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« Il rentrait chez lui, là-haut, dans le brouillard... »

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Savait-elle combien je détestais les psychiatres ? Soit, ils semblaient utiles aux faibles d'esprit, jusqu'au jour où ces derniers se rendent compte de leur dépendance à cette forme de médecine qui consiste à parler pour se faire soigner, et de se faire aider à coup d'anti-dépresseurs qui, conscieusement, vous enferment dans une spirale infernale et autodestructrice. Non, heureusement que Lily n'avait pas cette vocation, auquel cas nous aurions sûrement eu de fâcheuses discussions à propos. Encore que ce qui était en train de se dérouler s'en rapprochait beaucoup.

« Tant que les actes qui te motivent envers nous ne servent pas à te racheter une conscience …» J'encaissais le choc, digne et froid comme à mon habitude. Un regard qu'elle ne rencontra lui se glaça sur ses belles paroles et je contrôlai la colère qui grondait furieusement en moi. Une forme de lassitude aussi naissait, encore plus irritable que sa consoeur. Ainsi croyait-elle ou 'avait-elle cru' que mon attitude protectrice, le fait de lui sauver la vie, la tendresse que j'éprouvais pour son père et elle n'étaient au fond que ...mensonges et illusions. J'en aurais presque pleuré si ça n'avait pas été aussi drôle. Au final, je n'étais pas le seul alors à croire en mon humanité perdue, puisque c'était précisément ce qu'elle pensait de moi, sous couvert de reproches destinés à me faire culpabiliser. La suite fut encore plus pénible à entendre. Etrangement, mes yeux demeuraient fixes alors que mon cœur noircissait peu à peu. Les poings serrés à en devenir marbrés, je l'écoutais sans mot dire, hésitant entre m'enfuir ou rester. La première solution serait sans doute la moins risquée...pour elle. Biensûr, je ne ferai jamais de mal à Lily. Pas volontairement du moins. Mais quel que soit l'individu dont il était question, je n'avais jamais autorisé personne à me manquer de respect ou à me faire la leçon comme elle le faisait actuellement. D'autant plus qu'elle était si jeune... bien que l'âge ne soit pas forcément un gage de sagesse, je veux bien le croire. Non, sans doute que la fatigue et le stress de ces derniers mois m'ont fait perdre la tête et le peu de sang-froid qui me restaient encore. « Je ne parlais pas de plaire du point de vue physique. » soufflais-je en prenant conscience de la gravité de ma voix qui suggérait bien plus sur mon état psychique actuel que n'importe lequel de mes gestes. « Oh vraiment ? L'effet que je leur fais ? » repris-je sur un ton à la fois moqueur et sérieux. Furieux de constater qu'elle ne comprenait pas là où je voulais en venir, je décidais de lui montrer par moi-même. En une fraction de secondes, je brisais la distance qui nous séparait encore l'un de l'autre. Face à elle, je m'avance, et de ma taille largement supérieure à la sienne, lui fait barrage. Mes traits dessinent un sourire enjôleur sur mes lèvres alors que celles-ci se rapprochent lentement des siennes. Mes doigts attrapent son poignet, le contournant, l'enlaçant avant de remonter jusqu'à son avant-bras. Une caresse légère destinée à calmer les battements de la biche affolée. « Tu parles de cet effet-là ? » susurrai-je à son oreille. L'accolant au mur de derrière, mon index relève son menton comme elle l'avait fait pour moi avant elle, et je l'observe avec un mélange d'audace et de malice. « Dites-moi, miss Hopkins, est-ce que vous pourriez envisager de faire votre vie avec un homme tel que moi ? Car après tout, tu l'as dit toi-même... » Mon souffle se perd au creux de sa nuque. « ...j'ai tout pour plaire. Du moins...physiquement, n'est-ce pas ? » ajoutais-je pour finir sur un ton, cette fois, bien plus sévère. Avait-elle conscience de ce qu'elle sous-entendait par là ? Blessé de savoir qu'au final mon physique pouvait effectivement m'ouvrir les clefs de tous les jardins tandis que mon âme elle veillerait avec amertume sur sa serrure rouillée et sans perspective d'attachement sincère.

Une minute passe, et je n'ai toujours pas bougé, tantôt fasciné par cette petite chose que  je tiens en respect, tantôt écoeuré de la malmener. J'avais juste voulu lui faire comprendre que si effectivement je plaisais aux femmes d'un point de vue physique, ce n'était pas ce qui m'intéresserait au fond, et que le bonheur de découvrir une personne acceptant à la fois ce que je suis et ce que les apparences laissaient entrevoir ne serait jamais chose facile. D'ailleurs, un sourire fait aussitôt son apparition sur mes joues alors que je me souviens encore de ce qu'elle m'avait confié il y a un an tout juste. « Tu pourrais toi aussi avoir tous les hommes à tes pieds, Lily. Alors explique-moi pourquoi tu es toujours célibataire ? » M'éloignant lentement du mur et de la jeune femme, je ne la lâche pas du regard pour autant, à la fois sérieux et soucieux de son bien-être.

Après que le 'louveteau effarouché » ait manqué de peu d'avaler le petit chaperon rouge, ses crocs se découvrent à nouveau tandis que mes yeux roulent dans leurs orbites. « Je ne suis absolument pas squelettique. » grondais-je en tâchant de la faire partir de la cuisine. « Et merci beaucoup, grâce à toi je ne verrais plus jamais un pruneau du même œil. » Mais que fait-elle ? Ce n'est pas parce qu'il s'agit de SA cuisine qu'elle doit se sentir obligée de cuisiner, pardi ! Bien, puisque c'est comme ça, je camperai ici et l'empêcherai de travailler jusqu'à ce qu'elle s'en aille. Un...QUOI ? « Je te demande pardon ? » Non. Noon, j'ai sûrement mal entendu. Elle n'aurait tout de même pas osé me traiter de... N'ayant pas bougé d'un cil, je cherche sur son visage la moindre trace qui laisserait à penser à de l'humour. Ohh, I see. De l'arthrose ? Bon ça suffit, cette fois la coupe est pleine. « Ah oui, toujours dans les jupes de maman. C'est vrai qu'à ton âge...non non c'est normal. Je suppose que vous allez t'acheter de nouvelles poupées, ou des petits pompons à mettre dans tes jolies boucles. » répliquais-je très sérieux tandis qu'un sourire subtil envahissait mes lèvres. « Surtout n'oublie pas ton manteau, il fait un peu froid pour les petites choses comme toi en ce moment. Papa ne voudrait pas que tu tombes malade, hum ? » Tiens, un petit pincement affectueux de la main sur sa joue droite et je reprends mon poste, me retenant à peine de rire aux éclats devant la tête qu'elle affichait.

