Besoin d'une experte (Alexys)

Depuis que j’avais appris pour ses fiançailles, je me sentais mal. Je n’arrêtais pas de penser à Gabrielle, encore plus que d’habitude, et ni mon taf au travail, ni mes retrouvailles avec mon frère, ni mes nouveaux amis à la Mather,  rien ni personne ne pouvait éclipser la belle Eliot de mon esprit. Alors une fois n’était pas coutume, me voilà attablé dans l’un de mes bars fétiches. Il fallait que je me la sorte de la tête, et pourtant même l’esprit ennivré je n’arrêtais pas de ressasser cette histoire de mariage. Il serait quand même dommage qu’elle épouse cet Ael de mes deux sans que je n’aie levé le moindre petit doigts ? J’allais m’en vouloir toute ma vie si je ne tentais pas quelque chose, si je restais spectateur impuissant de ses noces… Il fallait que j’agisse et vite. Mais comment ? Et à qui me confier ? Bien sûr, j’avais Ashleigh, elle, elle pouvait me comprendre et elle était adorable, mais elle n’allait plus en pouvoir de mes histoires avec les Eliots, surtout qu’elle avait son propre crush à gérer et à tenter d’étouffer.  Alors quand mon regard se posa sur une jolie brune assise au comptoir mon regard s’éclaira. Je ne la connaissais pas encore personnellement, mais disons que sa réputation la précédait : ancienne présidente Mather, elle avait épousé, oui oui épousé, un eliot l’an passé. Une histoire qui avait fait jaser vous imaginez bien. Il me fallait son secret. Alors, c’est un peu alcoolisé, la langue bien délié par les quelques verres déjà ingurgités que j’avançais jusqu’à elle : « Madame Morvachov… euh Mordavoch… euh Mordach… Bref euh, Alexys, ça te va si je t’appelle Alexys ? » Les noms russes quand on avait quatre grammes, c’était pas simple. J'espère qu'elle ne le prendrait pas mal. « Je peux te déranger un petit instant ? J’ai besoin de toi. » soufflai-je en prenant place à ses côtés au comptoir, commandant au passage deux conso au barman. « Je m’appelle Denys. »

Ce soir, je sors. Je sors toute seule alors, ça fait un petit peu alcoolique pour ne pas dire énormément. Je tente d'entretenir ma réputation de bonne Mather tant que je le suis encore parce que qui sait, peut-être que la semaine prochaine, j'abandonnerai tout, je jetterai l'éponge. Je ne bois pas pour oublier quoique ce soit, je bois parce que je suis heureuse. En réalité, je me mens à moi-même. Je bois parce que ça me saoule d'être loin de Zakhar. Je bois parce que je préférerai qu'il soit là plutôt que de l'appeler pour avoir des nouvelles ou qu'il me raconte sa journée. Je soupire de nouveau en pensant à cela et finalement, je commande un nouvelle verre que je finis d'une traite. Il faut que j'arrête de penser comme cela et que je vois le bon côté des choses. Cette pensée me fait sourire avant qu'un jeune homme ne vienne m'interpeller du moins, il essaie. Je me mords la lèvre pour ne pas rire face à sa difficulté de prononciation. En même temps, si mon cher mari avait un nom un peu plus simple et moins russe, on n'en serait pas là ce soir. Alexys ça me va très bien ! C'est une raison pour lesquelles j'ai voulu garder mon nom et rajouter le sien au bout. La plupart de mes amis continuent à m'appeler Carpenter mais, Alexys c'est très bien, c'est même parfait. Il dit vouloir me déranger et avoir besoin de mon aide. Je ne vois pas très bien en quoi je pourrais lui être utile mais, malgré tout, je lui montre le tabouret de libre à côté du mien. J'ai pas trop envie qu'il tombe, je préfère qu'il s'assoie. Il a l'air d'avoir un bon coup dans le nez ce Denys. Ravie de faire ta connaissance Denys. Moi apparemment, j'ai pas besoin de me présenter ! En quoi je peux t'être utile ?

