Appel de Maxym à Antwan

Les montagnes russes dans le pauvre petit être McAllister. Là, on est tout en bas. Et elle entame un processus de fuite. C'est bon, t'as assez fait Antwan. Quand au fait de se rattraper, l'idée lui passait désormais au dessus. Elle ironise, dans une voix qui ne se cache même pas : « On aura qu'à se prévoir un truc pour Noël. » Vu qu'on est pas prêt de se voir, et qu'il n'y a que moi que ça dérange.

Il lève les yeux, agacé. C'est quoi le problème ? C'est mauvais c'qu'elle fait. C'est injuste. Parce que ce qu'il comprend là dessous c'est qu'il n'a pas le droit de faire ce qu'il veut sans se prendre l'ironie de la dunster en pleine face. Il aurait dû prendre des pincettes pour l'annoncer, c'est ça ? C'est pas de cette manière qu'ils vont se retrouver.

J'ai jamais dis que c'était simple d'être ami avec Maxym, surtout le meilleur, surtout d'être dans ceux qu'elle considère. Elle a un problème avec le partage, avec les choses non dites, elle demande beaucoup. Surtout quand elle a l'impression de ne rien maîtriser. Essaye d'agripper des grains de sable, et finit par les balancer à la mer de rage. " Tu pouvais pas me prévenir que tu venais pas au Summer Camp ? J'en sais rien, je pensais qu'on allait.. " Cherche ses mots. " Je pensais qu'on allait en profiter pour essayer de reconstruire je-ne-sais-quoi." Je m'étais déjà fais un plan dans la tête. " Et tu me dis que tu viens pas, que tu pars avec Célestine, et que de toute façon t'en as plus rien à faire d'Harvard. " Et moi, je dois trouver ça génial. Secoue la tête. " Laisse tomber. " C'est bon, j'vais me calmer. C'est bon, ça fait que plus d'un an que je me répète ça. J'vais bien reussir à le faire.

C'était quoi l'idée ? Etre seul tout les deux ou se mêler à la foule ? Parce qu'aujourd'hui encore, ils ne sont pas foutus de se parler sans se rappeler leurs démons. Dit la fille qui m'a planté à une course de voiture sans prévenir. Ce n'est pas le seul fautif et ça, il le fait comprendre en appuyant sur ce même argument : J'te propose de passer une soirée avec moi et tu me laisses comme un con là bas. Et maintenant tu veux qu'on reconstruise un truc ? Parce que le summer camp est aussi important que cette course. Tu sais ce que tu veux ?

D'abord, elle percute, ouvre la bouche sous le coup de l'uppercut. Toujours la première à se surprendre quand on lui fait subir la même chose que ses propres coups. Elle soupire un : " Je suis désolée de pas être venue, je te l'ai dis. " Et il continue, et les nerfs féminins se contractent, et la princesse se couvre d'écailles de dragons. " Je suis venue vers toi quand t'étais mal en point, je te rappelle. " Le pas vers toi, je l'ai fais. J'ai foiré après, mais mes précédents vont dans notre sens. Quand à sa dernière question, elle provoque un espèce de rire étouffé. " Ce que MOI je veux ? Tu veux que je te rappelle pourquoi on est dans cette situation ? " Moi, je te voulais toi, c'était plutôt clair. C'est pour ça que je ne voulais plus t'approcher. Je ne voulais plus ressentir ce que je ressens dès maintenant. " Mais si tu peux prévoir tes deux prochains mois sans penser à moi, je suppose que c'est très clair pour toi à présent. " Un sourire amer se trace, et demoiselle se lève, elle tourne en rond.

