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Lano dit : « Mon père n'apprécie pas trop la corruption, surtout pour son unique fille ! Mais si je peux t'aider, son pécher mignon, c'est le chocolat blanc. »
Je lui ai encore donné un indice sur moi. Tant pis ou tant mieux, je ne sais pas. Je clique sur le lien de la vidéo qu'il vient de m'envoyer, en parlant de « galère ». Je ris comme une folle, je pense même que si Baptiste avait été à la maison, je l'aurais réveillé et il aurait accouru dans ma chambre pour comprendre pourquoi je rigole aussi fort. My God. Cette femme est complètement tarée. Je peux être jalouse, ça c'est certain, mais être aussi dominatrice sûrement pas. Je me fais suffisamment ridiculiser par les hommes dans mes relations amoureuses, au point de vouloir changer, au point d'être capable de tout pour l'autre. Je suis la copine qui peut devenir effacée si l'autre le veut, celle qui peut être plus femme, plus sexy, plus, moins, plus, moins... Et pourtant, depuis le mauvais coup de Lysandre, je veux reprendre les rênes de ma vie. Mais suis-je capable de sortir la tête de l'eau ?
Lano dit : « C'est tout moi oui ! Et tu aurais intérêt à courir vite après le ballon,sinon, c'est moi qui te sauterait dessus ! »
La valse quand il était petit ? Oui, pourquoi pas, mais je ne le sens pas très bon danseur. Et mes doutes sont rapidement validé par sa phrase suivante. Je souris devant l'écran. Mais le perds rapidement à la suite des mots qui apparaissent devant mon écran. Serait-il prétentieux et égoiste ? J'ai l'impression qu'il se défend par rapport au fait que j'ai dit ne pas m'entendre avec ce genre de mecs. C'est étrange parce que je le ne vois pas comme ça, parce qu'il n'est pas comme ça... A moins que cela ne soit une question d'apparence, comme je semble le comprendre.
Lano dit : « Tu sais, je suis certaine que je suis capable de percer les carapaces les plus solides. J'ai comme un genre de flaire pour ça, pire qu'une intuition féminine. Je vois le bon en l'être humain. Alors bien sur, je peux croire qu'il y a chez certains l'action de mécanismes de défense. Mais malgré mon amour de l'Homme avec un grand H, je reste intimement persuadée que certains peuvent réellement possédé ses défauts. Dans le mauvais sens, sans le coulis de menthe sous la carapace du bonbon, sans gentillesse, et malgré mon énorme capacité d'empathie. »
Lano dit : « Quand on apprend à connaître une personne, on sait si les apparences sont trompeuses ou non... »
Et je pense à Lysandre malgré moi, à sa façon de manipuler mes pensées, à sa façon de me parler pour que je craque. Alors oui, avec ce que j'ai noté à mon compagnon d'internet, je ne devrais plus lui parler, et même le fuir comme la peste. Mais je n'y arrive pas. La femme forte en moi ronchonne, la soumise se fait toute petite et rougis. Je crois que je me suis rongée les ongles sans m'en rendre compte, et je réagis en sentant le goût du sang dans ma bouche. Je fais la grimace. Quelle idiote.
Lano dit : « Et tu me liras des poèmes de Baudelaire ! »
Il préfère les brunes ? C'est certain que j'ai rougis, c'est sûre que je me suis mordue la lèvre comme une adolescente. J'ai du cligner des yeux, papillonnant des paupières, et j'ai du me toucher les cheveux, remontant une mèche brune derrière mon oreille, en baissant le regard. Cette conversation est troublante. Ou elle me trouble, je ne sais pas.
Lano dit : « Je préfère les mecs tatoués. »
Lano dit : « Avec 4 bouteilles, je plane depuis bien longtemps ! »
Lano dit : « Ce qu'il ne faut pas lire ! »
Je balance le PC et me couche sur le ventre face à lui. Je ne préfère pas continuer de parler de sa vie. J'ai l'impression que ça le met un peu mal à l'aise, il m'explique la subir et s'en satisfaire ? Cela me semble contradictoire en faite. Je préfère que l'on parle de sujet un peu plus léger en fait. J'ai déjà eu l'impression de le gêner en parlant des caractères que je n'aime pas beaucoup, alors je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie en lui parlant de sa vie.
