Last goodbye w/ Elen

Juin 2011. La dernière année de lycée est souvent celle qui est la plus compliquée à vivre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'on se sépare tous pour prendre des chemins différents. Certains iront dans une université réputée, d'autres dans la faculté du coin, d'autres décident de travailler directement. Moi j'ai décidé de partir à l'armée au grand désespoir de ma mère qui ne voulait pas voir partir son unique fils se faire tuer sur les champs de bataille, surtout qu'on avait appris la maladie de mon père il y a peu de temps. Mais rester à Cleveland et voir Elen heureuse avec un autre que moi m'était insoutenable, j'ai eu beau tenir toute l'année, ma décision est prise et mûrement réfléchie. Encore me faut il réussir à le dire à El' sans trop lui faire de peine ? C'est donc à la fin de la journée et après les cours que je lui avais demandé de me rejoindre à l'entrée du lycée pour qu'on fasse un bout du trajet ensemble. En fait, j'avais prévu de l'emmener dans notre repère secret et en profiter pour lui en parler à ce moment là. Je me trouve donc à l'entrée, l'attendant impatiemment car El' est ma meilleure amie et même plus mais cela personne ne le sait, seul mon coeur le sait.

Juin 2011. Je rangeais rapidement mes affaires dans mon sac de cours avant de sortir de classe pour rejoindre le plus rapidement l'entrée. Je salue mes amis, envois un baiser à mon copain et court doucement vers l'entrée du lycée. Personne ne mérite que je crous pour lui, sauf Matthew évidemment. Mais lui, il est une exception. Je sors du bâtiment et le rejoins, lui collant un gros baiser bien sonore sur la joue en riant doucement. Je ne sais pas si je vais lui dire si je suis enceinte de lui ou non. Je ne sais même pas encore si je vais garder l'enfant. "On rentre ensemble ?" Je lui souris, chassant le foetus dans un coin de ma tête, je n'ai pas à y penser de suite.

Juin 2011. Quand j'ai annoncé mon choix pour aller à l'armée à ma mère, elle m'a collé une baffe car elle avait peur que je me fasse tuer. Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant donné que je suis son unique fils et qu'en prime elle a son mot à dire vu que je suis encore mineure. Je ne serais majeur qu'en fin d'année. Parfois je me demande ce qui m'a pris de vouloir arriver le jour de Noel tel un joli paquet qu'on offre à quelqu'un. Mais voilà pour le moment ce n'est plus à ma mère ou ma famille tout court que je dois l'annoncer mais à ma meilleure amie et j'ignore comment elle va réagir, enfin si j'ai ma petite idée. Peut être une gifle comme ma mère ? Non en fait je l'ignore. Je l'attendais donc devant le lycée quand je la vis arriver avec le sourire aux lèvres et elle vint me faire un énorme baiser sur la joue qui me fit sourire à mon tour avant de l'écouter me demander si on rentrait ensemble. "Evidemment qu'on rentre ensemble", vins je lui dire avec un grand sourire qui disparut vite car je me mis à songer à comment lui dire, un noeud au ventre ayant décidé de venir s'en mêler.  

Juin 2011. Je lui pris la main, on faisait souvent ça, même si ce contact me semblait différent depuis notre première fois. A vrai dire, tout contact avec lui me semblait différent depuis qu'on a couché ensemble. Mais je ne devais rien dire parce que c'est mon meilleur ami, et je doute qu'il voit autre chose en moi que ça. Et puis, j'ai un copain. "J'imagine qu'on va se rendre derrière la gare comme d'habitude ? On rentre pas de suite ?" On a un repère depuis un moment. Un endroit ou on adore se poser tous les deux, pour se rejoindre sans que personne nous voit. L'arrière de la gare était bien caché par les arbres, et personne n'y va puisque l'entrepot est décalé et qu'ils ont refaient la gare avant.