« C'est absolument hors de question. » ronflais-je quelques minutes plus tard. Pourquoi est-ce que cela me dérangeait autant ? Ce n'était pas mes affaires après tout. Et je suis persuadé que sa mère saura veiller sur sa fille comme il le fallait. Oouii, elle a été si présente en vingt ans. « Personne ne te mettra la main aux... » Interruption momentanée. « Tu...tu n'as pas ...un ami, un chaperon pour t'accompagner à cette soirée ? » Si cela m'importait ? Oui, énormément. Pour quelles raisons ? Difficile à dire. Je suppose que je craignais qu'elle ne tombe effectivement sur un vieux riche bedonnant qui ne se gênerait pas pour mater et tâter la marchandise avant de se mettre en quête d'une nouvelle proie plus facile à amadouer. Rien que d'y penser me fait enrager. Loupant de peu de me faire décapiter par un couteau ailé, j'arrête subtilement son poignet dans son élan pour lui enlever l'instrument tranchant et m'en servir à mon tour. Toi, il vaut mieux que tu t'occupes de casser les œufs dans la poële, c'est plus prudent. Et voilà le poivre. « Non, en ce moment je vis dans un appartement au sud de Boston. La villa a été malheureusement détruite. De toutes façons, même si ça n'avait pas été le cas je n'y aurais pas remis les pieds. » Devais-je faire référence à Socrate qui me rendait fou et critiquait sans cesse ma garde robe à grands coups de griffes ? Non, c'est sans intérêt pour l'instant.  

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« Il rentrait chez lui, là-haut, dans le brouillard... »
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Concentrée sur une tâche illusoire, ses paupières balbutièrent un instant à sa remarque. C’était lui qui n’avait évoqué la consommation des chairs évanescentes, pas elle. A aucun moment il n’avait été question de profondeurs de sentiments, ou même d’amour. Pourquoi s’offusquait-il ainsi de l’effet que pouvait procurer son physique ? C’était plutôt flatteur d’être regardé non ? Peut-être pas en fin de compte. Peut-être s’était-elle montrée trop hardie dans ses suppositions. Elle l’interrogea du regard, au début sans comprendre, avant que son cœur ne fasse une embardée dans sa poitrine, et que tout son corps se raidisse, comme une bête farouche et fragile à la fois qui se hérisse alors que le prédateur décide de l’acculer. Furieuse et gênée à la fois, l’expression de son visage le toisa avec une froideur imprenable, alors qu’une lueur d’inquiétude vacillait au creux de ses yeux à présent d’une clarté obscure. « Qu’est-ce qui te prends ?!Lâche-moi tout de sui-... » s’insurgea-t-elle en serrant les poings à s’en faire éclater les veines. Le malaise était prenant, absolu. Ses pensées chahutèrent un instant dans son esprit à sentir son espace sensible ainsi envahi sans son consentement. Surtout par lui. Jamais elle n’aurait songé qu’il puisse franchir la limite ainsi, qu’il puisse s’adonner à ce genre de défi presque malsain. Si sa voix résonnait comme une menace plus audacieuse que dangereuse, comme un moyen sans doute de lui faire payer ses remarques acérées, cela ne la faisait pas du tout rire. Elle avait presque pu sentir  son souffle, se conjuguant au sien, le lui arrachant le temps d’un instant pour la laisser complètement interdite. Mais son trouble, quoique présent, elle le ravala au fond de sa conscience. Sa mâchoire se serra, son sang commençant à bouillir de cet affront indélicat et imprudent. Lily recula sa tête jusqu’à ce qu’elle touche la surface du mur, et le regard qu’elle lui lança respirait une impériosité glaciale, presque menaçante, voilée par un soupçon d’amertume. « Tel que je te vois à ce moment précis tu n’as rien pour plaire … Et tout pour être méprisé. Tu te crois impressionnant, avec tes faux airs impérieux et sensuels, parce que tu crois pouvoir jouer du fait que tu auras toujours l’avantage de la force physique sur moi ? » Son regard vient pourfendre le sien, l’assassine. Pour qui se prend-il ? Qui croit-il qu’elle est aussi ? Une fille facile, qui viendrait s’enticher de son parfum comme une abeille  vient butiner les fleurs ? Un être assez inconséquent pour s’enflammer au moindre contact dérobé avec un charme versatile et trop ostentatoire ? Elle est presque blessée, au fond, qu’il se soit permis un tel affront.  «  Qu’est-ce que ça changerait, pour toi, la façon dont je te perçois ? En quoi la vision d’une gamine décérébrée sur l’enveloppe et l’homme que tu es au fond de toi t’apporterait quelque chose, hein ? Je sais parfaitement ce qu’il y a à regarder en toi, au-delà de l’enveloppe charnelle. Mais on ne parlait pas de moi, on parlait de toutes ces anonymes qui te gravitent autour. J’ignore si elles t’aperçoivent au-delà de l’enveloppe physique. Leur point de vu m’est égal. J’ai assez du mien pour rajouter le leur. » Son corps se déraidit peu à peu, engourdi par une lassitude proche du désarroi alors que son regard le fuit un instant pour s’esquiver sur le côté. « J’ai déjà aimé quelqu’un comme toi. Et au final, plus le temps passe, plus j’en apprends sur lui après coup, plus je me dis que tout n’était qu’un tissus de mensonges. Alors … Laisse-moi tranquille … Convoque l’avis de quelqu’un d’autre, puisque de toute façon, le mien ne t’intéresse pas vraiment. » Elle semblait vraiment blessée à présent, ses traits se refermant comme une huître à cette question lancée comme un nouvel affront. « Et pourquoi pas ? Ce n’est pas une fin en soi d’être deux. J’ai essayé, ça n’a pas fonctionné, que veux-tu que je te dise ? Visiblement mon caractère ne s’accorde pas à ceux que je croise. » Ses pensées dérivèrent lentement vers Bonaventure. Sa dernière relation en date, qui n’avait duré que le temps d’un vague soupire. Ils étaient toujours en bon terme aujourd’hui, mais jamais l’affection qu’elle avait eue pour lui n’avait dépassé le seuil de la tendresse pour devenir amour. A croire que les barrières autour de son cœur le barricadaient au fond d’elle, la protégeait des offensives. La vérité c’est qu’elle avait encore le goût du sang sur les mains, la texture de la mort au creux des reins, quand Wolfgang s’était éteint dans l’antre de ses bras. Quelque chose en elle s’était brisée ce jour-là. Quelque chose qui l’empêchait de dormir, de ressentir. Quelque chose qui l’habitait sous la surface et qu’elle refusait de laisser voir, au risque de libérer des fêlures qu’il serait difficile à cautériser ensuite. Comme une anguille qui se faufile, elle avait finalement réussi à s’échapper de son emprise, s’occupant à des tâches beaucoup plus désuètes et quotidiennes, alors que son cœur battait le rythme d’envolées lyriques dans sa poitrine. Le contrecoup de la surprise et de l’émotion, sans doute.

