Je suis d'une petite humeur. Le bal m'a permis de me rendre compte que je suis seule comme un bateau à la dérive au milieu de l'atlantique. Au niveau sentimentale je veux dire. J'ai pourtant réussi à parler avec Loukas sans qu'on s'engueule, j'ai passé une bonne soirée avec Indy et toujours pas de nouvelle de Lysandre malgré notre petite folie au spring break. Et malgré tout ça, je me sens affreusement seule. Ma résine a été retirée depuis deux semaines maintenant, j'ai repris la danse à un niveau soutenu, et c'est le seul rayon de soleil que j'aperçois.
Ce soir, je n'ai pas envie de sortir malgré les sms de plus en plus nombreux d'Elliott. Je suis rentrée rapidement à l'appart', mes deux colocataires sortent ce soir et j'ai donc tout l'appartement pour moi toute seule ! Je balance mon sac dans ma chambre, un coup de pied droit et gauche pour quitter mes talons et je m'effondre sur le lit, le visage vers le plafond, les bras en croix. J'attrape la télécommande à bout de bras et appuie sur le bouton play. Le cd d'une de mes play-list s'active. Les premières notes de M83 se font entendre. Je ferme les yeux et ne peux empêcher mon pied droit de battre le rythme. Elle me donne rapidement envie de danser, je monte le son et fais quelques mouvements de danse avant de foncer dans la salle de bain pour prendre une douche rapide. La musique m'accompagne toujours, et je fais attention à ne pas tomber dans le bac de douche. Oui oui, on ne se moque pas, mais en dansant, et il n'y a pas si longtemps que ça, je me suis retrouvée les 4 fers en l'air sous l'eau. Baptiste avait rapidement débarqué à cause du bruit causé par ma chute, mais il m'avait retrouvée morte de rire au sol. Trop d'émotions. Maintenant, je fais plus attention, car mes bêtises m'ont valu quelques hématomes.
La douche au rythme de la musique dura plus longtemps que prévu car danser en me lavant les cheveux n'est pas chose facile. En sortant, j'enroule une serviette autour de mes cheveux et enfile un t-shirt et un caleçon que j'ai volé à mon coloc'. J'attrape mes écouteurs et m'installe sur mon lit, allongée, le coussin plié en deux pour soulevé un peu plus ma tête. Je pose le pc sur mon ventre et l'allume. J'ai besoin de compagnie, mais je vais préférer l'illusion de l'internet. Il y a ce garçon, enfin, je ne sais pas s'il l'est vraiment après tout... Enfin, il y a cette personne avec qui je discute depuis un moment et avec qui ça colle bien. Si cela se trouve, c'est un psychopathe, mais s'il tue des gens sur les musiques qu'il écoute, c'est un génie. Après quelques minutes de connexion, je le vois dans la liste. Dois-je lui envoyer un message ? Ai-je vraiment quelque chose d'intéressant à lui raconter ce soir ? Je ne sais jamais comment engager les conversations : « Salut, ça va depuis la dernière fois ? » Que c'est bateau... Et c'est à ce moment que je reçois un message. Décidément, nous sommes sur la même longueur d'onde. Et maintenant je prends peur en me répétant qu'il est peut-être complètement taré. Tant pis, il ne sait pas grand chose de moi, et encore moins où j'habite. J'enlève mon casque un instant et entends quelqu'un monter les marches de l'immeuble, merde, je deviens folle moi aussi. Je ne réponds pas, écoute attentivement les pas qui frappent les marches, tapent le sol du palier, et continuent leur chemin vers l'étage supérieur. Oui, je suis folle. Je repose enfin mon regard sur l'écran et installe un seul écouteur du casque. Il ne peut pas être fou et écrire comme ça, non, j'essaye de m'en persuader en tout cas.
« Pas encore sous la couette, mais cela ne va pas tarder. Et toi alors ?»
C'est nul, mais j'ai appuyé sur envoyer trop tôt, comme par peur qu'il se soit déconnecté.