Lano dit : « Vu l'échantillon que tu m'as envoyé, je ne pense pas que tu es besoin d'un coup de pouce avec les femmes. Pas du tout même, tu es très beau garçon ! Mais bon, c'est toujours mieux non ? »
Lano dit : « C'est une passion, parfois lucrative. »
Et puis, la douche froide. Son envie de rencontre, mes interrogations, et sa dernière phrase qui fouette l'air comme une punition, une gifle. Merde, ça me fait mal, il m'a blessée sérieusement. Il n'a donc pas d'attente ? Mais il aimerait une rencontre... C'est encore contradictoire non ? J'ai reniflé. Non, je n'avouerai pas que j'ai les larmes aux yeux. Je ne pensais pas qu'il pouvait écrire une phrase qui me paraît si cinglante. Je ne sais même pas quoi lui répondre. Je reste un peu prostrée, regardant l'écran sans bouger, sans avoir la moindre idée de réponse. Je frôle le clavier de mes doigts, sans appuyer sur aucune touches. Je suis triste, je suis déçue en fait. Il m'envoie cette musique, et je pleure malgré moi, c'est peut-être son « d'accord » qui m'y a aidé. Il se fiche que j'aille me coucher, que je parte. Alors, d'un clic, je me déconnecte d'un seul coup. Sans un au revoir, sans un à demain. Je suis triste. Je ferme l'ordinateur, me détourne et enfouis ma tête dans mon oreiller, la musique de Radiohead qui fonctionne encore, dans un son un peu fuyant, comme moi. Et puis, elle se termine, et je ressens le vide de ma chambre. Et je pleure, je pense que je suis une idiote d'avoir réagit ainsi. Est-il encore connecté ? Fait-il la gueule ? Est-il triste ? Merde ! J'attrape l'ordinateur d'un coup de main rapide et le jette sur l'oreiller. J'essuie mes yeux humides et me reconnecte en vitesse. J'espère qu'il est là, j'espère que je ne l'ai pas vexé. Good, il est là. Enfin, il est encore connecté.
Lana dit : « Tu veux bien garder le mystère encore un peu ? »
Lana dit : « Nos conversations vont me manquer... Rien que ces quelques minutes et tes mots me manquent. »
Lana dit : « Tu me manques... C'est con hein ?! D'être attachée à ce mystérieux mec tatoué, à ces musiques que j'adore, à des mots sur un écran.»
Lana dit : « Et je suis certaine qu'on s'entendrait en vrai. Mais j'ai un peu peur. Excuse moi... »
Lana dit : "Et Radiohead... "
Lano dit : « J'ai un grand frère. Et toi, tu es fils unique ?»
Un frère adoptif en fait, mais je le considère comme un frère de sang. Il est l'homme parfait, mon sportif préféré, le meilleur qui puisse exister. Et même si parfois mon cœur balance pour lui, je me dis qu'il faut que cela reste absolument secret, tout comme nos baisers d'adolescents. Si la mauvaise presse se met à apprendre que la danseuse montante a été amoureuse de son frère adoptif, cela ferait une très mauvaise pub.
Lano dit : « Et me faire mater par toute ton équipe ? Je refuse de vous faire perdre parce que plus personne ne regarde le ballon. A moins que l'équipe adverse m'observe aussi ? »
Lano dit : « Mes chevilles viennent de doubler de taille... »
Je souris. Dylan m'avait déjà fait la moral à propos de ma tenue vestimentaire en venant le voir à un match. Plusieurs de ses coéquipiers lui avaient parlé de moi pendant la mi-temps, et il fut tellement en colère qu'il m'ordonna d'enfiler son t-shirt et son jogging. La honte de ma vie. Les hommes devraient être contents que leurs amis matent leurs copines ? Ou jaloux ? En fait, je n'en sais absolument rien.
Nous continuons de parler de cet histoire de caractère et plus nous en parlons, plus je me dis qu'il doit avoir un caractère de merde. Ou alors il pense qu'il a un caractère de merde. Dans les deux cas, je me sens un peu coincée et je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. En fait, je refuse de lui mentir, mais je ne veux pas lui faire de mal non plus. Je préfère un peu botter en touche.