« Bien sûr que tu l’es. Je suis persuadée qu’on peut même voir au travers de ta peau ! » Renchérit-elle sans chercher à le ménager, les sourcils arqués de défiance. Visiblement, il n’avait pas apprécié la référence à son âge non plus. Touché. Mais déjà il répliquait le bougre, à coup d’armes mielleuses qui plus est. Ses paupières se plissèrent, elle se mordit l’intérieur de la joue pour maîtriser ses ardeurs assassines. Mais loin de se laisser abattre dans la joute, elle reprit, avec un petit air désinvolte, presque tendancieux : « Alors quoi, c’est ça ton fantasme inavoué ? Les femmes qui jouent aux petites filles, avec des petits pompoms dans les cheveux ? » Quoi ? Quoi ? Il l’a cherché. Il l’a voulu. Elle n’y peut rien. Strictement rien. « Franchement c’est du déjà vu, tu pourrais être un peu plus… Créatif. » Son sourire se fait presque carnassier, alors que son nez se renfrogne lorsqu’il vient lui pincer la joue, pour le coup, comme lorsqu’une vieille tante dodue vient pincer la joue potelée de son petit neveu si longtemps désiré. « Comment ça, hors de question ? » Ses yeux se sont agrandis sous la surprise, sous cet autoritarisme à peine dissimulé, comme si la remarque lui avait échappé. Son regard l’interroge, elle lève les yeux au ciel. « Qu’il essaie de toute façon, qu’il essaie … » A penser à la main dodue (et poilue, pour parfaire le tableau) de l’endimanché inconnu, elle découpe avec violence un champignon en deux, ce dernier allant agoniser de part et d’autres de la planche à découper pour mimer ce qu’il adviendra du dit potentiel tripoteur. « Non. Ma liste d’amis, et de prétendants éventuels est loin d’être aussi longue que mon bras. Et puis, il y aura ma mère … Et son mari … » L’enfer, en somme. Sa mine paraît déconfite un instant, elle pousse un soupir las. « Et puis, de quoi je me mêle dis donc ? Dis tout de suite que tu ne me crois pas capable d’affronter le gratin toute seule comme une grande ? » son ton est plus badin à présent, presque taquin, alors qu’elle s’occupe à battre les œufs dans un bol, ne s’étant même pas rendu compte qu’il lui avait pris le couteau des mains tant elle agissait par mécanisme. « Bon … Je suppose que ton appartement, c’est toujours très linéaire, niveau décoration, non ? Ce cher Trafalgar est toujours dans ton sillage ? »






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Une fois n'est pas coutume, mon attitude avait été mal interprêtée. Pire, j'avais lu dans son regard, bien qu'il soit trop tard pour faire marche arrière, l'image d'un homme s'apprêtant à voler l'innocence d'une enfant. Or, je n'avais jamais été cet homme là, et ne le serait jamais. Ce miroir qu'elle me renvoyait alors avait définitivement détruit le dernier espoir que j'avais eu de pouvoir être considéré autrement que comme un tueur. Si même elle, alors que je l'avais connue enfant, pour qui mon affection grandissait de jour en jour, me considérait comme le monstre que je pensais être devenu, comment la croire lorsque ses lèvres me promettaient l'exact contraire ? Pourtant, aucune violence ne l'avait heurté, en aucune façon je n'avais cherché à la blesser. Mais voilà, mon apparence, mon comportement ne prodiguaient jamais l'effet escompté. A défaut de me croire et de vouloir me dompter, elle m'avait asséné une gifle mémorable. Reculant de quelques centimètres, je l'observe, mal à l'aise au départ, furieux ensuite, et finalement blessé au plus profond de mon être par les coups qu'elle me porte. Sans doute n'en avait-elle pas conscience de l'impact de ses paroles. Il y a quelques mois de cela, ma sensibilité n'aurait pas été aussi exacerbée qu'aujourd'hui. La mort vous enseigne la modestie et la crainte de perdre ce que vous chérissez. Lentement, par automatisme, je me sens reculer, incapable de la quitter des yeux et malheureux de constater combien elle pouvait se tromper. Pourtant je ne dis rien. Pendant de longues minutes, je ne dis rien, et me contente d'agir. Comme un pantin qui se laisse guider par des fils suspendus, je m'exécute à la cuisine, fait mine de plaisanter, alors que mon esprit s'égare plus loin, toujours plus loin, traçant un vide béant dans mon cœur que je croyais définitivement éteint. « Tu aurais certainement plus de prétendants si tu cessais de croire que tu n'intéresses personne, Lily-Rose Hopkins. » répliquais-je du tac au tac.

« Je... » Ses paroles avaient eu l'effet escompté, quoiqu'à retardement. Plus j'y réfléchissais, et plus la voix de la raison me criait d'agir pour son bien...et le mien. N'ayant pas même pris le temps de répondre à sa dernière question concernant la boule de poils qui occupait à plein temps le canapé de mon salon. La conversation avait repris son cours, et je venais de tout gâcher. Encore. Pourquoi n'avais-je rien répliqué lorsque j'en avais eu l'occasion ? Pourquoi me taire alors que ce n'était pas dans mon tempérament ? Une faiblesse passagère, je suppose. L'envie de passer à autre chose, de la voir sourire à nouveau, de lui faire croire qu'elle avait raison alors qu'au fond... Mes mains ne s'agitent plus maintenant. Sur mon visage, le masque se ternit. Tant pis, j'aurai dû lui dire lorsqu'elle m'en faisait le reproche. Tant pis si j'ai pris mon temps en croyant qu'il suffirait à nous faire oublier. Lâchant le couteau que j'avais encore en main, conscient que mon comportement frayait le ridicule compte tenu des minutes qui s'étaient écoulées depuis l'instant de notre dispute, je me dirige alors vers la porte d'entrée, tournant aussitôt la poignée. « Je suis désolé, Lily. Je ne peux pas faire semblant. » murmurais-je pour moi-même. « A propos de ce que tu m'as reproché tout à l'heure, je n'ai rien dit mais...Lily, c'est toi qui as voulu que je me livre, ce que j'ai fait. Tu m'as dit que tu croyais encore en mon humanité, et pourtant...ce n'est pas ce que j'ai lu dans tes yeux. Soit, je reconnais mon manque de tact, mais je n'aurais pas imaginé que tu me considères comme l'un de ces hommes qui aiment à voler le cœur et le corps d'une femme pour justifier leur plaisir malsain. » Un courant d'air s'engouffre à l'intérieur de l'appartement. Dans l'embrasure, ma chaussure s'enfonce, suivie maladroitement par sa consoeur abîmée. « Je ne t'ai pas touché, Lily. Je n'aurais jamais osé, même si tu me crois visiblement capable d'une telle bassesse. » lui soufflais-je, dans un murmure quasi-inaudible. « Tu n'as rien compris. Et j'avais tort moi-même. » Battant des cils, je reprends, plus grave qu'auparavant. « S'il y a une femme qui aurait pu me comprendre, c'était bien toi. Tu me demandes en quoi la façon dont tu me perçois changera ma propre vision des choses ? Je crois que tu as ta réponse. Si celle qui me connait depuis l'enfance n'a pas confiance en moi, quelle chance aurais-je de la part d'une inconnue ? » soupirais-je avant de me retourner pour lui jeter un dernier regard, avant de quitter définitivement les lieux, me sentant plus seul que jamais.