 C'est mes pensées tournées vers Gabrielle, son rejet, ses fiançailles avec cet autre type, cet Eliot, que je buvais, songeur, cherchant mentalement ce que ce mec pouvait avoir de plus que moi. Du fric, déjà. Ça aidait un peu sûrement... Pourtant elle n'avait rien de vénale, la Gab que j'avais connu, celle qui m'avait séduit... Je dois la reconquérir, je dois trouver le secret pour lui plaire, marquer des points et lui faire oublier son crétin de fiancé. Et là, installée plus loin, je la vis ma solution, mon héroïne, ma sauveuse. La présidente Mather de l'an dernier. Célèbre dans tout le campus pour son ancienne position au sein de la confrérie et aussi pour son mariage avec un Eliot. C'est bien décidé à l'aborder que je m'avançai jusqu'à elle, écorchant un peu son nom avant qu'elle ne convienne que s'en tenir au prénom c'était aussi bien. Je réclamai donc son aide et elle parut intriguée mais accepta, désignant une place libre sur un tabouret proche du sien. Je m'y installai donc, parce que le sol tanguait un peu dans ce bar, ça n'allait pas me faire de mal de me poser un peu. Je m'assis donc et fis aussitôt signe au serveur de nous réapprovisionner, avant de reporter mon attention sur la brune, qui se demandait en quoi elle pouvait m'être utile. "En fait voilà, je crois que je suis amoureux..." commencai-je, maladroitement, réalisant qu'en le prononçant que cette entrée en matière prêtait sûrement à confusion. "Pas de toi hein..." précisai-je donc aussitôt, bafouillant : "Enfin, t'as l'air cool, t'es super jolie..." OK Denys, tu t'enfonces. J'allais m'attirer les foudres de son russe pour finir.. "Je suis amoureux d'une fille qui est à la Eliot House." lâchai-je donc pour clarifier les choses et mettre fin à tout quiproquo... "J'aimerais que tu me coaches pour la faire craquer... Toi t'as plutôt bien réussi de ton côté..."

Il vient se poser à côté de moi. Il a l'air complètement mort. Le stéréotype parfait du Mather qui a trop bu et qui recherche de la compagnie. Suf que là, il a apparemment besoin de moi et ça l'air assez important. Au début, je pense que c'est pour avoir de quoi fumer ou une connerie comme ça et je m'apprête à lui dire que j'ai jeté l'éponge mais finalement, il parle de sentiments, d'amour. Je rigole quand je l'entends se débrouiller pour me dire qu'il n'est pas question de moi. Heureusement après tout, on ne se connait même pas. Ok ! Ok Denys, je vois pas la peine de t'enfoncer ! Je secoue la tête de gauche à droite en souriant avant d'ajouter : Merci, c'est super gentil en tout cas ! Ouais parce qu'il s'est bien rattrapé tout de même. Un peu cliché mais, gentil quand même. Il me dit qu'il est amoureux d'une Eliot. Oh d'accord, je vois ! Donc, c'est pour ça qu'il est venu me voir moi et pas n'importe quel autre Mather. Parce que moi, je suis tombée amoureuse de Zakhar, on est sortis ensemble et j'ai fini par l'épouser. Faut que tu saches qu'avant de tomber amoureuse de Zakhar, je le détestais du moins, c'est ce que je pensais ! On pouvait pas se voir en peinture ! Et faut que tu saches que c'est pas parce que je suis mariée avec un Eliot que j'adore les Eliots ! La plupart d'entre eux sont des connards imbus de leur personne, snobs, hautains, tournés vers le pognon et leur ego ! Bah quoi ? Autant mettre les points sur les i. Toutes les personnes que je rencontre aujourd'hui pensent qu'on est juste tombés amoureux l'un de l'autre, que c'était une évidence et qu'on a pas pu faire autrement mais, c'est pas du tout ce qu'il s'est passé. On s'est tellement détestés lui et moi qu'on a fini par se rapprocher et puis, on s'est détruits, compliqués la vie de l'un, de l'autre. On a merdé chacun de notre côté, on s'est séparés, remis ensemble sans vraiment l'être bref, on a mis du temps avant de se rendre compte qu'on avait ds sentiments l'un pour l'autre et que les confréries, c'était carrément de la merde. Parle-moi un peu de cette fille d'abord ! Je veux tout savoir ! Je suis une vraie commère de toute façon, c'est pas nouveau.

