(ROMSIN) Nowhere to run, nowhere to run from you.

Nowhere to run, nowhere to run from you

Romy & Tamsin

Aujourd'hui est une belle journée. Il fait beau, pas trop chaud, mais surtout pas de maux de tête pour moi à l'horizon. J'ai pas eu une journée sans étourdissement ou douleur depuis mon accident de kayac et le coma qui s'en est suivit. Les médecins avaient dit que ça prendrait du temps avant que j'aille mieux alors je me doute que cet instant de tranquillité ne durera pas, qu'après quelques heures j'aurais à nouveau besoin de prendre mes médicaments. Il n'est donc pas question pour moi de rester dans mon cottage, même si la compagnie de mon colocataire est toujours appréciable. Il faut que je sorte d'ici et profite un peu de mon été, de mes vacances avant de me retrouver à nouveau à moitié handicapée par mes séquelles - j'ai horreur d'utiliser ce mot mais c'est le terme. Je sors donc de chez moi parée d'un sac à dos et d'une paire de lunettes de soleil et choisis au hasard d'aller visiter le phare de Low Point. C'est pas juste à côté mais autant découvrir les environs car je commence à en avoir marre de Ingonish. Une fois au pieds du fameux phare, je me dis que je peux pas en rester là alors je grimpe toutes les marches pour arriver jusqu'au sommet et découvrir probablement l'une des plus belles vues qu'il m'ait été donné de voir. Le soleil qui se reflète dans les vagues, les colines qui se mélangent dans la mer. Et puis Tamsin. Tiens ? « Tamsin ? » je demande en m'approchant de la brune accoudée à la barrière de sécurité. S'il y a bien une personne que je ne m'attendais pas à voir ici, c'était elle. S'il y a bien une personne que je ne m'attendais pas à voir tout court, c'était elle. Égoïstement, j'avais presque espéré que cela n'arrive jamais, car j'avais trop peur d'avoir un jour à faire face aux conséquences de mes actes, de mes choix. Pour changer. J'ai longtemps regretté, puis j'ai finit par oublier pour me protéger.

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Nowhere to run, nowhere to run from you

Romy & Tamsin

J'avais prévu de profiter du temps libre pour visiter les alentours, ce que je pouvais faire avec mes deux jambes uniquement, et j'étais tombée sur le phare. Qui dirait non à une vue merveilleuse et à la possibilité d'être un peu seule, loin du monde entier le temps de quelques instants ? Bon, hors mis quelques possibles touristes venus au même jour et à la même heure que moi, évidemment. J'avais préparé mon petit sac à dos avec une bouteille, des petits biscuit au chocolat (qui allaient évidemment fondre) et un chargeur externe parce que même à l'autre bout du monde, on oublie jamais son téléphone. J'avais pris mon temps avant d'y arriver, et j'avais gravi les marches une à une. Je les avais compté et oublié aussitôt mes yeux posé sur la vue incroyable depuis là haut. J'en avais fais le tour deux fois avant de juger quelle était la plus belle vue à mes yeux. Là, je m'étais posé, hésitant entre m'asseoir ou non. J'hésite encore un instant, quelques secondes à peine pour finalement entendre ; « Tamsin ? » tourne la tête, sent son cœur louper un bon à la vue de la jeune femme, mais souris néanmoins un peu gênée, secouant la tête, "Non désolée, vous vous êtes trompé." courir jusqu'en bas ne serait pas assez discret et sauter ne serait pas des plus prudent non plus. Je tourne la tête pour regarder la vue de l'autre côté, de sorte à ce qu'elle ne voit que mes cheveux. J'ai pas envie de te parler Romy, alors rends moi service, fait semblant de me croire et tourne les talons.  