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Ses paroles vinrent se réverbérer à l’orée de sa conscience, leitmotiv lancinant dont elle n’arrivait plus à se départir. Et ce regard qu’ils avaient échangé … Un mélange étrange de défi, de froideur et d’incompréhension mêlés, alors que leurs esprits s’accordaient sans pour autant se comprendre tout à fait. Ce qu’elle avait pris pour une injure, il l’avait perçu comme un moyen peut-être de la faire sortir de ses gonds et frôler la maladresse de son ire. Ce qu’il avait pris pour un coup de poignard porté en plein cœur, pour une vision mortifère d’un être d’une infinie violence, en réalité n’était le fruit que des barrières imposées par son caractère, par ce côté farouche, presque sauvage, exacerbé qui la caractérisait dès lors qu’on la malmenait, qu’on s’approchait trop des faiblesses de son corps et de son âme. Effleurer son être, mortifier, même sans mauvaises intentions son corps sans qu’elle y consente, c’était prendre le risque de se briser contre le froid détestable qui l’étreignait chaque fois qu’elle était déstabilisée, sans réussir à le montrer. Et alors que la discussion reprenait son cours, laissant en arrière cet instant suspendu qui lui nouait encore les entrailles, l’empêchant de sourire comme elle avait l’habitude de le faire, elle s’apercevait peu à peu que son état d’esprit n’était qu’un écho du sien. Qu’entre eux, en cet instant, demeurait des incertitudes, et sans doute des incompréhensions. Il avait raison. Elle se persuadait du désintéressement, se reculait dans un cocon qui ne laissait de place à personne. Pourquoi ? Parce qu’elle avait peur. Une peur terrible. Une peur enhardie par un avenir incertain. Un avenir rendu possible par les affres de la destinée, et dont elle n’arrivait plus à apprivoiser les ombres et contours. Un avenir qui pouvait exister, dans lequel elle pourrait se mouvoir, mais qui la terrifiait au plus haut point, elle si habituée à se parer de l’idée de la mort plutôt que de s’abandonner à la vie dans c qu’elle a de plus cru, et de plus intense.

Lorsqu’il fendit enfin le silence qui avait repris ses droits, ne rendant le malaise que plus palpable et difficile à ignorer, ses paupières se hasardèrent contre les siennes, s’y brûlèrent un instant en comprenant l’horreur qu’il avait cru lire dans son regard. Es lèvres s’entre-ouvrirent, mortifiées, alors qu’aucun son ne semblait vouloir en sortir. Son geste en cours s’était suspendu. Elle n’avait pas pu lui répondre, n’en avait pas eu le temps tant ses traits s’étaient liquéfiés à comprendre, à envisager ce qu’il avait interprété sans savoir, sans comprendre … Ses prunelles avaient suivi l’esquisse du geste, un frisson l’avait parcourue lorsque l’onde nocturne s’était engouffrée par la porte, et elle était restée là, interdite. Il l’avait touchée avec une telle précision chirurgicale qu’elle sentait la contenance l’abandonner. Et la perspective de le voir partir encore, mais de le voir partir avec cette pensée terrible en tête. Elle se rappela ses propres mieux. Cette culpabilité qui ronge, quand vous quittez quelqu’un qui vous est cher sur une incompréhension, sur une discorde, et qu’on vous l’arrache. Vos torts deviennent alors impossibles à réparer. Elle s’y refusait. Non, elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas.

Alors après un temps indéfini qui lui avait laissé le temps de rejoindre la nuit glacée, ses épaules s’affaissèrent, et elle s’engouffra dehors à son tour, dans une précipitation sans contrainte, emprunte d’une spontanéité tenace qui ne lui avait même pas laissé le temps d’enfiler une veste, une paire de chaussure, ou même un pantalon en dessous son « tee shirt de nuit » ( qui pouvait passer pour une robe courte éventuellement). Sur le trottoir, la morsure du froid, et du bitume sous ses pieds ne la chagrinèrent pas plus que ça, tant sa conscience n’était orientée que vers une seule chose. Sa course s’égara vers la rue de droite, puis de gauche, jusqu’à s’enliser dans des territoires inconnus sans chercher à se soucier des âmes vagabondes qui s’interrogeaient sur son passage tempétueux. « Lawrence ?! » Enfin, au détour d’une ruelle, elle aperçut une silhouette qui claudiquait. A bout de souffle, elle la rejoignit, la rattrapa plutôt « Lawrie, attends ! » Ses doigts, avec une poigne farouche, s’étaient refermés autour de son avant-bras. « Je t’interdis de t’en aller ! Tu n’as pas le droit ! » Etait-elle en train de le fustiger encore ? Mais son appel ne sonnait pas comme un reproche, davantage comme une supplique adressée à ses ombres en fuite. « Comment peux-tu penser que je t’aurais cru capable de me briser ?! Que je t’aurais cru capable de … d’agonir une femme dans ce qu’elle a de plus précieux ? … » Si sa tonalité était presque exaltée, elle commençait peu à peu à s’essouffler, à se mouvoir dans une émotion différente tandis que le froid s’insinuait comme onde diffuse en son corps. « Pendant ces dernières semaines, il n’y a pas un seul jour où je ne me suis pas demandé où tu étais, comment tu allais, si seulement j’allais pouvoir apercevoir une dernière fois ce petit sourire malin que tu affiches parfois quand tu as une idée derrière la tête, ou si j’allais pouvoir m’insurger encore de ces instants où tu m’infantilises éhontément, avant de m‘observer comme si tu me voyais pour la première fois … » Elle se frotte le front, s’est rarement sentie aussi mise à nue, elle qui avait si peu l’habitude de s’étendre sur ses propres sentiments, surtout lorsqu’elle ne les apprivoisait pas tout entiers. « Ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance. Ce n’est pas toi que je rejette … C’est moi. Parce que j’ai si peur … Tellement plus qu’avant. De savoir que plus rien n’est inéluctable, que je peux te perdre, toi, et tous ceux que j’aime … Qu’ils peuvent partir avant moi, sans que je ne puisse rien y faire. Ça me fait si peur … Et je t’en voulais tellement … Parce que si avant la mort était une compagne qui m’était familière, aujourd’hui elle me semble être une ennemie terrible … Une ennemie que je redécouvre. Et la seule idée qu’elle ait pu t’emmener pendant ce temps de silence m’a rendue malade … Tu n’imagines même pas à quel point … » Elle se frotte les avants bras, son pieds gauche venant couvrir son pieds droits qui se recroqueville en esquivant des brisures de verres éparses sur le bitume. Maintenant elle a presque honte, se demande si elle doit s’en aller, ou rester là à attendre que l’onde nocturne ne la balaye tout à fait.