 Je m’emmêlais les pinceaux, pataugeant un peu en bafouillant, avec mon grammage avancé il n’était pas simple d’avoir idées et discours clairs, alors je me concentrais. Mais finalement, Alexys, surement moins attaquée que moi, avait compris l’idée. Ca m’aurait embêté de me faire casser la gueule par son russe de mari, alors tant mieux. Je lui avouais donc pour me sentiments pour Gabrielle, attendant d’elle THE secret, ce qui m’aiderait à reconquérir le cœur de ma brune. Mon interlocutrice m’en apprit alors plus sur sa propre love story : ça n’avait pas été un coup de foudre, au début Zakhar et elle se détestaient. « T’es sérieuse ? » m’étonnai-je avant de demander, curieux : « Et pour quelle raison vous vous haïssiez ? Et qu’est-ce qui t’as fait changé d’avis sur lui ? » L’alcool accentuait mon indiscrétion fallait croire, mais elle avait suscité mon intérêt en me contant leurs débuts complexes. Alexys clarifia ensuite une chose : elle avait beau avoir épousé un Eliot, elle ne les aimait pas tous pour autant et elle me dressa alors un portrait d’eux peu glorifiant. Je secouai la tête : « Non, mais Gabrielle elle n'est pas comme ça. » D’ailleurs, l’ex présidente voulait, avant toute chose, en savoir plus sur l’Eliot de mon cœur. Alors je lui servis un portrait quelque peu idéalisé : « Elle se donne un genre, mais en fait c’est quelqu’un de simple, accessible, drôle et sensible… » Enfin voilà la version idolâtrée que j’avais d’elle. Fallait croire que les quatre grammes que j’avais dans chaque bras me faisaient oublier les vents monumentaux qu’elle m’avait mis ou encore la façon abjecte dont elle m’avait ri au nez quand je lui avais avoué être amoureux d’elle. « On s’est rencontrés pendant des vacances en Indonésie courant de l’été 2015, et on s’est vite rapprochés. Je savais rien d’elle, j’avais pas idée du milieu d’où elle venait,  de l’importance de sa famille tout ça… A la fin du séjour, elle a juste disparu, sans me donner de nouvelle, sans me laisser de moyen de la recontacter. Et on s’est retrouvés complètement par hasard pendant le SC. C’est comme ça que j’ai su qu’elle était étudiante à Harvard. » Et autant dire que depuis ces retrouvailles, elle n’était jamais sortie de mon esprit.

J'expliquais rapidement ce qu'il s'était passé entre Zakhar et moi parce que la plupart pense que ce fut le grand coup de foudre et qu'on savait directement qu'on était fait pour être ensemble. Après tout, y a pas d'autres explications possibles aux yeux de tous car il est Eliot et je suis Mather. Mais non, c'est différent. On s'est d'abord détestés et puis, c'est devenu complexe, une sorte de jeu dans lequel on a fini par se perdre et pour terminé, je suis tombée amoureuse de cette personne si différente de moi, de ce caractère de merde, de ce sourire si néfaste. Je suis sérieuse ! Les coups de foudre, ça n'existe pas ! Je ne crois pas aux contes de fées, juste aux happy end. Il me demande pourquoi et aussi comment ça a changé. Je souris légèrement en me rappelant tout ce qu'on avait vécu avec Zakhar. Le fait qu'il soit Eliot et que je sois Mather, je crois que ça suffisait pour qu'on se déteste. Sans compter nos caractères de merde. Au début, c'était plus un jeu et puis, on avait chacun quelqu'un pour ainsi dire mais avec le temps, j'ai compris que je n'arriverai pas à vivre sans lui. Je sais pas comment expliquer ça. Tout ce que j'avais pu détester chez lui, tous ses défauts sont devenus des qualités à mes yeux. Je me sentais bien avec lui et tellement vide et insignifiante quand il était loin de moi. Je supportais pas qu'il se rapproche d'autres filles alors que ce n'est pas mon genre et quand il est parti, j'ai commencé à faire n'importe quoi, comme si ma vie n'avait aucun sens lorsqu'il n'était pas près de moi. Je suis tombée amoureuse. Ca m'est tombé dessus comme ça, au moment où je m'y attendais le moins. Il doit me prendre pour une folle. Moi, c'est ce que je ferais en tout cas. Si je pensais dire tout cela d'une personne quelques années auparavant ! Je lui expliquais ensuite que je n'aimais pas les Eliots pour autant et il défendit tout de suite... Gabrielle. Je ne la connais pas ! Elle a pas l'air si accessible que ça. Je grimace légèrement avant de l'écouter me raconter comment ils se sont rencontrés. Un amour de vacances qui t'a abandonné et qui refait surface et toi, tu penses que c'est la bonne ? T'es vraiment sûr de ça ? Pourquoi tu lui dis pas les choses clairement ?! Oh et puis merde, j'avais envie de m'amuser un peu. t'as qu'à lui dire que tu veux sortir avec pour son fric et l'importance de sa famille ! Les Eliots aiment bien qu'on flatte leur ego.