Elle aura beau lui répéter des excuses, ca reste toujours en travers de la gorge, et ceci malgré de la bonne volonté. Elle était venue l'aider, c'est vrai, c'est ce qui s'en suit le problème. Quand elle a flippé. Quand il ne s'agissait plus de mettre du désinfectant sur une plaie mais de passer du temps sans que les choses soient préméditées. Tu vois, on s'prend chacun un coup à tour de rôle. Et c'est une nouvelle claque pour l'anglais. Elle lui impose le souvenir de Lizie, de ce qui a déconné, ce qu'il a fait. Il encaisse silencieusement, serrant son poing et écoutant le reste des propos féminins. « Sans penser à toi ? Toutes mes décisions ont été prises en rapport avec toi. » Pas seulement celle de ne pas venir au SC. Il marque une pause. Tous les mots se bousculent dans sa tête et ca l’énerve. « J’ai même rompu avec Lizie parce que je pensais trop à toi. » Mais ça tu t'en fous n'est ce pas ? Ce qui compte c'est les conséquences directes sur nous. « Et j’essaye de soigner ce qu’on a parce que tout part de travers. » Nouvelle pause suivi de l’argument. « Tu flippes okay. Tu flippes d’être avec moi tu t’en rends compte ? Tu t’attendais à ce que je le prenne comment ? » Plus il parle, plus il arrive à se convaincre que passer ses vacances loin d'elle est une bonne idée.

Mais faut pas lui faire des trucs comme ça à Maxym. Faut pas rayer ses convictions, raturer le scénario qu'elle s'est fait depuis des semaines, des mois. Parce qu'elle s'est appuyée là-dessus, elle y a fondé ses appuis et sa rage. Et toi tu dégages les filtres, tu poses tout votre bordel sur la table, devant une demoiselle qui s'arrête de respirer. " Quoi ? " J'ai l'impression d'avoir vu passer des phrases dont le sens me dépasse. " T'as fais quoi ? " Je suppose que j'aurai du te demander, plutôt que remplir les blancs moi-même. J'ai jamais été douée pour ça, surtout quand ça te concerne. " Je croyais qu'elle t'avais quitté, que.. " Que je n'existais pas, même un peu, dans le tableau. Même pas dans un coin. Que j'étais qu'une tâche maladroite faite dans un moment d'égarement du peintre, vite effacé pour la beauté de l'œuvre. Un bref moment d'agacement se pointe : " Putain mais pourquoi tu me l'as pas dis ? " Parce que moi, si je réagis comme ça, si on oublie mes excès habituels, c'est par peur d'être humiliée à nouveau. Sauf que.. Je me rends compte que je ne l'ai pas été. McAllister s'est plantée, encore une fois. Un espèce de sourire s'affiche. Consternée d'elle-même, amusée de les voir se débattre dans leur non-dits. La voix s'adoucie. " Et évidemment je t'ai pas demandé. "

Tu t'attendais à quoi Max ? Qu'il se laisserait à une embrassade sans rien ressentir ? Qu'il bousirait son couple et son amitié en suivant les simples variables de l'alcool et de l'impulsivité ? C'est Antwan, pas le mec qui vit pour l'adrénaline, pas celui qui va gacher sa stabilité, pas celui qui va se compliquer la vie pour quelque chose dont il n'a pas envie. C'est plus complexe. Plus fort. Ca le tourmente encore maintenant. Ce n'est que lorsqu'il entend une Maxym hebétée qu'il prend conscience de ses mots. Sa machoire se serre, ses yeux se ferment. Il ne veut pas entrer dans cette conversation. Ne veut pas se justifier pour sa décision. De toute façon, c'est plutôt clair. « Ouais. » .. t’as pas demandé. Il n’a pas rétablit la vérité non plus. Plusieurs secondes s'écoulent. Il ne sait pas quoi ajouter. Il ne reste plus que la fuite, art qu'il maitrise. « J’vais y aller. On m'attend. »

Le poids de la conversation l'a fait assoir. L'erreur accable ses épaules pourtant solides, et dame Maxym regarde le sol. L'histoire semble plus claire, mais ne l'est pas pour autant. Quand je peux me réjouir, m'animer d'un peu de couleur, je me rappelle que tu pars, et avec une autre. Alors on se contente de vivre dans le noir et blanc, d'accepter ta fuite, de tout laisser en travaux, chancelant. Tu pars en nous laissant bancales. " Ouais, ouais.. " Je suis plutôt persuadée qu'on ne t'attend pas, qu'il n'y a que moi qui suis dans cette attente persistante. " Okay, j'te laisse alors. Passe de bonnes vacances. " J'y mets pas le ton, pas la volonté. Allez, vas-y, va où je suis pas. Demoiselle finit par éloigner son téléphone, et raccrocher. On finira peut-être par réussir à s'accrocher au vol.