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Il me l'avait répété cent fois pourtant. Je l'entendais déjà pestiférer que jamais je n'aurais dû sortir sans cette foutue canne qui me suivait partout où j'allais – ou presque – depuis plus de deux semaines. Seulement voilà, je savais que si Lily me voyait avec cette chose en bois, elle ne pourrait empêcher l'inquiétude de la gagner. Et la discussion animée que nous avions eue à propos de mes blessures et de ce genou déficient qui me faisait claudiquer en était la preuve la plus flagrante. Dommage. Ce soir, je ne m'attendais pas à ce que nos retrouvailles se déroulent ainsi. J'avais espéré la revoir, la serrer dans mes bras et lui dire combien elle m'avait manqué. Au lieu de quoi...un soupir étreint ma gorge alors que je m'arrête net en plein milieu du trottoir. Les mains dans les poches de ma veste, je contemple le pavé mouillé, en proie à une réflexion profonde qui m'interdisait tout espoir d'améliorer la situation. Jusqu'à ce qu'une voix familière me ramène en arrière. Mes yeux s'arrondissent en la découvrant ainsi vêtue, dehors, pieds nus. Autour de nous, certains couples s'arrêtaient médusés, des hommes riaient sous cape, fiers de contempler Vénus dans sa quasi nudité tandis que des femmes plus âgées d'un statut social éminemment élevé s'outraient devant pareil spectacle. « Lily... » commençai-je en l'observant de haut en bas avec étonnement et inquiétude, avant qu'elle m'interrompt dans le sermon que je m'apprêtais à lui faire. Aucun son ne quitta ma gorge tout le temps de son monologue. Seul mon regard, concentré, répondait du trouble qui m'animait. Mes doigts avaient bien vite compris leur tâche sitôt qu'elle m'avait rejointe, occupés à défaire les boutons de ma veste pour la retirer de mes épaules et en offrir le confort et la chaleur à la jeune femme. La nuit était fraîche, elle risquait de prendre froid. Finalement, le silence nous enveloppe à nouveau tandis que des bruits de verres brisés attirent mon attention sur ses jambes dénudées et ses pieds gelés. « Tu ne devrais pas sortir par ce temps, habillée de cette manière. » furent les premiers mots qui lui répondirent tandis que discrètement, je m'étais rapproché. « Ce ne sont pas les débris de verre ou les pierres qui manquent sur le trottoir. Passe ta main autour de mon cou. S'il te plait. » Cette fois-ci, j'avais été moins prompt, plus...respectueux de son espace si l'on puit dire. Très délicatement, mon bras droit avait alors pris place autour de son dos, tandis que de l'autre je soulevais ses jambes de terre. Elle n'était pas lourde, à peine une quarantaine de kilos. Cependant, mes cicatrices encore fraîches, combinées à son poids suffirent à me faire grimacer de douleur, le temps de la ramener contre mon torse. Totalement absorbé par mon précieux fardeau et indifférent aux regards qui se posaient sur nous à chacun de mes pas, j'en profitais pour reprendre la conversation là où elle l'avait laissé. « Je sais que ça a été difficile pour toi, Lily. Je le sais très bien. Mais je ne pouvais plus te donner de nouvelles, et ce n'est pas faute de l'avoir désiré, d'autant que je sais que cette affaire te tient particulièrement à cœur. » Il y avait tellement de choses qu'elle ignorait encore à mon sujet, au sujet de ces derniers mois passés...Je n'étais pas certain qu'elle devait l'apprendre un jour, pour tout dire. La savoir inquiet à mon sujet était déjà suffisamment difficile à endurer sans y ajouter le poids de sa culpabilité en découvrant les meurtrissures que j'avais contractées. « Lily, je ne t'aurais jamais laissé... » la rassurais-je alors que nous arrivions à son appartement. L'une de ses mèches s'envole, poussée par mon souffle sur le sommet de son front. « Je sais que tu as peur, j'en ai parfaitement conscience, tout comme je n'aurais pas accepté qu'il t'arrive malheur par ma faute si je n'avais pas réussi à éliminer ces hommes qui te pourchassent. » La reposant sur le sol, mes doigts écartent avec une douceur qu'elle ne me connaissait pas, les quelques boucles qui dissimulaient son regard au mien. « C'est pour ça que j'ai gardé le silence durant tout ce temps, pour te protéger. Mais...je reconnais que tu m'as manqué, terriblement. » murmurais-je en relevant son menton tel un père le ferait à l'égard de sa fille. « Et je te présente mes excuses pour mon comportement. Je...je ne pensais à mal, crois-moi. Je ne sais pas à quoi j'ai pensé, d'ailleurs. » repris-je en souriant bêtement. « Quoiqu'il en soit, ça ne se reproduira plus. Je te le promets. » la tranquillisais-je avant de refermer la paume de ma main sur son épaule et de m'abaisser pour être à sa hauteur. « Tu me pardonnes ? Je n'aime pas me disputer, encore moins avec toi. Et je te promets que ça n'a rien à voir avec le fait que tu n'as plus l'âge des fessées, même quand tu sors sans chaussures, sans pantalon et sans pullover » ajoutais-je avec un sourire taquin et un regard qui se voulait réprobateur.


