CAÏN&SOANE | everything is fine

Il est tard, ou tôt, selon le point de vue qu’on adopte, et je me sens mal. J’ai trop bu ce soir. D’habitude, je tiens plutôt bien l’alcool, mais c’est différent cette fois sans que je sache trop pourquoi. Je déambule dans les rues à la recherche d’un moyen de rentrer. J’ai aucune idée de comment je suis arrivée là. Il fait sombre, et je suis pieds nus. Mes talons m’ont ouvert les chevilles au point où il m’est limite impossible de marcher encore avec. Je prie le ciel de retrouver mon chemin ou de pas tomber sur des abrutis finis parce que je suis parfaitement consciente que je risque de pas réussir à me défendre. Pour ça, oui, je suis consciente. J’ai même pas envie d’imaginer ce qui pourrait m’arriver, je me répète que « Tout va bien. » Je répète cette même phrase cinq ou six fois en l’espace de deux minutes, à la recherche d’une âme charitable capable de me venir en aide. Mes yeux divaguent, j’arrive à peine à fixer un truc pendant 30 secondes. Je me sens tellement mal, j’ai l’estomac retourné, je sais vraiment pas ce qui m’arrive. En tout cas, je sens qu’un truc a envie de remonter, alors je me débrouille comme je peux pour m’approcher de la poubelle et y vider mon estomac. Mais avec mes cheveux longs, j’arrive pas à déterminer si je m’en mets partout ou non. Je dois sûrement sentir la picole à trois kilomètres à la ronde.

• Alcool, drogue, produit... Une routine à laquelle je me suis habitué lorsque je sors. Et c'est quelque chose que je fais tous les soirs, il m'arrive même de sortir deux fois pendant la même soirée, vous imaginez un peu ce train de vie digne du plus grand clodo que la terre est connu ? Et bien moi, ça me convient, mourir sous une couverture de survis à l’hôpital, c'est pas si dégueulasse que ça comme mort, tant qu'avant, j'ai pu profiter de ma vie. Une soirée de plus qui s'achevait au petit matin, une envie de rentrer me coucher, une tête un peu plus lourde que la normal, mais avec le temps, j'avais pris l'habitude de boire mais aussi de fumer, j'avais pris l'habitude d'être dans un état second, et désormais, c'était presque normal pour moi. J'avais beau avoir bu comme pas possible, j'étais encore conscient de mes actes. Putain, elle est loin l'époque où je me vomissais dessus... En parlant de vomis d'ailleurs... Marchant tranquillement, une clope entre les lèvres, j'entendis justement ce bruit bien dégueulasse de quelqu'un qui vomis, alors, je m'approche de ce bruit, tombant sur une jeune femme assez... Mal en point. "Met toi les doigts dans la bouche si tu veux tout faire sortir ! T'iras mieux plus rapidement..."  Et ça, c'est des paroles d'expert, je vous l'assure. •

Je relevais la tête, toute affolée par la voix que je venais d’entendre, certaine que c’était que dans ma tête. Je cherchais bêtement devant mon nez pour voir si quelqu’un allait subitement apparaître. « Y a quelqu’un ? » questionnai-je en tirant la tronche jusqu’à parterre. « Merde, j’ai vraiment abusé. » Cette soirée était du pur abus. J’avais l’habitude de plutôt bien tenir l’alcool, au point même où je m’amusais à divers jeux d’alcool. Mais là, c’était différent. A croire que je m’étais faite piquer par une mauvaise bestiole. J’avais fini par mieux me dresser et par tourner lentement sur moi-même jusqu’à ce que je finisse par croiser son regard. Ce type. Il était canon quand même. « Tu veux pas le faire pour moi ? Genre, mettre tes doigts dans ma… » Pas le temps de finir ma phrase que tout remontait. Le Seigneur m’avait punie avant même que je ne puisse parler. C’était bien con pour ma poire, cette histoire. Je me retrouvais une fois encore la tête dans la poubelle. Et fallait dire que l’odeur qu’elle dégageait ne m’aidait pas à aller mieux, clairement. C’était terrible. Et dès que j’eus un instant de répit, j’attrapais mes cheveux et les tirais en l’air : « S’te plaît ! » Bah, quoi ? Si déjà il était là, il pouvait au moins servir à me tenir les cheveux s’il m’aidait pas à me vider davantage.