 Je découvris la vraie facette de leur idylle et c’était intéressant. Je me rendis au passage compte du côté terre à terre d’Alexys, qui était presque moins fleur bleue que moi. Sa réplique me fit sourire et j’objectai avec ironie, taquin : « Mais si les coups de foudre existent. C’est ça qui a fait cramé les confréries pendant la tempête. » Moi aussi je pouvais jouer les terres à terres. Je questionnai mon interlocutrice, cherchant à savoir le pourquoi du comment, de quelle manière ils étaient passé du –on se déteste- au –oui je le veux-. Au début, c’était l’animosité entre les deux confréries qui avaient entraîné leur mésentente. Je buvais les paroles de la brune, en en oubliant presque mon verre, la scrutant alors qu’elle parlait, comme si le secret, la solution miracle pour que je fasse enfin tomber les réserves de ma Gabrielle allaient s’échapper de ses lèvres à tout moment. Mais y’avait pas de secret, elle s’était juste éprise, lentement mais surement. Et non, je ne la prenais pas pour une dingue, j’avais juste un petit sourire attendri sur le visage. « C’est le genre de truc qu’on ne choisit pas. Ca nous tombe dessus sans prévenir… » Les sentiments. Et c’était un peu la même chose pour moi. Alex avait beau ne pas aimer les bleus, je lui parlais quand même, les yeux pétillants, de ma Eliot à moi, Gabrielle. La demoiselle parut septique, avant de me demander pourquoi je ne lui parlais pas clairement de ce que je ressentais. Je baissais les yeux, un peu honteux d’avouer : « Bah en fait… Je l’ai déjà fait. Quand on s’est retrouvés, je lui ai dit que je l’aimais… Mais sa réaction n’a pas été celle que j’escomptais. » Matant le bout de mes chaussures, la mine songeuse en repensant à cet instant, parce que même avec les 4 grammes dans chaque bras que j’avais ce soir, ça me faisait encore de la peine d’y repenser. Mais Alex n’allait pas se moquer, alors autant ne rien lui cacher : « Quand je lui ai dit que j’étais amoureux d’elle, elle m’a ri au nez. » avouai-je en relevant finalement la tête. L’ex présidente mather suggéra alors un plan que je n’avais jamais envisagé : « Tu penses que ça peut marcher ? » m’enthousiasmai-je en retrouvant le sourire à l’idée d’avoir enfin un nouveau plan d’action. « Ce qu’il y a, ce que je t’ai pas dit, c’est qu’elle est déjà fiancée à un type, un mec de la Eliot… »

Je grimaçais légèrement lorsqu'il m'avouait que les coups de foudre existent et que se sont les confréries qui ont tout gâché. Si tu penses ça, qu'est-ce que tu fous dans la confrérie opposée à celle de la meuf que tu aimes ? Bah quoi ? C'est intéressant comme question. Moi-même j'ai longtemps hésité à rester à la Mather House pour la simple et bonne raison que j'étais désormais mariée à un Eliot autrement dit, une personne que je devrais détester et que j'aime plus que tout au monde. Je lui racontais assez rapidement comment s'était déroulée mon histoire avec Zakhar, à quel point je l'avait détesté avant de l'aimer. Zakhar, c'était le genre de type qui ne montrait rien, qui essayait de me descendre mais qui a côté, se montrait on ne peut plus romantique sur certains points. Aujourd'hui encore il gardait son petit caractère, son côté macho mais, c'est comme ça que je l'aime, je ne veux pas le changer. C'est exactement ça ! Moi qui ai toujours dit que jamais je ne me marierai ! Je me mis à rire avant de lui conseiller de tout lui avouer parce que c'est la meilleure chose qu'il y avait à faire. Quelle connasse ! Bah quoi ? C'est pas marrant de faire une déclaration d'amour, c'est touchant en particulier quand c'est le mec qui avoue la chose le premier. Je lui donnais alors un conseil à la con parce que je ne voulais pas que ça marche entre eux. Elle a l'air un peu conne cette Gabrielle. Et en plus, elle est fiancée ! J'écarquille les yeux avant de demander : Pardon ? Elle est fiancée ? Elle est fiancée et elle l'aime ? Mais pourquoi tu choisis pas une meuf plus simple bordel !