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« Quoi ? » sa remarque semble tellement sortie de nulle part, tellement fortuite après tout ce qui s’est chamboulé dans sa tête, qu’elle n’a même pas pensé à avoir un regard critique sur sa propre tenue vestimentaire. Mais alors qu’il le lui indique, au début confuse, elle finit par baisser les yeux, sent la morsure de l’humidité qui fait trembler ses cuisses. Ses doigts plongent au fond des poches de son gilet, l’enveloppent toute entière pour se cacher à ces regards qu’elle sent tout à coup incisifs sur sa chair, alors qu’auparavant elle n’en avait cure. « Ah oui, ça … Je n’ai pas eu le temps de m’apprêter, figure-toi … » murmure-t-elle en jetant des coups d’œil alentours, se sentant d’un seul coup vulnérable comme jamais, alors que ses orteils de pieds jugent préférables de se recroqueviller sur eux-mêmes.  « Autour de … Quoi ? Mais non c’est inutile, regarde, tu tiens à peine debout, tu vas … » Mais visiblement il ne l’écoute pas du tout, et déjà elle sent son point d’ancrage dans le sol quitter le port pour des rivages plus aérien. « Je peux marcher tu sais, ce ne sont pas quelques bouts de verres qui vont m’arracher les pieds du corps … » ajoute-t-elle avec une moue un brin bougonne, poussant un soupire de reddition face au « S’il te plaît » qu’il avait prononcé avec un calme presque désarmant. Elle ne s’était pas sentie le cœur de lutter davantage, quoique les grimaces qu’il avait affiché en la soulevant lui avaient indiqué sans peine qu’il avait mal. Elle avait simplement trouvé le geste d’une élégance rare, surprenante en réalité, alors qu’il semblait presque inutile. « Lawrie, je vois bien que tu as mal … Repose-moi … » Mais visiblement, il était aussi têtu qu’elle, si ce n’est plus. Aussi elle n’ajouta rien, resserrant sa prise autour de son épaule, ses prunelles rivées au profil de son visage légèrement voilé par l’obscurité. Elle l’écoutait d’une oreille attentive, ignorant les âmes vagabondes alentours qui se retournaient sur leur passage, ses seules pensées étant tournées vers ces souvenirs qu’il invoquait sans entrer dans les détails. Lily comprenait bien sur ce qui l’avait motivé, mais l’entendait-elle ? Était-elle prompte à accepter ? Elle ne savait pas encore, un calme terrassant, proche de la léthargie, commençant peu à peu à s’emparer de son corps alors qu’ils continuaient de marcher, jusqu’à arriver au point qu’ils avaient quitté juste avant de se séparer. « Je sais que c’est encore frais cette histoire … Mais tôt ou tard, il faudra bien que tu me donnes des explications … Pas maintenant. Pas aujourd’hui … Mais un jour. » Aussi parce que s’il ne lui donnait pas les réponses qu’elle attendait, elle irait les chercher toute seule. Elle n’avait rien fait depuis quelques semaines, simplement parce qu’elle avait pris conscience du danger encouru, et de la fragilité de son corps après l’opération. Loin d’être suicidaire au point d’aller se jeter directement dans la gueule du loup, elle avait donc fait profil bas. Mais ce n’était que temporaire, et cela, il devait le savoir, lui qui connaissait mieux que personne les méandres parfois exaspérants de ténacité de son caractère. « Je vois … » Sans s’en rendre compte peut-être, il vient de lui fournir un indice de ses occupations. Eliminer des hommes … Mais lesquels ? Ses sourcils se froncèrent légèrement, collectant minutieusement l’information, alors que ses paupières balbutiaient légèrement, son regard se statufiant un instant alors qu’il dégageait cette boucle hirsute qui s’était agrippée à ses cils. « Tu as une stature étrange … Pour un ange gardien … » dit-elle avec calme, ses lèvres arborant un sourire penaud alors qu’elle se figeait dans le geste paternel, dans cette douceur presque caricaturale qui lui apparaissait à la fois délicate, et étrange. Elle se sentait si petite en cet instant, si fragile. Elle aurait pu disparaitre en elle-même, s’enfoncer dans le sol qu’il n’aurait rien vu. Et son âme, tapie au fond de chaque fibre de son être le faisait, prenait de la distance, quoique son corps ne bougea pas, seul ses doigts firent comme lui un peu plus tôt dans la soirée, en repoussant sa main avec douceur. C’était irrationnel de se dire que son attitude la mettait au fil du temps de plus en plus mal à l’aise, déformant cette vision qu’elle avait de lui, et d’elle-même. Mais ce soir elle n’avait plus cœur à le défier, à remettre en question ses phrases, ses attitudes. « Ne fais pas des promesses que tu n’es pas certain de pouvoir tenir Lawrence. » Elle poussa un soupire vague, se frotta le front en rejetant ses clefs sur la petite console en bois exotique dans l’entrée. « Et puis, je ne vois pas de quoi tu parles. Elle est très bien cette tenue. Très tendance. Minimaliste. Je suis sure que la mémère avec son boa, en bas, a adoré. Pas autant que son vieux mari. Mais presque. » Ironie, destinée sans doutes à apaiser l’ambiance. Qui lui permet aussi de s’éloigner de ce contact trop présent et trop déstabilisant pour qu’elle se sente totalement à l’aise. « Ça va, ta jambe ? … Tu devrais … T’asseoir peut-être. »


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Ben voyons. D'autres diraient que je suis un tantinet un peu trop protecteur vis à vis de cette jeune femme. Soit, pourquoi le nier. Ceci dit, il ne fallait pas non plus se mentir. Les rues sont toujours jonchés de débris quelconques parfois coupant comme des lames de rasoir. Alors si Lily pensait que j'allais la laisser regagner son domicile ainsi vêtue et pieds nus qui plus est, c'est qu'elle me connaissait vraiment très mal. Fort heureusement, si une grimace avait fait son apparition sur mes traits sitôt que je l'avais soulevée, j'avais rapidement oublié la douleur pour me concentrer sur ma route, et les mots que je prononçais en avançant m'avaient aussi grandement aidé.

Arrivé sur le perron, un soupir subtil mais clairement audible força la barrière de mes lèvres. « Tu es toujours aussi bornée, hum ? » grondais-je en guise de réponse. Des explications, pourquoi faire ? Pour qu'elle s'inquiète ? Encore ? Mais au vu du regard qu'elle me lançait, je sentis sa sollicitude presque autant que son animosité redoubler de volume si je m'y refusais. « Très bien, je t'en parlerai. Un jour. » finis-je par concéder malgré moi. Au moins le temps que mes blessures guérissent et ne soient plus que des cicatrices à rajouter à mon palmarès. Elle n'avait pas besoin de dénombrer les bleus qui parsemaient mon corps ici et là. « Je ne suis pas, un ange gardien. » Un sourire amusé étire mes lèvres devant sa comparaison. L'ange de la mort pourquoi pas, à la rigueur, vu mon travail, mais gardien, sûrement pas. Gardien de quoi au juste ? Non, cette histoire était beaucoup trop 'sainte' pour être la mienne. Mes doigts furent repoussés et ma réflexion reprit son cours, chargée et clairsemée de confusions. « Très bien, plus de promesses. » Elle n'avait pas totalement tort sur ce point. Qui pouvait prédire l'heure de sa propre mort ? Qui pouvait se vanter de vivre éternellement ? Ce que je voulais dire en fait, c'est que je n'avais pas l'intention de la laisser partir avant moi, et que si je devais mourir, elle n'en serait jamais témoin. « Il y a un boa dans cet immeuble ? » Voilà tout ce que j'avais retenu de ce qu'elle venait de sous-entendre. Et c'est avec méfiance et le rappel d'appeler la SPA en rentrant que je passais la porte d'entrée à sa suite. « Il s'agit de mon genou, en fait. Ne t'en fais pas, ça va. » J'avais peut-être parlé trop tôt ou trop vite, puisque j'eus la sensation qu'elle ne me croyait pas. Et au souvenir de ses reproches une heure auparavant, je hochais vaguement la tête en fermant les yeux avant de partir à la conquête de son fauteuil. « J'avais besoin de m'asseoir. » Une façon indirecte de m'excuser de lui avoir menti et de reconnaître que mon genou me lançait toujours. « Alors comme ça ta mère et son mari seront présents à cette soirée mondaine ? » Qui a dit que je changeais aussi rapidement de sujet que de chemise ? « J'ignorais qu'elle s'était remariée. » Son père n'en avait certes jamais parlé, et il faut dire qu'en plus de ne pas savoir grand chose à son sujet, je n'avais pas fait une très bonne impression à l'ex madame Hopkins la première fois que nous nous rencontrés, à l'hôpital. « Est-ce que tu le connais ? Tu t'entends bien avec cet homme ? » lui demandais-je pour faire la conversation, bien qu'une réponse négative m'aurait évidemment conforté dans l'idée d'en apprendre le plus possible sur ce personnage sorti de nulle part.

