lukà + maddy ⊰ I'm a living mess

Entendre frapper à la porte, c'est une chose, c'est facile de rester silencieuse en espérant que l'éventuel visiteur rebrousse chemin. Puis ça se trouve, c'est peut-être tout simplement un étudiant qui s'est trompé de porte ? Il est tard, c'est rare que j'aie de la visite sans être prévenue, tout du moins. « Maddy. C'est Lukà.. je sais que tu es là. Ouvre s'il te plait. » Mon coeur se serre instinctivement en reconnaissant la voix de Lukà, quand bien même s'est-il annoncé. Pourquoi est-ce qu'il est là, après mon énième démonstration de maladresse ? Dépitée, je passais une main sur mon visage en gardant le silence. « Rentre chez toi, Lukà... » Soufflais-je, au comble de la gêne, avant de me redresser dans la chambre en retirant ma veste pour l'accrocher à ma chaise. Sauf qu'il n'a pas bougé, je le sais. Après un long soupir d'exaspération, plus envers moi-même qu'envers lui, je revenais vers la porte, tendant des doigts tremblants vers la poignée que je finis par tourner pour entrouvrir l'accès à ma chambre. Je ne le regardais même pas dans les yeux. « Écoutes, je ... Je suis désolée, d'accord ? Ce verre, c'était de toute évidence une mauvaise idée.. » Commençais-je en regardant partout sauf vers lui, incapable de tenir en place tant j'avais honte.

Je n'arrive pas à suivre Lukà, je ne comprend pas pourquoi il s'acharne à venir jusque ici alors que clairement, tout dans mon attitude démontre que je suis un vrai cauchemar ambulant, d'une maladresse sans équivoque. Pendant un moment, je restais prostrée dans le silence, devinant par le manque de bruits de pas dans le couloir qu'il n'avait pas décidé de s'en aller, et qu'à tous les coups, il resterait ici jusqu'à ce que je cède. Et je suis faible. Quand bien même j'étais rongée par la honte, je finis par ouvrir la porte pour découvrir sa grande silhouette et ses grands yeux bleus posés sur moi avec insistance. Automatiquement, je baisse le regard, et me confond en excuses à nouveau, ce à quoi il répond: « Mais non, arrête c'était pas une mauvaise idée Maddy. Au contraire, j'ai pu passer cinq minutes avec toi. » Malgré moi, je roulais des yeux. « Cinq minutes catastrophiques... » Marmonnais-je, incapable de me retenir, en m'adossant à l'embrasure de la porte. « Arrête de t'en vouloir, je ne t'en veux pas du tout, crois-moi.  ». Il est d'une patience surprenant, et je relève enfin les yeux vers lui, déroutée, secouant la tête comme si toute la situation était anormale. « Pourquoi...? » Demandais-je, avant de préciser ma question, soupirant. « Pourquoi est-ce que tu es venu jusqu'ici alors que tout chez moi ne tourne pas rond ? Ca commence par un verre sur le pantalon, ça finira que je te ferais passer sous un camion accidentellement.  » Marmonnais-je avec une moue boudeuse.

Je n'ai jamais été habituée à tant ... D'attention. Je suis le genre de fille qui se cache dans un coin en attendant que la foule passe, qui reste inaperçue, et à qui ça convient parfaitement. Enfin, convenait, jusqu'à ce que j'essaie d'apprendre à plaire, à dépasser ma peur constante du ridicule... Sauf que voilà, ce soir, j'ai merdé. Et malgré les protestations de Lukà, je ne pouvais pas m'enlever ça de la tête : J'ai merdé. « Pas pour moi. » Je me mordais l'intérieur de la joue, continuant de ne pas comprendre, lui demandant même, de but en blanc, pourquoi il s'acharnait à venir jusqu'ici alors que ma maladresse ne me quittera jamais. Et ça, il ne le sait pas. « Et alors ? Tu es comme tu es et ça me convient comme ça, je ne t'ai jamais critiqué et je ne le ferai jamais. Après si vraiment tu veux que je parte, je vais partir mais j'aime vraiment passer du temps avec toi. » J'en restais pantoise, le fixant comme s'il venait de me dire le truc le plus absurde qui soit. Après l'avoir observé un moment, interdite, je fronçais les sourcils, secouant la tête, et il me fallut tous les efforts du monde pour réussir à dire: « Je... Je veux pas que tu partes. » Balbutiais-je alors en fronçant le nez. Mais je fais quoi, du coup, je le fait entrer dans ma chambre ? Weird, en plus c'est le bordel. Après une brève hésitation, je venais dans le couloir en attrapant ma clé pour la claquer derrière moi sans finir coincée. « On .. Peut marcher ? Y a le parc pas loin... Je sais que c'est pas un verre mais... » Repris-je en levant mes yeux vers Lukà, les joues rosies par la gêne.

C'est vrai, quand bien même je ne comprend pas ce qui le fait rester, je n'ai pas envie que Lukà parte. C'est bien pour ça que j'ai été m'excuser auprès de lui avec une année de retard, récemment, c'est parce que je voulais faire un effort, apprendre à le connaître lui qui avait tenté des mois durant de m'approcher alors que je n'avais eu de cesse de le repousser comme une enfant craint un étranger. Mais je voulais que ça change, alors oui, je voulais qu'il reste, et pour prouver ma bonne volonté, je sortais de ma tanière pour l'inviter timidement à aller se promener. Alors que nous nous engagions dans le couloir qui menait vers la sortie du bâtiment, je haussais une épaule avec un demi sourire à sa phrase. Il n'a pas tort. « Je sais bien, mais bon... Le principal c'est que ça te convienne, je suppose. » J'essayais de boutonner ma veste, sans grand succès, et je fronçais le nez avant de juste rabattre les pans l'un devant l'autre pour me couvrir. Alors qu'il me laissait sortir en premier, m'ouvrant la porte comme un gentleman, je passais avec un petit sourire. « Merci.. » Et je me faufilais à l'extérieur, frissonnant en sentant le vent nocturne bien qu'il ne fasse pas encore entièrement nuit. Naturellement, j'attendais qu'il revienne à mes côtés pour me remettre en marche en direction du parc. « Hm sinon... Ca va, j'ai pas trop bousillé ton pantalon ..? » Me risquais-je à demander en fronçant le nez.