Quand la réalité dépasse la fiction | Bonaventure

Je suis trop curieuse, ce n'est pas le fait de vouloir tout savoir sur tout, connaître tout. Bien loin de moi cette idée. Je ne suis pas surdouée, je ne souhaite pas l'être. Certains s'amusent à apprendre un mot du dictionnaire par jour pour se cultiver soi-disant…pour ma part, si je ne comprends pas un mot, je ne l'utilise pas, c'est plus simple. Mais j'aime malgré tout apprendre, principalement les traits de caractère des personnes, pour mieux réussir à les comprendre et à les cerner, mais parfois mes questions sont gênantes, trop personnelles ; je ne me rend pas compte ; ce qui est assez étrange lorsque l'on sait que j'évite toute question me concernant, et que, lorsque l'on m'en pause une qui me dérange, je préfère changer de sujet ou simplement l'ignorer plutôt que de répondre. « Juste ça ? Et flash il n'a pas horreur de l'injustice ? » dis-je remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Tous les super-héros se battent pour la justice non . A vrai dire, lorsqu'il me dit ça, je repense à une personne : un student, qui a crié au scandale lorsque je lui ai avoué que celui qui m'a fait toutes ses cicatrices sur mon corps n'avait pas payé, qu'il était encore en liberté , sans être jugée pour le mal qu'il a pu commettre « Ouais, je fais tout pour pouvoir venir … je raterai un moment avec toi pour rien au monde. » ajoutai-je avec un clin d'oeil à son intention. À cet instant j'ai encore pleine possession de mes moyens, ce qui n'est plus le cas quelques minutes plus tard. La proximité de nos corps, n'aide en rien. Je perds doucement les pédales, cette pudeur que je ressentais, cette peur de l'embrasser, elle s'est évaporée . Ce baiser que nous avons échangé était différent des anciens, peut-être que l'absence du metteur en scène, ou du texte, m'a permis de me détendre, de me laisser plus facilement aller dans les bras du jeune homme, laisser exprimer cette passion qu'a nous demander tant . Pourtant cette passion ce n'est plus ma préoccupation, car elle est bien présente entre nous, il y a même bien plus que cela. Le désir, l'envie de l'autre nous a envahis. De son regard il réussit à me faire oublier qu'il est marié, l'espace de quelques secondes, je ne rechigne pas à l'idée de devenir une briseuse de couple, n'ayant qu'une envie, celle de l'embrasser de nouveau, de me lier à lui par un baiser. « Comme quoi ? Quelques moments de plaisir et d'insouciance ? Toi aussi, tu les mérites... » répondis-je face à sa tristesse . Pourquoi est-il comme ça ? Bordel j'aimerais comprendre. Le mariage est quelque chose de magnifique et, si ça ne l'ai malheureusement pas, il existe le divorce . Il n'y a pas de raison que de reste dans le malheur, de vouloir souffrir volontairement. Lorsque je l'embrasse, j'ai l'impression de le délivrer, l'espace de quelques instants, d'un masque qu'il s'inflige à porter, de faire ressortir le vrai Bonaventure, mais cela ne dure pas. Je ne tarde pas à le rejoindre.Je passe une nouvelle fois ma main dans mes cheveux, les rejetant en arrière, me décoiffant peut-être un peu plus, je ne sais pas mais je m'en fous. Avoir une idylle secrète, caché de tous, c'est loin d'être quelque chose dont les femmes rêvent, et Bona semble l'avoir compris. Sur le coup, je ne sais pas trop quoi répondre, je ne peux pas lui dire le contraire ... son mariage complique réellement tout. J'ai envie de lui, d'être dans ses bras, de toucher chaque parcelle de son corps et de partir à la découverte de ce dernier… mais je ne peux, pour lui, pour moi… Je préfère mettre fin à cette tentation, à cette souffrance. Même lorsque je dépose un baiser sur sa joue, je suis obligé de me contenir, de ne pas m'abriter dans ses bras, et de sentir son souffle chaud près de mon visage . Je me retiens et détourne le visage pour attraper mes affaires avant de me lever, me faisant de nouveau stopper par le jeune homme, qui ne m'aide d'aucune façon avec ses dires. « j'en ai envie également, c n'est pas seulement coucher avec toi dont j'ai envie à vrai dire et c'est sans doute ça le problème.. après le manque de respect, ce ne serait pas envers moi… . » Mais plutôt envers son épouse, qui n'aura rien demandé dans tout ça. L'envie est présente, mais je sais ce que j'ai réellement envie au final. De lui, ça c'est certain, mais je ne veux pas faire de lui un salaud, je ne gagnerai rien dans cette histoire, personne ne gagnera mais la souffrance se propagera… est-ce-que ça en vaut le coup tout ça  Je ne sais pas , mais restz près de lui devient insupportable. Ses doigts autour de mon poignet me brûle , brûle de désir pour lui . Je ferme les yeux avant de laisser doucement glisser ma main, me libérant de cette emprise.«  je suis désolé aussi... » ne puis-je qu'ajouter avant de remettre mon sac sur mon épaule et de descendre le plus rapidement possible de la scène, sans me retourner.