« J'ai besoin d'une musique triste pour m'endormir, le cd me crie que des chansons trop dansantes. Même lui veut me faire sortir. Tu as ça en réserve ? »
Lana a envoyé le message. Je sais qu'il aura ce qu'il me faut.
En attendant sa réponse, j'arrête le CD que j'avais mis en route et branche mes écouteurs sur mon ordinateur portable. Je sais qu'il va me trouver quelque chose de sympa, du pas commercial surtout. Il me fait toujours découvrir des groupes que je ne connais pas ou trop peu. Et c'est toujours exceptionnel, ses musiques font toujours écho en moi. C'est comme avoir une âme sœur, mais musicale. Vous savez, celui qui pense tellement comme vous qu'en fait il pourrait penser à votre place. A chaque fois il m'impressionne.
Lana dit : « Pourquoi tu ne les rejoins pas du coup ?? Tu as une fête juste à côté de toi et tu préfères rester sur ton ordi avec moi ? Noaaah, tu es vraiment quelqu'un d'étrange, tu sais ?! »
J'espère qu'il ne prendra pas le mot « étrange » pour quelque chose de péjoratif. Dans mon monde, les personnes étranges et anticonformistes sont les plus appréciées. L'art sourit aux audacieux, à ceux qui expriment leurs pensées différemment. Je pense surtout à la danse, on peut dire que parfois, le commun des mortels ne comprend pas. Mais après tout, ce n'est juste qu'une interprétation personnelle d'une chanson.
Lana dit : « J'ai l'habitude de danser seule... J'espère juste qu'il n'y a pas caméra dans ma chambre, parce que franchement, y'a moyen de bien se marrer ! Rassure moi, tu ne sais pas allumer une cam' à distance ? ! »
Lana dit : « Attends !! Tu vas trop vite ! Je n'ai pas le temps de les écouter. »
J'écoute les morceaux un par un, et lui donne mes impressions à chaud.
Lana dit : « Pour le mettre ou pour l'enlever le pyjama ? Hyper sensuelle. »
J'ai eu envie d'écrire sexuelle, mais je me suis retenue. Je me reprends un peu après m'être éventée avec ma main droite. Impossible de s'endormir avec une musique pareille. J'écoute la deuxième, que j'aime particulièrement. J'ouvre de nouveau la page du forum et tape sur le clavier rapidement.
Lana dit : « Je ne fume pas, mon dieu, c'est trop dangereux pour la santé ! Par contre, affalée sur le canapé, les pieds nus sur la table basse, avec un excellent verre de vin à la main... Why not ! »
J'ai soulevé mon corps mollement pour atteindre l’interrupteur. D'un mouvement d'index, j'ai éteint la lumière pour ne trouver que l'écran pour illuminer la pièce. S'il faut que j'imagine, autant le faire comme il le faut. Avant de bien m'installer, je regarde quelques photos sur google du lac léman. C'est peut-être facile de faire venir les paysages devant ses yeux quand on y a déjà été, mais je n'ai jamais voyagé là bas. Les images sont magnifique, et je ne peux plus avoir de difficultés à faire fonctionner mon imagination. Je ferme les yeux, et imprime le lac sur mes paupières, le ciel qui se reflète dans l'eau, les montagnes autours, les doigts découvrant la fraîcheur de l'eau du lac. Après plusieurs minutes, la musique s'arrête dans les écouteurs, même si je l'ai mise deux fois. Est-il encore là ?
Lana dit : « Merveilleux »
Écrit en français bien sûr, pour que ça sonne mieux.
