three days grace ;; i hate everything about you.
Lorsqu'elle était encore qu'une gamine, Charlie avait déjà un caractère bien affirmé. Ses parents, soucieux de vivre dans le calme, la sérénité et les bonnes manières supportaient parfois difficilement la petite fille turbulente, qui ne pouvait rester à sa place deux minutes, avec une grande gueule, cassant tous les vases anciens sur son passage ; au contraire de la jumelle sage, attentive et intelligente qu’était Apple. Et en grandissant, Charlie était resté la même, désobéissant totalement aux ordres de ses parents, souhaitant mener sa vie comme elle l’entendait, et non pas en suivant les règles imposées dans la bonne société. Pourtant, lorsqu’elles étaient encore toutes jeunes, les jumelles s’entendaient à merveille ; certes, elles étaient opposées de caractère, mais rien ne pouvait enticher leur relation. Puis Charlie s’était radicalement éloigné de sa famille, les trouvant vraiment encombrant, étant donné qu’elle prenait des décisions qui ne leur convenaient pas. Elle s’était mise à devenir la fêtarde que l’on connaissait à présent, à fumer et boire plus que de raison, à fréquenter les mauvaises personnes, sans se soucier de ce que disaient papa et maman Kovalevski. Adolescente, la brunette tombait facilement amoureuse des mecs qu’elle rencontrait ; avec le recul, elle avait compris qu’en réalité c’était plus des coups de cœur. Jusqu’à sa rencontre avec Soliman. Elle n’avait pas exactement compris ce qui s’était passé sur le coup, mais de son naturel fonceur et déterminé, Charlie n’avait pas hésité une seule seconde, alors qu’elle venait d’intégrer le lycée pour sa première année à New York, à aller aborder le jeune brun, qui était beau comme un mannequin. Oui, ce qui était sûr c’est qu’elle n’avait jamais manqué de culot. Les choses n’avaient pas exactement pris la tournure qu’elle souhaitait, étant donné qu’ils n’étaient pas promptement sortis ensemble, décidant plutôt de simplement coucher ensemble, - plus lui qu’elle - lui cédant de ce fait, sa virginité. Le déroulement de l’histoire s’était plutôt mal fini, suite à la découverte de Charlie quant aux intentions de Soliman. Et depuis, la guerre n’avait cessé entre eux, pire encore lorsqu’ils s’étaient retrouvés dans la même université. Mais comme si l’année scolaire ne suffisait pas pour les nombreuses disputes qu’ils engendraient, il fallait également qu’ils se retrouvent l’été, au Summer Camp, en l’occurrence aujourd’hui, en haut de la montagne. La conversation avait commencé, et continuait au quart de tour, malgré quelques instants de répit, où les propos mesquins étaient mis de côté.
« Sans paraitre prétentieux il y a toujours une part de vérité dans ce que je dis… ». Charlie leva les yeux au ciel : quel prétentieux, vraiment, même si elle commençait à en avoir l’habitude. (a) Se disant qu’il serait plus sage de la boucler pour cette fois, elle décida de ne rien ajouter de plus et continua le bout de chemin.
Mais même si elle se taisait pour cette fois, il y aurait forcément une autre remarque qui allait la faire réagir. Cependant, bizarrement, la brunette opta pour un ton calme afin de répondre aux propos du jeune homme. Car oui, cela faisait bien longtemps qu’elle avait envie de mettre certaines choses au clair avec lui, et par la même occasion, balancer tout ce qu’elle gardait pour elle. La brunette extériorisa donc ses pensées, cependant elle fut interrompue par Soliman :
« Je te coupe une seconde mais c’est important… Je crois que tu penses que dans l’histoire je t’ai pris pour une conne du début à la fin… Lorsqu’on a fait l’amour pour la première fois tous les deux, que tu m’as offert ta virginité je n’étais déjà plus dans le trip d’oublier Eileen… Tu veux savoir pourquoi ? Parce qu’il n’y en avait plus besoin, je me sentais revivre avec toi à ce moment-là et je n’aurais jamais osé être le premier homme pour toi si je n’avais pas eu ne serais-ce qu’une pointe d’amour pour toi… ». Complètement déstabilisée, Léna le fixa, désorientée, ne s’attendant carrément pas à une déclaration de ce genre de la part du Winthrop, qui paraissait si… sincère ? Disait-il la vérité ? N’était-il plus à ce moment dans le but d’oublier son ex petite-amie ? Son cœur se mit à battre d’une façon violente, et elle resta figée sur place, les bras à nouveau ballants, les yeux relevés vers lui. Elle se souvint que sa mère lui avait souvent répété que les filles étaient plus faibles que les garçons, quoi qu’on en dise, car de simples mots pouvaient leur faire faire tourner la tête et Charlie réalisa à cet instant combien elle avait raison. Ce n’était pas dans ses habitudes pourtant, de se sentir aussi désarmée. Détournant finalement son regard vert, la Kovalevski, après s’être raclée la gorge, se décida enfin à lui répondre, sur un ton qui manquait d’assurance :
« c’est la vérité ? … Non, parce que tu vois, je ne sais plus s'il faut que je te crois où non... Et malgré tout ce que j'ai dis depuis le début, j'aimerais bien que ce soit vrai, ouais vraiment... Et si c'est vrai... on aura quand même gaspillé pas mal de salive dans toutes les disputes. (a) », avant d’esquisser un petit sourire, espérant ardemment que ce soit la vérité. Il avait soudainement, l’air d’être beaucoup moins con à ses yeux. Mais non, il ne fallait pas qu’elle se laisse complètement aller de cette façon, c’était hors de question, et pas digne d’elle. Se reprenant donc, Charlie passa de nouveau une main dans ses cheveux, avant d’avancer encore, en direction des chalets du Summer Camp, au côté de Soliman qui ajouta :
« On avance… Cette journée est définitivement troublante ! » A qui le disait-il ? Elle aurait encore mieux fait de rester dans son lit ce matin, mais d’un autre côté, elle n’était pas mécontente de s’être expliquée avec lui, enfin. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, ils furent arrivé à destination, et c’était ici que les chalets se séparaient, et leur route par la même occasion. Et étrangement, la Mather réalisa que ça ne la dérangerait pas de rester encore un peu avec lui, chose totalement improbable quelques jours auparavant. Rivant à nouveau son regard verdoyant vers Soliman, elle l’entendit lancer :
« Bon… Je crois que c’est ici que nos chemins se séparent… Si on ne se croise pas avant la rentrée… Profites bien de ton été. ». Et avant qu’elle ne puisse faire un geste, il s‘approcha vers elle puis déposa un baiser sur son visage. Surprise, Charlie oublia complètement de respirer quelques secondes, ne se doutant pas qu’il prendrait une telle initiative. En temps normal, la baffe serait partie automatiquement, mais pas cette fois ; elle devait vraiment être malade. Recouvrant ses esprits, la brunette lança alors, d’un ton ironique :
« Je crois que j’ai été trop gentille avec toi, à la rentrée va falloir remettre les pendules à l’heure. (a) Mais bon… bon été à toi aussi, si l’on ne se recroise pas et profite bien du Summer Camp. » Elle n’allait tout de même pas lui demander de rester, ce serait stupide, et à la place, le regarda s'éloigner vers le chalet des garçons. Se mordillant la lèvre inférieure, la Kovalevski se dirigea également vers le sien, afin de pouvoir se remémorer tous les évènements bizarres qui venaient de se passer dans la journée.