You gave me all your love, and all I gave you was goodbye (ROYLIE)

J'avais eu beau noyer tout ça sous un tas d'information, ça ne lui avait pas échappé pour autant, puisque dès qu'il reprit la parole, il me demanda plus de détail. J’eus un petit moment de panique, moi qui était habitué à le cacher, sa question directe me prit un peu de court. Ne voulant premièrement pas le lui annoncer ça comme ça, je restais silencieuse, hésitant un peu. Puis me rendant compte que je n'avais pas trop le choix et que, de toute façon, je n'avais pas de raison pour le lui cacher, surtout maintenant que l'on c'était réconcilié, je me lançais : « J'ai une tumeur au cerveau. » Au moins c'était  dit. Il reprit la parole, content que j'ai enfin réussi à arranger les choses avec mon père. C'est sûr qu'à l'époque où je sortais avec Royce il n'avait pas eu l'occasion de le rencontrer, et le peu de fois où le sujet de mon paternel avait été abordé je m'étais un peu énervée. Donc il avait rapidement compris que c'était un sujet sensible. Mais aujourd'hui ce conflit ridicule était terminé et ça faisait du bien de savoir que j'avais de nouveau une famille sur qui compter. Puis lorsque je précisai qu'en amour j’enchaînais les déceptions, Royce ne manqua pas d'humour, me taquinant un peu. J'osais espérer, toute fois, que je trouverais mieux que lui un jour, histoire de ne pas finir seule. Et vu comme c'était partie, il allait falloir que je trouve mon prince charmant assez rapidement.  « C'est sur que t'as mis la barre très haute. »  répondis-je sur le ton de la plaisanterie. « Mais je finirais par trouver, je ne perd pas espoir. Je suis sûr qu'il reste des gars dans ton genre qui sont  encore célibataires et qui n'attendent que moi. » ajoutai-je en pouffant de rire.

J'ai peut-être mal compris. Mon esprit me joue des tours surement. Attendez, une tumeur au cerveau? Cela veut dire que... Oh non c'est pas possible pas elle. Pas Charlie, ma Charlie. J'ai l'impression que mon coeur se brise une nouvelle fois et je sens chaque morceau se détacher. J'ouvris la bouche pour y sortir un son mais rien ne venait. Je clignais plusieurs fois des yeux. Je me demandais si je rêvais ou pas. « Mais... c'est impossible, pas toi. » pourtant si, ça l'était. Je ne sais pas si cela voulait dire qu'elle allait mourir sous peu ou si elle pouvait vivre avec ce truc au cerveau mais souvent quand une tumeur se coince là-bas, ce n'est pas bon signe. « Tu vas t'en sortir hein? » j'ai besoin qu'elle me le dise car ce n'est pas convainquant quand ça sort de ma bouche. Puré, comme la vie peut frapper à tout moment. Je me rends compte que la vie est précieuse et tout peut arriver si vite. Je pourrais pas m'en remettre si elle vient à décéder. Elle a fait partie de ma vie et elle restera toujours quelque part dans mon coeur, comme mon premier amour et comme mon dernier. J'avais fait une petite blague en essayant de détendre l'atmosphère. « Tu cois qu'on était fait pour être ensemble? Je veux dire, destiné à vivre tous les deux jusqu'à la fin de notre vie? » je ne sais pas pourquoi je pose cette question, c'est juste que là j'apprends qu'elle est entre la vie et la mort alors que peut-être, c'était la femme de ma vie, mon âme-soeur et j'ai rien fait pour ne pas négliger nos rapports après notre rupture.

Je grimaçais un peu lorsque Royce me demandait si j'allais m'en sortir. « C'est difficile à dire. Disons qu'il y a peut-être 20% de chance que je m'en sorte. » vingt pour cent c'était toujours ça. J'avais déjà vu pire, alors j’essayais de relativiser et de me dire que je n'étais pas si mal logée que ça. Puis j'avais de très bon chirurgien et oncologue sur le coup, donc bon, c'était rassurant, même si ça n'empêchait rien au fait que tout pouvait empirer du jour au lendemain. « C'est un peu pour ça que je voulais absolument me réconcilier avec toi. Histoire de pas avoir de regret... on sait jamais. » ajoutai-je en esquissant un petit sourire limite gênée. C'est sur que sur le coup ça pouvait paraître bizarre, après tout je l'avais presque forcé à me parler en m'invitant à sa table, mais maintenant qu'il savait ça, peut-être qu'il verrait cette insistance d'un autre angle. Je pouffais de rire en l'entendant me demander si l'on était fait pour être ensemble : « Aucune idée... peut-être qui sait ! » lâchais-je en riant. « Mais si on avait vraiment été fait l'un pour l'autre on se serait peut-être pas séparé. » ajoutai-je plus sérieusement. « Ou alors on se serait déjà remis ensemble. » précisais-je, venant prendre une nouvelle gorgée de mon café. Puis je reposais ma tasse avant de reprendre la parole, un sourire amusé collé aux lèvres. « Imagine, si ça se trouve on se serait marié, on aurait un enfant, deux chats, un appartement pas loin du campus. Et t'aurais pris du poids parce que je passerais mon temps à te faire des gâteaux ! »