Lano dit : « Il n'y a rien qui m'empêchera de te parler, sois en certain ! »
Et quand il m'écrit des connards qui s'assument, je me mordille la lèvre nerveusement. Il aimerait Lysandre ? Ce petit con prétentieux qui fait tout pour me rendre triste dès qu'il me parle ? Je ne préfère pas lui répondre, partir dans un débat sans fin, non pas sur Noaaah, mais sur mon ex. Parce qu'en fait oui, je parle de lui dans cette histoire de comportement, et que j'aimerai être capable de ne plus lui parler, de me faire une carapace moi aussi, pour bloquer mes sentiments, pour paraître la fille forte et froide, et non la fille trop gentille et naïve. Mais je sais que Noaaah n'est pas comme ça, qu'il est merveilleusement gentil.
Lano dit : « Si tu peux me jouer le solo de guitare de « The final countdown », (https://www.youtube.com/watch?v=9jK-NcRmVcw) je pourrais tout te pardonner de toute façon, mauvais caractère ou pas. »
Mais, mais, mais... Il connaît Baudelaire. Je craque, cet homme est fait pour moi ! A moins qu'il n'ait regardé en vitesse sur google pour me le copier-coller. Mais soit, j'accepte tout. Un homme qui aime la poésie, je ne pensais pas que cela pouvait exister encore. Ils doivent être en voie de disparition.
Lano dit : « J'aurais parié que celui là était ton préféré ! »
Lano dit : « Lorsque tout me ravit, j'ignore si quelque chose me séduit. Elle éblouit comme l'Aurore et console comme la Nuit. »
Lano dit : « On serait merveilleux. »
Je me mets à nous imaginer, bras dessus, bras dessous, à nous promener ensemble en ville ou plutôt dans un parc, oui, c'est bien mieux. Et on finirait par s'asseoir sur un banc, il me lirait des poèmes pendant des heures entières. Je frôlerai du bout de mes doigts les tatouages, pour ressentir l'encre sous sa peau. J'aimerai être là, malgré son fichu caractère. Il jouerait de la guitare pour nous, les écureuils et les oiseaux. Je deviens trop fleur bleue là non ? Je secoue la tête pour y faire sortir toutes ses images bien trop romantiques. Comment je peux m'imaginer avec un inconnu tatoué, qui aime la musique et les brunes ? Le mystère d'internet peut-être. Mais ce que j'imagine me plaît, et me donne un peu chaud.
Lano dit : « Je ne craque pas facilement devant le charme des inconnus tatoués...:P Alcool ou pas.»
Et puis tous ces mots en trop, ces écrits qui fusent et qui blessent, arrachent des morceaux de cœurs à chaque syllabe. Je me bloque, j'ai fermé mon cœur d'une rapidité que je ne pouvais imaginer. Et j'ai laissé couler quelques larmes. Quelle idiote que je suis. Je chiale pour un mec que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam. Je me sens bête et pourtant si blessée, comme un animal pris dans un piège, comme une fourmi sous une chaussure. Je suis si mal, en manque, le camé sans sa drogue, le passionné privé de sa passion. Et je me sens si seule.
Mais il est toujours là, et il n'a pas l'air de me faire la gueule. Il prend les choses à la rigolade, mais je sens qu'il a été vexé lui aussi, que ses mots ont dépassés sa pensée, et qu'il acquiesçait sans être d'accord. Je suis soulagée. Je l'aime trop ce type pour qu'on arrête de se parler à cause d'une connerie. Je l'aime malgré son caractère de merde, et même pas pour son physique de beau gosse. Je l'aime pour lui, pour ses choix musicaux, pour son humour, pour tout ce qu'il me permet de voir à travers mon écran.
Lana dit : « Un jour sûrement on se rencontrera, mais laisse moi un peu de temps. »
Comme la fille qui refuse de coucher le premier soir. C'est un peu étrange de reprendre cette formulation pour une rencontre en face à face avec un inconnu d'internet. Et puis, il serait presque directif, un poil dominant, quand il me demande de ne plus le quitter sans un au revoir. Je crois que j'ai froncé les sourcils, mais au fond de moi, ça m'a plu, comme un picotement dans le ventre.
Lana dit : « Oui... »
J'ai eu envie d'écrire « maître ». Pffouah, je divague, j'ai besoin d'un peu d'air. Je me lève et m'installe près de la fenêtre, assise en tailleur par terre, le PC sur l'intérieur des cuisses.