• Les soirées c'est en quelque sorte l'endroit ou je m'en sens vraiment vivant. L'endroit où je peux me lâcher, ou je peux boire autant que je veux tout en me fondant dans la masse. Pas de regard, pas de jugement sur mon addiction, rien de tout ça, tu bois, t'es en soirée, rien de plus normal. C'est les seuls moment ou je me sens vraiment en vie, alors je fais en sorte d'y aller le plus possible, d'être présent à toutes les soirées que je peux, juste pour m'amuser, pour vivre. C'est pas souvent que sur le chemin du retour je me retrouve face à ce genre de scène. Il est tôt, la plupart des gens que je croise c'est plutôt des mecs en costar qui vont au travail, pas des jeunes femmes, le cul penché avec la tête dans une poubelle à vomir. Et encore moins des personnes qui me font le genre de proposition qu'elle vient de me faire. J'éclate de rire pour le coup. "Mettre mes doigts où ?" Avais-je répondu, surement l'effet de l'alcool qui me font ces effets là. Je la regarde vomir, une fois de plus, j'crois que c'est la fille la plus sexy que j'ai vu de ma vie là, la fille elle vomis sans aucune pression dans une poubelle, en plein centre ville. Je la regarde faire, comme si c'était un spectacle, jusqu'au moment où elle tend ces cheveux en l'air, me demandant de lui tenir. "T'es la fille la plus glamour que j'ai eu la chance de rencontrer !" Attrapant ces cheveux pour les maintenir et éviter qu'ils entrent en contact avec son vomis. Je posa une main sur son dos histoire de prendre appuie et de me mettre à l'aise, vaux mieux vu la situation... •

La situation était cocasse, c’était sûr. L’alcool n’aidait pas ma lucidité, et ça se sentait au vu de ce que je pouvais répondre à ma pauvre victime. Enfin, après tout, c’est lui qui s’est pointé et pas moi qui ai beuglé après lui, bien que j’en aurais été capable. J’étais dans mon monde et je faisais franchement attention à rien, à part à ce type. Il m’intriguait. Je me demandais ce qu’il me voulait mais je devais avouer qu’avec mes réponses, s’il avait de mauvaises idées en tête, je faisais que les entretenir. J’avais pas pris le temps de lui dire où mettre ses doigts, puisque mon estomac en avait décidé autrement. J’avais plus trop de contrôle sur mon propre corps au moment présent. J’avais quand même eu le culot de lui demander de me tenir les cheveux entre deux séances de vomi. C’était beau. Ca me faisait rêver, c’était l’homme parfait. Il était venu. Je l’aimais. Une fois que j’avais fini de lâcher mes tripes, dans un élan bien dégueulasse, j’avais embrassé sa joue. « Merci. T’es top. Je t’aime. » Bah quoi ? C’est pas l’homme que toutes les nanas rêvent d’avoir ? Celui qui tient les cheveux de sa bien-aimée complètement torchée qui renvoie tous ses boyaux dans une poubelle du centre-ville de Boston ? « T’es l’homme parfait, tu sais ? Je t’aurais bien embrassé mais je pue de la gueule, c’est pas cool. » Et même bourrée, ça me faisait rire. Je riais tellement bruyamment que des regards se tournaient sur moi. Enfin, plus de regards qu’avant. J’avais pas été sacrément discrète jusqu’à présent. « Elle est canon ta barbe, tu crois que je pourrais avoir la même ? J’en rêve. J’avais promis à mes neveux de faire le Père-Noël cette année mais je crois que c’est mort… » Sans gêne, je m’étais empressée de passer ma main – à demi pleine de vomi – sur sa barbe, la caressant comme si c’était la plus belle chose que j’avais vu de ma vie. « J’aime. J’adore. J’A-CHETE ! » braillai-je bêtement, prise par la folie de l’alcool. Ca agissait bien, cette merde, quand même.

