Happy, de son côté, n’oubliait pas vraiment la bousculade et pour cause, cette dernière serait à jamais gravée dans sa mémoire. Impossible de l’effacer dans ces conditions. Mais cela ne l’empêchait certes pas de passer un moment très agréable en compagnie d’Amélia, qui, par son grain de folie et sa gentillesse, lui faisait oublier la fragilité de son propre monde, ne serait-ce que pour un instant. Cela n’avait pas de prix. « Tellement bonne folie que tu peux compter sur moi pour la réutiliser, cette fameuse danse du poulpe ! Mais oui qui sait… d’ici la fin du Summer Camp, il faudra sûrement te payer des royalties… » plaisanta-t-il sur un ton taquin mais dépourvu de tout sarcasme. Il s’amusait à lui répondre de cette même façon légère qu’elle possédait, sans arrière pensée. Du moins qu’il puisse constater. « J’aurais bien commandé comme toi mais me faut une dose de café un peu plus forte… peut-être en deuxième commande ! Après tout, on n’est pas pressé, pas vrai ? » Bientôt, l’expression d’Happy se fit un tantinet plus sérieuse. Lui aussi possédait la même impression, même s’il n’en n’avait pas encore fait mention. « Tu l’as senti toi aussi ? Peut-être que dans une autre vie, on était ultra pote ! »
Décidément, Amélia ne va pas oublier cette journée. Elle est heureuse d'être en compagnie d'un jeune homme qui semble tout aussi fou qu'elle. En même temps faire la danse du poulpe à un inconnu, il faut bien l'admettre la jeune femme n'a peur de rien, surtout du ridicule ! Elle s'amuse avec lui comme jamais. Elle a la nette impression de pouvoir faire ce qu'elle veut avec lui, il ne se prend pas la tête et surtout il ne se prend pas au sérieux. C'est sans doute ce que la jeune femme aime par dessus tout chez les personnes. Malheureusement il y en a peu qui sont ainsi. Ils sont peut-être trop timide ou coincer qui sait ... Toutefois, ce n'est pas le cas de ses deux personnes. Alors, Amélia rit comme elle n'a pas rit depuis longtemps et elle lui répond : "Mais je tiens à être présente pour ta première fois ! Voir si tu l'as fait bien et tout !" Elle rit de plus belle. "Je fais me faire de l'argent avec ça, je vais devenir riche qui sait." Elle prend son moka et avale une gorgée, elle a de la chantilly au dessus de la lèvre. "Tu as raison, nous ne sommes absolument pas pressés ! On a toute la journée pour boire. Enfin, je dis cela, mais à un moment donner faudra aller se soulager !" Elle avale encore une gorgée et acquiesce à ce qu'il dit. "Oui je le sens moi aussi. C'est drôle je trouve. Comme si on se connaissait depuis toujours. C'est peut-être le cas, dans une vie antérieure et on se retrouve aujourd'hui." A ce moment précis, la jeune femme aborde des traits sérieux. & si cela était possible ?
De son côté, Happy savait par avance qu’il garderait chaque seconde dans sa mémoire sans faille, indélébile. Mais pour ce genre de moment, il aimait justement être hypermnésique. C’était pratique de se souvenir de chaque détail, surtout face à une amitié naissante comme la leur. Pire encore, il se souvenait sans souci de comment faire la danse du poulpe, chose qui l’aiderait si jamais il souhaitait reproduire cette dernière. « Tu veux être spectatrice… hm… après mon café, j’essaye ici, je suis un fou ! » s’exclama-t-il en bombant le torse, faussement fiérot, juste pour entendre à nouveau le beau rire d’Amélia. Il appréciait sa compagnie, si simple, si adorable… tellement éloignée des problématiques de l’américain à Harvard ! « Pour le moment, moi pas avoir envie de me soulager, ça va ! Je pense que la faim viendra avant cette envie là, je sais pas toi » rit-il de bon cœur face à la remarque de son acolyte totalement inattendue de ce jour. « Je n’ai jamais vraiment cru à une vie antérieure mais j’ai déjà eu des sensations de déjà vu. Bon faut dire que personnellement… je ne peux effacer aucun détail de ma mémoire. Chaque personne que je croise, même quelques secondes, y est ancrée à jamais. »
Amélia a fait une heureuse rencontre. Elle ne pensait pas que durant le Summer Camp elle rencontrerai une personne aussi gentille et aussi folle qu'elle. Oui, on peut dire que Happy est fou puisqu'il lui parle toujours et cela malgré la danse du poulpe. Serait-il près à connaître celle du cornichon ? Rien n'est moins sûr. En tous les cas, la jolie miss brune est prête à lui en apprendre des nouvelles, cependant pour le moment elle se consacre à boire son moka avec supplément de chantilly s'il vous plait. Sirotant son poison préféré, elle l'écoute, attentive par tous ses dire. "ROH ! T'es vraiment cape ? Avec n'importe qui ?" Elle se redresse sur son tabouret et cherche une victime pour la première danse de la poulpe de Happy. "Si tu veux on peut dévorer des muffins, ou autre chose. Tu as faim ? Un petit creux se creuse dans mon bidon !" Elle tapote dessus en rigolant. Si c'est ainsi qu'elle aborde les personnes l'un d'entre eux finira par la faire interner. "OH ! Moi aussi j'ai déjà eu cela, des sensations de déjà vu. C'est étrange non ?" Elle fait de gros yeux. C'est vrai que ça peut paraître effrayant dans le genre. "AU FAIT !" Elle sort sur iPhone et ouvre l'application de Pokémon GO. "Si ça se trouve tu as un pokémon sur toi, je suis dresseuse de Pokémon monsieur !" Elle rit : "Je suis sûr que t'es envieux hein, j'en ai trouvé que cinq pour le moment."