Je suis choqué, genre vraiment. Charlie quoi. Elle peut pas être malade, elle a encore tellement de choses à vivre. Savoir qu'elle peut mourir à tout moment me brisait le coeur. Je peux pas laisser passer une partie de mon passé comme ça, sans qu'on puisse le décider. C'est... horrible, injuste. J'ai envie de taper du point sur la table. 20 % de chances. Faut se dire qu'il y a pire, c'est pas comme si elle avait zéro chances de s'en sortir. Mais ce n'est pas des masses non plus. J'ai une petite mine triste tout ça coup et j'ai du mal à la cacher. « C'est horrible. » de se dire qu'on a tout fait mais que la maladie est bien trop forte. Que les progrès médicaux qu'on avait pour l'instant ne suffisaient pas. « Je comprends mieux pourquoi tu voulais qu'on se réconcilie. Et j'ai l'honneur de t'annoncer que je ne suis plus fâché contre toi. » je m'en veux même d'avoir gaspillé mon temps à lui faire la gueule alors qu'on aurait dû s'amuser, profiter ensemble et qui sait, peut-être qu'on ne s'était jamais séparé. Charlie blagua sur l'avenir qu'on aurait pu avoir ensemble et c'est vrai qu'elle était du genre à bien cuisiner des pâtisseries. Peut-être que j'aurais eu des enfants avec elle plutôt qu'avec Leevy. Mais si on continue comme ça on y est encore jusque demain. « Je t'ai aimé tu sais, vraiment. » dis-je avec une voix douce. Le répéter encore aujourd'hui pourrait peut-être l'apaiser. Je ne veux pas qu'elle quitte notre monde avec des questions plein la tête me concernant. « C'est pour ça que je serai là pour toi, pour que tu continues à te battre, je veux aider. » je veux être présent de nouveau dans sa vie, servir à quelque chose, lui faire oublier sa santé, profiter du bon temps comme on le faisait avant. Je veux lui rendre la vie plus belle et agréable à vivre.

Je ne l'avais pas annoncé à grand monde pour le moment, en faite,  Royce était la quatrième personne au courant, après mon père, Adam et Feryel. Je ne comptais pas le dire à tout le monde, disons, simplement aux personnes qui me tenaient à cœur. Jusqu'à présent j'avais eu les larmes de Feryel, l'incompréhension d'Adam et mon père qui était resté le plus impassible possible, prenant ça tel le professionnel qu'il était. Royce semblait plutôt bien encaisser la nouvelle, bien qu'il paraisse un peu triste. Quelque part ça faisait du bien à mon petit ego de me dire que l'idée de ma mort attriste, ne serait-ce qu'un peu, quelqu'un. Avant ça je n'aurais jamais penser que Royce soit touché à ce point. Pire j'aurais même parié que, m'ayant oublier, cette annonce ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Je buvais silencieusement mon café alors qu'il m'annonçait ne plus être fâché. J'esquissais un petit sourire amusé, plutôt contente de l'entendre me dire ça, même si quelque part c'était un peu triste de devoir lui annonce ma possible mort pour qu'il daigne me pardonner. Puis je me lançais dans la description de notre hypothétique relation, notre futur s'il l'on était resté ensemble. Il fallait bien avouer que le tableau que je dressais était plutôt agréable. Limite ça me faisait envie. Bon peut-être pas avec Royce puis qu’à tout les coup il était prit. (en même temps quand on est canon comme ça on doit pas rester longtemps célibataire). Mais pourquoi pas un futur semblable avec Adam, qui sait. Puis je manquais de m'étouffer avec mon café alors qu'il me disait qu'il m'avait aimé. J'avais pas vraiment l'habitude qu'on me dise ce genre de chose, que ce soi conjugué au passé ou au présent. Et encore moins qu'on soit aussi honnête avec moi. Je toussotais un peu, reposant mon gobelet sur la table, essayent de ne pas rougir, que ce soit de honte parce que j'avais manqué de m'étouffer avec un latte, ou que ce soit à cause de ses paroles. Moi qui était du genre fleur bleu, c'était limite si c'est simple mot ne me faisait pas retomber un peu amoureuse de lui. « Je t'ai aimé aussi. Vraiment. » dis-je simplement, sans trop savoir où j'étais aller puiser ce calme et cette sincérité. « Et si tu continues d'être aussi adorable je vais t'aimer encore ! » lâchais-je sur le ton de la plaisanterie, riant un peu. J'avais envie de me cacher derrière mon café, mais à la place je jouais nerveusement avec mon gobelet, ce qui n'aidait pas vraiment mon cas. « C'est gentil en tout cas. Vraiment gentil. Je pensais pas que cette conversation prendrait cette tournure.» avouais-je avant d'ajouter : « En faite, je pensais pas avoir à te le dire. Je pensais que j'allais simplement essayer de te forcer à être mon ami et que ensuite j'allais repartir avec mon latte sous la pluie. » j'esquissais un petit sourire amuser. En faite à la base j'étais juste venue prendre un café, je n'avais même pas prévu d'avoir cette conversation avec lui aujourd'hui. La pluie et sa présence ici, m'avait poussé à m'inviter à sa table et tenter ma chance. Moi qui m'attendait à me prendre un gros vent et à repartir déçu, voilà que je m'étais confier à lui et qu'on avait presque une sorte de happy ending. Comme quoi, quelque part ce cancer avait quelque chose de bon.

