Effectivement, le lacis des factures d’Happy avait fâcheuse tendance à s’accumuler, qu’il se batte pour conserver sa petite besogne ou pas. A croire qu’il n’y ait qu’à ouvrir l’opercule de son âme pour le découvrir tout entier, ou que seul son boulot le définissait. Mais rien ne pouvait être plus réducteur. L’américain ne se définissait pas par son existence de saltimbanque, ses rêves proliféraient gentiment dans son esprit, tel un spectre indéfectible et invisible. Il ne souhaitait pas finir gigolo pour le restant de ses jours, non. Jouer les amalgames avec cela constituait une lamentable erreur. Sitôt ses études terminées, il comptait bien vivre sa petite consécration personnelle en devenant vétérinaire. D’abord dans un cabinet existant, histoire de ne pas se faire congédier dès ses premiers jours, puis dans le sien, une fois que l’artiche commencerait à rentrer. Ce jour là, il comptait en faire tout un charivari, et rien ni personne ne saurait l’empêcher de beugler sa réussite à la figure de tous ceux en ayant douté jusque là. « Parce que tu trouves que c’est un métier hétérogène toi ? Il y a toujours eu plus d’escorts que de gigolos ! » précisa-t-il, même si Happy savait d’ors et déjà que Mira en avait conscience. Saperlipopette, s’il y avait bien une personne capable de le comprendre, c’était elle ! « Je te remercie pour ta proposition d’aide, sûrement en aurais-je besoin ! Je n’ai pas envie de devenir irascible avant l’âge si je peux l’éviter, sans parler du protocole dont tu parles ainsi que des antibiotiques allant avec ! » En somme, son sourire actuel n’était aucunement rébarbatif mais bien une sorte de remerciement pour le panel d’option qu’elle lui offrait. Une chance, véritable et non labyrinthique ! « Bien ce que je pensais… je ne te vois pas non plus au Nirvana. Limite, tu es mieux là où tu es actuellement ! » Pas la peine d’exacerber ses propos, Mira était bien traitée là où elle se trouvait. Et sûrement bien plus respectée qu’elle ne le serait jamais au second bar évoqué. Comment être plus explicite ? « Tu sais, la confiance ça s’apprend… et puis personne ne t’oblige à te dessaper. Surtout ne tombe pas dans ce piège mutique et putatif, tu vaux mille fois mieux que tous ces soliveaux réunis ! » s’exclama-t-il, sans tomber dans l’anxiogène ou l’anaphore. Il voulait juste que Mira reste en confiance, et se fasse confiance avant toute autre chose. Pas la peine de tomber non plus dans le domaine du cénobite pour se faire entendre… « Oh tu sais, à part tomber dans une relation épistolaire, je ne suis pas certain de pouvoir espérer grand-chose. Pas faute d’être frénétique comme mec, surtout dans l’expression de mes sentiments, mais dès qu’elles apprennent mon métier, c’est fini, elles fuient de façon quasi pantagruélique. A moins de finir ecclésiastique, sinon… mais je ne me vois pas du tout dans le rôle ! » rit-il, se moquant davantage de lui qu’autre chose. Ses impedimenta pesaient lourd dans la balance, quoi qu’on en dise. Même en s’amusant à zinzinuler pour conjurer un peu le mauvais sort, ce n’était pas gagné. « T’as raison, pas la peine d’être ergophobe, on pourrait l’écrire à deux cette lettre ! Histoire d’avoir un discours amphigourique au possible et qu’ils soient obligés de nous écouter… si en plus on se la joue minions, ils n’auront pas d’autre choix, c’est un truisme moi je te le dis ! »
J'ai pris mon temps pour te faire une belle réponse, j'espère avoir été à la hauteur de la tienne