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Romy & Tamsin

Je reconnaîtrais cette crinière entre milles. Ce visage poupinn, ce regard de braise. Je la connais Tamsin, je la connais bien. Je prononce son prénom sur un ton interrogateur mais c'est totalement rhétorique, je n'ai pas besoin qu'elle me confirme que c'est elle puisque je le sais. C'était plutôt ma façon de dire que j'en croyais pas mes yeux, que j'étais étonnée. Qu'étais-je censée faire d'autre ? L'ignorer, aller m'installer de l'autre côté du phare pour rater la vue sur la mer et profiter de celle sur les graviers ? C'était pas une option alors je lui ai parlé. Cela ne m'a pas demandé beaucoup de courage car c'est sorti tout seul pour ton dire. Comme l'écho de toutes les fois où j'ai prononcé son prénom avant mon départ. Mais voilà, la demoiselle que j'ai face à moi m'affirme que je me suis trompée et regarde ailleurs. Je ne suis pas dupe, je ne suis pas stupide. Je soupire. Je sais qu'elle m'a reconnue, qu'elle essaye juste de m'ignorer. Pourrais-je l'en blâmer ? Non, j'ai pas vraiment mon mot à dire dans cette histoire. Après tout, c'est moi qui suis partie. Pourtant, j'ai pas envie de passer à côté d'elle, de la voir s'envoler pour me demander quand est-ce qu'on va à nouveau se croiser. Alors je la contourne pour venir me planter devant elle et la forcer à me regarder. « Arrête, je sais très bien que c'est toi. » je dis en haussant un sourcil. Je la connais bien et ça m'étonne de la voir réagir de la sorte. Elle est pas du genre à s'handicaper avec des non dits ou des silences. Même si j'ai pas envie de me l'admettre, je sais qu'elle a quelque chose à me reprocher. « Je suis quand même pas partie assez longtemps pour qu'on arrive plus à se reconnaître. » je rajoute même, osant aborder le sujet de mon départ avec ironie. Car c'est ça non, ce qui dérange ? Ce qui coince ? Je suis partie n'est-ce pas là tout le problème ? Autant crever immédiatement l'abcès. Être directe, c'est au moins une chose que j'ai apprise avec les nombreuses retrouvailles douloureuses auxquelles j'ai eu droit ces dernières semaines.

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Romy & Tamsin

C'est sorti tout seul, et à la seconde où c'est sorti, j'ai su que c'était une mauvaise idée. Elle allait jamais me croire, pire que ça, je serais bien ridicule. C'est pas comme si elle pouvait pas me reconnaître, après tout ce qu'on a vécu et comment on s'est connues. On a passé tellement de journée ensemble, tellement de soirée, et je me suis tellement accrochée à elle. Jusqu'au jour où ça ne lui plaisait plus assez ? J'en sais rien, elle est juste partie et ça voulait dire que j'étais pas assez pour qu'elle reste, c'est une raison suffisante pour moi. Elle me contourne, fini face à moi, évidemment, elle lâche pas prise. Je la regarde, « Arrête, je sais très bien que c'est toi. » et soupire. Je lâche ses yeux et regarde face à moi, j'ai pas envie de l'affronter, j'ai pas envie de revivre la tristesse que j'ai connu à cause d'elle. « Je suis quand même pas partie assez longtemps pour qu'on arrive plus à se reconnaître. » ce rire jaune qui s'échappe, à moitié nerveux, à moitié moqueur. Lui fait face de nouveau, "T'es partie et c'est tout." ça s'arrête là. Soupire, évacue la colère, la tristesse, tout ce qu'il est possible d'évacuer, et lui offre mon plus beau visage de celle qui s'en fout. "T'es partie assez longtemps pour que je t'oublie." un sourire, "et j'vois pas l'intérêt à c'qu'on redevienne amies." hausse les épaules, ce sourire satisfait au visage. Maintenant recule.

