ROYLITE • " Shut up and touch me again. "

Est-ce que je venais vraiment d'avouer ouvertement que je tenais à lui ? Comme ça, là ? Apparemment oui puisqu'il vient de me le faire remarquer.. Et pour le coup j'ai raté une bonne occasion de la fermer pour une fois. Moi ? Hippolyte ? Tenir à quelqu'un ? L'attachement est synonyme de douleur et la douleur je la côtoie déjà assez fréquemment depuis la mort de mon père, alors pourquoi me remettre dans ce merdier en sachant que j'ai l'occasion de m'en défaire ?! Non, je ne voulais pas m'attacher, pas aussi facilement et malheureusement je n'ai pas le choix. Je me retrouve enfermé dans ce cercle vicieux malgré moi, malgré nous. - Je sais pas comment faire. Je réponds alors sèchement à sa réflexion. Oui, j'ai perdu l'habitude, il y a bien longtemps que toute sorte d'humanité ou d'affection a disparu chez moi.. Alors, non, je sais plus comment en donner, comment le montrer. J'écoute son récit et je panique à l'intérieur, quand il m'apprend avoir un gosse plus précisément, c'est surtout ça qui me fait flipper. - Ton.. Quoi ?.. Lançais-je hésitante. Les enfants et moi c'est une longue histoire d'amour. M'bon c'est le sien pas le mien alors c'est pas vraiment une histoire qui me concerne finalement en y réfléchissant bien. - Attends, attends Royce. Est-ce qu'il pense être le seul à aller mal ? À avoir vécue la misère ? Ça veut dire quoi on a pas la même vie ? Parce que la peine et les coups durs ça touche que les pauvres peut-être ?! - Tes problèmes ne me font pas peur, le fait que tu n'es pas un rond c'est une autre histoire, là, oui, en effet il y aura un hic parce que ça ne pourra jamais coller entre nous. Personne t'acceptera dans mon entourage et moi-même j'ai du mal à accepter le fait de fréquenter un homme de la basse société.. Je pouvais pas dire autre chose, pas enjoliver les choses ni lui faire de belles promesses qui ne seront jamais tenues parce que c'est comme ça.. Dans mon monde, c'est comme ça que ça se passe. Soit tu entres dans les normes soit tu dégages. - Pour le reste, sache un truc, c'est pas parce que je suis riche que tout va bien pour moi ! J'ai perdu mon père pendant les attentats Royce et.. Et je l'ai très mal vécu.. Je déglutis difficilement, baissant le regard en me remémorant le passé, les séquelles, les mois en clinique, les tentatives de suicide et tout le reste. Je me suis noyé dans mon chagrin sans savoir comment j'en suis sortit vivante. - Vraiment très mal. Affirmais-je en me reprenant, je ne voulais pas que mes sentiments et mes faiblesses reprennent le dessus. Pas devant lui, jamais en public et je levais les yeux vers lui, cherchant son regard.

Elle ne sait pas comment montrer son affection? Ce n'est certainement pas comme ça que je pouvais le comprendre. Déjà que j'ai du mal à capter les choses en général. Je lui expliquais directement que je n'étais pas une personne fréquentable pour elle et elle ne me contredisait pas. Elle semblait d'accord, au moins, nous pensions la même chose. J'eus un petit rictus lorsqu'elle disait que personne n'allait m'accepter dans son entourage. J'ai déjà entendu ça et je l'ai déjà vécu. C'est tellement blessant. Ça me met en rogne, c'est pour ça que je détestais les gens riches. Personne n'est assez bien pour eux, ils pètent plus haut que leur cul et nous on est leur merde. « De la basse société? » répétais-je en me retenant de rire. Elle pouvait dire pauvre. On voit bien qu'elle utilise cette expression assez souvent pour dire de vilaines choses à ce sujet. Je suis pas un clodo quoi. « Rien ne t'oblige à traîner avec un gars de la basse société. » je mimais les guillemets en terminant ma phrase. Hippolyte se confia à son tour et nous voilà un point commun. J'ai aussi perdu mon père mais par contre, je m'en réjouissais car il a fait de ma vie un cauchemar. Il m'a éduqué comme une grosse brute et heureusement que ma mère a réussit à limiter les dégâts. J'avais envie de lui dire que c'était juste passager, que la vie continuait mais j'ai perdu trop de gens dans ma vie pour penser ça. J'ai même perdu un enfant. « Je suis désolé. » et je regardais ailleurs. Je suis pas le meilleur pour consoler les gens. « Je n'aurais pas dû parler de tout ça, je... je ne veux pas que tu repenses à ce qui te rend triste. » car la voir triste c'était vraiment la dernière chose que je souhaitais. Je risquais un pas vers la blonde et je relevais son menton de mon pouce pour qu'elle me regarde, dans l'espoir de lui décocher un sourire.

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