Lana dit : « Je ne savais pas où aller pour mes prochaines vacances, je pense que j'ai trouvé grâce à toi, merci. :luv2: »
Lana dit : « Pas envie, fatiguée, trop seule. Les hommes sont des cons tu ne penses pas ? Bon, tu n'es pas vraiment impartiale mais voilà quoi, c'est une réalité non ? »
Fraternité ? Je ne sais pas si cette révélation réduit ou augmente mes craintes. Bon, normalement, il n'a pas 40 ans pour être à l'université, et n'est normalement pas taré. Enfin... normalement. S'il était à Harvard, je le verrais bien Winthrop, le gentleman, le beau mec sûrement, ou Lowell, l'âme d'artiste. Mais je préfère me dire qu'il est à l'autre bout de l'Amérique et que jamais je ne vais le rencontrer. Peut-être ai-je peur d'être déçue en le voyant ? Que le feeling que nous avons par écran interposé disparaîtra totalement si nous nous parlons en face à face ? J'ai peur de le perdre oui, de ne plus avoir quelqu'un avec qui parler à 4h du matin, pour dire tout et n'importe quoi, sans jamais me prendre la tête. Et ça c'est important. Il est important.
Lana dit : « J'espère être plus intéressante, mais peu de personne ont abandonné une soirée pour moi ! »
Il va me prendre pour la coincée, la geek ou la moche. Je préfère ne rien ajouter. Il continue par m'écrire qu'il n'a pas la tête à faire la fête, et je peux tout à fait le comprendre. Il y a des fois où je préfère la solitude de ma chambre à la pagaille d'une soirée étudiante.
Lana dit : « Je te vois moi, regarde, ta cam' est allumée... »
Je rigole toute seule en espérant qu'il regarde hâtivement si le voyant sur son ordinateur est allumé. Je laisse un laps de temps avant de répondre.
Lana dit : « Je déconne xD Ça m'étonnerait que tu trouves un tuto, mais si tes recherches sont fructueuses, envoies moi le lien, ça peut être marrant ! »
Lana dit : « J'ai fait un métier moins glamour. Je le mets au passé parce que j'ai repris mes études. La danse est une passion qui me permet d'arrondir mes fins de mois quand je trouve des bons contrats. Et toi tu aimes quoi ? A part ta fraternité bien entendu... »
Je n'ai pas de problèmes d'argent. Je fais de l’intérim en tant qu'infirmière à l’hôpital, et mes parents me trouvent souvent des contrats de danse, pour que je me montre surtout. J'apprécie de danser pour des clips à New-York ou en Europe ou encore pour des concerts de grands chanteurs, mais je n'aime pas forcément être sous les projecteurs des paparazzi. D'ailleurs, il m'a peut-être déjà vu, mais je préfère ne pas en parler.
Lana dit : « Pour l'instant, je vais le garder ! »
Quand il m'explique qu'il peut comprendre cette chanson différemment en fonction des moments pendant laquelle il l'écoute, ça me rassure. Je ne suis pas la seule qui a différentes lectures musicale.
Lana dit : « Ce sont les meilleures chansons, celles que l'on peut interpréter comme bon nous semble. »
Lana dit : « Je me disais bien que tu avais des défauts ! Tu as tardé à m'annoncer le premier :D »
J'attends sa citation de Musset avec impatience.
Lana dit : « Tu insinues que je suis un phoque ? »
Je ne peux m'empêcher de sourire toute seule devant l'écran. J'attrape la serviette encore sur mes cheveux et la retire, laissant la cascade de mes cheveux humides couler le long de mes bras et de mon dos. Je la balance dans la panière de linge sale comme une basketteuse professionnelle. Puis je reprends ensuite à laisser courir mes doigts sur le clavier.
Lana dit : « Ne prends pas peur, mais je me sens plus homme avec cette description, même si je rajoute la curiosité avec plaisir. »
Lana dit : « Je ne peux pas croire que tu puisses être con, ou alors j'espère ne jamais voire ça, l'un ou l'autre. »
Lana dit : « Pas facile à cerner je te l'accorde, mais vous êtes pareils non ? Pour la satisfaction, soit tu ne sais pas t'y prendre, soit tu ne choisis pas les bonnes ! Regarde, tu m'offres une musique de ton choix et un seul verre d'un bon vin et je suis à toi !»