C'est vrai, je l'avais aimée comme un fou. C'est triste à dire mais au moins je sais qu'elle partira avec cette révélation qui pourra apaiser son coeur. On dit souvent que quand c'est la fin, on voit toute notre vie défiler devant nos yeux et je veux qu'elle se remémore nos moments heureux, pas nos déchirures et nos souffrances. Je suis un peu amusé de la voir maladroite lorsque je lui avouais cela. Elle manqua presque de me cracher dessus. « La pilule est difficile à avaler. » constatai-je en riant presque mais je ne veux pas la mettre mal à l'aise. Loin de là. Elle est juste mimi quand elle rougit. Charlie se montra sincère à son tour et je mentirais si je disais que ça ne me faisait rien de l'entendre dire. Je suis tellement triste de revoir toute cette nostalgie. Dire que, elle a déjà quitté ma vie une fois, et qu'elle allait quitter entièrement la vie pour la dernière fois. Je peux pas l'accepter. Si je l'avais su plus tôt, peut-être que j'aurais pu l'aider ou, je sais pas faire quelque chose quoi. « Je suis pas un monstre. Je souhaiterais jamais la mort de quelqu'un, même de mon pire ennemi. La maladie c'est... quelque chose qu'on peut pas toujours contrôler. » et je suis quand même un peu placé pour le dire car je suis pas tout net dans ma tête avec ma maladie mentale. « J'espère que tout ce cauchemar s'arrêtera. En tout cas, je penserais à toi, sache-le et n'hésite pas à m'appeler en cas de besoin. » je suis encore sous le choc, je vais pas me mettre à pleurer mais ça me fait quelque chose, quand je parle, quand je tiens ses mains alors que les miennes tremblent. J'ai l'impression que si je quitte cette table, je ne la reverrais jamais.

C'était un peu frustrant de l'admettre, surtout en tant que chirurgienne, mais il avait raison : la maladie était quelque chose que l'on ne pouvait pas toujours contrôler. Je prenais une dernière gorgée de mon café, alors qu'il ajoutait qu'il penserait à moi. J'esquissais un petit sourire, touchée qu'il veuille être là pour moi en cas de besoin. « Merci. » dis-je simplement, mais sincèrement. « Bon je vais te laisser. La pluie ne semble pas s'arrêter... et Feryel doit m'attendre. » C'est qu'à la base je passais simplement pour me prendre un café avant de rentrer à l'appartement. Feryel devait certainement être en panique, n'ayant pas de mes nouvelles. Depuis que je lui avais annoncé pour ma tumeur elle était devenue un peu plus protectrice qu'avant. À croire qu'elle avait peur que je ne meurs d'un coup au coin de la rue. Je sortais mon portable envoyant un rapide texto à la jeune femme, avant de le glisser dans mon sac et de me lever. « J'étais vraiment contente de pouvoir te parler. » concluais-je attrapant mon latte vide, remettant mon sac sur mon épaule, hésitant quelques secondes, debout à côté de la table avant de me rapprocher de lui pour le prendre brièvement dans mes bras. « Prends soin de toi. » Lui chuchotai-je avant de me détacher de lui, de lui sourire et de tourner les talons. Quelques part j'espérais que ce ne soit pas notre dernière rencontre, que j'allais le revoir bientôt et pourquoi pas plus régulièrement. Mais d'autre part, rien n'était sur : premièrement parce que, comme il l'avait dit : certaine maladie ne se contrôlait pas. Et ensuite, et surtout, parce que j'étais capable de saboter, presque involontairement, cette amitié naissance. Je me connaissais trop bien, je tombais trop facilement amoureuse, et les beaux yeux bleus de Royce étaient une de mes faiblesses. S'ajoutant à ça tout ces bons moments que l'on avait passé ensemble, j'étais certainement que j'allais finir par retomber amoureuse de lui en un rien de temps, ce qui allait rendre une potentielle amitié bien difficile.

HJ: bon je pense que ça clôture le rp si tu veux y répondre une dernière fois, fait toi plaisir, sinon faudra l'archiver