Lana dit : « Je te réserve des bisous pour le jour de notre rencontre, et je te ferais un énorme câlin sur cette chanson. https://www.youtube.com/watch?v=5YXVMCHG-Nk »
Nous sommes deux enfants privés de bonbons, impulsifs, et nous agissons sans réfléchir. Et je comprends que nous pensons les mêmes choses en ce qui concerne le manque de l'autre. Ses écrits me font rougir. Je relève mes cheveux de mes doigts pour libérer mon visage de cette soudaine chaleur, mais je finis par attraper un élastique et me faire un chignon rapide, dégageant ma nuque par la même occasion.
Lana dit : « Je ressens exactement la même chose. C'est fou non ? De ne pas se connaître et que ça colle autant entre nous ? »
Lana dit : « Je n'aurai pas réussi à m'endormir de toute façon... »
Je laisse un grand blanc, reprenant mon souffle malgré la fenêtre ouverte juste au dessus de moi.
Lana dit : « Tu sais, je meurs d'envie d'être avec toi à cet instant, allongée sur un lit. Et je passerai mes doigts dans tes cheveux en écoutant Radiohead en boucle. »
J'ai hésité, mais j'ai cliqué sur envoyer. C'est un peu trop romantique encore non ? C'est trop tard. J'arrache les petites peaux à côté de mes ongles de stress en attendant sa réponse.
Lano dit : « Je n'aurais pas parié sur une grande famille... »
Je ne sais pas pourquoi je lui ai envoyé ça en fait, mais c'est la vérité. Sa façon de parler ne peut rien me prouver, mais je le voyais plutôt fils unique. En fait, je me rends compte que j'ai du mal à l'imaginer en famille. Quel genre de frère est-il ? Le protecteur ? Celui qui entraîne dans les conneries ? Celui qui drague les amis de la fratrie ? En tout cas, je l'imagine le musicien, chantant des berceuses à sa sœur depuis qu'il sait chanter, à lui lire des histoires pour l'endormir, à la border. Le grand frère très protecteur avec sa sœur, ayant pris pour exemple l'un de ses parents sûrement ? Et pourtant, quand il me parle de sa situation de vie, qui semble convoitée par les autres, mais qui ne semble pas lui plaire à lui, sa relation avec la fratrie me questionne encore plus.
Lano dit : « Dylan, c'est l'homme de ma vie. Et comment s'appellent les tiens ??»
Lano dit : « En ce moment même, je ne porte pas de chaussettes ! »
D'ailleurs, je tire sur le t-shirt pour essayer de couvrir un peu mes cuisses, en vain. L'air me fait du bien pendant mes coups de chaud, mais il est un peu frais quand je me calme. Je ne perds pas le sourire que j'ai sur les lèvres quand nous parlons de football. Je ne le vois pas sportif, ça aussi c'est étrange, de ressentir des choses personnelles dans une simple conversation.
Lano dit : « En es-tu vraiment certain ? »
Je rentre dans son jeu, dans notre imagination collective rien qu'à nous. Comment je me comporterai dans la réalité ? Si nous étions en couple, bien sûr que je ne regarderai que lui, c'est une évidence. Mais il pense vraiment que je pourrais ne plus lui parler. Il doit vraiment penser qu'il a un caractère insupportable.
Lano dit : « Si tu étais capable de me blesser assez pour que je ne te parle plus, tu auras beau faire n'importe quoi sous ma fenêtre, je ne céderai à rien. (Enfin, si tu chantes vraiment bien, et avec la guitare, je craquerai au bout de trois chansons peut-être... Mais il faudra y mettre du cœur!) »
C'est impressionnant ce qu'il connaît en rapport avec la France. Au début, je me suis demandée s'il venait de ce merveilleux pays, mais j'apprends vite que c'est son précepteur qui lui a beaucoup appris. C'était une très bonne idée en tout cas, la France est un pays culturellement très intéressant.