J'ai appuyé sur envoyer trop rapidement. J'espère qu'il ne m'en voudra pas, et qu'il ne se sentira pas jugé. Et qu'il ne me prendra pas pour une traînée à cause de la formulation de ma dernière phrase.
Je vois rapidement que nous avons les mêmes angoisses. Nous avons tous les deux peurs d'avoir imaginé une mauvaise image de l'autre, et surtout d'en donner une mauvaise de soi-même. Et pourtant, le mystère nous attire tout de même et nous permet de continuer de parler de tout et de rien ensemble. C'est étrange, mais maintenant, je n'imagine plus une semaine sans lui parler. Parfois, quand je suis trop fatiguée un soir, je m'en veux de ne pas me connecter. C'est bête, peut-être, mais il est surtout addictif, trop sûrement. Au point où je ne veux pas briser le lien qui nous unit, que je ne pourrais même pas décrire en un seul mot. Je ne sais pas ce que nous sommes. Des amis ? Nous ne connaissons pas la vie de l'autre. Des confidents ? Ca ne colle pas non plus. Non, en fait, je ne sais pas ce qui nous correspond. On pourrait peut-être inventer un nouveau genre de relation, il faut juste un nom qui claque. Je me dis que je lui en parlerai plus tard, ou demain.
Lana dit : « Oui oui, tu dis ça maintenant, mais est-ce que tu le ferais vraiment ? »
Lana dit : « Oui je sais, j'ai AUSSI de bonnes références cinématographique ! Et des grosses chevilles pour supporter ma poussée d'égocentrisme soudaine... »
Je souris en apprenant qu'il a une liste sur moi, comme au « Qui est-ce ? ». Puis il envoie l'affirmation comme quoi il aimerait me voire danser. Je crois que j'ai rougi, c'est certain même vu la petite bouffée de chaleur qui vient d'envahir mon visage. Je pourrais lui envoyer une vidéo de moi sur youtube, à un concert ou autre, mais je n'ai pas envie de briser le secret. J'ai un peu peur qu'il me trouve ridicule, qu'il n'aime pas mon style ou je ne sais quoi encore. Je préfère conclure rapidement.
Lana dit : « Un jour peut-être. »
Il m'en apprend un peu plus sur lui, sur son « milieu » comme il écrit. S'il n'a pas le temps d'apprendre à apprécier les choses, c'est soit qu'il a vécu dans un milieu défavoriser, soit le total opposé. Mais après tout, je m'en fiche complètement qu'il soit riche ou pauvre, héritier d'un pays ou d'un minuscule terrain, ou même encore de rien du tout. Ce n'est vraiment pas ce qui est important dans la vie, loin de là. Les images de la guerre au Nigeria me reviennent en tête. Être soldat, être infirmière, être civil... qu'importe le milieu, tout le monde semble avoir la tête en face du viseur de l'ennemi, qu'il soit n'importe qui ! Je suis obligée de rallumer la lumière, j'ai du mal à respirer, j'abandonne mon PC sur le lit et cours à la fenêtre. J'ai besoin d'air. Je suis inquiète qu'il parte, mais je n'arrive pas à reprendre mon souffle. Les minutes s'égrainent, mes poumons reprennent un rythme normal, et je peux enfin reprendre ma lecture. Je m'assois au bord du lit et pose l'ordinateur sur mes cuisses. Il joue avec les mots, me montre un côté un peu plus pervers. Mais je doute fort du fait qu'il arrive à allumer ma webcam.
Lana dit : « Si tu me demandes en fiançailles sur cette musique, il est certain que je vais craquer ! Mais je choisirai le nom du chat.»
