que mon âme elle veillerait avec amertume sur sa serrure rouillée et sans perspective d'attachement sincère.
Une minute passe, et je n'ai toujours pas bougé, tantôt fasciné par cette petite chose que je tiens en respect, tantôt écoeuré de la malmener. J'avais juste voulu lui faire comprendre que si effectivement je plaisais aux femmes d'un point de vue physique, ce n'était pas ce qui m'intéresserait au fond, et que le bonheur de découvrir une personne acceptant à la fois ce que je suis et ce que les apparences laissaient entrevoir ne serait jamais chose facile. D'ailleurs, un sourire fait aussitôt son apparition sur mes joues alors que je me souviens encore de ce qu'elle m'avait confié il y a un an tout juste. « Tu pourrais toi aussi avoir tous les hommes à tes pieds, Lily. Alors explique-moi pourquoi tu es toujours célibataire ? » M'éloignant lentement du mur et de la jeune femme, je ne la lâche pas du regard pour autant, à la fois sérieux et soucieux de son bien-être.
Après que le 'louveteau effarouché » ait manqué de peu d'avaler le petit chaperon rouge, ses crocs se découvrent à nouveau tandis que mes yeux roulent dans leurs orbites. « Je ne suis absolument pas squelettique. » grondais-je en tâchant de la faire partir de la cuisine. « Et merci beaucoup, grâce à toi je ne verrais plus jamais un pruneau du même œil. » Mais que fait-elle ? Ce n'est pas parce qu'il s'agit de SA cuisine qu'elle doit se sentir obligée de cuisiner, pardi ! Bien, puisque c'est comme ça, je camperai ici et l'empêcherai de travailler jusqu'à ce qu'elle s'en aille. Un...QUOI ? « Je te demande pardon ? » Non. Noon, j'ai sûrement mal entendu. Elle n'aurait tout de même pas osé me traiter de... N'ayant pas bougé d'un cil, je cherche sur son visage la moindre trace qui laisserait à penser à de l'humour. Ohh, I see. De l'arthrose ? Bon ça suffit, cette fois la coupe est pleine. « Ah oui, toujours dans les jupes de maman. C'est vrai qu'à ton âge...non non c'est normal. Je suppose que vous allez t'acheter de nouvelles poupées, ou des petits pompons à mettre dans tes jolies boucles. » répliquais-je très sérieux tandis qu'un sourire subtil envahissait mes lèvres. « Surtout n'oublie pas ton manteau, il fait un peu froid pour les petites choses comme toi en ce moment. Papa ne voudrait pas que tu tombes malade, hum ? » Tiens, un petit pincement affectueux de la main sur sa joue droite et je reprends mon poste, me retenant à peine de rire aux éclats devant la tête qu'elle affichait.
« C'est absolument hors de question. » ronflais-je quelques minutes plus tard. Pourquoi est-ce que cela me dérangeait autant ? Ce n'était pas mes affaires après tout. Et je suis persuadé que sa mère saura veiller sur sa fille comme il le fallait. Oouii, elle a été si présente en vingt ans. « Personne ne te mettra la main aux... » Interruption momentanée. « Tu...tu n'as pas ...un ami, un chaperon pour t'accompagner à cette soirée ? » Si cela m'importait ? Oui, énormément. Pour quelles raisons ? Difficile à dire. Je suppose que je craignais qu'elle ne tombe effectivement sur un vieux riche bedonnant qui ne se gênerait pas pour mater et tâter la marchandise avant de se mettre en quête d'une nouvelle proie plus facile à amadouer. Rien que d'y penser me fait enrager. Loupant de peu de me faire décapiter par un couteau ailé, j'arrête subtilement son poignet dans son élan pour lui enlever l'instrument tranchant et m'en servir à mon tour. Toi, il vaut mieux que tu t'occupes de casser les œufs dans la poële, c'est plus prudent. Et voilà le poivre. « Non, en ce moment je vis dans un appartement au sud de Boston. La villa a été malheureusement détruite. De toutes façons, même si ça n'avait pas été le cas je n'y aurais pas remis les pieds. » Devais-je faire référence à Socrate qui me rendait fou et critiquait sans cesse ma garde robe à grands coups de griffes ? Non, c'est sans intérêt pour l'instant.
@Lily-Rose S. Hopkins
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