Lano dit : « Saez est un artiste, mais comme pour tout art, parfois je tombe amoureuse (je suis absolument dingue de Marguerite), parfois je divorce. »
Lano dit : « C'est que cet inconnu me drague. Si on me lance du Baudelaire à une première rencontre, ça met une grosse pression pour la suite, il faut assumer derrière. »
Je clique sur le lien de sa musique. Et je resterai sa prisonnière s'il le souhaite, s'il me garde dans ses bras pendant de belles chansons, si il m'embrasse le front pour me détendre et m'aider à me laisser aller, à écouter plus fort, à ressentir plus vivement.
Lana dit : « Être prisonnière de tes bras, avec ses musiques, et je vais m'y endormir. (Tu feras attention, je bave parfois ! »
Petite touche d'humour pour effacer le romantisme de la situation imaginée. Et encore une magnifique référence à la France. Brel, Piaf, ma mère est une grande fan de ce genre de musique et m'y a bercée longuement. Ma mère, elle aime la France, comme un pays d'accueil, comme une adoption. Et je crois qu'elle a dragué mon père comme ça, en lui apprenant qu'il n'y a pas que du bon vin dans ce pays, mais énormément de choses à découvrir. Nous allions régulièrement en vacances en France, mais surtout à Paris. Du coup, moi aussi j'en suis tombée amoureuse.
Lana dit : « Monsieur Brel est un Dieu. »
Et puis le vide, la peine, le désespoir, la tristesse. Comme un puzzle où il manque une pièce, comme une fissure dans un mur, comme un coup de poing en pleine figure.
Et puis la renaissance, l'envie, l'espoir. C'est étrange comme on se comprend, comme on s'entend. Ça fait peur, ça fait plaisir. Bref, c'est trop étrange pour qu'on puisse comprendre, surtout à l'heure qu'il est, trop tard ou trop tôt.
Lana dit : « Tu aurais finis par t'endormir et moi aussi. Peut-être en même temps d'ailleurs, sauf que mes yeux auraient été plus humides. »
Et me voilà à rêver de nouveau d'une rencontre, d'une envie, d'un contact.
Lana dit : « Et mon autre main frôlerait ton épaule.»
Lana dit : « On aime tous les papouilles non ? »
Lana dit : « La crampe au ventre, c'est troublant. Encore plus quand c'est partagé. »
J'ai frissonné, de tout mon corps. Et j'ai fini par me laisser glisser contre le mur, sur le tapis, les jambes tendues, en appuie sur le bord du lit. Je laisse un long moment de silence. A quoi pense-t-il vraiment ? Ne me dit-il pas tout cela pour me faire plaisir ? Pour me faire ressentir ce genre de chose qui me font sérieusement peur, mais tant de bien ?
Lana dit : « Est-ce qu'on devrait ? Continuer d'imaginer, se faire des films, sentir des papillons dans le ventre ? Tu n'es et je ne suis qu'un écran, et l'encre noir sur un écran blanc. Rêver peut rendre fou non ? »
Lana dit : « Ne le prends pas mal hein... »
Lana dit : « J'ai peur de devenir folle de toi en fait... »
Lano dit : « Oui, c'est ta façon de parler peut-être. En fait, j'ai l'impression de sentir un manque de quelque chose quand tu me parles, comme un enfant unique qui aurait rêvé d'avoir une fratrie. Mais du coup, je me trompe :D »
Oui c'est étrange, comme un égocentrisme important, comme un arbre seul au milieu d'un champs, comme une solitude plus ou moins assumée. Et je souris quand il m'écrit qu'il comprend mon ressenti par rapport à mon frère, mais je crois qu'il ne le peut pas. Ma relation avec Dylan est bien trop étrange pour que quelqu'un d'autre ne la comprenne.
Lano dit : « Non, il a une chambre dans une confrérie. Moi, je suis en collocation en ville, pas loin de l'université. »
J'aurais aimé vivre avec lui, mais notre jalousie mutuelle nous tuerait à petit feu. C'est bien plus simple qu'il soit dans sa chambre à la confrérie, avec ses potes. Si je ne sais pas ce qu'il s'y passe, je n'ai aucune raison d'être jalouse. Du coup, ça arrange tout le monde. Noah me parle enfin de ses origines. Je n'ai jamais été aux Pays-Bas. Et pourtant, il paraît que c'est un pays magnifique au printemps, avec toutes ces tulipes colorés, les champs entiers recouverts de fleurs multicolores. Et les grands moulins qui prouvent leur domination sur le pays en tournant fièrement au souffle du vent.