Lano dit : « Soit ! Tu appelleras ma mère pour lui dire que je change de prénom, dès aujourd'hui. »
Lano dit : « Des cons qui s'aiment, c'est beau oui. L'amour c'est beau, surtout quand c'est réciproque. Mais je pense qu'il y en a toujours un qui aime plus que l'autre. Et je signe ! Je suis certaine que certaines personnes ne sont pas faites pour nous, malgré tout. C'est assez fataliste non ? C'est presque triste. Ne rajoute pas dépressive à ta liste s'il te plaît, je t'ai vu attraper un stylo ! Note plutôt, déçue par la gente masculine. Je devrais peut-être tester les femmes tiens... »
Lano dit : « Prépare une playlist et n'oublie pas le vin ! Après, c'est où tu veux, quand tu veux : dans une décharge, dans une casse automobile, un bâtiment désaffecté. En gros, tous lieux sympas où inviter une nana ! »
Lano dit : « Et sinon, juste la musique ? Il n'y a rien d'autres qui te passionne ? Tes études ? Une idée de futur ? Une vie rêvée ? »
Je passerais mes nuits entières à lui parler sans jamais me lasser. Et pourtant une rencontre pourrait m'angoisser. S'il dit abandonner une soirée étudiante, avec alcool et filles à gogo, pour moi, et bien malgré tout, malgré la fausseté certaine de ses paroles, cela me fait plaisir. Indy aussi le ferait pour moi je crois. J'installe de nouveau mes écouteurs et mets Livin on a prayer. Parce que j'aime me mettre dans l'ambiance, parce que du coup, elle me fera toujours penser à lui. Je pose l'ordinateur sur l'oreiller et m'étire de tout mon corps. Je me laisse tomber en arrière, les cheveux encore humides contre la housse de couette, et je m'installe pour pouvoir lever mes jambes le long du mur, au niveau de la tête de lit. Je repose le PC sur mon ventre avant de répondre.
Lano dit : « Tu aimes les cougars ? Je ne rivalise pas avec Miss Moss, je note, et je boude... »
Je le laisse mariner un peu. Bon, il est certain que j'aimerai être comme elle à son âge, parce que franchement, elle est super bien foutue ! Je le laisse ensuite observer mon vernis à ongle et je ne peux m'empêcher de sourire à sa remarque sur sa ressemblance avec M. Lecter. J'espère juste que derrière son écran, il ne se frotte pas les mains comme un taré, avec un demi sourire stressant et les yeux noirs brillants d'excitation. Et puis, il m'envoie enfin un réel échantillon de lui. Au départ, je ne sais pas si je dois cliquer sur le lien ou pas. Il m'envoie par la suite qu'il a hésité à me mettre une photo de ses pieds. Je pouffe de rire comme une gamine. Je me dis qu'un gars comme ça ne peut pas exister, sa gentillesse, son humour, son oreille musical, sa façon de voire l'amour... et même peut-être son physique. J'inspire longuement, comme si remplir mes poumons le plus que je le peux va pouvoir m'aider à ouvrir le lien de la photo qu'il m'a envoyée. Allez, 1, 2... 3 ! Je clique sur le lien et vois la photo se charger sur un onglet différent. Merde, je ne m'y attendais pas !
Moi qui imaginait un gros, avec une tête de pervers... en fait je suis loin d'être déçue. Il est sacrément beau garçon, de ce que j'en aperçois. Tatoué, jeune, et en tout cas torse nu. J'ai besoin de me remettre dans un position décente pour observer la photo. Je pose le PC, bascule mes jambes en arrière pour une roulade avant d'atterrir, pieds au sol et droite comme un i au pied du lit. J'accoure vers l'ordinateur, m'assois en tailleur et installe le PC sur mes jambes. J'ai froncé les sourcils. Non, il a du prendre une photo sur internet pour me l'envoyer. Je ne veux pas croire qu'il soit aussi beau, et que je parle avec quelqu'un qui ressemble à une star de rock. En fait, je reste sans voix, et surtout, sans savoir quoi répondre à cela. Dois-je lui envoyer une photo un peu plus explicite de moi ? Je pense sérieusement que le charme serait rompu.