Happy ne pouvait cacher désormais son côté taquin et totalement open pour un défi. Certes, Amélia ne le défiait en aucune manière, mais quelque part, faire connaître cette fameuse « danse du poulpe » serait leur délire du jour bonjour. « Bien sûr que je suis cap attends ! Limite je suis né pour ça ! Et ouais, devant n’importe qui… si tu veux en être sûre, choisis toi-même la cible » proposa-t-il, sachant que son café serré, il n’en ferait qu’une gorgée ou deux, et serait donc bientôt disponible pour ce petit challenge. « J’avoue que j’ai une faim de loup… ton cœur va aux muffins donc dois-je comprendre ? » La voir tapoter joyeusement son bidon affamé le fit rire une nouvelle fois, certes discrètement car il n’était pas question de se donner en spectacle, mais tout de même. Son sérieux fut rapidement de retour alors qu’ils discutaient de sensation de déjà vu, Happy en ayant très régulièrement suivant les lieux où il se rendait. Sa mémoire infaillible y était sûrement pour quelque chose, du reste. « Aha j’en étais sûr que tu jouais à pokémon go ! Je n’ai pas encore essayé… c’est facile ou difficile ? »
Amélia est donc prête à défier le beau Happy. Il va devoir faire "la danse du poulpe" et c'est elle-même qui a le privilège de choisir sa cible. Elle avale une gorgée de son moka et la mousse lui fait une moustache. Elle ne s'en rend pas compte et elle scrute le hall de l'hôtel et le bar pour choisir une personne adéquate. "La vieille dame là-bas, celle qui se tient avec une canne." Elle rit. "Pas cap je suis sûr !" Elle rit une nouvelle fois sans arriver à s'arrêter. "Non, sérieusement, on va la faire tomber si tu le fais. Hum ..." Elle scrute les personnes quand elle aperçoit une jeune femme dans la vingtaine qui s'assoit non loin d'eux. "Tiens, elle. Vas-y." Elle le fixe alors qu'elle se demande si elle va prendre un muffin. "Pourquoi tu n'aimes pas les muffins ?" Elle demande alors que son regard se perd devant ceux qui sont devant elle. "Un muffin au chocolat s'il vous plait, et toi ?" Elle penche la tête, songeuse quand il lui parle de Pokémon GO. "Bien sûr que j'y joue. Je suis une grande fan. Par contre il n'y a pas de pokémons sur toi c'est dommage." Elle fait la moue, déçu comme une enfant. "Ce n'est pas compliqué, je suis sur que tu vas aimer Happy." Elle le gratifie d'un clin d'oeil avant de rétorquer : "Aller va faire la danse du poulpe avec la jeune femme, oust !"