Lano dit : « Néerlendais ? Je n'aurais jamais deviné ! Si un jour on se rencontre, tu seras dans l'obligation de m'emmener dans ton pays ! »
Lano dit : « Lieven, que c'est beau. Ça sonne comme une légère brise dans les montagnes.»
Et nous parlons de ces dons de chanteurs. S'il est fier de parler de ses capacités de musicien, apparemment, il n'est pas aussi convaincu de sa façon de chanter. Un peu comme la danse, le chant et moi. Ah oui je chante, sous la douche, en voiture, fort quand j'aime, en mimant parfois, faux la plupart du temps. Mais j'aime ça, alors je me fiche de mal chanter, je me fiche que les autres se bouchent les oreilles, me hurlent d'arrêter ou essayent de poser leur main sur ma bouche. Je chante, c'est tout. Mais je suis contente qu'il choisisse de ne jamais me blesser.
Lano dit : « Soit, tu as choisi ! »
Lano dit : « J'en ferais bien ma religion, j'en ferais bien mon horizon. C'est sûr que j'peux mourir demain, tant qu'elle m'habite entre ses reins. »
Du coup, je vais j'attrape mon téléphone pour mettre Saez dans les oreilles, juste le temps de cette chanson. Je l'apprécie, rapidement, en fermant les yeux, comme si je n'allais plus l'entendre pendant un moment.
Lano dit : « Je suis amoureuse de cette déclaration, c'est particulier, c'est étrange, mais mon Dieu que je rêve qu'on me dise ça ! »
Lano dit : « Quel duo d'imparfait. Mais si tu ronfles trop, je serais obligée de te réveiller... avec un coup de coussin !»
Et j'ai encore pleins de défauts que je ne vais pas lui révéler de si tôt.
Lano dit : « Saez a cette voix nasillarde assez désagréable parfois, mais j'aime aussi ses textes. »
Lano dit : « Et non raté ! Je suis anglaise, mais ma mère travaille régulièrement en France, du coup, j'ai appris à la connaître. »
Et puis, la tempête est passé, ma susceptibilité aussi. Mes craintes se transforment en une sorte de désir patient, enfoui. Et je reprends à sourire quand il me dit qu'il aurait dormi avec l'ordinateur dans les bras.
Lana dit : « Tu aurais eu trop chaud avec le PC contre toi. Prends une peluche, c'est mieux non ? »
Lana dit : « Le ronronnement d'un chat est une douce musique. Personnellement, les papouilles, je les préfère dans le creux du dos. »
Stop. On aurait déjà du arrêter à ce moment précis. L'imagination, c'est mauvais, et tellement bon. Ça m'aide à l'imaginer merveilleux, ça aide à apercevoir ses gestes, à ressentir ses actions. Plus je lis, et plus j'ai chaud. J'essaye d'abord de m'en débarrasser en secouant mon t-shirt, pour que l'air s'insinue dedans et frôle ma peau. Mais je crois que c'est peine perdue.
Lana dit : « La bouffée de chaleur s'intensifie. »
Et je lis qu'il n'aime pas la frustration. Alors là, je ris de bon cœur, retrouvant mes cours sur les maladies psychiatrique qui défilent devant mes yeux. Je ne peux m'empêcher de continuer sur sa lancé, l'humour. Et elle m'aide à faire redescendre la température de mon corps, et à arrêter les papillons qui volent dans mon ventre.
Lana dit : « L'intolérance à la frustration est un signe de schizophrénie xD »
Lana dit : « Arrête d'imaginer alors... »
Mais cela ne dure pas longtemps. Alors que j'envoyais ma phrase, il m'envoie son imagination en pleine gueule. Je suis déstabilisée, je ne m'y attendais pas. Je bloque ma respiration pour essayer d'y voire plus claire, mais je crois qu'il est déjà trop tard. Le feu a pris avec les braises, et maintenant il va être difficile à éteindre. J'essaye.
Lana dit : « Arrête d'imaginer. »
Comme un ordre. Mais une énorme partie de moi me crie de continuer, qu'après tout, il n'y a rien de mal à imaginer à deux, des choses que l'on pourrait faire ensemble. J'ai rougi. Le sol me fait mal au dos mais je ne peux plus vraiment bouger. J'hésite. J'écris. J'envoie.