Lano dit : « Je reste un peu sans voix... »
Et c'est tout. Parce que c'est vrai, que ça sort du cœur, et que je ne sais vraiment pas quoi lui écrire d'autre. Je continue rapidement.
Lano dit : « Je te prépare une petite liste, no problem ! »
Lano dit : « Ma mère est facile à convaincre, mon père par contre... Et JE choisis le nom du chat, sans compromis.»
Lano dit : « J'espère au moins que tu ne m'écraseras pas un pied pendant la danse. »
Lano dit : « Je ne pourrais pas m'entendre avec quelqu'un qui me ressemble trop, ou avec quelqu'un qui n'a absolument pas les mêmes idées que moi, dans tous les thèmes possibles. Je ne pense pas pouvoir m'entendre avec quelqu'un de trop hautain, de trop fier, d'égoïste. Les hommes prétentieux me rendent malade. »
Si je savais...
Lano dit : « En fait, il me faut quelqu'un comme toi quoi ! J'aime bien ceux qui se donnent un air de poète pour une nana.»
Lano dit : « Tu ne sais même pas à quoi je ressemble, et je suis certaine que tu viens de m'imaginer avec une autre fille ! J'espère qu'elle est mignonne surtout ! Une blonde s'il te plaît, pour plus de contraste. Et si, tu es pervers ! Mais je pense que c'est le fantasme de beaucoup d'hommes de voir deux jolies filles ensemble.»
Je lui balance une nouvelle information sur moi. Après tout, une couleur de cheveux et une main, ce n'est pas cher payé par rapport à la photo qu'il m'a envoyé. Mais je préfère garder le mystère sur mon visage.
Lano dit : « Je valide la cabane et surtout la guitare ! Mais pourquoi 4 bouteilles ? Aurais-tu l'intention de me saouler ? »
Je ne peux m'empêcher d'imaginer la scène. C'est un romantique en fait, quoiqu'il puisse en dire. Et ce sont ses prochaines paroles qui me rendent plus triste. Lano dit : « Ta vie ne devrait alors pas être un rêve pour les autres. L'argent, la gloire et le pouvoir ne font pas le bonheur, mais ça, peu de personnes le savent. Je note en gros la musique alors, et c'est déjà beaucoup. Et jouer de la guitare c'est tellement cool ! Ça aide avec les filles non ??»
Lano dit : « L'effeuillage est un art compliqué. Mon père me tuerait s'il apprenait que je prends des cours pour un nouveau contrat. »
Mon cœur bat la chamade quand il m'annonce qu'il aimerait me rencontrer. Je ferme les yeux et accepte la bouffée de chaleur qui s'empare de moi.
Lano dit : « Tu serais déçu »
Lano dit : « Et si je ne suis pas aussi jolie que tu l'imagines ? Aussi sympa que j'en ai l'air ? Si le mystère de l'écran avait fait de moi la femme idéale sur une fille imparfaite ? »
Je ne veux pas lui avouer que moi aussi, je voudrais le rencontrer. Que j'aimerai lui frapper l'épaule quand il me fait rire, m'allonger dans l'herbe en l'écoutant parler rock, danser sur le son de sa guitare. Mais si moi j'étais déçue ? Et surtout, si je le déçois ? Je passe ma langue sur mes lèvres, et finis par mordiller ma lèvre inférieure nerveusement, le PC sur les jambes, le regard fuyant comme s'il pouvait me voir. Je pourrais aller le voir, sans problème même. Je demande à Papa son jet privé et le pilote pourrait m'emmener où je le souhaite, même si c'est à l'autre bout de la planète ! Mais j'ai tellement peur de le décevoir, de ne pas être la fille cool du forum.
Lana dit : « Je... je vais dormir je crois... »
Je brise tout, comme un minuscule caillou détruit la sérénité de la surface de l'eau. Je suis tellement idiote. J'ai presque envie de pleurer.