En même temps, prendre une dame âgée comme cible pour la danse du poulpe, c’était plutôt risqué. Amélia dû le comprendre car Happy lui lança un regard désapprobateur. Il ne souhaitait pas risquer de la faire tomber et qu’en prime elle se casse quelque chose alors qu’il ne s’agissait là que d’un défi enfantin. « Je t’avoue que je préfère, la mémé elle aurait carrément fait trois tours dans ses godasses vu la taille de ma paluche ! » pouffa-t-il de rire, étouffant ce dernier à l’aide de sa main justement. Avant même de lui répondre à propos de son goût ou dégoût pour les muffins, Happy se leva de sa chaise pour aller exécuter - non sans une pointe d’humour - la fameuse danse du poulpe auprès de la demoiselle d’une vingtaine d’années. Cette dernière sembla le prendre pour un taré échappé d’un asile de fous, mais il revint après exécution tout fiérot auprès d’Amélia. « Tu vois que j’étais cap ! Jamais me défier, j’adore trop ça… » fit-il, un grand sourire étirant actuellement ses lèvres, dévoilant une belle dentition alignée et blanche. « Je vais prendre un muffin au chocolat blanc ! Tu vois pour te répondre, j’aime les muffins ! Mais pas tous les parfums… et ton pokémon go, faut toujours sortir de chez toi avec pour avoir d’autres pokémon je suppose ? »
Amélia donne raison a Happy. La pauvre vieille dame, elle aurait fait trois fois le tour dans son slip, ou plutôt sa couche. Il faut l'admettre Amélia aime rire, mais pas au détriment des autres. C'est pour cette raison qu'elle a choisi une jeune femme dans la vingtaine. Le pauvre Happy, il va paraître totalement dingue, mais apparemment les défis ne lui font pas peur, tout comme Amélia, au contraire même, elle adore cela. Il ne faut jamais la défier, elle est prête à tout. Un sourire s'étend sur son visage quand il lui dit qu'il ne faut jamais le défier, elle lui répond alors du tac au tac : "Moi pareil, j'aime trop gagner." Elle se joint alors à son rire alors qu'elle lui demande s'il aime les muffins. Il en choisi un au chocolat blanc alors que la belle décide d'en prendre un tout chocolat. "Ah bon ?" Elle lui répond. "Moi j'aime que ceux aux chocolats, ce sont les meilleurs, du moins pour ma part." Alors que la serveuse leur donne leurs muffins respectifs elle lui répond au sujet des pokémons : "Il faut se promener partout. Il y en a surtout dans les centres commerciaux, les cafés et compagnie. Si tu ne te déplaces pas tu ne peux pas en attraper malheureusement ou toujours les mêmes." Elle hausse les épaules en mangeant un bout de son muffin.
Apparemment, Amélia ne fut pas fâchée de la zizanie créée par la danse du poulpe exécutée à la perfection par nul autre qu’Happy. A croire qu’il soit définitivement fait pour ce genre de petite besogne hilarante, prouvant ainsi par a+b qu’il pouvait gentiment partir en cacahuète sans que cela ne devienne choquant, ou passer pour un type se moquant de tout protocole en société. Là, il se trouvait avec une amie, en bonne compagnie et la joie marquant son visage. « Saperlipopette ça fait du bien un petit défi je trouve ! T’as eu raison de me proposer ça » fit-il, légèrement cabotin, esquissant un petit clin d’œil à l’attention de la jolie brune pour ponctuer ses paroles. Il évitait de beugler et s’adressait à elle discrètement, tel un gentleman qu’il savait être. « Ouais, genre un muffin à la framboise, ça détrempe le « biscuit » et je trouve ça moins bon… mais au chocolat, je reste très fan ! » admit-il à propos des muffins, alors qu’il dégustait un premier morceau du sien. « Je vois… pas besoin d’être un saltimbanque habitué aux routes en fait, faut juste aimer se balader ! Tu as découvert ce jeu comment ? »
Amélia pense à son père qui lui manque affreusement. Elle aimerait qu'il soit à ses côtés. Ils partageaient de nombreux moments ensemble et aujourd'hui elle ne l'a que par téléphone, ainsi que sa maman. Elle n'est pas moins aimé pour autant, seulement ils ne sont plus là pour lui prêter main forte. Elle se retrouve seule, même si elle a des amis, cela n'est absolument pas la même chose. Les parents sont sacrés, du moins du point de vue de la jeune femme. Elle aimerait leur dire à quel point elle se trouve malheureuse sans eux, mais cela gâcherait leur tour du monde et Amélia se le refuse, alors chaque fois qu'ils l'appellent, elle fait mine que tout va pour le mieux alors que ce n'est pas le cas. Elle voudrait simplement être encadré par les bras de son père et fermer les yeux un instant qui lui semblerait comme une éternité. Elle a un besoin de douceur, mais surtout un manque de tendresse. Elle essaye de ne pas y penser, cependant ils lui hantent toujours son esprit. Elle rêve de ses parents, elle pensent à ses parents, toutes ses pensées vont à ses parents. Elle pousse alors un soupire discret alors que des larmes lui montent aux prunelles. Elle les essuie rapidement avant d'offrir un magnifique sourire à son nouvel ami Happy. Lorsqu'il prêtant que ce petit défi lui a fait du bien elle ne peut qu'acquiescer en arborant toujours son sourire. Elle continue de boire son moka, lentement, mais surement. "Oui le chocolat il est très bon." Elle se contente de lui répondre. Soudainement elle se sent épuiser, comme si elle portait tout le poids du monde sur ses épaules. Elle ferme un instant ses yeux couleur chocolat et fait le vide dans son esprit. Elle masse ses tempes avant d'encrer de nouveau son regard dans celui d'Happy. "Je suis désolée, j'ai un coup de barre comme on dit." Elle lui adresse un nouveau sourire quand elle reprend sur les Pokémons. "Il y en a le plus dans les endroits fréquentés, genre les bars, les gares etc ..."