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« C’est toi qui me pose cette question ? » répond-elle en lui jetant un regard visiblement suspicieux, presque indigné, les lèvres pincées. Non mais, dire qu’elle était bornée, alors qu’il était le diable entêté en personne, était-ce une plaisanterie ? Elle en avait presque eut envie de le gratifier d’une pichenette sur le nez, mais s’était retenue. Une telle familiarité risquant d’être mal perçue, surtout après leur petite … « altercation ». « Merci. » ajoute-t-elle enfin sans insister, remettant les questions à plus tard à ce sujet.  De toute façon, elle avait déjà prévu de faire un petit périple en Russie avant la fin de l’hiver. Retourner sur les traces de son enfance, peut-être enfin avoir le courage d’aller sur sa tombe aussi alors qu’elle s’y était toujours refusé … La date de son décès approchait à grand pas, en même temps que le froid hivernal. Peut-être était-ce l’une des causes de la morosité de son humeur depuis quelques semaines. Tous les ans, à cette période de l’année, elle était d’une étrange composition, oscillant entre la mélancolie, le chagrin incontrôlé, et une froideur troublante qui masquait le tout d’un fard épais et sans nuances.  « Qui es-tu alors ? Si je devais te dessiner, ce serait probablement comme une ombre évanescente, sombre certes, mais forte aussi, et avec des éclats de lumières. Seulement des éclats, ici et là, parce que tu es nimbé de contrastes quand même … Et que je n’arrive pas à en discerner toute la gamme de couleurs. Pas encore du moins. » Bon, en réalité, ce dessin, elle l’avait déjà commencé. Traçant des lignes d’un portrait de plein pied presque ésotérique, sans savoir encore quelles nuances elle avait envie de lui apporter. Mais il n’en saurait probablement jamais rien, ses esquisses relevant d’un territoire proscrit à toute personne n’ayant pas été invitée à les découvrir. « Je parlais du boa en tant qu’écharpe, pas du serpent. Une dame dehors, tout à l’heure, en portait un sombre autour de cou. Mais je n’ai pas bien regardé, peut-être était-ce de la fourrure finalement … » Elle paraît songeuse, se perd un court instant dans cet échange sans profondeur, digne de la pluie et du beau temps, mais qui a au moins le mérite de rendre l’atmosphère moins lourde qu’auparavant. « Tu n’as pas une canne, ou une béquille pour t’aider à marcher ? J’en ai récupéré une dans une brocante, avec un pommeau ciselé, je peux te la prêter si tu veux. Ça te donnerait un petit air … Hmm … Princier ? Ou … Vintage, pourquoi pas, comme tu préfères. » Elle y songe, se frotte le menton, n’a pas trop de difficultés à l’imaginer dans un costume trois pièces, avec un haut de forme, une petite moustache, et un long manteau sombre. Comme les tenues que les hommes portaient avec charisme et élégance dans les années 1900. A cette seule pensée, son esprit un eu trop imaginatif s’affole de créations saugrenues. Sa question la fait revenir à la réalité comme une douche froide. Ah oui. Cette soirée. Pour sûr il y aurait du nœud papillon à s’en égosiller, mais de beaux hauts de forme, ça … Elle pouvait toujours rêver. « Bien sûr. C’est lui qui est à l’origine de cette soirée. Ou enfin, officiellement c’est lui, mais officieusement c’est elle qui tient les ficelles. » Elle se rappelle de l’explication apportée par sa mère, n’est pas certaine d’en avoir saisi toutes les subtilités, mais convoque au moins l’essentiel. « De ce que j’ai compris, elle s’est remariée peu de temps après avoir obtenu le divorce … Donc ça fait bien … Presque vingt ans maintenant. Je n’en savais rien non plus. Papa n’en parle jamais à personne de toute façon. » Elle marque un temps de pause, ne sait pas trop ce qu’elle ne pense en réalité. « Je pense qu’elle l’a quitté pour lui. Ils ont d’ailleurs eut trois autres enfants ensemble … Un garçon, qui a vingt  ans aujourd’hui, et deux jumelles sur le tard, qui doivent avoir quatorze ans. » Si on faisait le calcul, on se rendait vite compte que l’aîné avait tout juste quatre ans de moins qu’elle, pile l’âge qu’elle avait lorsque Lenore était partie de la maison … « Je ne l’ai croisé qu’une fois, et très furtivement. Il a l’air assez austère, il ne parle pas beaucoup, est toujours guindé dans des costumes grisonnants … Il a du charisme c’est vrai … Mais le charisme d’un requin. » Elle vient s’asseoir en repliant ses jambes sous ses fesses sur le canapé dont les coussins moelleux s’enfoncèrent légèrement sous son poids. « C’est lui qui a repris il y a dix ans la direction du cabinet d’avocats new yorkais « Cravath, Swaine & Moore », et ils ont des bureaux à Londres aussi, de ce que j’ai compris … » Un cabinet plus que prestigieux, avec une renommée internationale qui avait permis à son directeur d’accumuler une fortune colossale. Un univers aux antipodes du sien en somme. « Lénore … enfin, ma mère (elle avait du mal avec ce concept, visiblement), a un cabinet de commissaire-priseur à New York aussi … mais d’une moindre envergure bien entendu. Elle soutient beaucoup de galeristes avec lesquels elle collabore en permanence. Je pense qu’elle organise ce genre d’événements sous l’égide de l’entreprise de son mari, pour qu’ils aient un rayonnement plus important, et attirent … de plus gros porte-monnaie. »


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Evidemment, je fis comme si je n'avais pas entendu sa rhétorique, me contentant de regarder ailleurs l'espace d'un instant. Mon portrait fut alors dépeint, malgré moi, alors que je la contemplais sans fléchir, curieux et surpris à la fois de cette note personnelle qu'elle avait l'audace de me confier.  « Tu parles comme une véritable artiste. » murmurais-je dans un mélange de douceur empreint de sérieux. Touché certes, mais silencieux parce que l'art et mois ne faisions pas couche commune. Je n'y avais jamais rien compris, bien que je sus apprécier la beauté d'une belle sculpture ou d'un portrait. Néanmoins, je compris dans son message qu'elle cherchait à me connaître davantage, et cela me fit plaisir, bien que je n'en devinais la cause qu'à moitié. « Ah, une écharpe, biensûr. » Celui qui se sent bête tout à coup lève la main. En même temps, je n'y connaissais rien. Pour moi, un boa est un animal et non pas une pièce de tissu quelconque. Quand je vous disais que je n'y connaissais rien à l'art, la mode en fait hélas bel et bien partie. Et même si j'ai la chance de savoir parfaitement assortir couleurs, tissus, et de mettre mon corps à son avantage, s'intéresser aux dernières tendances ne fera jamais partie de mes hobbies.