• Je dois avoir trop de bonté en moi, pourtant, j'ai jamais aimé aider les gens. Sauf que lorsqu'une compagne de boisson se retrouve dans la merde, je me dois de l'aider, même si je la connais pas, je me dis que j'aurais bien aimé qu'on m'aide, si un jour je me serais retrouvé dans cette situation. Surtout que moi, j'suis pas le mec super classe qui va prendre le temps d'aller jusqu'à une poubelle pour vomir, non, je vomis ou je me trouve, peu importe l'endroit, peu importe la position. Je m'étais donc retrouvé à tenir ces cheveux, et lorsqu'elle eu terminée, elle déposa un baisé sur ma joue, me lançant un "je t'aime", ajoutant qu'elle m'aurait bien embrassé mais qu'elle puait de la gueule. "Ouais ouais moi aussi je t'aime..." J'avais pas besoin d'ajouter que ouais, elle puait de la gueule, elle le savait. Elle rigolait un peu trop fort d'ailleurs, j'étais pas gêné, parceque je devais être aussi bourré qu'elle, donc je n'y prêtais pas vraiment attention. Jusqu'au moment où elle commença à caresser ma barbe. Sérieux ? "AAAAAAHHH Arrête ça ou c'est moi qui va vomir là, tu me fous du vomis partout !" Mimant des bruits de vomis, j'ai failli attraper ces cheveux pour me ressuyer le visage. Je chercha un peu partout, avant de retirer ma veste et de m'essuyer le visage avec, je n'avais que ça sous la main, et j'avais pas envie de me foutre à poil. Du coup, je me retrouvais en t-shirt, putain quelle merde... •

J’étais qu’à demi consciente, parce que j’aurais jamais fait tout ça en me rendant véritablement compte de la chose. Jamais je lui aurais dit que je l’aime. Surtout pas à un inconnu, c’était con de ma part, totalement fou. « T’es l’homme de ma vie. » que je lui  avais sorti alors qu’il m’avait bêtement répondu que lui aussi m’aimait. J’avais dégagé ma main dix ans après qu’il s’était mis à beugler que je lui foutais du vomi partout. « Arrête, tu dis n’importe quoi. Elle est propre, ma main. Je l’ai lavée hier. » Hier. Au cours de la soirée. Mais entre-temps, qu’est-ce qu’elle en a touché des conneries. Heureusement d’ailleurs que je m’étais pas foutue des doigts dans la gorge, j’en serais peut-être morte sur le coup. Empoisonnée. La vie est cruelle. J’avais quand même pris la peine de ramasser mes talons alors qu’il se désapait, me baissant dos à lui, basculant en avant et me ramasser joliment. Si toute cette histoire avait été filmée – et peut-être l’était-elle – et que je finissais par la voir un jour où je me sentirais mieux, je me tordrais de rire sur mon canapé. Pas de honte, non. J’assume ce que je fais. Une vraie King-Moore. Tombée sur le ventre, je m’étais roulée sur le côté pour me mettre sur le dos, et je le fixais. Des étoiles plein les yeux, mon regard parcourait ses bras. J’étais vraiment bourrée. « T’es canon. Moi aussi j’ai des tatouages. J’en ai un sur le cul, tu veux le voir ? » Ni une, ni deux, je m’étais encore roulée sur le côté pour me mettre sur le ventre et je relevais ma jupe pour révéler l’œuvre d’art marquant mon arrière-train. Un parmi tant d’autres. Et pourtant, c’est lui que j’avais tenu à lui montrer en premier. « Il est pas mal, hein ? Je suis sûre que tu kiffes. » Je souriais bêtement, un regard légèrement coquin sans trop le vouloir.