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Romy & Tamsin

J'essaye de faire bonne figure face à Tamsin. J'essaye de pas céder aux excuses que je juge superficielles, j'essaye de me la jouer cool si je puis dire. Le but est de faire comme si tout ça ne m’atteignait pas, comme si j'étais innocente. Je connais la raison de ses reproches mais j'ai pas envie de l'accepter. Pourquoi ? Car cela voudrait admettre beaucoup de choses. Admettre que ce qu'il y avait entre nous était réel, concret, admettre que je m'en veux d'avoir tout gâché, admettre que j'aimerais tout arranger, voir un sourire naître sur son visage rien qu'une fois. Sauf que tout ça, c'est pas moi, ça me ressemble pas. Jamais j’éprouve de regrets, jamais je ne m'excuse pour quoi que ce soit. Je suis seul maître de mon destin et je n'ai pas à revenir sur les choix que j'ai fait. Alors oui, je me cache derrière une façade d'ironie et de belles paroles. Afin d'atténuer la douche froide que les paroles de Tamsin peuvent me faire comme effet. Je serre les dents alors qu'elle me rappelle que je suis partie. Je plisse légèrement les yeux alors qu'elle dit qu'elle m'a oubliée. Sale égoïste que je suis, me voilà vêxée. J'aime disparaître des vies des gens pour leur manquer, pas pour qu'ils m'oublient. Le sourire moqueur sur ses lèvres est contagieux. « Qu'on redevienne amies ? Je me rappelle pourtant pas qu'on se soit quittées dans de tels termes. » je lâche. Je fais la maline, je pars sur un terrain glissant. Je lui rappelle qu'aux dernières nouvelles, on était plus que des amies. Je remue certainement un peu le couteau dans la plaie. Mes paroles aussi peuvent faire l'effet de coups de lames. Ca aussi tu l'as oublié Tamsin ?

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Romy & Tamsin

On joue le même jeu, toutes les deux. J'aurais pu prévoir tes mouvements si je n'avais pas été blessé à l'intérieur, j'aurais pu savoir, anticiper chacune de tes phrases, parce que tu ne cherche qu'à me faire plus mal, tout comme j'essaie aussi de mon côté. C'est à celle qui mettra un genou à terre la première et je ne serais pas celle là. Ta mâchoire se resserre, bien, je prends ça comme une victoire personnelle. Ton égoïsme se reflète dans le mien. « Qu'on redevienne amies ? Je me rappelle pourtant pas qu'on se soit quittées dans de tels termes. » touchée. Soit fière, c'est pas tout le monde qui y arrive. Mon sourire s'élargie, parce que je contrôle, parce que je ne perds pas la face, jamais. Tu vois, là, j'ai juste envie que tu passe cette barrière de sécurité. "J'en sais rien, c'est toi qui m'a quitté." alors qu'est-ce que j'en sais des termes que t'a voulu m'faire comprendre ? Tu es celle qui est partie, alors ne fait pas comme si nous partagions quelque chose quand tu t'es à peine retournée pour me dire au revoir. Reviens sur sa phrase, "enfin quitté.. t'es juste partie, quoi. J'espère que tu t'es bien amusée." que t'a pris ton pied, que t'a vécu ta vie comme tu l'entendait, que tu t'es trouvé quelqu'un en fait je m'en fous, mais lâche moi c'est tout. J'ai pas envie de te voir, j'ai plus jamais envie de remettre mes yeux dans les tiens, parce que je sais que je pourrais me faire avoir encore, ça parait si simple d'être de ton côté, d'être celle qui est partie. Tu sais faire ça, partir, alors refait le.