Juin 2011. Alors qu'on commençait à quitter l'entrée du lycée pour nous mettre en route vers nos maisons respectives, même si j'avais pas envie de rentrer de suite car j'allais encore avoir ma mère sur le dos à tenter de me dissuader de partir pour l'armée et El' qui me connait presque mieux que moi même avait du le sentir puisqu'elle vint me demander si on allait dans notre repère, tout en m'attrapant la main, comme si elle craignait de me voir partir alors que je lui avais encore rien dit. Le noeud au ventre qui commençait à se former en moi se faisait plus présent en moi à l'idée de lui dire. Et si je lui disais rien ? Non elle m'en voudrait trop d'être parti sans rien lui dire, je devais donc lui dire mais comment ? Malis avant cela, je reste moi même et vint lui répondre. "Et comment qu'on va dans notre repaire, surtout que j'ai pas spécialement envie tout de suite", vins je lui faire savoir, espérant lui faire attirer sa curiosité à l'idée qu'il puisse avoir un problème dans ma famille car c'était un peu le cas avec l'annonce de mon départ plus la maladie de mon beau père c'était un peu tendu à la maison.

Juin 2011. On arrivait à la gare, se faufilant entre les rails, puis les arbres pour atterrir derrière et se poser contre le béton froid. Je le tirais vers moi pour qu'il s'assoit et m'installer devant lui essayant de le faire sourire en le regardant droit dans les yeux avant de comprendre que quelque chose n'allait pas. "Je te connais par coeur, Matty, et toi tu as quelque chose à me dire, n'est-ce pas ?" J'espérais juste que ce ne soit pas grave, pas une maladie, ou autre chose.

Juin 2011. A peine venions nous d'arriver dans notre coin à nous, ce fameux coin où on s'est dit tellement de choses personnels et où je vais surement tout gâcher entre nous en venant lui dire que j'ai décidé de quitter Cleveland pour l'armée. Je m'attends à la même réaction que ma mère si ce n'est pire parce que d'un côté je m'en veux de l'abandonner mais bon rester en la voyant heureuse avec son mec, ce n'est pas mon genre et je peux plus supporter cela. Alors quand elle vint se mettre en face de moi et ne quittant pas mes yeux du regard, je ne peux la regarder en face avant de lui répondre. "Oui et quelque chose de pas simple à dire El' parce que je sais que je vais te décevoir", vins je lui dire tout en baissant la tête et attendant sa réponse avant de continuer, j'avais même du mal à avaler ma salive, tellement c'était compliqué de devoir lui dire. M'enfin vaut mieux qu'elle l'apprenne par moi que par d'autres, pensais je.

Juin 2011. A vrai dire, ce qu'il venait de me dire, le fait que ça allait me décevoir ne me rassurait pas du tout. Je ne voyais même pas de toute façon ce qui pouvait me décevoir, sauf si il sort avec l'une de ses filles que je ne peux pas me voir, mais vu le ton qu'il emploie, ce n'est pas juste une histoire de coeur. "Matt ? Qu'est ce qu'il y a ?" Je fronçais les sourcils, touchant doucement mon ventre, juste un effleurement, pour me rassurer un peu. Et je croisais les jambes pour m'asseoir correctement face à lui.

Juin 2011. Si j'avais su que ce serait encore plus compliqué de l'annoncer à ma meilleure amie après l'avoir dit à ma mère en premier, je pense que je n'aurais pas attendu aussi longtemps, enfin cela doit faire quoi une ou deux semaines que j'ai pris ma décision. Non en fait ce doit être plus, ok Matt t'assures pas une cacahuète mon vieux, vins je penser moi même pour tenter de me rassurer. Mais en voyant le regard d'Elen sur moi qui attendait de savoir, je décide de prendre mon courage à deux mains pour lui dire. "T'inquiètes El', je vais pas mourir d'une maladie ou quoi", vins je tenter de la rassurer ou de me rassurer aussi, je ne sais pas trop avant de reprendre, plus sérieusement. "Je sais qu'on avait dit qu'on irait à Harvard ensemble mais j'ai décidé de rentrer dans l'armée après le lycée", vins je lui sortir sans trop respirer et attendant sa réaction car je sais que je vais la perdre, je m'y suis préparé mais bon je l'ai déjà à moitié perdu vu qu'elle est en couple avec ce crétin qui la mérite pas.

Juin 2011. Quand il m'a dit qu'il n'avait pas de maladie ou quoi, j'ai senti mon coeur ralentir et je me suis sentie soulagée, jusqu'à ce qu'il me dise vraiment ce qui le pesait. Mon coeur a raté un battement, un poids s'est abbatu sur ma poitrine et j'ai senti les larmes me monter aux yeux. "Quoi ?" Je n'en revenais pas. Il allait rentrer à l'armée. Je me suis levée d'un coup, me retournant pour cacher les larmes qui commençaient à couler. Je n'arrive pas à y croire.