  Je rigolai quand elle me prit au mot : « Je parlais des coups de foudres au sens littéral… Tu sais l’orage, l’incendie, les confréries qui crament… » Mais pour répondre à sa question, je repris quand même : « Je n’ai pas choisi ma confrérie en fonction de mes sentiments pour Gabrielle. Je crois que même si tu me filais un million de dollars et que j’avais le portefeuille adéquat pour y postuler, je serais jamais à ma place à la Eliot House… » Je ne savais pas attaché un nœud de cravate, je ne savais jamais quelle fourchette utiliser dans les grands restaus et je buvais du vin comme du petit lait. Mais j’avais pas trop envie de réfléchir à ça, au fait que dans leur monde, je serais surement perdu, parce que j’avais quand même envie d’y croire, envie de croire que malgré ce gouffre, Gab et moi ça pouvait marcher. La preuve, Alex s’était mariée, tout était possible donc. Leur histoire n’avait pas été un long fleuve tranquille et l’entendre me la raconter, ça me redonnait confiance.  Sauf que quand ce fut mon tour de résumer un peu mon idylle, le verdict de la brune était moins optimiste. Surtout lorsque j’évoquai finalement ses fiançailles. « Elle est fiancée, c’est vrai. Mais je suis pas sûr qu’elle soit amoureuse de ce gars. » objectai-je. « Tu sais comment ça marche là bas, c’est un peu moyenâgeux. Ils se fiancent pour faire plaisir à papa-maman, pour des histoires de gros chèques et compagnie… » La magouille, partout, tout le temps. Et l’info de la convenance de ce futur mariage, je l’avais appris par Cece. Et ça ravivait donc mon espoir que Gabrielle n’épouse finalement pas ce mec. Je rigolai quand même à la conclusion franche et direct de mon interlocutrice : « Tu sais bien comme moi qu’on ne choisit pas. » Sinon elle non plus, elle ne serait pas entichée d’un eliot, sinon elle ne l’aurait pas épousé. Et au final, tout ça, ça valait le coup non ? « T’es heureuse avec lui ? » lui demandai-je ensuite, après une nouvelle gorgée de mon verre.

Oh ! Ok, je vois ! Je secouais légèrement la tête en rigolant. Fallait vraiment que je dorme moi, au lieu de traîner à droite et à gauche. J'étais complètement crevée à force de penser à un tas de trucs au lieu de fermer l'oeil comme toute personne normale. Je souris en entendant Denys dire qu'il ne changerait pas de confrérie même s'il gagnait un paquet de fric. J'étais vraiment heureuse de l'entendre dire un truc pareil parce que je me souviendrais toujours que Zakhar me disait que j'avais tout d'une Eliot si on ne tenait pas compte du compte en banque au début de notre relation. Je lui ai toujours dit la même chose parce qu'à mes yeux, la Mather House, c'est une grande famille alors qu'à la Eliot, y a que le fric qui compte, y a rien qui les lie vraiment entre eux. Bref, j'ai beau avoir de l'argent, je veux pas changer de confrérie. Je reste chez les Mathers jusqu'au bout. Je suis ravie de l'entendre ! Je reste l'ancienne présidente des verts et il est difficile pour moi de ne pas tester les petits Mathers. Il me parle ensuite de Gabrielle qui est fiancée ! J'en reste bouche bée. Comment on peut aimer une meuf comme ça ?! Finalement il m'existe et je soupire parce qu'une fois de plus, je me reconnais dans cette situation. Je pensais que la mère de Zakhar m'acceptait telle que j'étais ! Genre présidente Mather, pas trop impliquée dans ses études mais qui veut réussir quand même, avec un caractère de merde ! Et puis, j'ai appris que Zakh lui a dit que j'étais Student. Je crois que le jour où elle apprend la vérité sur moi, je peux dire au revoir à ma vie. T'as qu'à mentir et te faire passer pour un riche ! Ouais, j'ai pas meilleur conseil. Moi qui dis toujours que la vérité prime sur le reste. Faut croire que ce soir, je lui raconte n'importe quoi au pauvre Denys. Prouve lui que tu l'aimes et ne la laisse pas partir si tu penses que c'est la femme de ta vie ! Voilà, ça c'est du conseil. C'est lui qui me pousse à dire des choses aussi mignonnes en dévoilant ses sentiments. Je souris quand il me demande si je suis heureuse avec lui. Je suis la femme la plus heureuse du monde ! Il est souvent absent et il me manque horriblement mais... il fait de moi quelqu'un de meilleur et je ne me vois pas finir ma vie aux côtés d'un autre homme. Il s'imagine même pas à quel point Zakhar m'a fait changer. Je dis toujours le contraire, que je suis restée la même mais, c'est pas vrai. Grace à lui, j'ai réussi à reprendre ma vie en mains et j'arrive à me concentrer sur l'avenir plutôt que de penser au passé.