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Romy & Tamsin

Tamsin et moi sommes pareilles. C'est comme si j'étais en train d'argumenter avec mon propre reflet. C'est un combat silencieux, notre ton ne s'élève jamais, nos paroles ne sont pas déplacées. Il n'y a pas un mot plus haut que l'autre et pourtant ça gronde dans nos esprits. Si elle m'a oubliée, moi je me souviens ce qui nous a rapprochées. Inutile de dire que c'était parce qu'elle est belle. Il y en a plein des belles filles. Ce qui a fait la différence avec Tamsin, c'était cette impression que je ne pourrais jamais vraiment l'avoir, que comme moi, elle filait toujours entre les doigts. Nous avoir, c'est comme chercher à attraper de l'air. Dompter l'indomptable. Pourtant, on a finit par s'attacher, s'enlacer. Quand j'y pense, je comprends qu'il était là le problème. La facilité, c'était comme si j'avais gagné trop vite. La vulnérabilité, parce qu'elle aussi m'avait gagnée. En soit, j'ai probablement pris peur et c'est pour ça que j'ai pris les voiles sans me retourner. Sous ses airs de fille vêxée, ça m'étonne qu'elle ne me comprenne pas davantage. « Ouais, c'est moi qui suis partie avant que ce ne soit toi qui le fasse. Tu m'excuseras de t'avoir coupé l'herbe sous le pieds. » je dis tout en restant de marbre. On sait bien toutes les deux qu'elle aurait finit par prendre la fuite à ma place si je ne l'avais pas fait avant elle. Je regrette presque d'avoir dit ça parce qu'au final, c'est moi qui m'expose. Qui montre mes craintes, mes faiblesses. J'ai voulu m'éviter de souffrir car je sais que j'aurais pu souffrir. Tamsin a fait partie de ces rares personnes qui pouvaient encore me faire peur. Qui auraient pu me faire faire mille et une folies rien qu'en un claquement de doigts. Alors je me rattrape, c'est à mon tour de faire la dure. « Oui c'était génial. D'ailleurs, c'est pas à toi que j'ai envoyé des cartes postales ? » je réponds sournoisement. J'ai envoyé de cartes à personne pour être sincère. J'ai juste envie de mettre le doute dans sa tête, qu'elle se demande qui pouvait bien compter davantage qu'elle à mes yeux pour que je lui donne des nouvelles. « Et toi, les cours, tout ça ? » je finis par lâcher. Oui, et elle ? La vérité c'est que j'aurais réellement avoir de ses nouvelles, savoir ce qu'elle a fait sans moi. Mais je sais bien que j'aurais pas la réponse que j'attendais, parce que je la mérite pas.

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Romy & Tamsin

J'aurais pu anticiper, vous savez, mais je ne savais pas comment. J'avais l'impression d'être en face de moi, parfois. On ne sait pas ce qui sort de sa bouche, on en sait jamais rien. Les décisions sont prises à la va vite, irréfléchie, instantanée, suivant le cours de nos envies, de ce qui se passait dans notre tête. Là, dans ma tête, c'était le bordel. Un déluge, des insultes, des choses pas agréables, les organes internes prenaient coup sur coup rien que de croiser son regard, et le cœur explosait au son de sa voix. « Ouais, c'est moi qui suis partie avant que ce ne soit toi qui le fasse. Tu m'excuseras de t'avoir coupé l'herbe sous le pieds. » oh alors tu pousse encore, jouer à ça, à celle qui s'amusera le plus de la situation ? "Tu me sous estimes. J'aurais attendu un peu plus avant de partir, tu sais. Que tu t'accroches, que je me sois amusée, que tu sois folle de moi. Au moins que j'te manque après quelques semaines." laisse sous-entendre que ce n'était pas le cas, que tu ne m'a pas manqué, que je n'ai vu aucune différence. Une fille comme une autre, quoi. « Oui c'était génial. D'ailleurs, c'est pas à toi que j'ai envoyé des cartes postales ? » rigole et secoue la tête, ce genre de rire faux. Entends comme il grince. "Pour envoyer des cartes postales, il faudrait avoir au moins un semblant d'amitié pour les autres, non ?" question qui n'a pas besoin de réponse, et tu le sais. Amitié ou autre, appelle ça comme tu veux, mais ça m'a l'air compliqué d'envoyer des cartes postales quand on ne pense à personne d'autre à part à soi. « Et toi, les cours, tout ça ? » oh évidemment, lance moi donc une perche. "C'est pas comme si ça avait changé depuis que t'était partie." je continue ma vie normalement, ton départ n'a strictement rien changé à ma vie. Rien du tout. Quand je te revois c'est un peu douloureux, mais c'est tout. Le reste, tout est pareil.