Lana dit : « J'aurais continué, apprécié malgré la surprise et j'aurais sûrement fini par me redresser et pivoter pour m'asseoir sur toi, une jambe de chaque côté de ton corps, sans briser aucun lien, mes doigts enfouis dans tes cheveux pour retenir ta tête à présent dépourvue d'oreiller, mes lèvres sur les tiennes. »
Lana dit : « https://www.youtube.com/watch?v=TTAU7lLDZYU »
Lana dit : « N'imagine pas. La douceur des lèvres, le frisson de mon corps, la chaleur entre nous. N'imagine rien, que la frustration de ne pas le vivre, en vrai. »
Jouons, au risque de prendre totalement feu.
Lano dit : « Peut-être bien oui xD »
Lano dit : « C'est quand même étrange que tes amis te pensent fils unique... Non ? »
Un ami, un vrai, c'est celui qui connaît tout de l'autre, même peut-être plus que l'autre lui-même. Il connaît sa vie, ses réactions, ses goûts, ses choix, avant même que l'autre n'en parle ou ne le décide. Un ami, il sait forcément si tu as une fratrie, quel genre de filles te plaît. Sinon, c'est pas vraiment un ami, ou pas le vrai. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.
Lano dit : « Brr, je n'espère pas qu'il soit dans une société secrète. Non, c'est plus calme vers chez moi ! »
Cette confrérie m'a toujours faite flipper, depuis que j'en connais l'existence. Je me dis qu'il faut sacrément être taré pour vouloir entrer dans quelque chose comme ça. Et cette histoire de rite de passage me fait froid dans le dos. Quel idiot aurait envie de se masturber devant les autres en racontant ses histoires de cul ? Il ne faut pas être sain d'esprit... si ? Ou alors c'est un truc de mec, que je ne comprendrai jamais du coup. Parce que parler des coucheries avec les meilleurs amis, c'est ok, mais avec autant de personnes que l'on ne connaît pas, et surtout se masturber devant eux... eh bien je ne comprends pas, c'est tout ! Mais ici, c'est bien plus calme. A part cette guerre idiote entre les mathers et les eliots, qui pourrie la vie des étudiants...
Lano dit : « Pas vraiment non. Ça me fait un peu flipper tout ça, les bizutages, les guerres de clans. Et puis, comme tu l'as dit plus tôt, ce n'est pas bien de mettre les gens dans des cases. Les riches, les fêtard, les bonnasses... Non, je n'ai pas besoin de ça. »
En même temps qu'il me parle d'un voyage dans son pays, j'ai ouvert google pour en regarder des photos. Quand je vois ces étendues de fleurs magnifiques, les canaux d'Amsterdam qui paraissent interminables, les petites ruelles joliment décorées. Oui, c'est certain que c'est un pays qui donne envie d'y passer quelques jours, au moins le temps de l'apprivoiser, de s'habituer aux odeurs, à l'atmosphère des lieux, à une vie là bas.
Lano dit : « Le plus beau du monde ? Ça reste à prouver ^^ Mais je serai ravie de rencontrer une brise de montagne ! »
Et on reparle un peu de musique, avec Saez, sa marguerite, ses paroles, sa brutalité.
Lano dit : « Non, je pense que tu as raison. Mais qui peut se vanter d'avoir trouver LA femme de sa vie ? Tout plaisir, aussi court soit-il, est bon à prendre, tu ne penses pas ? Ce n'est pas une déclaration d'amour, c'est une déclaration de plaisir, presque brutal, animal.»
Je souris quand il m'évoque que je ferais mieux de le réveiller avec des câlins.
Lano dit : « Non non ! Les câlins, ça ne réveillent pas assez brusquement. »
Lano dit : « Eh bien, pas de soucis ! Une visite de Pays-Bas contre un concert. »
Une peluche qui s'appelle Lano, sans blague ? Je me mets à rire en prenant mon visage dans mes mains.