• J'me retrouve avec du vomis sur la barbe, du vomis qui est même pas le mien, sur ma si belle barbe que j'entretiens, lave et brosse tous les jours. Et elle, en une fraction de seconde, elle a tout niqué, elle a passé sa main dessus, sa main dégueulasse, et elle trouve le moyen de me dire qu'elle l'a lavé hier. "Hier c'était hier, ouais... Là tu viens de vomir un peu quand même hein !" Et un peu, c'est un petit mot... Petit, pas comme ce qu'elle est en train de me montrer. J'vous jure, je sais pas si c'est l'alcool, mais elle doit pas se rendre compte de ce qu'elle est en train de faire. Elle se penche, dos à moi, penchant bien son cul vers moi, limite c'est un film de cul la scène là. Je regarde, je peux pas m'empêcher de regarder, j'suis un mec après tout, non ? Et là... Elle tombe. Putain, moi qui pensait être aussi alcoolisé qu'elle, je me pose des questions là. Elle tombe, elle me regarde, elle me parle d'un tatouage sur ces fesses, et j'ai à peine le temps de réagir qu'elle se retourne et soulève sa jupe pour me le montrer, me dévoilant par la même occasion ces fesses. Là aussi, je dois l'avouer, j'ai regardé, et je ne me suis pas fait prier. "Je dois avouer que t'es plutôt canon et... Ouais, je kiff !" Tendant ma main pour qu'elle l'attrape, je repris la parole. "Mais si tu veux me montrer tes autres tatouages, reste pas allongé par terre !" Elle m'a quand même montré son cul, putain, elle a pris quoi ce soir ? •

Clairement, je savais plus ce que je faisais. J’étais littéralement morte. Ce type pouvait me faire n’importe quoi que je réagirais à peine. J’en étais d’ailleurs arrivée à lui montrer mon cul en pleine rue, charmant non ? Digne d’une Soane bourrée. Et je renchérissais à lui demander s’il kiffait… mon cul ou mon tatouage, peu importe. Visiblement c’était le cas. J’avais fini par me relever en m’aidant de la main qu’il me tendait, bien que difficilement car ma tête pesait au moins six fois mon poids initial. L’alcool rendait lourd. J’avais l’impression d’être une Bratz, avec une tête pas du tout proportionnelle à mon corps. « Ouais j’vais te les montrer ! » m’excitai-je subitement, avant de passer mes mains – dont le vomi avait en partie été essuyé sur sa barbe, mais pas totalement – sous son t-shirt à la recherche d’or. « T’en as d’autres qui se cachent là-dessous ? Ou ailleurs peut-être ? » Je m’étais mise à pouffer de rire comme une gamine agaçante, sans trop savoir pourquoi. Je trouvais ça drôle. Les idées défilaient à une allure folle dans ma tête. Les mauvaises idées, surtout. « Je veux tous les voir. » Je veux. Pas je voudrais. Malpolie en plus ! Mais je m’en foutais. J’avais finalement relevé son t-shirt en plein milieu du centre-ville de Boston pour vérifier s’il en avait ou non ici aussi.

• Elle m'a sorti son cul... Sans aucune gêne, elle m'a montré son cul en pleine rue, ou plutôt le tatouage qu'il y avait dessus, même si vous vous en doutez, j'ai plus regarder ces fesses que le tatouage hein. En temps normal, je lui aurais dit de se calmer, qu'elle était surement trop bourré pour être consciente de ce qu'elle était en train de faire, mais pour le coup, non, je n'avais rien dit et j'étais rentré dans son jeu, surement l'alcool et les autres drogues qui coulaient dans mes veines. Elle accepta de me montrer ces autres tatouages, mais avant, elle voulait voir les miens, elle ne me laissa pas vraiment le temps de dire quoi que ça soit qu'elle passa ces mains sous mon t-shirt pour le retirer. "Who... Who tu fais quoi ?" Ouais, elle était limite en train de me mettre à nue, et en plus, elle avait toujours ces mains dégueulasses... "Tu vas tous les voir, y'a aucun problème, mais avant s'teuplait... Laisse moi remettre mon t-shirt, prendre une douche pour enlever tout ce vomis que tu viens de me mettre dessus, et... Tu vas faire de même avant de me montrer les tient !" J'étais peut-être bourré, mais j'étais quand même conscient qu'elle allait finir par me foutre à poil au milieu de cette rue en fait. "J'habite la porte derrière toi, vers le poteau au fond là" En gros, j'habitais à une vingtaine de mètres... •