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Romy & Tamsin

La Tamsin que je connais commence à faire surface, à sortir les griffes. Elle a décidé de ne plus rester spectatrice de mes piques, elle entre dans l'arène. C'est drôle car je l'ai cherchée et maintenant je sais que je vais le regretter. Peut-être qu'en fin de compte, j'aurais mieux fait de la croire lorsqu'elle m'a dit que je m'étais trompée de personne. Peut-être que j'aurais du faire demi-tour et tirer une croix sur elle pour de bon. Mais je me rends bien compte que c'était plus fort que moi, que j'avais presque hâte de voir l'issue de cette conversation. Comme si, inconsciemment, j'avais envie d'être prise à mon propre jeu, d'être punie pour mes actions. C'était un peu ma façon à moi de me regretter mes gestes. Si j'avais été une personne normale, j'aurais préféré rester auprès de Tamsin et attendre qu'elle me brise le coeur, car j'aurais été reconnaissante des instants passés avec elle. Mais je ne suis pas normale, je ne suis pas n'importe qui. Je suis Romy est à Romy on lui brise pas le coeur. « Toi aussi tu me sous-estimes alors. C'est pas mon genre de devenir folle de quelqu'un. » je lâche. Et c'est celui qui le dit qui l'est. Une vraie conversation de gamines. Comme deux amantes qui essayent de se prouver qu'elles n'ont pas besoin l'une de l'autre, que leur histoire ne les a pas fait souffrir. Un vrai combat de coq, tout cela n'a ni queue ni tête. D'autant plus que je devrais savoir que je me mens à moi-même. Si les récents événements m'ont bien prouvé quelque chose, c'est que je peux devenir folle de quelqu'un. Je perds mon sourire moqueur alors que Tamsin évoque l'amitié. « On m'a pris le peu d'amitié dont j'étais capable. » je lâche dans un pincement au coeur. Je fais pas référence à Tamsin, mais à l'événement qui a précédé mon départ. Pour moi c'était une raison largement suffisante de m'en aller. J'étais devenue une bombe à retardement, et si j'étais restée j'aurais finit par exploser au visage de quiconque se trouvait trop proche de moi. Ils s'en rendent peut-être pas compte, mais en partant, je leur ai rendu service. Tamsin finira par comprendre. Éventuellement. « Je crois que j'avais remarqué ça, ouais. » je lui réponds en me détournant à mon tour d'elle. J'étais partie en pensant que ça changerait quelque chose mais non. Harvard est pareille à elle même, les gens aussi. Ma peine aussi. Reparcourir les couloirs de la fac ont réveillé ce que je pensais parti pendant mon tour du monde. Et Tamsin, elle, était toujours aussi belle.

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Romy & Tamsin

On campe chacune sur nos positions, on attends de voir laquelle s'écroulera en premier, laquelle courbera l'échine la première. Je refusais que ce soit moi, elle refusait que ce soit elle. Cette guerre sera sans fin, alors. « Toi aussi tu me sous-estimes alors. C'est pas mon genre de devenir folle de quelqu'un. » Je lui souris, amusée. Réellement amusée cette fois-ci. "Tu l'serais devenue, si tu m'avais laissé du temps." J'en suis sûre, au fond de toi t'aurais même voulu essayé. C'est bête, t'es partie. Tu m'a laissée ici seule, avec mes doutes, mes questions, sans rien sur quoi me rattraper. T'es juste partie, sans aucune raison. Enfin, en tout cas à moi tu m'a rien dis. On revient toujours à ça, retour à la case départ, à toi qui part. « On m'a pris le peu d'amitié dont j'étais capable. » Je comprends pas ce que tu dis, Romy. La seule chose que je comprends c'est que tu m'a laissé derrière toi, comme si je valais pas cinq minutes de ton temps pour rien que m'expliquer. J'aurais compris, tu sais, j'aurais pu comprendre ou tout du moins essayer de comprendre. Tu m'a juste fais comprendre que j'en valais pas le détour, que je n'étais pas assez bien, pas assez belle, juste pas assez. Et moi, l'ignorante, je fonce dans le tas quand tu m'le propose, "T'es pas capable d'éprouver grand chose de toute façon." Tu vois, depuis ton départ, rien n'a changé. Je suis toujours la fille qui crache son venin, qui ne pense qu'à elle-même, qui fait tout pour te blesser. Je suis toujours Tamsin, t'es toujours Romy, Harvard reste l'université dans laquelle des tas d'étudiants vont chaque année, c'est toujours la même chose. Le monde tourne, sans toi. Mon monde tourne très bien sans toi, Romy. « Je crois que j'avais remarqué ça, ouais. » Plus rien a répondre, la fatigue prend doucement le dessus. La fatigue de se battre quand on sait que l'autre ne baissera pas les bras. Tu fatigues, moi non. Je suis toujours à deux doigts de te jeter par dessus la barrière de sécurité.
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