Invité
est en ligne
Invité
Il devait être deux heures de l'après-midi lorsque j'arrivais à l'hôpital. J'avais passé une bonne partie de la mâtiné au Starbucks du campus, à servir des lattes aux étudiants qui allaient en cours, et maintenant c'était à mon tour d'y aller. Sauf que contrairement aux autres, j'avais la chance d'apprendre sur le terrain. Je poussais la porte des vestiaires, rejoignant mon casier pour me changer, retirant rapidement mes vêtements pour enfiler ma tenue d'apprentie chirurgienne, ainsi que ma précieuse blouse blanche. Je pinçais mon badge à la poche situé sur ma poitrine, avant de refermer mon casier et de presser le pas pour rejoindre le service de cardiologie. Je perdis quelques minutes, bavardant avec un collègue avant de courir vers l'ascenseur pour bloquer les portes avant qu'elles ne se ferment. Summer, qui était déjà à l'intérieur, évita comme à son habitude mon regard. Bien souvent je me demandais ce qu'elle faisait ici. Mon père m'avait toujours bien fait comprendre qu'il fallait en vouloir pour réussir en médecine et qu'il fallait avoir le cœur bien attaché pour se faire une carrière en chirurgie. Alors oui, j'étais par fois sensible et certainement un peu maladroite en règle générale ; mais lorsque j'avais un scalpel à la main, j'étais l'incarnation de la confiance. J'étais sûr de moi lorsqu'il fallait diagnostiquer un patient et je me sentais mille fois mieux dans un bloc opératoire que derrière un comptoir à servir des cafés. Summer elle....elle me semblait être tout le contraire. Oui elle était mignonne et avait certainement un sourire qui rassurait les enfants, mais elle était bien trop peureuse et hésitante pour qu'on puisse lui confier sans crainte la vie de ses gamins. Elle pouvait travailler dans une crèche oui, mais en chirurgie pédiatrique... non. Et pourtant, à mes yeux la pédiatrie était l'une des spécialités les plus simples, il suffisait simplement d'être minutieux pour faire des miracles. Mais visiblement, même avec ses petites mains délicates, Summer n'était pas capable de miracle... ou alors elle ne me l'avait jamais vraiment prouvé. Chaque fois que j'avais dû travailler avec elle, ça avait été une souffrance. Elle était plutôt mal organisée, n'était jamais vraiment sûr de ce qu'elle faisait et n'était pas assez méticuleuse dans son travail. Alors peut-être que je tenais de mon père et que j'étais la plus insupportable des perfectionnistes quand il s'agissait de chirurgie, mais une chose était sur: elle était, à mes yeux, à la limite de l'incompétence. Et ce qui m'agaçait le plus c'est que je le savais pourtant capable de faire des miracles. Elle avait de bonnes notes dans les cours théorique, elle n'avait juste pas assez confiance en elle, et ça me révoltait de voir tout ce potentiel gâché ! Je montais dans l’ascenseur, et lui tournais le dos pour venir appuyer sur l'étage du service de cardiologie, sans même lui adresser un regard. Je préférais ne pas lui adresser la parole, certainement de peur qu'elle ne m'agace, ou pire encore: de peur que je ne finisse par l'apprécier.
(Invité)