Lana dit : « Ça sera un petit mec ta peluche ? Je ne sais pas si c'est flatteur pour moi du coup xD »
Et voilà qu'il décrit la scène d'un baiser passionné, d'une bouche qui en frôle une autre, de mains baladeuses. Et je l'imagine malgré moi, posant ses doigts sur mon corps, caressant ma joue, redescendre sur mon t-shirt pour s'amuser à briser sa barrière et le faire passer au dessus de mon corps. Je frissonne de tout mon être, c'est affreux, c'est doux, chaud, amer puisque rien n'est vrai. Je ferme les yeux laisse le PC en équilibre sur mon ventre qui se creuse, sous l'effet d'un désir naissant. Mes mains s’agrippent à mes cuisses. Je détends mes doigts un par un, comme un étirement de chat, comme pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps. Et je reprends.
Lana dit : « La surprise de me retrouver si rapidement sans t-shirt. Tu sais, j'aime l'attente, la chaleur qui monte doucement, de plus en plus forte, de moins en moins contrôlable. Les mouvements brusques sont pour ceux qui ne prennent pas le temps de savourer, de déguster. La seule chose qui a le droit d'être à son maximum de vitesse supportable, ce sont les battements dans nos poitrines. Tu pourrais sentir ma respiration forte, mon cœur s'accélérer. J'attraperai ton visage dans mes deux mains pour appuyer encore plus notre baiser, à nous en déchirer les lèvres, la mâchoire. Et mes mains se poseraient dans ton dos, parcourant le chemin de ta colonne aussi lentement qu'une torture, aussi faiblement qu'une plume. Rien ne nous empêche de prendre notre temps, d'apprécier les crampes qui ne s'arrêtent plus à présent. Et cette chaleur, en bas du ventre, qui fait du mal autant qu'elle excite. »
Et il continue, fond sonore, pour se mettre encore plus dans l'ambiance de notre folie. Et continue de plus belle, en me demandant de ne pas le laisser faire, la frustration, le rêve. Je bloque ma respiration, je le laisse écrire tout ce qu'il désire. Je suis mal, j'ai tellement chaud.
Lana dit : « Arrête de te frustrer, arrête d'imaginer mes lèvres et mon dos. Arrête de ne pas vouloir prendre ton temps, de tout faire à la va-vite comme si rien n'était important. C'est important. »
Je me coupe. Sa dernière phrase me coupe. Pas mes désirs, pas ma frustration, pas cette envie qu'il m'embrasse ou qu'il passe ses mains sur mon corps.
Lana dit : « Si tu savais... »
Une respiration longue, très longue, pour reprendre ses esprits, au moins un peu. Mes pointes de pieds sont tendues, ce stress. Mon Dieu, j'ai envie de lui.
Lana dit : « Si tu savais ce que je donnerai pour être avec toi maintenant, pour que tu enlèves mon t-shirt et le caleçon que j'ai piqué à mon colloc. (Et oui, une touche d'humour toujours bien placée, parce que oui, j'ai vu ta tête en lisant, c'est pas très glam', c'est pas de la dentelle, c'est un Ralph Lauren. Mais je vais vite reprendre mon sérieux.) Si tu savais à quel point je voudrai toucher ta peau brûlante, mordre ton cou. Si tu savais comme je respire fort depuis tout à l'heure, à m'en perforer les poumons. Si tu savais que mes jambes se serrent d'elles-même, que mon ventre se contracte à chacun de tes mots que je lis. »
Je laisse un blanc. Exprès, pour le faire se languir un peu plus, pour le faire espérer. Mais aussi pour me mordre la lèvre sans aucune douceur, pour essayer d'installer mon corps dans une position où mon ventre ne me brûle pas.
Lana dit : « Arrête de me faire souffrir comme ça. Je ne dois pas imaginer tes mains sur ma peau, tes baisers. Tu ne dois pas imaginer mes mouvements de bassin, la courbe que fait mon dos. J'ai tellement envie de voire tes tatouages prendre vie sur ma peau, de prendre le temps d'observer ton visage mais de l'apprécier encore plus quand il est caché dans mon cou. Et tu pourrais me laisser embrasser ton torse, griffer tes côtes, et descendre mes baisers si lentement que les secondes te paraîtront une éternité. C'est bon n'est-ce pas ? La folie de l'imagination, la folie de ce que j'aimerai te faire si nous n'étions pas séparés par un écran ? »
Lana dit : « Si tu savais comme j'ai envie de toi moi aussi, que je suis réellement excitée, tellement que même une douche glacée ne pourrait me calmer. Ce n'est vraiment pas sympa... »