« Tiens donc... » Ma mémoire enregistrait peu à peu les informations concernant son « beau-père », affinant les contours en fonction du portrait qu'elle m'en dressait. A mesure qu'elle parle, mes traits se ferment, jusqu'à n'être plus qu'un masque de marbre face à la solitude qu'une petite fille avait dû un jour ressentir à l'idée que sa mère ne serait plus. Intérieurement, ma colère gagnait pour ce couple et cette femme que je n'avais pourtant rencontré qu'une fois jusque-là. Comment peut-on abandonner sa propre enfant ? J'avais toujours pensé que le lien entre une mère et son enfant, garçon ou fille, était indéfectible. Le souvenir de la rage contenue que j'avais ressentie à l'hôpital le jour où j'avais appris que Lily avait souhaité reprendre contact avec elle, et le fait qu'elle ait disparu quelques jours plus tard avaient eu raison de ma patience à l'égard de cette femme. « Je suppose qu'il a dû se sentir ...trahi, d'une certaine manière. » ne fis-je que commenter sans aller plus loin dans mon raisonnement. Aussi vrai que Lily avait toute mon attention en raison de son jeune âge et de son expérience de vie plutôt restreinte, les relations qu'entretenaient ou qu'entretiennent son père et sa mère ne me concernaient en rien, et ne m'intéressaient pas plus que cela. Je sais qu'il n'aurait pas apprécié que je me mêle de sa vie sentimentale puisque nous avions ce point en commun. S'il avait eu envie de se confier, cela fait bien longtemps qu'il l'aurait fait. Mes sourcils se froncent imperceptiblement. Ainsi donc, en plus du mariage plus que précipité, le couple avait eu des enfants. Des enfants dont l'aîné n'était pas loin d'atteindre l'âge de sa demi-soeur. Pour un peu, et je croirais presque qu'elle avait trompé Jon avec ce type. La comparaison en revanche me fit sourire. Un requin, vraiment ? Est-ce une illusion de ma part ou cet homme effrayait la jeune nymphe qui se tenait devant moi ? Intéressant. Me voilà plus désireux que jamais de faire sa connaissance. Tiens, c'est donc un avocat. Je comprends mieux la comparaison. Quant à sa mère, l'attrait du gain et une vie mondaine semblait être l'une des causes de sa séparation avec Jonathan. Effectivement bien que nous soyons plutôt bien payés au MI6, le salaire d'un avocat, le prestige que l'on retire d'une affaire bouclée devant les tribunaux et les médias et enfin, les risques moindres en comparaison de notre métier semblait en faire un compagnon idéal. « Tu n'as pas dit à ton père que tu avais cherché à reprendre contact. » énonçais-je alors, sans reproche aucun. « Pour quelle raison ? » Je devais reconnaître que de l'apprendre m'avait tout aussi contrarié que lui. Sauf qu'il ne s'agissait pas de moi. Lily, malgré mon attachement, ne faisait hélas pas partie de ma famille, et je n'étais donc pas en droit de lui réclamer quoique ce soit, sinon que d'espérer qu'elle fasse les bons choix.

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« Tu n’aimes pas beaucoup l’art, n’est-ce pas ? » Une question rhétorique qui n’appelait pas forcément de réponse, le silence masquant ses traits étant plus explicite en réalité que tout ce qu’il aurait pu dire. Elle se souvenait aussi de sa façon d’avoir observé la pièce avant d’y entrer, de sa manie de soulever les objets en les étudiants sans réussir à les comprendre tout à fait. Comme s’il les voyait d’un regard chirurgical, presque mathématique, et non pas esthétique. Lily avait alors l’impression de lui parler dans un langage qui sonnait doux à son oreille, mais qu’il ne comprenait pas tout à fait. Une idée qui lui fit esquisser un sourire en demi-lune, de comprendre qu’il y avait au moins quelque chose qui la caractérisait qu’il ne comprendrait jamais tout à fait. « Je te montrerais, un jour. » Une remarque mystérieuse, trahissant une idée qu’elle avait en tête. Essayer de lui esquisser son univers, même s’il n’en comprenait pas les codes. Peut-être, plus tard, s’adonnerait-elle à ce mouvement de partage. Pas ce soir en tout cas, elle préférait garder jalousement son univers pour elle-seule, n’était de toute façon pas d’humeur à lui en donner les clefs.

La conversation avait dérivé un peu trop loin, le long des sentiers battus. Ses pensées communiaient à cette sensation étrange qui l’envahissait chaque fois que sa famille était invoquée. Particulièrement cette mère toujours absente, dont la présence était aujourd’hui presque étouffante. « Je suppose que oui mais … » elle marqua un temps de pause, hésita. Jonathan lui ressemblait un peu en réalité. Du moins, lui avait ressemblé, il y a de ça vingt ans. « A cette époque, il n’était jamais là. Toujours à sillonner le monde, à ne donner des nouvelles que par bribes … Et elle était souvent seule. » Elle ne lui pardonnait pas son absence, le fait de l’avoir abandonnée elle pour oublier un mari en fuite constante. Mais elle commençait au moins à comprendre les raisons. Elle ne les acceptait pas forcément, mais les comprenait. « Après ma naissance, elle a fait une sévère dépression post natale. Apparemment c’était terrible, proche de la névrose. En plus je n’étais pas forcément un cadeau avec mes poumons … Plus un mari totalement absent. Je ne cherche pas à lui trouver des excuses, mais disons que … Une partie de moi la comprend. D’avoir cherché la sécurité et une présence auprès d’un homme qui pouvait la lui donner, plutôt que de s’attarder auprès d’un autre qui n’était là que comme une parenthèse, ou une anecdote … » Elle marque un temps de pause, puise dans une contemplation furtive du plafond de quoi poursuivre et reprendre le fil de ses pensées. « Si devais avoir des enfants un jour, je préfèrerais les élever à deux, que de devoir le faire toute seule. » Une évidence a priori pour le commun des mortels, mais qui pour elle qui avait été élevée seulement par son père, ne relevait pas de la normalité. La question qui suivit la laissa interdite un instant. Son expression devint sensiblement plus austère, comme si elle n’était pas sure de pouvoir répondre avec franchise. Mais finalement elle reprit d’une même voix, quoiqu’un peu plus lointaine. « Parce qu’il aurait été contre, et qu’il n’avait pas à influer mon choix. En réalité c’est elle qui m’avait envoyé un mail, il y a quelques années. Et je n’avais pas pris la peine de répondre. Je n’en voyais pas l’intérêt. Et puis, il y a de ça un an … On m’a annoncé que mon état s’était aggravé, et qu’il n’y avait plus rien à faire. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, j’ai eu envie de savoir d’où je venais, à qui je ressemblais … Je voulais lever le voile sur cette partie de ma propre histoire qui a toujours été taboue. » Le côté de sa tête se pose sur le dossier du fauteuil, ses genoux se repliant devant sa poitrine tranquillement, alors qu’un rire nerveux lui échappait. « La perspective de la mort imminente m’a donné des ailes, semble-t-il. » Une ironie un peu sombre, presque cruelle en réalité. « C’est si étrange d’ailleurs … Je m‘étais tellement préparée, tellement faite à l’idée … Souvent je me demande si le hasard qui a voulu que je vive, pendant qu’une autre famille serait détruite, n’était pas … Injuste. Ils n’étaient pas préparés, eux. » Allez comprendre sa logique. Pourtant elle eut un sourire énigmatique, presque songeur. « Mais je suis heureuse quand même hein, bien sûr. C’est juste que ça semblait si inespéré, c’est presque insensé que ça ait pu aller si vite … Comme si j’avais une bonne étoile qui m’avait portée chance. Même si cette chance est à double tranchant puisqu’elle n’a pas permis à mon donneur de survivre. » Elle s’interrompt enfin, réalise qu’elle monopolise la conversation depuis un bout de temps, s’en offusque presque. « Je parle, je parle, je parle … Tu peux m’arrêter si tu veux, je ne t’en voudrais pas. »



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